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Nicolas Eymerich, inquisiteur

[Chronique comme à Nicolas Eymerich, Inquisiteur, Les Chaînes d'Eymerich et Le Château d'Eymerich.

La couverture est sombre mais d’une élégante sobriété, avec sa police « Inquisition » qui dessine une croix sur le premier volume. La Volte présente l’intégrale du cycle de Nicolas Eymerich, à ce jour incomplet en France. Après la reprise des deux premiers volumes, nécessaires pour comprendre la série, paraît le septième volume du cycle, inédit, le huitième si on compte le recueil de nouvelles Métal Hurlant.

Nicolas Eymerich est cet inquisiteur intransigeant du milieu du XIVe siècle, uniquement porté par sa foi et son devoir, en proie à des manifestations diaboliques sur lesquelles il enquête avec la maestria d’un Sherlock Holmes, éradiquant les hérésies avec une expéditive insensibilité. Mais il s’agit de science-fiction, et l’intérêt de la série réside avant tout dans la découverte du voyage dans le temps grâce à une particule plus rapide que la lumière, le psytron, qui vibre sous l’action des neurones, autrement dit de la pensée : il est vrai qu’on se transporte instantanément ailleurs par la pensée. Inspirée de la théorie des cordes, cette vibration des particules dans un espace sensible aux psytrons, nommé Psyché, débouche sur le dédoublement du penseur lors d’un voyage dans le passé. C’est ainsi que dans le futur le Malpertuis, vaisseau spatial avec à son bord un curé fanatique, tente d’aborder une planète nommée Olympe pour y récupérer des créatures mythologiques encore existantes, mais se retrouve par erreur à l’époque d’Eymerich. Les interférences sont la cause des troubles constatés à l’époque de ce dernier. Dans le premier volume, on voit Eymerich manœuvrer très habilement pour mériter son poste d’inquisiteur malgré son jeune âge. Trois époques s’interpénètrent superbement. On regrettera cependant que la traduction de Quadruppani n’ait pas été révisée pour ce qui concerne l’em-ploi de certains termes comme le flogistique pour phlogistique, ou ces curieux neutrins pour désigner les neutrinos.

C’est précisément l’interpénétration des époques qui fait l’intérêt de la série, tissant des liens qui font sens. Dans Les Chaînes d’Eymerich, le procédé se trouve consolidé : en établissant des relations entre la résurgence d’une hérésie cathare en Savoie, des expériences génétiques commencées dans l’Allemagne des années 30 et poursuivies dans la Roumanie de Ceaucescu, des trafics d’organes au Guatemala, et encore un inquiétant futur en guerre où une organisation eugéniste hitlérienne, la Rache, poursuit sa quête d’immortalité, Evangelisti montre que chaque exaction est un anneau de la même chaîne allant des sombres heures du passé aux périodes modernes encore plus terrifiantes. Nicolas Eymerich, dangereux fanatique, dépeint comme un être qui agit dans ce qu’il croit être juste, ne torturant jamais pour le plaisir, apparaît finalement plus sympathique que bien des contemporains dénués de scrupules. Il a au moins son sens de la justice, discutable et excessif, qui l’empêche de franchir certaines lignes.

C’est en partie sur cette intransigeance que repose l’intrigue du Château d’Eymerich. L’officier nazi ne dédaigne pas coucher avec les servantes juives du camp de concentration où il cherche à créer le soldat invincible ; des frères dominicains sont prêts à utiliser la magie juive, et donc à se damner, pour sauver leur Eglise ; Pierre le Cruel, assiégé dans son château, a assis son pouvoir par des compromis avec les ennemis naturels de la Chrétienté, les Sarrasins et les Juifs qui le protègent. Ces derniers ont équipé son château de dix tours et l’ont truffé de souterrains qu’il ignore ; le motif d’ensemble reproduit un dessin kabbalistique destiné à un rite à venir. Trois intrigues s’entrecroisent donc à nouveau. Eymerich appelé pour contrer des manifestations diaboliques dans la forteresse de Pierre le Cruel, déjà assiégée par son beau-frère Henri de Trastamare, en passe de lui ravir le trône de Castille, lutte contre maintes créatures fantasmagoriques, mais aussi, qui l’eût cru, contre la tentation de la chair. Le château lieu de complots, le château hanté et celui du savant fou : Evangelisti joue de tous ces motifs pour déployer les registres du fantastique dans cet épisode hautement symbolique, où la répétition même de certaines scènes ou répliques, qui pourraient passer pour des erreurs d’écriture, tisse un réseau de nature incantatoire. Eymerich, symbole de forteresse imprenable, se sent fragilisé en découvrant ses faiblesses, plus horrifié par ses sentiments que par les désirs charnels. Par ailleurs contesté dans son autorité par ses pairs, désorienté, c’est un Eymerich plus humain qui est présenté ici. Le final, paroxystique et délirant, clôt superbement cet opus où la noirceur se teinte parfois d’un humour sarcastique. Jubilatoire.

