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Le Sang des Immortels

Voilà une réédition qui devrait rappeler quelques souvenirs aux lecteurs du Fleuve Noir du siècle dernier. Ceux qui suivaient la collection « Anticipation » dans les années 90 se souviennent probablement des débuts de Laurent Genefort à cette époque, débuts parfois calamiteux (un premier roman illisible en 1988, Le Bagne des ténèbres, qui s’apparente plutôt à un faux départ), souvent laborieux. Pendant plusieurs années, en véritable stakhanoviste du clavier, l’auteur a produit à la chaîne toute une série de récits d’aventures, reposant souvent sur de bonnes idées, mais toujours plus ou moins bancals, mal foutus, mal écrits, et engoncés dans les 192 pages réglementaires de la collection comme un rugbyman dans un costume de premier communiant. Opiniâtre et imperturbable, le romancier a continué à faire ses gammes, à progresser de livre en livre, jusqu’à trouver enfin son propre style et faire taire définitivement ses détracteurs. Dans les dernières années de la décennie, on lui doit ainsi une série de romans qui, s’ils n’étaient sans doute pas exempts de tout reproche, avaient en commun de mettre en scène avec un authentique souci de vraisemblance scientifique des environnements singuliers et extrêmes où tentaient de survivre une poignée d’hommes : le monde gazeux des Croisés du vide (1998), la planète en constante fusion de Dans la gueule du dragon (1998), ou celle en cours de terraformation des Engloutis (1999). Initialement paru en 1997, Le Sang des immortels, avec sa jungle cauchemardesque, est l’un des meilleurs romans de cette période.

L’intrigue est des plus classiques : un groupe hétéroclite se rend sur la planète Verfébro à la recherche du Drac, une créature mythique, immortelle si l’on en croit les légendes locales. Chaque membre de cette expédition à ses propres raisons pour trouver le Drac : pour Nemrod, le chasseur, ce n’est qu’un trophée de plus à afficher à son palmarès ; pour Liaren, l’ethnologue, un sujet d’études ; Affer, le mercenaire, travaille pour le compte d’un mystérieux commanditaire ; quant à Jok, le prêtre défroqué, il espère s’emparer du secret de l’immortalité afin de devenir le dieu de son propre culte. A ces quatre individus vient s’ajouter Jemi, le guide autochtone à travers le regard duquel on découvre tout ce petit monde. Pris séparément, ces divers personnages peuvent sembler assez stéréotypés, mais la dynamique de groupe fonctionne bien. Entre ces protagonistes aux origines et aux motivations fort différentes et souvent contradictoires, la tension est permanente, et la nécessité de collaborer pour parvenir à leur objectif n’interdit pas de temps à autre quelques coups fourrés. Mais les dangers les plus menaçants viennent de l’extérieur, notamment des rebelles indépendantistes lancés à leurs trousses et bien décidés à les intercepter avant qu’ils n’atteignent leur but. Et surtout, le long périple dans lequel se lance cette équipe n’a rien d’une balade en forêt de Fontainebleau mais se déroule dans un environnement particulièrement hostile.

C’est dans la description et la mise en scène de la faune et de la flore de Verfébro que Laurent Genefort fait des merveilles et que le roman devient passionnant. Le lecteur se trouve en immersion totale et permanente dans un univers foisonnant, exubérant, au cœur d’une jungle qui s’étend sur l’ensemble de la planète, recouvrant tout, y compris ses mers. On assiste alors au déferlement ininterrompu d’un flot de créatures et de végétaux aussi étranges que mortels, en lutte permanente contre toute autre forme de vie pour tenter de survivre. A l’imagination débridée dont fait preuve l’auteur s’ajoute un louable souci de réalisme dans la description qu’il nous fait de cet univers. Pour l’essentiel, le récit consiste en une succession de scènes au cours desquelles les personnages tombent dans un nouveau piège que leur a tendu la nature et passent à deux doigts de la mort. En toute logique, le procédé devrait vite lasser. Mais Laurent Genefort fait preuve d’une telle inventivité que ce n’est jamais le cas, ce qui en soit constitue déjà un joli succès. Cerise sur le gâteau, il parvient à boucler son récit de manière tout à fait convaincante, une fin d’où n’est pas absente une forme d’ironie des plus cruelles.

Même si on reste dans le registre du récit d’aventures, même si son intrigue linéaire et ses enjeux limitent l’ampleur du roman, Le Sang des immortels n’en est pas moins une indéniable réussite, qui méritait bien d’être redécouverte.

