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Susto

« Il faut se figurer Susto, utopie universaliste fondée en Antarctique par les réfugiés climatiques de tous horizons, comme un éventail de trente kilomètres de côté, se dépliant du cap Crozier au mont Bird, dont l’anse se situe au pied septentrional du mont Erebus et dont chaque lamelle – ou épingle – est numérotée de 1 à 11. »

Imaginez, d’un point de vue très large, cette métropole où se côtoient et se mélangent les ethnies survivantes, quelques instants dans un futur proche. Maintenant, penchez-vous sur cette masse mouvante où gronde la révolte, sur ce grouillement accroché au pied d’un volcan au bord de l’éruption, sur ces quelques battements d’ailes de mouche et

)))) BAM ((((

Voilà, vous comprenez ce que peut ressentir un lecteur égaré dans cet OVNI.

Polymorphe, l’histoire est difficile d’accès, et ne se laisse dévoiler que par bribes, et encore, difficilement, à travers les respirations de plusieurs personnages. Qu’on le lise linéairement ou en suivant les nombres des têtes de chapitre (cailloux blancs dans une forêt obscure ?) au sein de chaque partie, qu’on y revienne de façon plus méthodique ou plus bordélique, ce livre ne se laisse pas deviner. Chaque fragment de texte expose son style, toujours soigné, toujours méticuleusement calibré, à la recherche du mot juste, du signe exact, de la bonne typographie, à l’endroit parfait. Certes, c’est dépaysant, un temps, agréable, aussi, au point d’admirer quelques phrases, quelques effets visuels et sonores, et de vouloir se gargariser des bonnes tournures. Mais… qui s’y frotte, s’y pique et s’y perd. Car « Entre réalisme magique et fantastique réel », le sens s’égare souvent, le plaisir de la lecture aussi, malheureusement. Et même si la curiosité résiste, le lecteur-grimpeur en permanence au bord de la chute ne sait plus à quoi s’accrocher. Dommage, la montagne volcanique est belle, mais peut-être trop parsemée de cendres et de voies/x détournées, inaccessibles pour les non initiés. Le support n’était peut-être pas le meilleur : une adaptation en pièce de théâtre serait formidable.

Avis donc aux amateurs de lectures escarpées et dangereuses, aux aficionados de poésie et de théâtre. Pour les autres… oubliez.

R.R.étrospective

Attention, bible !

Surfant de nouveau sur la marée du succès « Game of Thrones », Pygmalion propose un recueil des textes courts (et moins courts) de George R. R. Martin. Et pas n’importe lesquels ! Ceux exhumés du bazar du grenier, ceux d’avant la série télévisée, ceux d’avant le succès populaire international. Pour les fans, un trésor. Pour les autres, une découverte de poids, dense et savante.

En effet, contrairement à ce que peut croire le lecteur qui a découvert l’écrivain avec la saga du « Trône de Fer » (sans parler de ceux qui ne l’ont découvert que grâce à la série télévisée), le sieur Martin sévit depuis des décennies dans le domaine des littératures de l’Imaginaire, accompagné depuis le début d’une reconnaissance des critiques. Comme le montrait déjà le Bifrost n°67, Martin est un touche-à-tout prolifique qui s’amuse aussi bien avec la fantasy qu’avec l’horreur ou la SF.

Ainsi, cet énorme recueil regroupe de façon ordonnée et intelligente les textes écrits avant 2003, souvent déjà traduits et publiés, ici et là, dans des magazines et divers autres recueils de nouvelles. Comment présenter un tel ouvrage ? Il est si hétéroclite et balaie un champ si large, à l’image de la puissance créatrice de son auteur, qu’on y trouve vraiment de tout et pour tous les goûts. Chaque partie (neuf en tout, sans compter les annexes) est introduite par quelques pages de Martin retraçant et commentant son passionnant parcours. Et vient ensuite le temps de se plonger avec curiosité (et souvent plaisir) dans les nouvelles et autres écrits. On y découvre les premiers prix (Hugo, Nebula, entre autres), les scénarios, les jeux de mots… Bref, un éventail représentatif de ce conteur prolixe, caméléon habitué à tisser les histoires pour le simple plaisir de raconter, de partager, peu importe le genre.

