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Olivier GIRARD

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Bifrost n° 36

La ville formait un ensemble architectural impressionnant. Les immenses dômes de vitracier ressemblaient à des bulles de savon irisées qui s'interpénétraient. Aux yeux de Lisa, ils étaient toutefois moins déconcertants que les majestueuses cités de la Vieille Terre, que ses parents avaient décidé de quitter peu de temps après sa naissance. Elle avait visionné tous les holos auxquels elle avait pu accéder, à la maison ou à l'école. Ses parents l'avaient privée de la magnificence de la planète-mère. Lisa n'avait jamais vu, et ne verrait jamais, certainement, les rues et les monuments de Rome, Paris ou Bagdad autrement qu'à la tridi. Tout ça parce que son père était un terraformeur, un homme dont le métier était l'adaptation des autres mondes à la vie humaine. Il était « la cheville ouvrière » d'une politique terrienne qui avait choisi la terraformation plutôt que la mutation pour coloniser les exoplanètes. Son père, Sebastian Eschenbach, devait veiller à ce que les premiers colons bénéficient des meilleures conditions de vie à la surface d'Artémis, nouveau monde en passe de devenir humain...

Ugo Bellagamba

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Bifrost n° 35

« Un bruit d'explosion à ma droite, de métal outragé se répandant dans l'air gelé, y perdant sa chaleur, déchiqueté, vermicelles et banderoles, étincelles et flammes étendards annonçant trois morts. Je ne vois pas ce que mon esprit imagine. J'entends le cri de Dylan — amour et terreur mêlés — mon prénom hurlé, deux ou trois fois... mon cerveau refuse de compter les mots en de telles circonstances... j'entends l'homme que j'aime à travers l'instant tendu qui m'emprisonne, la chute si courte et pourtant si longue, car s'y reflète une vie en accéléré. J'imagine Dylan sanglé dans son fauteuil anti-g, forçant sur les commandes, trop près de la bulle de vitracier du cockpit, le visage déformé par l'effort et la peur.

J'entrouvre les yeux une seconde, minuscule victoire sur la terreur qui m'étrangle. Dans le lointain, Dylan crie, assis dans son siège-baquet, insecte vociférant découpé à contre-jour sur la toile ronde du cockpit.

Mes mains protègent mon ventre, si précieux. L'urine piquante m'éclabousse les jambes et le bas de la combinaison boudinée auteur de mes mollets. Nous touchons le sol. »

Thomas Day

Le Chasseur sous l'horizon

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Bifrost n° 34

« Mon bon ange, es-tu homme ou Femme ?

— Jeanne, est-ce une question à poser ? Les anges n'ont point de sexe. Ne l'as-tu pas appris dans les Saintes Ecritures ?

— Je ne sais point lire, mon Michel. Et écrire encore moins.

— Tu devrais apprendre...

— C'est que je n'ai point trop envie... Dis, mon bon ange, si tu n'as point d'ardillon prêt à la relève en toutes circonstances, et pas davantage de connin joufflu revêtu de poils folastrons, comment fais-tu pour... enfin, tu vois ce que je veux dire...

— Je ne vois rien du tout, petite effrontée ! se cabre l'ange, s'illuminant un bref instant de tous les feux de l'enfer. Comment es-tu au courant de ces détails, d'ailleurs ? C'est le curé qui te les a enseignés ?

— Montre-moi ! » fait la curieuse qui, une fois l'ange éteint, s'est approchée subrepticement, au point d'essayer de glisser une main noire de crasse sous l'armure virtuelle. La plongeuse doit, d'une simple poussée de son réacteur dorsal planqué sous ses ailes, s'écarter de vingt pas avant de clamer : « Maintenant tu vas fermer ton clapet et m'écouter, impertinente. L'heure n'est plus aux plaisanteries. Tu as pu constater en quelle pitié était le royaume de France. Je t'exhorte à te porter au secours du roi en son château de Chinon et à lever le siège mis par l'Anglais devant la ville d'Orléans. Tu vas donc te rendre en la forteresse de Vaucouleurs demander aide et assistance au seigneur de Baudricourt ! »