Rifteurs

Après seulement deux romans parus en France, Peter Watts a d’ores et déjà trouvé sa place parmi les auteurs de SF les plus novateurs et les plus passionnants du moment. Son nouveau livre, Rifteurs, était attendu avec d’autant plus d’impatience qu’il fait directement suite à Starfish, paru l’an dernier. Précisons tout de même qu’il n’est pas obligatoire d’avoir lu le premier pour saisir tous les enjeux du second, l’essentiel des informations nécessaires étant repris dans les premiers chapitres. Par ailleurs, dans la forme, Rifteurs est très différent de Starfish. Au huis-clos dans lequel se déroulait ce dernier succède une course-poursuite qui va nous faire traverser le continent nord-américain d’ouest en est. Cible de cette chasse : Lenie Clarke, l’une des survivantes de la station sous-marine où elle était en poste, désormais porteuse d’une bactérie issue des profondeurs qui menace de se répandre sur toute la surface de la planète.

Il flotte sur Rifteurs un lourd parfum d’apocalypse. A cause de la menace que fait peser la nouvelle condition de Lenie sur l’ensemble de l’humanité, bien sûr, à cause aussi des ravages dévastateurs provoqués sur la côte ouest des Etats-Unis par l’explosion nucléaire qui concluait le volume précédent. Mais, plus généralement, le monde que l’on découvre ici est un monde au bord du précipice et à bout de souffle, où de nouvel-les menaces apparaissent cha-que jour, amenant souvent les autorités à prendre des mesures radicales pour les contenir. C’est également une société de plus en plus déshumanisée, où d’un côté les employés de diverses multinationales acceptent de renoncer à une part de leur humanité pour mener à bien les tâches qui leur ont été confiées, et où de l’autre des millions de réfugiés sont parqués comme des bêtes dans des zones de non droit et abrutis à grands renforts de tranquillisants. Ce chaos global se reflète jusque dans l’Internet, désormais rebaptisé Maelstrom, incroyable bouillon de culture en perpétuelle évolution qui va jouer un rôle crucial dans la destinée de Lenie Clarke.

Même s’il évite la plupart des clichés du genre, et s’appuie sur une vraisemblance scientifique de tous les instants, Rifteurs fonctionne avant tout comme un thriller. Là où Starfish souffrait de quelques longueurs et de petits passages à vide, Peter Watts peinant parfois à structurer son récit (rappelons tout de même à sa décharge qu’il s’agissait d’un premier roman), cette suite marche à l’adrénaline, et s’avère être un page-turner assez irrésistible. Certes, au bout du compte, la plupart des questions soulevées au cours du récit demeurent sans réponse, et le resteront jusqu’à la parution de Behemoth, ultime volet de cette série. Mais si d’un point de vue global la situation n’évolue que très peu, en revanche les quelques protagonistes sur lesquels se focalise l’attention de l’auteur verront leur destin bouleversé de manière assez radicale. De Lenie Clarke, littéralement obsédée par son passé (l’obsession est souvent un élément moteur chez les personnages de Watts) à Achille Desjardins, dont le métier l’amène en permanence à faire des choix aussi dramatiques que meurtriers, aucun ne sortira indemne de cette histoire. La réussite de Rifteurs doit beaucoup à cette petite galerie d’individus, à la manière dont le romancier nous fait partager leur intimité pour mieux nous faire ressentir l’horreur dans laquelle ils se débattent en permanence. On n’aimerait pas être à leur place, mais on ne regrette à aucun moment d’avoir fait le voyage en leur compagnie.

The City & the City

Cette année 2011, encore, la science-fiction et la fantasy nous auront permis de découvrir quelques villes mémorables. De l’Alger psychodélique où nous a conduit Roland C. Wagner dans Rêves de gloire à la Johannesburg déjantée racontée par Lauren Beukes dans Zoo City, en passant par les ruelles insalubres et très alcoolisées de la Wastburg de Cédric Ferrand, les arpenteurs de l’imaginaire auront eu leur content de lieux insolites et d’urbanismes décalés. Pourtant, aucune de ces villes n’égale en beauté et en originalité celles que met en scène China Miéville dans son nouveau roman, The City & The City.

Pour un étranger, ou pour le lecteur qui entame les premières pages du livre, il n’y a pourtant en apparence qu’une seule et unique ville. Jusqu’à ce que quelques indices disséminés ici et là dans le texte laissent entrevoir une réalité tout à fait singulière. Beszel et Ul Qoma sont bien deux entités distinctes, strictement séparées, mais qui occupent le même espace géographique. Deux villes imbriquées l’une dans l’autre, mais chacune possédant ses propres lois, ses autorités, sa monnaie, son écriture ou sa culture. Deux villes dont les habitants ont pour consigne d’ignorer ceux d’à côté, quand bien même ils habiteraient l’immeuble d’en face. C’est ainsi que les citoyens de Beszel évisent en permanence ceux d’Ul Qoma, font abstraction de leur présence physique, et vice-versa. Enfreindre cette règle est la pire des infractions, et entraine aussitôt l’intervention de la Rupture, la police chargée de faire respecter la stricte séparation existant entre les deux villes.