L’ensemble des reprises et inédits devrait se poursuivre jusqu’en 2014. Les dix volumes de la saga méritent bien cette belle présentation.

La Formule de Dieu

Une belle Iranienne demande à Tomás Noronha, cryptologue portugais et cador dans son domaine, de se rendre dans son pays pour y déchiffrer un manuscrit d’Einstein, du moins les quelques lignes codées qui accompagnent les pages en allemand remplies de formules. Avant le départ, il est approché par la CIA qui croit que ce manuscrit décrit le moyen de fabriquer une bombe atomique facile et pas chère, demandée par Ben Gourion à Einstein au printemps 1951, afin que le jeune état d’Israël puisse se défendre contre ses ennemis. Tomás doit vérifier cette assertion alors même qu’il ne connaît rien en physique, malgré un père enseignant les mathématiques à l’université, ami d’un physicien réputé ayant connu Einstein, et le communiquer à des agents sur place. Par ailleurs, il apprend à l’arrivée qu’il ne sortira pas d’Iran avant d’avoir résolu cette énigme considérée comme un secret d’état. Voilà qui augure d’un bon suspense, certes très formaté best-seller, comme on s’en rend vite compte devant la dramatisation excessive de la mise en place et les éléments didactiques à l’intention du lecteur de base, depuis la physique nucléaire jusqu’à la situation géopolitique en Iran. C’est pour très grand public : les explications seront donc diluées dans des conversations où le naïf s’étonne à chaque détail, l’auteur distillant les informations avec les codes narratifs du thriller. Pourquoi pas…?

Cependant, on déchante vite avec quelques jamesbonderies d’une confondante stupidité : dès le premier jour, après qu’on lui a brièvement montré le manuscrit et sous prétexte de visiter le souk, Tomás échappe à son guide de façon spectaculaire pour rencontrer son contact. Et que croyez-vous qu’il arriva ? On accepte son explication de préférence pour les balades solitaires, son maton est juste fâché d’avoir été ridiculisé et personne ne nourrit d’autres soupçons devant un tel agissement. Le héros comme les méchants sont très naïfs alors qu’on veut nous les faire croire très retors. Reste le fond de l’intrigue…

Il est vite évident que l’énigme sur le sens des formules du manuscrit (les Iraniens auraient dû se rendre compte aisément que celui-ci ne concerne pas une arme nucléaire) renvoie à des considérations d’une ampleur cosmique, qui amène à s’interroger sur la nature de l’univers, ses lois, son destin, et la place de l’homme. C’est à la question du principe anthropique que s’attaque donc dos Santos, traitant en parallèle des religions présentant des analogies avec les réponses de la physique. Einstein détiendrait le moyen de démontrer l’existence de Dieu, insérée dans un quatrain et deux lignes cryptés, qui donnent la juste perspective aux équations et au texte du manuscrit (dont on ne saura rien). L’explication finale, et même son exposé, entre philosophie et démonstration scientifique, ne manquent pas de séduire et paraîtraient assez remarquables sous la plume d’un auteur sachant écrire, à condition de supporter les interminables leçons distillées dans d’assommants bavardages.

L’auteur, par ailleurs présentateur vedette du « 20 heures », ancien reporter de guerre, a compilé un certain nombre d’ouvrages de vulgarisation qu’il régurgite autour d’une intrigue si hâtivement bricolée qu’il ne prend même pas la peine de la traiter convenablement. Mais on voit bien, dans quelques subtilités de hiérarchie des informations, que dos Santos a tout juste digéré sa documentation et que ses dialogues entre savant et naïf sont parfois amenés de façon inepte ou contradictoire (un agent de la CIA expliquant qu’il est question d’un secret nucléaire ne se lance pas dans un cours sur la composition de la matière ni sur la différence entre force forte et faible, un héros cryptologue, donc disciple de Turing, entre autre père de l’informatique, ne peut ignorer certains détails qu’il feint de découvrir avec étonnement, même à la troisième explication), avec des répliques qui constituent de véritables sottisiers. Le PPDA portugais est pourtant une célébrité littéraire : son personnage a déjà vécu cinq aventures et certains de ses ouvrages se vendent autant que ceux de Marc Lévy. Un de ses thrillers sera adapté par Hollywood… La quatrième de couverture annonce un roman dans la lignée d’Umberto Eco et Dan Brown. C’est exact. Pas entre, mais bien dans la lignée, tout à la droite de Brown.

Force est de reconnaître pourtant que le point est clairement fait sur l’univers et la nature de la matière, sans complication excessive, et sur les questions philosophiques afférentes, ce qui est en soi méritoire ; le grand public fuyant les ouvrages de vulgarisation trouvera son compte dans cette SF pour les nuls. Peut-être passera-t-il à Stephen Baxter ensuite. On peut rêver… Et d’ores et déjà présenter dos Santos comme l’auteur des prochains grands succès de librairie.

