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Sonne le glas de la terre

Quand la Nativité approche en Californie du Sud, on écope en général, en guise de temps de saison, d'averses plus fréquentes. Et dans les banlieues foisonnantes du Comté d'Orange, plus connu aujourd'hui pour Disneyland que pour ses agrumes, on a peu de chances d'entendre le son des carillons d'église. Pourtant c'est autour des églises d'un des coins les plus anciennement urbanisés de l'endroit — le « vieil » Orange, garanti XXe siècle d'origine — que Blaylock choisit de situer son action, où un contrat avec le Diable se télescope avec un conte de Noël.

Au centre du réseau démoniaque, Robert Argyle, financier véreux mais bien respecté dans la communauté en raison de son succès matériel. De l'autre côté, deux prêtres, un catholique, Mahoney innocent ramasseur de coquillages, et un protestant, Bentley plus inquiétant parfois, un personnage pétri de paradoxes qui est un des plus étranges du livre. Mais pas le plus attachant ; la place est réservée à l'habituel anti-héros blaylockien, Walt Stebbins. À quarante ans, il n'a toujours trouvé ni travail régulier ni un commerce qui puisse le faire vivre, et se repose sur sa femme, Ivy, agent immobilier. Sa contribution au ménage, comme souvent chez Blaylock, se résume à du bricolage inefficace, et à l'amoncellement dans des hangars qui grignotent le jardin d'un incroyable bric-à-brac qui devrait, sinon assurer sa fortune, du moins être utile à quelqu'un. Un jour, pourtant, le manque d'ambition de Walt est garant de sa pureté morale. Quand tombe entre ses mains un fétiche capable d'exaucer tous ses vœux, il est très réticent à s'en servir, et quand on lui offre de l'argent sale, il sait qu'il a une odeur. Il y a quelque chose de dickien dans ce héros innocent (avec Tim Powers et K. W Jeter, Blaylock faisait partie des gens qui ont connu Phil Dick durant sa période Orange County des années 70), un quelque chose souligné par de petits clins d'œil comme son attention à la vie et à la mort des insectes, ou la désopilante scène de tentative de recollage du Pot à Lait en Forme de Vache (et rien de galactique ici1). Il y a aussi un clin d'oeil à Powers, ces âmes enfermées dans des bocaux, qui ne tiennent guère de rôle dans l'intrigue, mais rappellent furieusement un concept central de son roman Expiration Date.

Au demeurant, quand les responsabilités incombent par force à Walt, sous la forme de deux neveux de sa femme abandonnés par leurs parents, il sait se montrer, au-delà de ses protestations, le meilleur des pères de rechange. Et son manque d'ambition le protège également contre les escroqueries, comme celles dans lesquelles son oncle Henry, naïf et sans scrupules à la fois, tombe avec une désespérante régularité. Aussi n'est-il pas surprenant que, tandis que vandalisme anti-religieux et indices d'intervention satanique se multiplient, Walt garde la tête froide et finisse par arranger la situation in extremis.

Difficile de donner une idée précise des livres de Blaylock, qui fonctionnent par accumulation de détails insignifiants, à l'image de ses personnages un peu névrosés qui empilent les objets sans valeur. Comme c'est une névrose que je partage, à l'instar de beaucoup de fans de S-F, je ne peux m'empêcher d'éprouver de la sympathie pour ce point de vue. Dommage, soit dit en passant, que le livre soit massacré par un traducteur dont on dirait qu'il a appris le français en écoutant des séries américaines doublées à la télévision. Blaylock arrive quand même à transmettre des tonnes d'humour et de tendresse, et à donner du fantastique à base chrétienne dans un cadre contemporain sans se ridiculiser (si, si, tout se termine bien pour Noël, et on marche comme dans un film de Capra !).

Notes :

1. Le Guérisseur de cathédrales (Manque de pot, dans sa première traduction), de Philip K. Dick, s'intitule Galactic Pot Healer en anglais, (NDRC).

Le Pêcheur

À la base du roman, un prétexte technique déjà dépassé (ou sur le point de l'être) lors de sa parution en 1961 : nous savons à présent que les ceintures de Van Allen n'empêchent pas les vols spatiaux habités. Peu importe — toutes sortes de raisons physiques ou économiques pourraient mener à un futur comme celui que Simak envisage, où l'espèce humaine, au rebours des plans élaborés par la SF, est bloquée sur Terre. L'originalité ici est que la parapsychologie vient au secours de l'exploration interstellaire : le projet Hameçon a rassemblé des gens capables de projeter leur esprit sur d'autres planètes, et même de téléporter de petits objets. Banni par les USA, qui entretiennent une peur superstitieuse des talents parapsychologiques, Le Hameçon, installé au Mexique, est devenu un acteur majeur de l'économie mondiale. Ses innovations technologiques se vendent dans des comptoirs installés un peu partout, et approvisionnés par téléportation.

