Les Flammes de l’empire
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L’empire est à deux doigts d’exploser, mais ne se l’avoue pas. Par méconnaissance des faits ou par calcul politique. Pourtant, les scientifiques avaient raison. La preuve est là : un courant du Flux s’est effondré. Ce Flux sur lequel toute l’économie est fondée va disparaître – à plus ou moins longue échéance, c’est désormais une quasi certitude. Reste à savoir quand ? Cependant, au lieu de tous s’unir pour se préparer au pire, les différentes familles au pouvoir (politique, religieux ou commercial) préfèrent placer leurs pions, tenter de s’enrichir davantage, de grignoter de l’influence. La jeune emperox, pas vraiment volontaire pour le job, rappelons-le, risque de l’apprendre à ses dépends tant elle gêne pas mal de monde. Surtout depuis qu’elle déclare entendre des voix…
John Scalzi poursuit, non sans succès et brio, cette trilogie dont l’ultime tome est paru en avril aux États-Unis (malgré les bouleversements covidiens actuels il devrait, sauf accident de flux, arriver bientôt sous nos contrées). Encore plus de complots, encore plus de poignards dans le dos, encore plus d’humour. Et grâce à Kiva, encore plus de grossièretés. L’action se bouscule sur plusieurs tableaux : chacun essayant de tirer les marrons du feu, les coups bas se multiplient, les trahisons s’enchaînent, les tentatives (réussies ou non) d’assassinat également. Et c’est terriblement jouissif. Les anciennes cours royales des différents pays européens, pourtant expertes en la matière, auraient eu à apprendre de ce maelström : Machiavel est de la partie. Et l’emperox Griselda II n’est pas en reste : malheur à ceux qui ne voient en elle qu’une petite marionnette placée là par hasard ! Ils s’en mordront les doigts.
Résultat des courses, Les Flammes de l’empire s’avère encore plus addictif que le premier tome. D’autant que Scalzi ajoute un autre niveau d’intrication, avec la recherche de l’origine du Flux, et de fait l’origine de la société qui a vu l’emperox dominer un conglomérat de plusieurs mondes, souvent hostiles, trop éloignés les uns des autres pour pouvoir survivre sans ledit Flux. Ainsi est-ce donc à une exploration spatiale que nous convie l’auteur. Et pour y découvrir quoi ? Des individus d’une autre race ? Une autre planète ? En tout cas, cette incursion montre la maîtrise évidente de John Scalzi pour l’exercice, et évite à l’intrigue de ronronner. C’est d’ailleurs bien agréable qu’un auteur sorte du cadre qu’il avait institué pour embarquer ses lecteurs plus loin, toujours plus loin. La découverte de certains éléments du passé et de personnages d’un autre temps apporte ce qu’il faut de mystère pour relancer complètement une machine qui, sans cela, aurait pu lasser. De quoi titiller la curiosité et espérer une rapide traduction de l’ultime opus de cette trilogie aussi réjouissante que jubilatoire.