La Légion des souvenirs (The Expanse T.10)
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Après la parution, en 2022, de l’ultime roman du cycle « The Expanse », Actes Sud boucle la saga avec la traduction du recueil de (longues) nouvelles s’inscrivant dans cet univers. Le présent volume rassemble huit textes, sept rédigés de 2012 à 2019, et un, le dernier, écrit pour l’occasion. Tous sont présentés, sauf exception, à la fois par ordre de publication et dans l’ordre de la chronologie interne de cet univers. Chacun est accompagné d’un court paratexte où les deux co-auteurs expliquent la genèse et ce qu’ils voulaient exprimer avec chaque nouvelle. On y apprend notamment qu’à l’origine, Daniel Abraham et Ty Franck (cachés sous le pseudonyme de James S.A. Corey), n’ont jamais eu l’intention d’en écrire, mais que la demande des éditeurs et anthologistes a été telle qu’ils s’y sont résolus, d’autant plus volontiers qu’ils y ont vu une opportunité de raconter des histoires parallèles, d’explorer un pan inédit mais intéressant de leur univers, de montrer des changements de paradigme (à l’échelle d’un personnage ou globale), voire de jouer avec le processus d’écriture.
Chose remarquable dans ce genre de recueil, aucun texte n’est mauvais ou même seulement dispensable, même si certains sortent un peu plus du lot. Plusieurs rappelleront des souvenirs au lecteur ayant également regardé la série tirée des romans. « Sous la poussée » montre la mise au point du propulseur à fusion qui a ouvert en grand les portes du Système solaire et bouleversé sa géopolitique, « Le Boucher de la station Anderson » raconte comment Fred Johnson a gagné son surnom, puis, rongé par la culpabilité, comment il est passé côté Ceinturien, « Les Dieux du risque », sans doute le texte le moins important, met en scène Bobbie et surtout son neveu, et nous montre la vie quotidienne sur Mars, « Le Grand chambardement » narre de quelle façon Timmy est devenu (de plusieurs façons différentes) Amos Burton, tandis que le glaçant « Les Abysses de la vie » dévoile la transformation de Paolo Cortazar, passant d’un type ordinaire au scientifique sans éthique que l’on connaît, et les débuts de l’abominable projet de Protogène. « Les Chiens de Laconia », allégorie des difficultés rencontrées par les immigrés de deuxième génération déguisée en récit d’horreur, met en scène Cara et Xan, tandis que « Auberon », sans nul doute la meilleure des huit nouvelles, traite du conflit rongeant un gouverneur laconien, entre devoir et amour, et la façon dont son idéalisme se fracasse sur la corruption généralisée. Enfin, « Les Péchés de nos pères », qui se déroule après la fin du dernier roman, montre la dure vie de Filip Nagata sur le monde hostile où il s’est échoué suite à la fermeture des Portes, et sa rédemption pour ses actes meurtriers passés.
Plaisant et comblant bien des vides, ce recueil nous paraît être un achat dont on ne discutera pas la pertinence pour tout amoureux de « The Expanse » qui se respecte.