Ce à quoi la Jeannette répond d'un ton boudeur :

« Dans quel ordre, mon ange ? »

Jean-Pierre Andrevon

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Bifrost n° 33

Il fallait d'abord frapper le chien. Pour attendrir la viande ou au contraire saturer les tissus d'adrénaline, afin d'augmenter sa saveur. Sur ce point, les écoles divergeaient, mais toutes admettaient l'importance du rituel. Le premier assistant de Paul Veyne tira de sa cage l'animal à poil gris, couleur de hyène. Le meilleur choix. Contrairement à la vision simpliste des Occidentaux, n'importe quel chien ne pouvait convenir pour la préparation du Thit cho. A défaut d'un gris, on pouvait se rabattre sur un jaune tacheté de marron. Jamais un noir, réservé au traitement des maladies mentales, ce qui aujourd'hui aurait fait montre d'une impardonnable faute de goût. La bête tenta de se dégager mais ses membres étaient entravés par un câble d'acier.

« Diffusion dans quinze secondes. »

Paul fixa le décompte numérique affiché sur l'écran. Un LIVE clignota avant de laisser place à un gros plan de sa femme. Elle était assise au milieu de leur salon, le canon d'un automatique pointé sur sa tempe. La situation n'avait rien d'exceptionnel, mais elle était éprouvante. Il devait l'oublier ; ne songer qu'à son art.

« Nous pouvons commencer. »

Xavier Mauméjean

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Bifrost n° 32

A plus de soixante pas du trio, un immense rocher noir occupe une bonne partie du centre de l'espace voûté. Devant ce récif infernal, un géant cornu attend. Il est assis dans la position du Bouddha, les yeux clos. C'est un oni de la taille d'une pagode à trois étages. [...]

Soudain, le grand cornu se dresse de toute sa hauteur et rugit. Il est enchaîné au roc par la ceinture, un collier de métal noir et des bracelets aux poignets. Sur sa peau rouge orangé comme la braise d'une forge, ses poils sont roux à l'exception de la longue chevelure sombre qui lui couvre le dos pareille à une crinière. Son sexe — court au vu de la taille du monstre — et ses bourses grosses comme des calebasses ballottent à chacun de ses mouvements. Il rugit à nouveau. Agité, il tire sur ses lourdes chaînes semblables à celles des ancres des galions Portugais. Daigoro se tient prêt à décocher son trait.

Le démon tend le bras droit en avant et pointe Onireiko du doigt.

« Toi ! » hurle-t-il en langue impériale.

Thomas Day, L'Homme qui voulait tuer l'Empereur

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Bifrost n° 31

Il ôta sa chemise à fleurs made in Bangkok, défit son pantalon, retira son slip, éjecta ses tongs.

« On se le fait façon cataplasme, chuchota-t-elle quand il s'allongea sur son ventre.

– Plutôt barbecue. »

Toute moite, elle diffusait une chaleur d'enfer à partir de son torse et de son ventre. Il se raidit tel un brandon. Cela coulait de source entre elle et lui depuis tant de mois qu'il la pénétra sans crier gare. Jalna agita les hanches comme un petit train du Texas. Ça filait doux tandis qu'elle fumait son joint, là-haut, tout là-haut dans son arbre.

Soudain, elle sanglota.

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

Puis elle éclata de rire : « Aie ! Je me sépare. »

Les murs de la chambre s'éloignaient à l'infini. Jalna perçut nettement qu'elle se divisait par le milieu. Une faille s'ouvrit depuis son sexe, gagna son nombril, atteignit son cerveau. Scindée en deux ! Une tristesse sans fond immergeait une part de son esprit, tandis qu'un rire dément secouait l'autre. Ignorant la fulgurante apparition de cette crise hystérique, Everett écartela son corps, plongea dans ce gouffre de douleur insoutenable...