L'Age des miracles

Un jour, la rotation de la Terre a progressivement ralenti. Les premières conséquences sont bénignes, jusqu’à ce qu’il faille réévaluer les horaires de travail, des transports, avec les problèmes d’organisation sociale qu’on imagine…

Les conséquences sont examinées par le petit bout de la lorgnette, à la première personne, à travers les yeux d’une adolescente renfermée qui observe les bouleversements au sein de sa communauté et de sa famille, à commencer par sa mère, catastrophiste, qui vit mal les changements imposés par l’allongement des jours et des nuits — son père, chirurgien, n’a aucun mal à s’adapter à des horaires décalés. Elle voit aussi des amies changer et s’éloigner, voire déménager pour affronter une éventuelle fin du monde.

Pour faire face aux désordres s’installant un peu partout, le gouvernement américain rétablit une journée artificielle de vingt-quatre heures, la population se couchant quand le soleil est au zénith et effectuant ses activités de nuit jusqu’à ce que les cycles coïncident à nouveau pour une durée toujours plus brève. Journée arbitraire à laquelle se dérobent, malgré les pressions parfois violentes du voisinage, les réfractaires préférant suivre le rythme circadien dans sa dérive, jusqu’à se déconnecter de la vie sociale. Le ralentissement provoquant une légère augmentation de la gravité, les oiseaux sont les premières victimes, lors de vols mal contrôlés ; les athlètes voient leurs performances baisser et un syndrome affecte les personnes, provoquant brefs évanouissements, pertes de repères, puis des symptômes plus graves ; la flore, surtout, a du mal à s’adapter aux journées étouffantes et aux nuits glaciales, de sorte que seules les cultures sous abri et lumière artificielle préservent un semblant d’agriculture… jusqu’à ce que les coupures d’électricité se multiplient, que la neige tombe en soirée et que le changement d’intensité du champ magnétique terrestre provoque des perturbations exposant la civilisation du tout-électrique aux éruptions solaires et à ses mortelles radiations que rien ne dévie plus…

Cette histoire de fin du monde, assez exacte sur le plan scientifique (quoique nettement exagérée, selon notre professeur Lehoucq, en ce qui concerne la gravité), reste trop centrée sur les seuls Etats-Unis : il semble déjà douteux que le temps de réaction nécessaire pour isoler et éclairer artificiellement les cultures suffise à sauver l’agriculture du pays, mais il est certain que bien des régions du globe, faute de ressources énergétiques suffisantes, ont cessé leurs exportations ou connu la famine. Mais il faut garder à l’esprit que c’est une adolescente encore peu ouverte sur le monde qui raconte (à ce titre, L’Age des miracles est d’ailleurs proposé en librairies par l’éditeur au rayon littérature, mais aussi jeunesse, et ce sous deux couvertures différentes). L’impact planétaire n’est qu’un vague bruit de fond qui ne prend consistance que lorsque des mesures concrètes sont décrétées. En revanche, les changements sont observés au niveau des relations familiales et de l’entourage, la prof de piano progressivement recluse, le grand-père se préparant au pire, et la perte des amies d’enfance concomitamment à l’éveil sexuel.

Moins qu’un récit de science-fiction centré sur les conséquences sociales d’un tel bouleversement, ce roman est la métaphore de la perte d’un monde, celui de l’enfance, et les perturbations de l’adolescence, quand la gravité affecte le corps devenu plus gauche et les sentiments, alors que l’adulte s’enfonce progressivement vers des plages de temps toujours plus longues et pesantes, jusqu’à l’extinction. Une lecture agréable, malgré cette perspective légèrement gauchie aux yeux des puristes, pour les qualités d’écriture, et le portrait psychologique d’une adolescente, tout en finesse et d’une grande intensité à la fois.

Ténèbres 2012

Que reste-t-il aujourd’hui de l’Horreur, genre littéraire majeur dans lequel se sont longtemps illustrés Poppy Z. Brite, Clive Barker, Peter Straub, Dean R. Koontz et Stephen King ? Si la plupart de ces auteurs sont passés à autre chose, le genre, lui, a continué de produire tout en devenant de plus en plus marginal, au point que certains de ses derniers romans importants, primés, ne sont plus traduits en nos contrées. L’horreur cinématographique (et il en va de même pour la SF) est un genre en bonne santé (on ne dressera pas ici la liste des films à petit budget qui ont remporté cinquante fois leur mise de départ), pourquoi cette bonne santé ne se traduit-elle pas par une présence accrue en librairie ? Comme c’est la question à cent mille dollars de la semaine, je n’en ai pas la réponse… Et vous ne la trouverez pas dans cette anthologie. Quoique…