On l’aura compris, China Miéville met en scène dans ce roman un univers totalement kafkaïen. Et il pousse cette logique jusque dans ses derniers retranchements. Ainsi n’est-on pas étonné de découvrir par exemple que Beszel comprend un quartier baptisé Ul Qomatown, où les expatriés ulqomans ont reconstitué leur mode de vie, mais que leurs anciens compatriotes ont bien entendu pour consigne d’éviser… Un exemple parmi d’autres de l’absurdité de cette société, aussi grotesque que fascinante.

Sur la forme, Miéville a opté pour le polar, genre urbain par excellence. Le récit suit l’enquête de Tyador Borlù, inspecteur à la Brigade des Crimes Extrêmes de Beszel, chargé de faire la lumière sur la mort d’une jeune femme. Si dans un premier temps il pense avoir affaire à ce qui ressemble à un meurtre de prostituée presque banal, l’affaire va très vite prendre une toute autre tournure. La victime en question est une étudiante américaine, dont les recherches l’ont amené à s’intéresser à l’histoire des deux villes et à ranimer une vieille légende urbaine, celle d’une troisième cité, dissimulée aux yeux des deux autres : Orciny. L’enquête de Borlù va le conduire des deux côtés de la frontière, et même un peu au-delà. L’intrigue est efficace, linéaire, tout le contraire de la complexité du monde dans lequel elle se déroule. On sent de la part de China Miéville le souci permanent de ne pas égarer son lecteur en route. De ce point de vue, même s’il lui arrive parfois de ressasser certains éléments du récit, l’objectif est atteint.

La progression de l’intrigue laisse ainsi tout loisir de se plonger dans la découverte de cet univers fascinant qu’est Beszel/Ul Qoma. La situation de ces deux villes ennemies n’est évidemment pas sans évoquer celles de lieux qui nous sont plus familiers, du Berlin de la Guerre Froide à la Jérusalem d’aujourd’hui, mais à certains égards elle est tout à fait différente. La particularité première de cette séparation est qu’elle ne peut fonctionner que grâce à un effort collectif volontaire et permanent. Certes, il y a la Rupture, chargée de remettre dans le droit chemin les récalcitrants, mais durant la majeure partie du roman celle-ci brille par son absence, et apparait dès lors davantage dans un rôle de croquemitaine que dans celui de force de l’ordre. Et même si quelques groupuscules militent en faveur de la réunification des deux cités, la volonté de l’ensemble de la population de cohabiter dans l’ignorance absolue de son voisin demeure la norme.

En général, lorsqu’une œuvre pose d’emblée un univers aussi délirant que celui de The City & the City, l’enjeu premier de l’histoire est de remettre en question le fonctionnement d’une telle société, et au final de l’abattre. Or, ici, cette question n’est presque jamais abordée. China Miéville adopte le point de vue d’un entomologiste. Il se contente d’observer et de décrire le monde qu’il met en scène, sans porter le moindre jugement, laissant au lecteur le soin de le faire, d’y voir les analogies avec le monde réel qui lui paraissent les plus pertinentes. Un choix qui ajoute encore au bonheur que procure ce roman, parmi ce que les littératures de genre ont pu nous offrir de plus beau et de plus intelligent. Si ça n’est pas un chef-d’œuvre, ça y ressemble tout de même vachement beaucoup.

La Loi des Mages T1

Dire que l’on connaît mal en France la littérature d’Imaginaire russophone contemporaine relève de l’euphémisme. Le cas d’Henry Lion Oldie, pseudonyme commun de deux auteurs ukrainiens, Oleg Ladyjenski et Dimitri Gromov, est à cet égard symptomatique. De ces titulaires du prix Aelita, le plus ancien prix de SF russe, décerné pour l’ensemble de leur œuvre, nous ne connaissions en France — au Canada, un de leurs romans a été traduit —, en tout et pour tout, que deux nouvelles figurant dans l’anthologie à la diffusion confidentielle Dimension Russie (éd. Rivière blanche), dirigée par Viktoriya et Patrice Lajoye. Et c’est à nouveau grâce à ces traducteurs que l’on peut aujourd’hui se réjouir de la parution chez Mnémos de ce premier tome de La Loi des mages (roman unique scindé en deux volumes). Non pas une œuvre de science-fiction, pour le coup, mais un roman de fantasy résolument atypique, et qui change heureusement des tolkienneries sans saveur qui polluent le genre.

Nous sommes dans une Russie tsariste, fin XIXe, légèrement autre. Une Russie où l’on s’enthousiasme pour le célèbre opéra Le Cimmérien triomphant, où l’aria de Conan proclame la haine de toute forme de magie. Car il y a, dans cette Russie-là, mais également a priori dans le reste du monde, des mages, qui ont leur Loi, et leur complexe hiérarchie basée sur les jeux de cartes. Mais cette « race de mage » est mal vue, et, autant le dire, persécutée en Russie, où il existe un corps spécial chargé de leur traque, que l’on appelle fort logiquement les « Barbares ».

