Nulle âme ne désespère en vain (L’Empire s’effondre T.3)
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Ultime volet de la trilogie « L’Empire s’effondre », Nulle âme ne désespère en vain déploie une structure qui laisse le lecteur doté de ne serait-ce que d’un atome de sens critique quelque peu dubitatif. Ainsi, il s’ouvre sur une longue partie portant exclusivement sur l’exploration du deuxième continent par Rackham Thorpe, sa découverte des Titans, l’histoire réelle de cet univers, et sur ce qui se déroule dans la Vallée d’où les dieux veulent s’échapper. C’est parfois très intéressant, mais d’une part c’est trop long, et d’autre part ce n’est qu’au bout de cent pages, soit un cinquième de la longueur totale du livre, qu’enfin l’auteur raccroche les wagons avec ce que son lecteur pouvait légitimement attendre ici, à savoir le déroulement de la guerre civile opposant les différentes factions en présence pour le contrôle des vestiges de l’Empire, et surtout pour le modèle de société qui y sera appliqué (basé sur l’immobilisme, la religion et l’irrationnel, ou sur le dynamisme, la technologie, la Raison et le compromis). Jusqu’à 80 pages de la fin, la partition s’exécute comme attendu, et puis un événement très surprenant a lieu, suivi d’une énorme ellipse (trois ans !) et d’une amorce de fin certes épique, mais qui constitue aussi, et surtout, le coup de baguette magique – « Pouf y’a plus d’ennemis, les gentils ont gagné ! » – le plus éhonté vu en littératures de l’Imaginaire depuis Le Dieu nu : Révélation, de Peter Hamilton. Sans compter qu’on revient brièvement à Rackham Thorpe, qui aperçoit quelque chose d’extraordinaire sans qu’on sache de quoi il s’agit, ou que d’autres personnages lancent une expédition vers le deuxième continent sans que, là encore, la chose mène quelque part…
Si le roman contient une étrange combinaison de trop et de trop peu, il se débrouille tout de même pour boucler de façon un minimum satisfaisante la majorité de ses arcs essentiels. Oui, le worldbuilding (qui, comme on le pressentait, n’est pas tant fantasy-steampunk que science-fantasy, vaguement dans la veine de R. J. Bennett) reste le gros point fort du cycle, certains passages relatifs aux Titans et aux dieux étant absolument fascinants. Toutefois, on se permettra d’être en désaccord avec la communication de l’éditeur, qui assène que « ce troisième tome confirme l’entrée en fanfare de Sébastien Coville dans la SF française ». Si le premier tome est bancal car trop verbeux, le troisième l’est tout autant, mais pour une raison inverse : il s’avère souvent trop étique. Seul le second, en définitive, se révèle au niveau qu’on est en droit d’attendre au regard des comparaisons prestigieuses auxquelles se sont livrées les éditions Anne Carrière. On méditera donc les paroles de sagesse du regretté Bon Scott : « It’s a long way to the top if you wanna Rock’n’Roll » !