Ténèbres 2012 contient dix-sept nouvelles (pas toujours fantastiques, d’ailleurs) qui revisitent les thèmes habituels ; enfance maltraitée, croquemitaine, fantôme, vampire, muse. Beaucoup d’ennui, de pages lues en diagonale, rien d’inoubliable (sauf en matière de pénibilité, si on prend en compte le texte de Serena Gentilhomme). On s’arrêtera néanmoins sur trois textes : « Le Violver » de C.C Finlay, récit d’une invasion extraterrestre aux allures de fin du monde, dont l’idée centrale est si répugnante qu’elle marque durablement (dommage que la progression narrative du texte soit si pataude et riche en clichés) ; plus original, Tobias S. Buckell nous propose de monter dans un vaisseau fantôme, mais pas n’importe lequel, un négrier. Sans être transcendant, son « Rejeter Babylone » est peut-être le meilleur texte de la sélection ; Luca Masali, lui, nous refait le coup du Sixième sens avec une petite fille zombie et un arrière-fond très politique (comme chez Romero). Dans les ratés, on tirera du lot « Dans la peau » de Pascal Sacré, c’est « monté » n’importe comment, mais il en reste deux trois images vraiment dérangeantes. Une fois la dernière page tournée, on espère que cette anthologie ne présente pas le meilleur de l’Horreur d’aujourd’hui, auquel cas on pourrait dire sobrement que la messe est dite1.

Note :
Les ouvrages publiés par Dreampress n’étant pas ou peu disponibles en librairie, on passera commande directement sur le site de l’éditeur.

Magie brute

USA, années 30… Pistolets mitrailleurs Thomson, dirigeables, petite pépés et magie à gogo, tels sont les principaux ingrédients de Magie brute.

Le roman commence par une mission désastreuse pour Jake Sullivan, survivant de la Grande Guerre et « lourd », c’est-à-dire magicien capable d’agir sur le champ gravitationnel et la densité. Missionné par J. Edgar Hoover pour tuer son ancien amour Delilah, devenue une implacable meurtrière, Jake, non seulement échoue, mais s’aperçoit qu’il a été manipulé par le pénible père-fondateur du FBI. Une mission foirée, un ramassis de mensonges, difficile de dire quel est le truc qui le met le plus en rogne. Ça va saigner.

Pendant ce temps, la jeune Faye, (qui a le pouvoir de se téléporter) assiste au meurtre de son père adoptif, un fermier d’origine portugaise aux lourds secrets. C’est un coup de Madi, un garde de fer au service du Président, le magicien immortel qui règne sur le Japon. Obligée de fuir, Faye est recueillie par le Grimnoir, une société secrète de magiciens qui s’est jurée de mettre à genoux le Président et qui informe Jake, rallié à sa cause, que le geotel, l’arme de Tesla qui a rasé la moitié de la Sibérie en 1905, est en passe de tomber dans de bien mauvaises mains.

La guerre peut commencer.

Magie brute est un roman enthousiasmant, un divertissement qu’on lit à toute allure, avec le plus grand plaisir… quatre cents pages durant. Puis, arrivé sur les cinquante dernières pages, le livre qui s’appréhendait jusque-là comme une fantasy urbaine pleine d’humour et d’action échevelée vire au gore, au sadique. Jake tue les « méchants » (sic) japonais avec un plaisir évident, transformant en bouillie tout Jaune se mettant en travers de sa route. Il en est de même pour Faye, qui, jusqu’ici, nous avait été présentée comme idéaliste/naïve et un poil coincée. Cette façon de présenter le bien/le mal, les bons/les méchants, de noyer les idéaux dans le sang et les tripes, rappelle les carnages successifs de la tétralogie L’Arme fatale où Gibson/Glover massacrent dix, douze « méchants » par épisode, avant de se faire un barbecue. Au moment du gueuleton familial, ils pourraient se poser des questions, avoir une baisse d’appétit, mais non, tout va bien, il convient plutôt d’empêcher les saucisses de brûler et de ne pas tomber à court de bière.

Evidemment, on peut se dire que Magie brute est avant tout un comics sans image, à ne pas prendre trop au sérieux, mais comme le récit regorge de détails politiques et uchroniques, ça ne suffit pas à gommer le mauvais goût que ses cinquante dernières pages laissent dans la bouche.

Pour finir, un mot sur la traduction, qui est horripilante tant le livre regorge de vocabulaire relatif aux armes à feu, vocabulaire précis avec lequel la traductrice a un certain contentieux. Ça pourrait passer si Magie brute n’était pas une succession quasiment ininterrompue de scènes d’action et de fusillades. De fait, ça coince un peu. Dommage.

120 journées

Dans Les 120 journées de sodome, œuvre inachevée du Marquis de Sade dont seul le premier quart existe sous forme, disons, définitive, le duc de Blangis, son frère (évêque), le président de Curval et le financier Durcet, s’enferment dans un château de la Forêt Noire, Silling, avec leurs épouses et de jeunes enfants des deux sexes, enlevés à leurs parents. Là se déchaîneront les plaisirs les plus aboutis et les perversions les plus inouïes. Dans Salò ou les 120 journées de Sodome, probablement le film le plus éprouvant de l’histoire du cinéma, Pier Paolo Pasolini (qui sera assassiné juste après avoir achevé ce qui reste donc comme son testament) déplace l’action de la fin du règne de Louis XIV (et donc du château de Silling) à la fin du règne de Mussolini, à Salò.