Shepherd Blaine est un des explorateurs télépathiques du Hameçon. Lors d'une rencontre avec un extraterrestre, il hérite d'une copie complète de l'esprit de celui-ci — et, dès lors, se considère (avec raison) comme un homme traqué, car le Hameçon fait disparaître ceux de ses employés considérés comme contaminés. Dès la dixième page, Blaine est donc en fuite, bénéficiant d'une série de coups de main trop opportuns pour être fortuits.

Simak replonge ainsi dans sa ruralité de prédilection, et l'essentiel du livre est une sorte de road movie, si on prend le road movie, dévoué qu'il est à l'exploration des paysages de l'Ouest américains (et de ses habitants les plus primitifs), pour la forme contemporaine du western. Western auquel Simak emprunte plus que des lieux : du vocabulaire (dans le texte original), des personnages comme le shérif ou le prêtre et des épisodes comme l'attaque de la diligence (un camion) par des Indiens (ce sont des jeunes télékinètes, ne pinaillons pas) ou le lynchage d'un prisonnier défendu plus ou moins mollement par le shérif. Blaine, certes, a acquis des pouvoirs extraterrestres sur le déroulement du temps, mais il ne s'en sert que de façon parcimonieuse, un coup chacun, histoire de réserver des surprises au lecteur.

Le pêcheur est une illustration classique du thème des mutants ; comparés à diverses minorités défavorisées (Amérindiens, mais aussi Noirs ou, explicitement, Juifs), ceux qui détiennent des pouvoirs parapsychologiques sont victimes d'un racisme américain qui nuit aussi à la prospérité même de ceux qui en sont coupables. C'est un livre daté — les voitures circulent sur coussin d'air, sont munies d'ailerons tout droit copiés sur les Cadillac de 1958, et, quand il faut communiquer d'une ville à l'autre, on décroche le téléphone et on demande un numéro à l'opérateur… Quant à la manière dont le Hameçon traite ses agents mentalement contaminés par l'étranger, elle sort tout droit des fantasmes de la guerre froide et des romans d'espionnage (y compris la station balnéaire où les agents “grillés” habitent une cage invisible). C'est aussi un livre généreux, prêchant la tolérance envers la différence, et plus qu'agacé par le comportement du monde des affaires.

On ne prétendra pas que ce soit un roman majeur, ni magistralement exécuté au niveau de l'intrigue (tous les fils ne sont pas recousus) ou des sentiments (parfois tissés de clichés). Il fournit un cas d'école du fonctionnement de la SF de cette époque, qui s'affranchissait du bon goût littéraire, en négligeant les aspects prosaïques du vécu quotidien ou de l'affectivité pour coudre à la va-vite des pans entiers de mythologies populaires existantes (western, espionnage) et tirer de cet assemblage de fortune sa propre mythologie (les mutants, la sagesse venue des étoiles).

À la différence de bien des auteurs, Simak introduit des ingrédients religieux dans son cocktail mythique. Les pouvoirs psi sont vus autant sous l'angle du miracle que celui de la science ; le contempteur des télépathes, Finn, est présenté comme un prêcheur itinérant, tandis que le Père Flanagan (catholique, à noter) fournit à Blaine une aide qui est (la seconde fois) telle coïncidence qu'elle relève de la Divine Providence ; enfin les efforts de Blaine pour sauver une communauté de mutants incrédules envers le péril, et son départ découragé de la ville, suivent le canevas du récit de Lot. À cela près que Sodome, ici, n'est pas une cité pécheresse — Simak était trop gentil pour endosser un concept pareil.

Golgotha

[Critique commune aux trois romans de la série Cryptonomicon : Le Code EnigmaLe Réseau Kinakuta et Golgotha.]

Cryptonomicon est trop long, verbeux à l'envi, bourré de digressions techniques, et pourtant d'une lecture passionnante. Sa relation à la S-F est ténue : une partie de l'action est située dans un futur très proche, et concerne les agissements d'une start-up particulièrement remuante qui cherche à créer une donnée sociale nouvelle (une monnaie n'existant que sur le réseau) à partir d'une innovation technologique (une amélioration radicale des techniques de cryptographie). Dans ce cadre, Stephens-on adopte une idéologie anti-étatique et technophile à la fois, qui se moque abondamment des intellectuels littéraires jargonnants et réserve une bonne dose de détestation pour le pouvoir de l'État fédéral américain. Et le débat sur le niveau d'efficacité des codes qui peuvent être légalement mis à la disposition des simples citoyens est tout ce qu'il y a d'actuel aux USA.