Dans le livre premier de ce roman, nous suivrons essentiellement deux mages, le Valet de Pique Drouts l’amateur de chevaux, et la Dame de Carreau Rachka la Princesse, qui viennent tout juste d’être libérés du bagne. Mais cette libération est bien illusoire : ils sont en fait déportés au fin fond de la Russie la plus inhospitalière, dans le froid village de Kous-Krendel. Ils restent bien entendu sous la surveillance des autorités, et Monsieur le lieutenant-colonel, le Prince Djandieri, du corps spécial de rafle « Barbare », s’intéresse tout particulièrement à leur cas. Il faut dire qu’en cas de récidive, c’est la mort qui est promise à nos deux héros… Aussi font-ils de leur mieux pour s’intégrer dans la communauté villageoise, portée à les rejeter, et doivent-ils s’abstenir de toute « action éthérée ».

Autant le dire de suite : ce livre premier est un pur bijou. L’ambiance, glaciale, est remarquablement travaillée, et rendue avec une finesse rare. Mais le style n’est pas en reste : au pre-mier abord, on est sans doute un peu déconcerté, voire agacé, du parti pris en la matière (deuxième personne, passé simple). Pourtant, on s’y fait. Et l’on découvre ainsi une plume très subtile, abstraite et poétique, de toute beauté, qu’ont fort bien su rendre les traducteurs (quand bien même, sans doute, leur texte n’est pas irréprochable, notamment pour ce qui est des répétitions : par exemple, on ne compte pas les « subito »…). Les auteurs nous livrent un tableau extraordinaire, et pour ainsi dire bluffant, d’une Russie millénaire où la nature est impitoyable et où les hommes, moujiks perpétuellement ivres, mènent à peu de choses près une vie de bêtes sauvages : un enfer de neige et de bois, beau, étrangement, que le lecteur découvre et explore avec une fascination sans cesse renouvelée. La quasi-absence d’histoire dans ce premier livre, aussi, n’est en rien un problème : le fait est que cela marche, et que l’on dévore ces pages très stylées, riches de scènes marquantes, de personnages pittoresques et d’une sorte de « naturalisme » froid.

La suite, le livre second, qui abandonne ce parti pris stylistique et narratif pour des raisons que l’on se gardera bien d’exposer ici, sous peine de déflorer l’intrigue (même si la quatrième de couverture ne s’en prive pas…) — disons simplement que Drouts et Rachka, comme on pouvait s’y attendre, vont « replonger » et ne pas rester éternellement à Kous-Krendel —, est sans doute un cran en dessous ; on n’y retrouve pas le brio de ce qui précède, non, mais cela reste néanmoins de la fantasy de grande qualité, originale et toujours très stylée, simplement d’une autre manière.

Aussi le bilan de ce premier tome est-il très largement positif : La Loi des mages fait mouche, séduit par son caractère atypique, son ambiance époustouflante, sa plume très travaillée et d’une poésie toute personnelle. De toute évidence, nous ne sommes pas là en présence d’un roman de fantasy comme les autres, et c’est tant mieux. Il y a de quoi rendre le fan du genre un peu perplexe — qui se fierait à la seule « histoire » résumée par la quatrième de couverture risquerait de s’exposer à une sévère déconvenue… C’est qu’il y a bien plus dans ce roman remarquable, affichant haut et fort sa singularité dans un paysage littéraire plus moribond encore que les environs de Kous-Krendel, et ne négligeant jamais la forme au profit du seul fond. Autant dire que l’on attend le second tome avec impatience.

Dimension Jean-Pierre Hubert

Jean-Pierre Hubert nous a quittés en 2006 dans une indifférence quasi générale. Dans les années 80, il a pourtant récolté pas mal de récompenses : deux fois le Grand prix de l’Imaginaire et quatre fois le Rosny Aîné dont un doublé pour son roman Le Champ du rêveur publié en « Présence du Futur » chez Denoël.

Mais le creux de la vague (et la disparition presque totale de la SF) du début des années 90 eut raison de lui. Lorsqu’il tenta de nouveau sa chance à la fin des années 90, les francs-tireurs dans son genre n’avaient plus trop leur place et même ceux qui avaient opté pour une SF plus classique commençaient à se voir pousser hors des étagères par les premières vagues de la fantasy. Seule la littérature jeunesse avait un avenir dans le genre. Voie qu’il emprunta un peu à son corps défendant. Il récolta certes de nouveaux prix, mais les années passant, le brillant auteur des années 80 finit par être oublié.

Avec le présent recueil, Richard Comballot comble enfin ce manque.