Jérôme Noirez, lui, nous emmène dans un espèce de Groland banal (la capitale s’appelle Griblain), où huit collégiens de La Macle (deux heures de route depuis Griblain) sont kidnappés par les frères Blangis, Mme Curval et Mme Durcet. Et se retrouvent à Silling, sous la garde de leurs ravisseurs, de la cuisinière Fanchon, fausse infanticide, et de Guenet, vrai psychopathe violeur.

Tous les dix jours, un homme (engagé par les ravisseurs, mais ignorant tout de leurs crimes) raconte une histoire à la radio pour les enfants qui n’interviennent pas, en présence de leurs ravisseurs qui, eux, se permettent d’intervenir. Cet animateur spécialisé dans les faits divers est le papa divorcé de la petite Ninon, la crapote, dont il s’occupe à sa manière, sans doute pas parfaite, mais il n’existe pas de parents parfaits. L’école de Ninon a brûlé, ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes.

120 journées est un livre complexe, ambitieux et en fin de compte assez obscur, où imaginaire et réalisme s’interpénètrent sans cesse (son principal défaut étant qu’on ne croit jamais à cette histoire d’animateur radio qui ne comprendrait pas à qui il s’adresse, ce qui place tout de suite le livre sur l’étagère des récits absurdes, un absurde ici très ancré dans le quotidien des parents d’élève). Si toute la partie de l’animateur radio (M. Duclos) est d’une grande puissance, avec ses morceaux de bravoure — « La combustion de tonton », l’histoire de la princesse Pneumonie et de la limnée —, la partie où l’on suit les enfants kidnappés, elle, est nettement moins percutante ; sans doute le lecteur de Sade et le spectateur de Pasolini s’at-tendaient-ils à un déluge d’horreurs. Des horreurs ? il y en a : un viol, un suicide, un crâne éclaté à coups de barre de fer, mais paradoxalement elles ne sont pas hissées très haut par l’auteur, qui leur préfère le passage d’un monde à l’autre, celui du caca-pipi-prout qui devient celui du chattes-règles-bite-enculé. L’intérêt du roman est donc dans des questions comme « qu’est-ce que l’éducation ? », « qu’est-ce que la maturité ? », « en quoi les parents ont le droit de se sentir supérieurs à leurs enfants ? », « comment accompagner ses enfants au moment de leur passage à l’adolescence ? ». Amateurs de supplices en déferlante, d’excès sexuels ou cruels, vous pouvez passer votre chemin. Noirez refuse toute surenchère, son propos est ailleurs.

Si on n’y réfléchit pas trop, 120 journées ressemble à « Another brick in the wall, part 2 », on connaît tous la chanson : « we don’t need no education, we don’t need no thought control », mais à la réflexion, ce roman est beaucoup, beaucoup plus compliqué/subtil que ça (très moral sans jamais être moralisateur). Livre puissant et entêtant, on ne pourra pas lui enlever ça, 120 journées est un roman qui souffre de quelques longueurs et redites ; une œuvre déséquilibrée, dans laquelle une petite fille, la crapote, gagne un combat à distance contre huit kidnappés et leurs médiocres ravisseurs.

Le Prince écorché

Que dire sur les « coups de cœur » de Bragelonne que l’on n’ait pas déjà dit ? Qu’aucun d’entre eux n’a vraiment convaincu depuis Le Nom du vent de Patrick Rothfuss… De fait, les envolées dithyrambiques de l’éditeur Stéphane Marsan ont perdu de leur superbe. D’autant qu’elles ont dangereusement tendance à se multiplier au fil du temps, tout en faisant dans la surenchère constante.

Ici, on nous vante la rencontre entre David Gemmell et… Metallica. Soit. Difficile donc d’aborder ce nouveau « coup de cœur » de façon totalement neutre, surtout quand on constate que l’accent est mis sur la violence et la jeunesse de son anti-héros endossant volontiers les oripeaux du meurtrier. Bref, un premier roman vendu clairement sous l’angle du « coup de poing » dans le ventre d’un lecteur qui n’aurait jamais vu ça.

