Les Contes de la tisseuse
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Les recueils de nouvelles de fantasy sont assez rares, pour ne pas dire inexistants. Difficile, donc, pour l'amateur curieux, de passer à côté de celui-ci. Léa Silhol, sans doute plus connue comme rédactrice de Requiem et pour son travail d'éditrice chez l'Oxymore, livre ici un ensemble de textes marqués par un élément fort de toute une symbolique : l'eau. Voilà un recueil fier de sa sensibilité féminine, qui s'adresse à ceux que la prose, voire l'écriture ampoulée, ne rebute pas ; car Silhol écrit, surécrit, peaufine chacun de ses contes, les encadre avec des morceaux de chansons, de textes mis en exergues. Ce qui sera sans doute perçu comme un défaut — d'ailleurs, dans certains textes, on n'échappe pas à la mièvrerie, une mièvrerie qui confine parfois au grotesque consommé — s'impose aussi comme une marque de fabrique. C'est dans le creuset des adjectifs et des tournures de phrases obsolètes que ces quinze histoires et un poème en prose semblent naître. Au final, de bons textes, d'autres moins bons avec, surtout, « La Gorgone enfant » et « La Loi du flocon », qui sortent du lot comme des fleurs de la neige. Malgré ses défauts, ce livre est sans aucun doute le meilleur ouvrage de fantasy jamais publié par les éditions Nestiveqnen. Si vous aimez l'écriture poétique et les figures féminines dominant les eaux du monde, ne passez pas à côté. Léa Silhol est une autrice à suivre qui, dans la simplification d'une écriture qui frôle encore trop souvent l'overdose, trouvera une voie royale. On attend maintenant un roman.