Que notre spécialiste de la science-fiction française poursuive ce travail éreintant de revalorisation du patrimoine absolument seul et dans un silence si assourdissant est totalement hallucinant. Très peu de signes d’encouragement — sinon par les éditeurs indépendants (le Bélial’, la Volte, Rivière Blanche ou Eons) qui lui permettent d’exister et on ne saurait trop les en remercier — pas le moindre prix pour récompenser son travail (et donc celui des auteurs disparus qu’il fait revivre l’espace d’un recueil ou d’une monographie : Dorémieux, Demuth…). Celui de Jean-Pierre Hubert est composé de seize nouvelles (dont une inédite), publiées de 1975 à 2001. De deux préfaces : une de Richard Comballot et une de Daniel Walther, découvreur puis ami de Jean-Pierre Hubert, d’une longue et passionnante interview extraite de Bifrost, et d’une bibliographie exhaustive d’Alain Sprauel.

Les quatre premiers textes, issus des années 70, sont représentatifs de la première période de l’auteur. Avec une forte composante « politique », comme la quasi-totalité des textes de ces années-là. L’une d’elles est d’ailleurs extraite de l’anthologie de Joël Houssin et Christian Vila Banlieues Rouges : un titre sans appel. Mais Jean-Pierre Hubert fait toujours preuve d’un style très personnel et d’un ton humaniste malgré la noirceur imposée par la composante dystopique des textes. Dans les années 80, il se détache de toute contrainte et livre alors une série de nouvelles éblouissantes au ton très personnel. Certaines (utopies/dystopies), comme « Tout au long de l’île au long de l’eau », « L’Aube des autres », sont proches d’auteurs comme Pierre Pelot ou Jean-Pierre Andrevon, d’autres, plus délirantes, sur le thème du temps ou de la mémoire, telles « Gélatine », « Pleine Peau », « Disciple ? », « Navigation en tour close », et « Où le voyageur imprudent tente d’effacer… » larguent un peu plus les amarres et on arrive enfin aux plus étonnantes d’entre elles, d’ambiance onirique, « Les Quais d’Orgame » et « Jip et Riluk », que l’on pourrait qualifier de « psycho-fictions », expression choisie par Francis Berthelot pour qualifier son roman La Ville au fond de l’œil (roman incontournable également en quête de réédition). Une certaine mélancolie plane sur la plupart des textes où l’humain est au cœur du sujet et non pas le simple véhicule de l’action et des idées, évoquant ainsi l’ombre tutélaire de Simak, Dish ou Sturgeon.

Une excellente sélection donc, qui illustre bien le côté franc-tireur d’un des meilleurs auteurs du siècle dernier.

Un livre-document essentiel (en attendant la réédition d’Ombromanies, Le Champ du rêveur, Couples de scorpions, ou Scènes de guerre civile, le roman préféré de l’auteur), disponible uniquement par correspondance ou dans quelques librairies spécialisées, et que les centaines d’ouvrages formatés de fantasy et de bit lit’ qui s’empilent sur les présentoirs des grandes surfaces n’étoufferont donc pas.

ITW JP Depotte

À l'occasion de la parution récente du Crâne parfait de Lucien Bel, troisième roman de Jean-Philippe Depotte, retrouvez celui-ci en interview sur le blog Bifrost !

La Dernière Flèche

Robin des Bois, vingt ans après… le temps a passé, et les exploits des hors-la-loi de la forêt de Sherwood ne sont plus désormais qu’un lointain souvenir pour ceux qui les ont vécus. Frère Tuck a renoncé aux plaisirs de la bonne chère et mène à présent une vie d’ermite. Will l’écarlate est devenu charcutier. Petit Jean, accusé du meurtre de sa femme enceinte, attend dans une geôle sordide que sa sentence de mort soit prononcée. Quant à Robin de Loxley, il porte le deuil de l’amour de sa vie, Marianne, et s’occupe seul de l’éducation de Diane, sa fille unique. Laquelle Diane, âgée à présent de quinze ans, mène une vie à ce point terne et sans surprises qu’elle envisagerait presque sérieusement d’entrer au couvent. Jusqu’à ce qu’un voyage à Londres en compagnie de son père ranime enfin la flamme de l’aventure.

Début 2010, au moment où, dans les salles obscures, Ridley Scott revenait aux origines du mythe de Robin des Bois, Jérôme Noirez choisissait de son côté de le prolonger, et de montrer comment, malgré les années qui passent, les légendes ne meurent jamais. De fait, s’il fallait trouver un équivalent cinématographique à ce roman, on penserait plutôt à La Fille de D’Artagnan, de Bertrand Tavernier. Il y a dans ces deux œuvres une volonté comparable de rendre hommage à tout un pan de la culture populaire.

C’est donc Diane de Loxley qui tient le premier rôle dans La Dernière flèche, tandis que son père, frappé par un mal mystérieux, se tient en retrait d’une grande partie de l’action. C’est à travers son regard innocent de jeune fille de la campagne que l’on découvre une Londres grouillante, écœurante, fascinante et mortellement dangereuse. Comme à son habitude, Jérôme Noirez parvient à décrire de manière extrêmement précise et vivante le cadre historique dans lequel il situe son récit, sans jamais l’alourdir de longs passages didactiques. Ce n’est pas la moindre de ses qualités.