Autant le dire d’emblée en filant le champ lexical, il n’y a aucune « claque » à attendre à la lecture du Prince écorché. Mais nous ne sommes pas non plus face à une déception de l’ampleur d’un Lame damnée de Jon-Courtenay Grimwood. Ainsi, on ne pourra pas reprocher au roman de Mark Lawrence d’être terne. S’il trempe volontiers dans l’outrance, il évite la plupart du temps la surenchère bêtement grotesque. L’âge de son personnage principal, Jorg, ne manquera pas de faire tiquer, non pas à cause de ses treize ans, mais plutôt à cause de la vraisemblance du tout, qu’importent ses traumatismes. Bien sûr, l’auteur tente d’expliquer le pourquoi du comment et l’ensemble se tient d’ailleurs plutôt bien, mais le choix de la narration à la première personne implique que la voix du personnage nous marque, ce qui n’est pas le cas, la faute à un humour et une noirceur forcés. L’univers recèle quant à lui quelques surprises, même si plusieurs éléments ancrant ce monde dans une certaine réalité semblent souvent tomber comme un cheveu sur la soupe.

Au final, on peut compter sur un récit au caractère dynamique et efficace, ce qui n’est déjà pas si mal en ces temps de disette. Le recours à des chapitres courts et des interludes illustrant l’opinion de Jorg sur ses « camarades de jeux » s’avère un choix payant. Tout comme l’alternance entre passé et présent. Le risque étant de voir le lecteur privilégier l’un des deux axes et survoler l’autre d’un œil distrait, mais Lawrence réussit à éviter l’écueil.

Dommage qu’il n’en soit finalement pas de même en ce qui concerne la profondeur de ses personnages ou l’ampleur de son intrigue. Même dans le contexte du traditionnel premier tome d’une trilogie, ces deux aspects ont un goût certain d’inachevé. On en reste donc à une histoire de vengeance et de colère larvée chez un adolescent pas vraiment comme les autres, certes, mais un ado qui reste un petit garçon perdu malgré tout. Un parti pris qui aurait pu convaincre, si une fois encore le roman n’avait pas été présenté comme une histoire choc à la hauteur des écrits d’un Joe Abercrombie.

Au-delà des attentes potentielles, le roman de Mark Lawrence se révèle encore très loin des maîtres du genre, à l’instar de beaucoup de premiers romans anglais ou américains proposés depuis deux ou trois ans. Si l’on met de côté la violence du roman, il ne reste guère qu’un timide coup de pied dans la fourmilière, plaisant mais pas inoubliable. 

Aucun souvenir assez solide

Ce que l’on ne risque pas de reprocher à Alain Damasio, c’est bien son immense maîtrise de la langue française. On comprend parfaitement que le lauréat du Grand Prix de l’Imaginaire 2005 pour La Horde du Contrevent choisisse d’écrire peu, mais magnifiquement. Le travail linguistique de chacune des dix nouvelles qui composent le recueil Aucun souvenir assez solide en donne un parfait exemple.

En revanche, si l’on voulait chipoter, on oserait dire que cette maîtrise de la langue et du néologisme — toujours très bien vu au demeurant — se révèle parfois envahissante dans l’écriture. Trop de mots tuent le mot, souvent, tout comme un style trop ampoulé fini par tuer ledit style, et avec le fond du texte.

Et pourtant j’aime les chats, Marseille et la Perspective Nevski, entre autres.

Sur le susdit fond, il y aura toujours deux écoles : « Je suis en faveur d’un monde qui devient virtuel, je vis avec Twitter, Facebook, MSN, mon Iphone, mon Ipad, et mon blog-où-je-raconte-ma-vie-et-où-j’ai-plein-d’amis » ; ou alors : « Je suis pour défendre les droits du bar PMU pour y prendre mon café le matin en refaisant le monde avec mes potes. » Le parti pris de Damasio est clair : Internet, et tout ce que cela recouvre, tue les vraies relations humaines. D’ailleurs, toute la technologie aussi. Et le modernisme. On soupçonne même votre cafetière de comploter en vue de détruire vos relations sociales. En gros, si Omo lave plus blanc que blanc, Damasio écrit plus noir que noir, et assume cette posture de façon presque caricaturale.

Ce choix semble regrettable, car les textes tombent rapidement dans un extrémisme qui ne fait nullement justice au talent de l’auteur. « C@ptch@ » par exemple, quatrième texte du recueil, donne l’impression que le narrateur s’écoute écrire, se noie dans les fines-ses linguistiques, mais en perd son but, et son lecteur. C’est beau comme un sonnet de Mallarmé, auquel les allusions sont récurrentes, mais on ne construit pas une nouvelle comme un poème, sauf à imaginer que l’on peut subir 250 pages de « Coup de Dés ». Le problème se pose à nouveau pour « Une stupéfiante salve d’escarbilles de houille écarlate », qui confine à l’illisible, si ce n’est pas tout simplement une private joke avec soi-même pour l’auteur. Les mangamaniacs ne pourront s’empêcher de sourire en lisant « J’appelle le Pégase » (merci Seiya, tu peux disposer…). En revanche, inutile de connaître la culture japonaise pour rester consterné devant « Sam va mieux », davantage pour le jeu de mot digne de l’Almanach Vermot plus que pour la nouvelle, s’entend.