Randy Waterhouse — qui n'est pas a proprement parler un hacker, plutôt un homme à tout faire de la nouvelle économie — est le protagoniste de cette partie « future » du livre, qui le ballotte entre le sultanat (imaginaire) de Kinakuta, la Côte Ouest des USA, et les Philippines, leurs plages et leurs prisons. Le roman étant bâti sur la généalogie, le grand-père de Randy, Lawrence Waterhouse, jeune péquenot américain qui se découvre un immense talent mathématique, sorte de double d'Alan Turing, est un des protagonistes majeurs de la période « deuxième guerre mondiale » du livre. Dans laquelle on frôle souvent la cryptohistoire, ou en tout cas on découvre des péripéties suffisamment obscures ou tirées par les cheveux du conflit pour maintenir l'intérêt des lecteurs de S-F. Bletchley Park, centre britannique du décodage, les machines allemandes Enigma, les manœuvres des services secrets pour camoufler le fait qu'ils avaient percé les secrets des codes de l'adversaire, tout cela fut bien réel, mais semble tellement ahurissant que l'on finit par le placer sur le même plan que le duché de Qvvghlm (avec sa langue incompréhensible) ou la société secrète Ordo Seculorum.

Si les digressions historiques, voire mathématiques ou cryptographiques (et il y en a, y compris un appendice très sérieux rédigé par l'auteur de l'algorithme informatique de codage évoqué dans le livre) vous effraient, ne craignez pas trop : Stephenson fait tout passer avec une bonne dose d'humour, et beaucoup d'action, fournie par le personnage du sergent des Marines, Bobby Shaftoe, qui apporterait presque une dose de fantastique ; par les fantasmes créés dans son esprit par l'expérience vécue le jour où il frôla la mort au sur une île du Pacifique, et par sa fidélité inébranlable à un idéal des Marines qui inclut leur capacité à l'impossible. Shaftoe doit bien faire une fois et demie le tour du monde au long de ce livre (certes monumental dans ses proportions, d'où les trois volumes de l'édition française1), en disant comme il se doit un nombre impressionnant de moyens de transports différents, mais surtout ces vaisseaux du secret que sont les sous-marins (qui ne le cèdent en rien en matière de confinement aux nefs spatiales de nos aventures d'enfance).

La seule ombre au tableau est cette obsession qui finit par accaparer l'œuvre à mi-parcours, fascination pour un impressionnant stock d'or (fruit de rapines de guerre) accumulé par les Japonais dans des montagnes reculées des Philippines. Les personnages du passé en entrevoient l'existence (ou en dirigent la conception), ceux du présent voudraient bien retrouver le magot — éventuellement pour n'y pas toucher, comme Randy Waterhouse et ses associés qui n'ont besoin que d'une réserve d'or pour garantir la valeur de leur monnaie-réseau. Ce retour du matériel, aux dépens de la cyber-sphère et des joies du codage, affaiblit l'originalité du livre. Mais rien ne peut diminuer la faconde de Stephenson, ni sa boulimie d'information, bien représentées dans ce roman. Au mépris de toute prévision rationnelle, Cryptonomicon est devenu un best-seller aux États-Unis, pour la première fois depuis plusieurs années pour un livre de S-F qui ne soit ni une adaptation de film, ni partie d'une série. Mais est-il un livre de S-F ? Indubitablement, par l'esprit qui y souffle. Ne boudez pas un plaisir pareil.

Notes :

1. On précisera que la présente critique a été réalisée d'après le texte original paru chez Avons Books en mai 99 (918 pp. — $ 27.50). L'éditeur français a choisi de publier ce titre en trois volumes. Un seul tome est à ce jour paru, le second étant annoncé pour avril prochain. (NDRC)

Le Réseau Kinakuta

[Critique commune aux trois romans de la série Cryptonomicon : Le Code EnigmaLe Réseau Kinakuta et Golgotha.]