Robin des Bois a beau avoir depuis belle lurette remisé au placard arc et carquois, son souvenir demeure vivace chez certains. Diane va en prendre conscience en rencontrant un jeune homme énigmatique, Tredekeiles, qui va lui faire découvrir les bas-fonds de Londres et les hommes qui luttent à ses côtés pour perpétuer le combat de son père. Mais c’est de manière plus insidieuse que la légende va petit à petit prendre pied dans le récit, s’intégrer dans son décor urbain et donner une tournure plus fantastique au roman. Car l’histoire de Robin est intrinsèquement liée à la forêt de Sherwood, ce que les Londoniens vont découvrir avec stupéfaction.

Et puis, une aventure de Robin des Bois ne serait pas envisageable sans la présence du shérif de Nottingham. Il est bien là, mais dans un rôle plutôt inattendu. Si sa haine pour son vieil ennemi n’a pas faibli, il éprouve en revanche des sentiments bien plus tendres envers Diane, en qui il croit retrouver sa fille disparue prématurément. D’où le comportement ambigu et parfois contradictoire qu’il va jouer tout au long du roman.

Qu’il s’amuse à mettre en scène les truculents compagnons de Robin ou qu’il expose les côtés les plus abjects de la vie londonienne du XIIIe siècle, qu’il s’intéresse aux premiers émois amoureux de sa jeune héroïne ou qu’il la projette au cœur des combats, Jérôme Noirez se montre d’une inspiration et d’une maîtrise égales. La Dernière flèche constitue ainsi un divertissement de choix, à la fois hommage intelligent aux œuvres qui l’ont inspiré et roman d’aventures trépidant.

[Lire aussi l'avis de Bruno Para dans le Bifrost n°59.]

Leçons du monde fluctuant

Bienvenue dans une Angleterre du XIXe siècle parallèle, un monde décalé et quelque peu délirant où, sous le règne de la Grande Rectrice Victoria, le pays tout entier est devenu un immense collège, où tous les efforts de la nation sont tournés vers l’enseignement scolaire, où, dans un train, le contrôleur est davantage susceptible de vous interroger sur vos connaissances en arithmétique plutôt que de demander à voir votre billet, et où, enfin, les masses populaires sont éduquées à coups de badine dans de sinistres cancrières.

Dans cet univers farfelu, Charles Lutwidge Dodgson n’est jamais devenu Lewis Carroll. En revanche, il y a bien cultivé un goût certain pour les mathématiques, la photographie, les syllogismes et les petites filles. Trop sans doute dans ce dernier cas, puisque des rumeurs de plus en plus insistantes à son encontre vont l’obliger à quitter le Royaume-Uni pour trouver refuge à Novascholastica, île de l’Océan Indien dont les contours, si l’on en croit certains explorateurs, épouseraient la forme de la main gauche de Dieu. Un lieu étrange en tous cas, passage imprécis entre le monde des vivants et celui des morts. Et c’est dans ce lieu qu’erre Kematia, jeune indigène morte à la suite de l’excision qu’elle a subie. Accompagnée d’une troupe sans cesse grandissante, composée entre autres d’une poupée de chiffon, d’un chasseur écossais dont le corps s’est mélangé à celui d’un cerf, de gnous ou de lapins, elle voyage à travers ce Pays des Merveilles hostile et sauvage.

C’est donc sous l’ombre tutélaire de Lewis Carroll et de son œuvre que Jérôme Noirez nous invite à suivre quelques Leçons du monde fluctuant. Il y fait montre d’une imagination permanente, y cultive un goût de l’absurde particulièrement prononcé et prend un plaisir communicatif à y multiplier les visions baroques et hallucinantes. Ceci dit, si l’auteur ne se prive pas de faire quelques clins d’œil à divers personnages ou épisodes d’Alice et de ses suites, son roman est loin de se limiter à un simple jeu de références réservé aux initiés et développe une thématique et une identité qui lui sont propres. En premier lieu, Noirez emprunte son imaginaire à de nombreuses cultures différentes et invoque une multitude de croyances, mythes et autres figures légendaires. Leurs rencontres et leurs confrontations prennent place dans un contexte de guerre d’influence culturelle et religieuse, opposant les colons britanniques aux indigènes de Novascholastica. Le romancier se garde bien de prendre parti en faveur de quiconque, renvoyant même le plus souvent tout ce petit monde dos à dos. Les coutumes barbares des uns trouvent ainsi un désagréable écho dans les discours moralisateurs des autres.

Charles Dodgson et Kematia nous apparaissent donc comme des victimes de leurs sociétés respectives : lui, condamné sans preuves par une société où il n’a jamais pu trouver sa place (Noirez évite de se prononcer sur la véracité des penchants pédophiles de son héros, là n’est pas son propos), elle, morte à cause d’une vieille tradition inhumaine. Leurs pérégrinations surréalistes les amèneront à se libérer enfin du carcan des conventions sociales qu’ils ont subi toute leur vie.