Au fil des textes, on alterne entre admiration béate devant une écriture et des trouvailles linguistiques parfois stupéfiantes, toutes révélatrices d’un travail approfondi de construction — un petit amour pour Pérec, parfois ? —, et l’exaspération devant une mise en exergue outrée des changements socioculturels qui, si elle est compréhensible, ne justifie pas un tel radicalisme. On peut avoir une connexion ADSL et des amis en chair et en os. Parfois même, avec une connexion ADSL, vous avez des amis qui vous aident. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain.

En laissant de côté l’aspect militant, et pour ne s’attacher qu’à la forme, j’oserais dire que les textes gagneraient à être plus courts, à la vue de leur perfection linguistique. Je rêverais de lire « So phare away » dans une forme proche du haïku, d’un sonnet, ou d’un rondel, en hommage au torturé El Levir, auteur maudit de la septième nouvelle (un chiffre saint ou un hasard ?). Je ne doute d’ailleurs nullement qu’Alain Damasio en soit capable.

En résumé, un recueil à lire comme une merveille d’écriture, page après page, mais sans doute plus pour sa forme que pour les idées qu’il défend, bien trop simplistes, paradoxalement, pour un tel niveau rédactionnel.

Dernière note : si vous voulez une analyse parfaitement érudite des nouvelles, vous disposerez de vingt pages en fin de recueil, tout à fait bienséantes, riches de citations philosophiques et conférencesques, qui vous diront combien l’ouvrage est la quintessence de toute réflexion profonde et vitale. Mais personnellement, je n’ai aucun souvenir assez solide du recueil pour en faire une Bible. Aucun lecteur n’a à mon sens besoin qu’on lui explique que ce qu’il vient de lire est génial et hautement philosophique. C’est là que l’on se félicite que Mallarmé ait toujours pris ses œuvres avec beaucoup de désinvolture, non ?

Transition

Depuis ses débuts littéraires voilà un bon quart de siècle, Iain M. Banks a toujours alterné romans de science-fiction et romans de littérature générale, ces derniers étant immédiatement identifiables par la disparition de l’initiale du deuxième prénom de l’auteur dans sa signature. Transition apparaît comme une tentative de réunir ces deux registres, d’interroger le monde contemporain, ses travers et ses dérives, par le biais de la SF. Sans qu’il y ait forcément de rapport de cause à effet, c’est avant tout l’un de ses moins bons bouquins.

Banks renoue ici avec l’un des thèmes les plus rebattus de la science-fiction : celui des univers parallèles. Il met en scène une organisation millénaire, le Concern, dont les agents ont pour mission d’intervenir sur divers mondes pour y faire dévier le cours de l’histoire et éviter dans la mesure du possible la survenue de catastrophes planétaires. Une entreprise parfaitement rodée, jusqu’à ce que des tensions apparaissent à la tête du Concern, tensions incarnées par deux femmes que tout oppose : Mme d’Ortolan et Mme Mulverhill.

Plusieurs narrateurs se succèdent au fil du roman, la plupart désignés sous un nom de code : le transitionnaire, l’un de ces agents capables de passer d’un monde à l’autre à l’aide d’une drogue baptisée Septus ; le philosophe, chargé des basses œuvres du Concern ; un patient anonyme dans un hôpital indéterminé ; et Adrian Cubbish, jeune trader aux dents longues et au cynisme affiché. Iain Banks revient longuement sur le passé de chacun, détaille leur parcours. Ce qui l’amène, dans certains cas, à consacrer des dizaines de pages à histoire d’un personnage qui, au bout du compte, ne tient qu’un rôle tout à fait secondaire dans l’intrigue principale du roman.

Banks, en manipulateur roublard qu’il sait être à l’occasion, s’amuse également à laisser planer le doute sur l’identité réelle de tel ou tel personnage, qui ne sera révélée que dans les toutes dernières pages du roman. Le procédé fonctionnait à merveille dans L’Usage des Armes. Sauf que cette fois, les révélations en question s’avèrent n’être que de navrantes pirouettes, indignes de son talent.

Du point de vue SF, Transition ne brille pas par son originalité. Qu’il s’agisse des méthodes du Concern, de sa politique d’ingérence ou des luttes internes qui s’y déroulent, on ne s’éloigne jamais beaucoup des stéréotypes du genre. Quant aux quelques mondes visités, ils ne sont pour la plupart qu’à peine esquissés.

Pour le reste, Iain Banks évoque effectivement quelques sujets d’actualité, la crise des subprimes et le cynisme du monde de la finance, le terrorisme et le sécuritarisme qu’on lui oppose. Mais il ne fait jamais qu’effleurer ces sujets, sans parvenir à offrir un regard neuf sur ces questions. On termine la lecture de Transition peiné de n’y retrouver à peu près aucune des qualités qui font de Iain Banks l’un des meilleurs romanciers de ces vingt dernières années, et agacé d’avoir gâché sa journée à le lire.