Quelques illustrations de Michael Wm. Kaluta procurent des respirations bienvenues au milieu de ces pages si remplies. Et, afin d’éviter l’indigestion, il est recommandé de laisser le pav… livre à portée de mains, pour y revenir souvent, pendant plusieurs semaines (voire mois). Et surtout de l’ouvrir à portée de table, l’objet faisant plus de deux kilos (d’un papier fin se déchirant si facilement…). À se demander pourquoi les éditions Pygmalion n’ont pas coupé (pour une fois, de façon justifiée) le tout en plusieurs tomes thématiques. Avis aux éditions J’ai Lu pour la reprise poche, filon à creuser…

L'Ascension de la Maison Aubépine

Paris, peu après la chute de la Maison aux Flèches d’Argent. Pendant que celle-ci se redresse péniblement, se reconstruisant sur les ruines de ce qu’elle fut, quelques-uns de ses anciens habitants (volontaires ou non) poursuivent leur périple dans une capitale scindée en multiples quartiers et factions, sous l’ombre toujours plus menaçante de la Maison Aubépine.

Car cette dernière semble s’épanouir et se gorger du chaos provoqué par le déséquilibre des forces. Dirigée par Asmodée, ce Déchu cruel et inconsolable après le meurtre de son dernier amant, Aubépine se prépare à conclure de nouvelles alliances. Et si l’avenir de la Maison résidait dans une union avec les dragons, dont le royaume en perdition, caché dans le fleuve qui traverse la ville, semble dissimuler un pouvoir inconnu ?

Aliette de Bodard retrouve dans ce deuxième tome son univers post-apocalyptique angélique, où les terres et les fleuves meurent doucement, pollués par la magie céleste et les anciens sorts invoqués pendant la Grande Guerre. L’histoire reprend quelques battements d’ailes à peine après la fin du premier récit. Là aussi, les intrigues se nouent, les complots se dénouent, le sang angélique (et surtout mortel) coule. Tandis que la déchéance s’accentue, que le pouvoir semble être l’unique but des puissants de ce monde, les plus humbles essaient tant bien que mal de survivre.

Même si la lecture du premier opus est nécessaire avant de lire ce deuxième volet, on se replonge avec plaisir dans cette fantaisie urbaine. La décadence y est de nouveau bien racontée, les personnages, anciens ou nouveaux, toujours aussi complexes. Ce qui nourrit malheureusement une certaine frustration, tant l’impression de seulement effleurer quelque chose d’essentiel, de précieux, se fait sentir. La richesse de cet univers, les possibilités qu’il laisse entrevoir sont malheureusement sous-exploitées, comme s’il était plus simple pour le texte de rester dans les jeux de miroirs. À l’image de ses marionnettes qui, sortant enfin des huis clos dans lesquels elles étaient enfermés, retombent dans des royaumes tout aussi étriqués, où les mêmes luttes et jeux de pouvoirs se déroulent. Comme s’il était impossible de s’affranchir d’une féodalité, impossible de se libérer, même par la mort. Comme si ce tome, n’était qu’une transition vers un dénouement flamboyant qu’on attend encore. Un troisième livre serait-il prévu ? À surveiller…

Bifrost 91 : il est là !

Le numéro 91 de Bifrost est dès à présent officiellement disponible, en papier comme en numérique, dans toutes les bonnes librairies et sur belial.fr ! Bonnes lectures estivales !

“Le Fini des mers” chez Boojum

« En moins de cent pages, il réussit à nous intéresser à cet enfant et au destin du monde (ça décoiffe d’ailleurs). Pas mal pour un auteur qui à l’époque avait moins de trente ans ! Cher lecteur, lance-toi et découvre Gardner Dozois. » Boojum

“Le Fini des mers” est là !

« Un jour, le livre débarqua, comme tout le monde l'avait prévu… »
Le Fini des mers de Gardner Dozois, quatorzième titre de la collection Une Heure-Lumière, est dès à présent disponible en papier comme en numérique dans toutes les bonnes librairies et sur belial.fr !

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