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Point du jour

Aube ou crépuscule ? C’est la question qu’on peut légitimement se poser en découvrant pour la première fois ce recueil de nouvelles, de Léo Henry à la plume et de Stéphane Perger au crayon. Certaines ont déjà été publiées, d’autre non. Peu importe, le livre attire et séduit l’œil et la main par son élégance – comme souvent chez cet éditeur. En apparence fin, l’objet aimerait se faire passer pour court, rapide à lire. Raté.

Car si la plume virtuose captive immédiatement le lecteur, elle s’envole très vite, hors de portée, très haut, libre, brillante et vive, et le laisse prisonnier dans une cage de mots et de lignes taillés avec soin pour frapper, pile, là où ça fera mal, là où ça fera bien. Le sens, lui, doit s’apprivoiser. Sauvage, d’abord, féroce même, il mord, se camoufle ou bondit en rugissant pour mieux jouer avec sa proie, pauvre lecteur, égaré ou retrouvé, selon l’humeur, la chanson choisie, le rayon de soleil, le nuage d’obscurité, la chronologie de la narration ou la chronologie de la collation… « Dessiner Point du jour c’est choisir un détail et s’imposer une discipline. » Le lire une première fois, se prendre une claque, détester. Retenir les mots, marqués au fer rouge dans l’esprit, leur souvenir qui tourne comme un rat affamé. Y revenir une deuxième fois, se surprendre à aimer, puis à haïr l’incontrôlable lecture, les dessins si cruels et si doux, cet univers d’une dureté apocalyptique, ces troupeaux d’humains – lombrics, rats, baleines – putréfiés dans leur monde, si lointain et pourtant si proche… En redemander, shooté au style, et à cette volonté de faire sens à tout prix. Se prendre une deuxième claque, et rester, desséché, les ailes brûlées, sur le sable cramé, mais dans le brouillard, à digérer des impressions de lecture qui vous dépassent.

L’histoire ? Il y en a plusieurs, il n’y en a qu’une, impossibles à cadrer, impressions soleil fuyant, mais auxquelles on ne peut se permettre de ne pas croire. On s’attache à des personnages, à des lieux, on les oublie pour mieux les retrouver, plus tard ou plut tôt, tout dépend de la façon de se perdre dans la symphonie.

« Point du jour est vide de bonté. Cherchez-la ! Arpentez monts et vaux ! Avancez, intranquilles ! Vous êtes des milliers, hors des tribus, à espérer qu’un jour surgira une lumière. À rêver à un monde qui ressemble à un rêve. Point du jour est chiche en grâce, aride et capricieux. L’effort infini seul y accouche parfois de trésors ambigus. »

Abstractions, formes, le lecteur s’accroche à tout ce qui lui tombe sous les yeux, au-dessus du gouffre séduisant, et halète. Ferme les pages. Pose ce livre, là, pas loin, en ayant l’impression, de ne pas avoir tout lu, tout vu, tout entendu. Et cette tentation dévorante de refaire encore, à la sortie de la nuit, un tour à Point du jour.

LÎle de Peter

Nombreux s’y sont frottés, nombreux s’y sont piqués, nombreux ont piqué… Du Peter Pan de Loisel au Hook de Spielberg, du Tiger Lily de J. L. Anderson au film de P. J. Hogan, beaucoup ont espéré pouvoir naviguer, grand-voile déployée, sur le mythe créé par J. M. Barrie. Peu y sont vraiment parvenus, épuisant les réserves de poussière de fée, et s’écrasant lourdement plutôt que s’élevant avec élégance. Le roman de Nikolavitch, lui, hésite. Prenant un envol plutôt réussi et intriguant dans l’obscurité d’une poursuite policière à New York, il semble chercher ensuite la bonne étoile pour tenir jusqu’au matin. Dommage.