Cryptonomicon est trop long, verbeux à l'envi, bourré de digressions techniques, et pourtant d'une lecture passionnante. Sa relation à la S-F est ténue : une partie de l'action est située dans un futur très proche, et concerne les agissements d'une start-up particulièrement remuante qui cherche à créer une donnée sociale nouvelle (une monnaie n'existant que sur le réseau) à partir d'une innovation technologique (une amélioration radicale des techniques de cryptographie). Dans ce cadre, Stephens-on adopte une idéologie anti-étatique et technophile à la fois, qui se moque abondamment des intellectuels littéraires jargonnants et réserve une bonne dose de détestation pour le pouvoir de l'État fédéral américain. Et le débat sur le niveau d'efficacité des codes qui peuvent être légalement mis à la disposition des simples citoyens est tout ce qu'il y a d'actuel aux USA.

Randy Waterhouse — qui n'est pas a proprement parler un hacker, plutôt un homme à tout faire de la nouvelle économie — est le protagoniste de cette partie « future » du livre, qui le ballotte entre le sultanat (imaginaire) de Kinakuta, la Côte Ouest des USA, et les Philippines, leurs plages et leurs prisons. Le roman étant bâti sur la généalogie, le grand-père de Randy, Lawrence Waterhouse, jeune péquenot américain qui se découvre un immense talent mathématique, sorte de double d'Alan Turing, est un des protagonistes majeurs de la période « deuxième guerre mondiale » du livre. Dans laquelle on frôle souvent la cryptohistoire, ou en tout cas on découvre des péripéties suffisamment obscures ou tirées par les cheveux du conflit pour maintenir l'intérêt des lecteurs de S-F. Bletchley Park, centre britannique du décodage, les machines allemandes Enigma, les manœuvres des services secrets pour camoufler le fait qu'ils avaient percé les secrets des codes de l'adversaire, tout cela fut bien réel, mais semble tellement ahurissant que l'on finit par le placer sur le même plan que le duché de Qvvghlm (avec sa langue incompréhensible) ou la société secrète Ordo Seculorum.

Si les digressions historiques, voire mathématiques ou cryptographiques (et il y en a, y compris un appendice très sérieux rédigé par l'auteur de l'algorithme informatique de codage évoqué dans le livre) vous effraient, ne craignez pas trop : Stephenson fait tout passer avec une bonne dose d'humour, et beaucoup d'action, fournie par le personnage du sergent des Marines, Bobby Shaftoe, qui apporterait presque une dose de fantastique ; par les fantasmes créés dans son esprit par l'expérience vécue le jour où il frôla la mort au sur une île du Pacifique, et par sa fidélité inébranlable à un idéal des Marines qui inclut leur capacité à l'impossible. Shaftoe doit bien faire une fois et demie le tour du monde au long de ce livre (certes monumental dans ses proportions, d'où les trois volumes de l'édition française1), en disant comme il se doit un nombre impressionnant de moyens de transports différents, mais surtout ces vaisseaux du secret que sont les sous-marins (qui ne le cèdent en rien en matière de confinement aux nefs spatiales de nos aventures d'enfance).

La seule ombre au tableau est cette obsession qui finit par accaparer l'œuvre à mi-parcours, fascination pour un impressionnant stock d'or (fruit de rapines de guerre) accumulé par les Japonais dans des montagnes reculées des Philippines. Les personnages du passé en entrevoient l'existence (ou en dirigent la conception), ceux du présent voudraient bien retrouver le magot — éventuellement pour n'y pas toucher, comme Randy Waterhouse et ses associés qui n'ont besoin que d'une réserve d'or pour garantir la valeur de leur monnaie-réseau. Ce retour du matériel, aux dépens de la cyber-sphère et des joies du codage, affaiblit l'originalité du livre. Mais rien ne peut diminuer la faconde de Stephenson, ni sa boulimie d'information, bien représentées dans ce roman. Au mépris de toute prévision rationnelle, Cryptonomicon est devenu un best-seller aux États-Unis, pour la première fois depuis plusieurs années pour un livre de S-F qui ne soit ni une adaptation de film, ni partie d'une série. Mais est-il un livre de S-F ? Indubitablement, par l'esprit qui y souffle. Ne boudez pas un plaisir pareil.

Notes :

1. On précisera que la présente critique a été réalisée d'après le texte original paru chez Avons Books en mai 99 (918 pp. — $ 27.50). L'éditeur français a choisi de publier ce titre en trois volumes. Un seul tome est à ce jour paru, le second étant annoncé pour avril prochain. (NDRC)

 

Le Code Enigma

[Critique commune aux trois romans de la série Cryptonomicon : Le Code Enigma, Le Réseau Kinakuta et Golgotha.]