Mais, bien évidemment, c’est le côté ludique et inventif du roman qui lui donne tout son sel. Noirez fait évoluer dans des décors sans cesse changeants une galerie de personnages mémorables, même lorsqu’ils ne font qu’une brève apparition. Mention spéciale au vilain de service, Jab Renwick, né de l’accouplement d’un tueur en série et de la cellule où il a fini ses jours, et dont chaque apparition est un régal.

Mélange de douce folie et de vraie tragédie, à la fois roman d’aventures débridé et conte initiatique, Leçons du monde fluctuant est un livre envoûtant, où tout peut arriver, surtout le plus improbable, et où le lecteur est invité à laisser ses bagages à l’entrée et à se laisser porter par l’imagination foisonnante et l’écriture goguenarde de Jérôme Noirez.

[Lire aussi l'avis d'Olivier Girard dans le Bifrost n°48.]

Le Diapason des mots et des misères

Seul recueil de nouvelles de l’auteur à ce jour, Le Diapason des mots et des misères propose quinze textes, deux seulement ayant fait l’objet de publication antérieure en revue ou en anthologie, accompagnés d’une postface de Catherine Dufour. Le titre du recueil — qui est également celui d’une des nouvelles présentes ici — est particulièrement bien trouvé, en ce sens qu’il résume parfaitement les intentions de l’auteur, en termes de fond (les misères), de forme (les mots), et d’adéquation entre les deux (le diapason).

Ainsi, Noirez propose ici une série d’enfers personnels, physiques ou mentaux, dont on ne ressort pas indemne. Les mutilations rituelles de « La Ville somnambule » (Prague comme vous ne l’avez jamais vue) sont proprement insupportables, et ce d’autant plus qu’elles n’ont d’autre justification que celle d’une croyance que l’on qualifiera de barbare. « Le Diapason des mots et des misères » met en scène un homme et une femme qui tentent de communiquer, même si pour cela ils doivent souffrir dans leur chair à chaque passage de train. Plus dur encore, « Nos aïeuls » prend pour protagoniste la figure récurrente chez Noirez d’un jeune enfant, ici confronté à des fantômes alors qu’il souffre le martyr sur sa chambre d’hôpital, atteint d’une grave maladie ; peut-être le texte le plus fort du recueil (nos limites sont bien moins élevées quand le mal s’attaque à la jeunesse), dont les accents de vérité semblent in-diquer une véritable expérience vécue… L’auteur étant par ailleurs musicien, cette nouvelle est accompagnée d’une berceuse pour l’un des personnages, chanson qui prend toute sa force quand on sait dans quelles conditions elle doit être chantée. Dans « 7, impasse des mirages », Noirez se réfère à une sourate du Coran (Al-zalzalah, ou la Secousse) pour cette histoire qui mêle mythologie arabe et quête des origines. Enfin, le recueil se clôt sur trois « Contes pour enfants mort-nés », où, sous le vernis d’un humour très noir, se concentrent des cauchemars autour de craintes enfantines poussées à leur paroxysme : la poupée, l’école et la leçon de piano.

Parfois, pour se protéger de l’effet de ces misères personnelles, la meilleure des stratégies consiste à adopter une attitude détachée, voire un second degré de bon aloi ; cela donne ici une autre catégorie de textes, moins frontaux, plus humoristiques. « Feverish Train » et « La Grande Nécrose » empruntent aux codes du policier, le premier pour une enquête cartoonesque dans un train marqué par une chaleur suffocante et la présence d’un flamant rose, le deuxième pour une mise en garde à vue qui tourne mal du fait de zombies. « L’Apocalypse selon Huxley » est le récit déjanté et à hurler de rire d’une expédition aux Etats-Unis censée découvrir de nouvelles frontières…

Quel que soit le traitement de la thématique qu’il choisit, la patte de Noirez est néanmoins aisément reconnaissable : au-delà de son habituelle empathie pour ses personnages, de sa tendresse pour les jeunes générations, il impressionne par sa maîtrise stylistique. Il malaxe les mots, les torture parfois, mais toujours dans le but d’en extraire des effets qui viendront rehausser le contenu ; il s’agit bien là d’une volonté de style signifiant, et non d’un simple besoin de soigner la forme. Cette faculté de Noirez à adapter la forme au fond doit certainement beaucoup à sa connaissance et son étude de la musique, de sa construction et des émotions qu’elle est capable de suggérer ; il serait intéressant de connaître son point de vue sur le sujet.

Bref, foisonnement de l’imaginaire, diversité des émotions, richesse des personnages, éblouissement du style : à n’en pas douter, Le Diapason des mots et des misères montre un Jérôme Noirez au sommet de sa forme, et fort justement récompensé ici par un Grand Prix de l’Imaginaire.