L’idée de départ aurait pu être fantastiquement et psychédéliquement fructueuse. Wednesday, policière têtue, compte bien faire tomber King Joab, un caïd de la drogue qu’elle traque de manière opiniâtre. Depuis quelques temps, sa cible a déclaré une obsession : Joab surveille les moindres faits et gestes d’un vieux marin en quête d’herbes bien spécifiques. Jusqu’au jour où il essaie de le capturer, en vain. Alors que la policière et le caïd poursuivent ce marginal, ils inhalent la fumée dégagée par l’étrange mixture de… Mouche. Car oui, le loup de mer, c’est bien lui. Et tous se retrouvent projetés sur une île tropicale que Joab semble mystérieusement connaître mieux que sa poche, une île peuplée de personnages aux noms qui résonnent depuis des décennies dans la conscience collective, une île familière que Wednesday a toujours cru imaginaire. Et dont le sable (même s’il vient des plages de la lagune aux sirènes) immobilise un récit qui s’enlise, peu à peu, sans vraiment s’échouer, grâce à quelques ponctuelles bonnes trouvailles. Dans cette réécriture plutôt banale, seul Mouche surprend un peu, lui qui manipule toutes les cartes et réussit à sortir les siennes du jeu, marin marionnettiste fatigué qui tire les ficelles de sa vieille histoire et de celle de l’île de Peter… et qui réussit presque à émouvoir et amuser.

Les voyageurs habitués et amateurs des méandres et aventures qui poussent à foison à Neverland y prendront peut-être un certain plaisir. Pour les autres, allez plutôt dévorer l’excellent Les Saisons de Peter Pan de Christophe Mauri, illustré par Gwendal Le Bec, chez Gallimard Jeunesse. Par son style impertinent, léger et profond, drôle et sensible, triste et joyeux, ce roman de littérature jeunesse se pose en héritier beaucoup plus légitime des premières aventures des Enfants perdus et de leur célèbre chef impertinent, innocent et sans cœur, et nous rappelle avec intelligence que si tous les enfants, excepté un, grandissent, les adultes, eux, se souviennent.

Ursula K. Le Guin est décédée

C'est avec tristesse que nous avons appris le décès, à l'âge de 88 ans, d'Ursula K. Le Guin, grande dame des littératures de l'imaginaire.
En 2015, Bifrost lui avait rendu hommage dans son numéro 78, au travers d'un dossier abordant avec passion son apport puissant et humaniste à la SF et la fantasy — les cycles de Terremer et de l'Ekumen ainsi que ses romans pour la jeunesse et ses essais analysant avec brio les genres.
Sans elle, nous ne serions pas les lecteurs que nous sommes.

Le Bifrost 89 chez Albédo

« Ce numéro de Bifrost consacré à Nancy Kress permet de se familiariser avec une personnalité charmante, attachée à l’avenir de l’homme mais avec les pieds ancrés dans notre temps. Le dossier, notamment l’entretien, nous offre une esquisse d’une femme impliquée et passionnée. Ce panorama me donne envie de découvrir son œuvre en rapport avec le génie génétique, un des axes de ses réflexions privilégiés ces derniers temps. » Albédo - univers imaginaires

Catalogue 2017-2018

En attendant sa version papier, le catalogue 2017-2018 des éditions du Bélial' est d'ores et déjà disponible en Pdf en suivant ce lien !

Catalogue 2017-2018 : la couverture

Faisant suite au catalogue 2016-2017, Le Bélial' va vous proposer prochainement un catalogue 2017-2018 de 36 pages — quatre de plus que le précédent —, tout en couleurs, qui sera distribué en librairie et joint aux commandes VPC du site dans la limite des stocks disponible. Il sera aussi disponible au téléchargement en PDF. L'occasion de se replonger dans le fonds de la maison, de découvrir nos dernières parutions et d'avoir un bref aperçu de l'avenir !

La Ménagerie de papier au Pays des Cave Trolls

« Ce recueil de Ken Liu fut vraiment une très bonne lecture avec une richesse de thèmes et de questionnements impressionnante et beaucoup de subtilité et d’émotions. Quelques textes sont un peu en dessous du reste mais la qualité générale est au rendez-vous. La nouvelle éponyme vaut à elle seule la lecture du livre qui saura sans nul doute vous séduire par sa diversité, sa richesse, sa sensibilité et la très belle écriture de l’auteur. » Au Pays des Cave Trolls

Tau Zéro chez Space Fictions

« Ce roman assez court qui nous raconte pourtant beaucoup, qui possède cette tonalité assez froide et laisse bien peu de place à l’action, est néanmoins une réussite romanesque, par la seul force de l’écriture de Poul Anderson, par son talent. Un roman qu’on ouvre et qu’on ne referme qu’après le point final. Roman majeur du genre, Tau zéro est admirable par l’ensemble de ses qualités nombreuses et remarquables et ce malgré son âge, il ne vieillit pas. » Space Fictions

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