Philippe Curval

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Bifrost n° 29

L'histoire commence sur la banquette arrière d'une Ford 1949 décapotable. Le lieu : les Etats-Unis d'Amérique, section Californie, sous-section L.A., sous-sous-section une route qui serpente dans les collines couvertes d'orangers desséchés de Hollywood. La date : 4 juillet 1955, avant minuit. Trois mois plus tôt, Albert Einstein est mort à Princeton, rupture d'un anévrisme intestinal. Trois mois plus tard, James Dean va se tuer au volant de sa Porsche 550 Spyder baptisée Little Bastard. Marylin Monroe a encore sept ans à vivre. Elvis va bien, mis à part les merdes qu'il tourne sous la direction de réalisateurs de second ordre ; lui, son avenir se mesure en vingt années d'ingestion de beurre de cacahuète qui se termineront par l'explosion répugnante de son gros bide. Trois milliards d'autres Terriens, en général moins célèbres que les quatre susnommés, vivent sur la planète Terre en ce 4 juillet de forte chaleur. Personne ne peut s'en douter, mais tous ceux qui survivront un demi-siècle plus tard, sans parler de la cohorte encore à naître, sont condamnés à mourir quelques jours avant le Christmas Day de l'an 2000. Voici pourquoi...

Jean-Pierre Andrevon

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Bifrost n° 28

Il avait des glaçons pour dents, trois rangées de lances inégales, blanches dans la caverne bleue de sa bouche. S'il battait des ailes, la bise se levait, la neige voltigeait, tourbillonnait, le monde se recroquevillait, frissonnait. Quand une porte s'ouvrait au froid hivernal, poussée par une rafale, le maître de maison se hâtait de la refermer, de la barrer et de dire : « Le dragon de glace est passé. » S'il ouvrait sa vaste gueule pour souffler, il n'en jaillissait pas le feu à la puanteur sulfureuse des dragons inférieurs. Le dragon de glace soufflait du froid. De la glace se formait au contact de ce souffle. La chaleur s'enfuyait. Les feux crachotaient, s'éteignaient, étouffés. Les branches friables des arbres gelés à cœur dans leur âme lente et secrète cassaient sous le fardeau de leur propre poids. Les animaux bleuissaient, gémissaient et puis mouraient, les yeux exorbités, la peau gainée de givre. Le dragon de glace insufflait la mort au monde, la mort, le silence et le Froid.

George R. R. Martin

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Bifrost n° 27

Loin de disparaître, l'aspérité créée par l'explosion du module changeait de taille. Elle se dilatait en un immense fil de néant qui ondulait dans l'espace, évoquant un serpent qui repliait son corps en anneaux, un fouet qui claquait sans bruit dans le vide alentour. Hobangui compara la longueur du fil au diamètre du Seuil, mais le nombre qu'il obtenait était trop démesuré pour représenter plus qu'une suite de chiffres déconnectée du spectacle auquel il assistait. Ce qui ondoyait sur l'écran était impensable, monstrueux, c'était...

« Obscène, murmura McLelan. Cette chose est obscène. Il faut l'éliminer. »

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SF 2000-2002

Vous êtes ici, quelque part sur Terre, la troisième planète d'un minuscule système solaire de la Voie Lactée, aux environs du Bras de Persée... Vous êtes chez vous, en voyage, sur la plage, au travail, dans le métro, une librairie, le train, le Faucon Millénium, ici, demain, loin... Et soudain, par-delà l'horizon, voici qu'arrivent... les dix meilleurs récits de science-fiction des deux années passées, dix aventures aux couleurs de l'ailleurs, dix récits au cours desquels vous verrez révélés les mystères du Huitième Registre, vous glisserez le long de la méridienne des songes à bord d'un vaisseau aux dimensions d'un monde, vous lutterez pour l'avènement de la République vers les confins de Saturne. A moins que vous ne préféreriez convaincre le monde que l'invasion a déjà commencé... le jour de la finale de la coupe du monde de football ! Ouvrez le coffre du futur, ses jouets sont éternels...

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