[Lire aussi l'avis de Laurent Leleu dans le Bifrost n°56.]

L'Empire invisible

Ce roman part d’un pari un rien osé : montrer à la jeunesse — L’Empire invisible fut en effet tout d’abord publié chez l’éditeur nantais Gulf Stream — toute l’ignominie que constitue l’esclavage (en l’occurrence, des Noirs aux Etats-Unis), dans toute sa noirceur quotidienne, faite de brimades, de conditions de vie dégradantes, voire même d’expéditions punitives. Du fait du lectorat initialement visé par ce roman réédité ensuite chez J’ai Lu, dans une collection adulte, Noirez se fend d’une préface pour éviter tout malentendu : oui, il emploiera le terme « nègre », parce que c’est celui qui doit être employé, avec sa connotation ouvertement raciste, si l’on veut retranscrire fidèlement l’ambiance. Une fois cette parenthèse politiquement correcte nécessaire (à chaque époque ses habitudes, qu’on les trouve idiotes ou non) refermée, le roman peut démarrer. On y suit les pas d’une fillette, Clara, esclave comme son père, Nat. Ce dernier, un homme bon et pieux, mène officieusement la communauté des esclaves, dont le seul tort est de se retrouver la nuit au fond des bois pour chanter leur amour de Dieu et leur soif d’un monde plus juste. Charles Wingard, le propriétaire de la plantation où travaillent les esclaves, mène d’une main de fer son commerce, bien aidé en cela par son fils et son intendant ; lesquels, souvent, succombent aux sirènes de l’alcool, jusqu’à commettre l’irréparable : battre à mort Nat, sous les yeux de Clara. Celle-ci n’aura dès lors qu’un seul but : se venger de ces hommes, dût-elle emprunter les chemins menant à l’Empire invisible. Et ce même si l’arrivée de M. Hodgkin, un faux médium habitué à détrousser les familles, mais qui sera le seul Blanc à voir Clara comme une petite fille et non comme un sous-être corvéable à merci, lui offre une autre possibilité d’accomplissement.

Le début du roman nous fait entrer de plain-pied dans la vie miséreuse de ces Noirs de Caroline du Sud ; la première image de Clara nous la montre sous une chaleur écrasante, au labeur dans les champs, le dos cassé. Notre empathie pour elle est donc instantanée, et ne nous quittera plus du reste du livre. L’une des grandes forces de l’écriture de Noirez, sa profonde humanité, transparaît de manière éclatante ici, puisque viendront peu à peu peupler ces pages des personnages bien travaillés, jusqu’aux propriétaires de la plantation, les Wingard, plus nuancés qu’ils n’y paraissent au premier abord. C’est bien là ce qui fait le plus  froid dans le dos : l’idée que cet esclavagisme, dans cette société-là, était une chose admise par tous, qui semblait naturelle. Les esclaves eux-mêmes apparaissent comme résignés, ne montrant que peu de volontés de révolte ; il faut dire que ceux qui se rebellaient risquaient les passages à tabac et autres joyeusetés orchestrées par le Ku Klux Klan. Durant toute la première partie du roman, cette âpreté rejaillit partout, et Noirez atteint son but : sans idéalisme ni manichéisme, il dresse un portrait brut de cette Amérique négrière, bousculant son lecteur.

Pourtant, une fois le décor planté, il faut se rendre à l’évidence : on s’ennuie pas mal dans ce roman. La faute sans doute à plusieurs facteurs : tout d’abord un déroulement de l’intrigue assez linéaire, sans surprise, et du coup assez convenu. L’irruption du cyclone viendra secouer un peu tout cela, mais elle se produit bien tardivement. Ensuite, une écriture efficace mais qui ne convainc pas vraiment, là où l’auteur nous a déjà habitués à quelque chose de beaucoup plus stylé, plus personnel (on ne dira pas plus travaillé, parce qu’il en faut aussi, du travail, pour obtenir un style fluide sans qu’il devienne sans saveur). Enfin, un imaginaire réduit à sa portion congrue ; on aurait bien aimé que ce fameux Empire invisible du titre intervienne davantage dans l’histoire, le roman en aurait sans doute gagné en profondeur. Bref, on n’y décerne pas la touche habituelle de l’auteur, cette noirceur insidieuse qui recouvre tous les personnages. Peut-être le thème traité ici, l’esclavagisme, est-il déjà suffisamment atroce pour que Noirez n’ait pas souhaité assombrir encore davantage le tableau pour ne pas trop effrayer ses jeunes lecteurs ?

Malgré un réel pouvoir évocateur et une galerie de personnages particulièrement bien brossée, L’Empire invisible se révèle donc une légère déception, un ouvrage mineur dans la bibliographie de Jérôme Noirez, du fait de son intrigue prévisible et de son style plus dépouillé qu’habituellement.

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