Points chauds

Critique commune à Points chauds et Aliens, mode d'emploi.

Le nouveau roman de Laurent Genefort repose sur une idée tellement simple qu’il lui suffit de quelques paragraphes en début de livre pour nous l’exposer : à partir de 2019 commencent à apparaître un peu partout sur Terre des portails, très vite baptisés les Bouches, des trous de ver reliant de lointaines planètes à la nôtre, variante plus « terre à terre » des portes de Vangk qui parsèment l’œuvre de l’auteur, et d’où vont surgir par millions des extraterrestres de toutes sortes et de toutes formes. La plupart d’entre eux ne ressemblent en rien aux aliens belliqueux que l’on croise si fréquemment dans la sci-fi. Au contraire, ce sont le plus souvent des créatures paisibles et nonchalantes, et si leur fréquentation peut parfois s’avérer dangereuse, c’est surtout parce que certaines espèces ont une fâcheuse tendance à émettre des vapeurs toxiques pour l’homme en guise de bonjour, ou qu’on se sera frotté de trop près à un représentant de telle race dont le corps est couvert d’épines. Les accidents sont toujours possibles.

Même si le comportement de ces aliens ne présente pas une menace directe pour l’humanité, les autorités se retrouvent pourtant très vite totalement démunies face à un tel afflux et une telle diversité, et certains gouvernements vont prendre des mesures extrêmes à leur égard. Nombre de communautés extraterrestres vont également devenir la cible de diverses organisations, sectes et autres groupes mafieux, qu’ils considèrent ces immigrés comme une main d’œuvre corvéable à merci ou qu’ils espèrent tirer profit de la crainte que ces êtres suscitent au sein d’une bonne partie de la population. De ce point de vue, Laurent Genefort dresse un portrait peu flatteur des comportements humains.

Le romancier a intégré dans Points chauds la nouvelle « Remparts », parue il y a deux ans dans ces pages (n°58), et dans laquelle on découvrait cet univers du point de vue d’un militaire, Léo, membre de Rempart, la force internationale chargée d’intervenir chaque fois que la présence d’aliens parmi des populations humaines menace de dégénérer en conflit. Mais Laurent Genefort élargit son champ d’action en donnant la parole à des personnages très différents, dont les récits vont se croiser sans jamais se recouper. Il y a Prokopié, membre d’un peuple nomade de Sibérie, les Nénètses, qui décide d’accompagner une tribu alien dans sa traversée du Grand Nord ; Camila, médecin dans une ONG autorisée à venir en aide aux extra-terrestres victimes de milices en Afrique ; et Raji, un scientifique chargé d’interroger un couple de Corcovados dans un laboratoire de Berne. Tous vont, à des degrés divers, être les témoins de scènes dramatiques, d’exactions ou d’humiliations à l’encontre des aliens. Pourtant, malgré cette violence permanente dans laquelle baigne le roman, Laurent Genefort ne perd jamais tout à fait foi en l’Homme, et l’on trouve aussi dans Points chauds de beaux moments d’humanité, à l’image de cette petite annonce d’une jeune femme qui, lassée par la fréquentation de ses congénères, espère trouver l’âme sœur parmi les extraterrestres.

Les héros que met en scène Laurent Genefort ont en commun une même curiosité, une même volonté de remettre en question leurs certitudes, de se débarrasser de leurs préjugés pour se confronter à cette altérité qui caractérise les aliens, de s’interroger sur leur propre humanité à travers le regard de ces êtres à la fois si lointains et si proches, de se redéfinir à leur aune. Un début de transformation qui va trouver son point culminant dans un dernier chapitre bouleversant, lumineux, qui donne un éclairage profondément optimiste à l’ensemble de l’œuvre. Le genre d’émotion que ne procurent que les plus grandes œuvres de la science-fiction, et dont Points chauds fait incontestablement partie.

On retrouve la même philosophie à l’œuvre dans Aliens mode d’emploi, livre sans doute plus anecdotique mais pas moins agréable à lire. S’inspirant dans la forme du Guide de survie en territoire zombie de Max Brooks ou du plus récent Survivre à une invasion robot de Daniel H. Wilson, il se distingue de ces œuvres par sa tonalité moins belliqueuse, plus espiègle aussi. On y trouve certes quelques conseils pour ne pas succomber en cas de rencontre avec un alien hostile, mais ils occupent moins de place que ceux visant à vivre en bonne entente avec eux, voire à entretenir des relations intimes avec un Usuralyn hermaphrodite ou quelque autre espèce dont les organes reproducteurs vont se nicher dans des endroits insoupçonnés. Dans un registre pince-sans-rire des plus réjouissants, Laurent Genefort s’amuse à multiplier les situations incongrues et les mœurs extraterrestres les plus étonnantes. Le résultat se lit d’une traite, le sourire aux lèvres.

Ça vient de paraître

Le Magicien de Mars

Le dernier Bifrost

Bifrost n° 118
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