Cryptonomicon est trop long, verbeux à l'envi, bourré de digressions techniques, et pourtant d'une lecture passionnante. Sa relation à la S-F est ténue : une partie de l'action est située dans un futur très proche, et concerne les agissements d'une start-up particulièrement remuante qui cherche à créer une donnée sociale nouvelle (une monnaie n'existant que sur le réseau) à partir d'une innovation technologique (une amélioration radicale des techniques de cryptographie). Dans ce cadre, Stephens-on adopte une idéologie anti-étatique et technophile à la fois, qui se moque abondamment des intellectuels littéraires jargonnants et réserve une bonne dose de détestation pour le pouvoir de l'État fédéral américain. Et le débat sur le niveau d'efficacité des codes qui peuvent être légalement mis à la disposition des simples citoyens est tout ce qu'il y a d'actuel aux USA.

Randy Waterhouse — qui n'est pas a proprement parler un hacker, plutôt un homme à tout faire de la nouvelle économie — est le protagoniste de cette partie « future » du livre, qui le ballotte entre le sultanat (imaginaire) de Kinakuta, la Côte Ouest des USA, et les Philippines, leurs plages et leurs prisons. Le roman étant bâti sur la généalogie, le grand-père de Randy, Lawrence Waterhouse, jeune péquenot américain qui se découvre un immense talent mathématique, sorte de double d'Alan Turing, est un des protagonistes majeurs de la période « deuxième guerre mondiale » du livre. Dans laquelle on frôle souvent la cryptohistoire, ou en tout cas on découvre des péripéties suffisamment obscures ou tirées par les cheveux du conflit pour maintenir l'intérêt des lecteurs de S-F. Bletchley Park, centre britannique du décodage, les machines allemandes Enigma, les manœuvres des services secrets pour camoufler le fait qu'ils avaient percé les secrets des codes de l'adversaire, tout cela fut bien réel, mais semble tellement ahurissant que l'on finit par le placer sur le même plan que le duché de Qvvghlm (avec sa langue incompréhensible) ou la société secrète Ordo Seculorum.

Si les digressions historiques, voire mathématiques ou cryptographiques (et il y en a, y compris un appendice très sérieux rédigé par l'auteur de l'algorithme informatique de codage évoqué dans le livre) vous effraient, ne craignez pas trop : Stephenson fait tout passer avec une bonne dose d'humour, et beaucoup d'action, fournie par le personnage du sergent des Marines, Bobby Shaftoe, qui apporterait presque une dose de fantastique ; par les fantasmes créés dans son esprit par l'expérience vécue le jour où il frôla la mort au sur une île du Pacifique, et par sa fidélité inébranlable à un idéal des Marines qui inclut leur capacité à l'impossible. Shaftoe doit bien faire une fois et demie le tour du monde au long de ce livre (certes monumental dans ses proportions, d'où les trois volumes de l'édition française1), en disant comme il se doit un nombre impressionnant de moyens de transports différents, mais surtout ces vaisseaux du secret que sont les sous-marins (qui ne le cèdent en rien en matière de confinement aux nefs spatiales de nos aventures d'enfance).

La seule ombre au tableau est cette obsession qui finit par accaparer l'œuvre à mi-parcours, fascination pour un impressionnant stock d'or (fruit de rapines de guerre) accumulé par les Japonais dans des montagnes reculées des Philippines. Les personnages du passé en entrevoient l'existence (ou en dirigent la conception), ceux du présent voudraient bien retrouver le magot — éventuellement pour n'y pas toucher, comme Randy Waterhouse et ses associés qui n'ont besoin que d'une réserve d'or pour garantir la valeur de leur monnaie-réseau. Ce retour du matériel, aux dépens de la cyber-sphère et des joies du codage, affaiblit l'originalité du livre. Mais rien ne peut diminuer la faconde de Stephenson, ni sa boulimie d'information, bien représentées dans ce roman. Au mépris de toute prévision rationnelle, Cryptonomicon est devenu un best-seller aux États-Unis, pour la première fois depuis plusieurs années pour un livre de S-F qui ne soit ni une adaptation de film, ni partie d'une série. Mais est-il un livre de S-F ? Indubitablement, par l'esprit qui y souffle. Ne boudez pas un plaisir pareil.

Notes :

1. On précisera que la présente critique a été réalisée d'après le texte original paru chez Avons Books en mai 99 (918 pp. — $ 27.50). L'éditeur français a choisi de publier ce titre en trois volumes. Un seul tome est à ce jour paru, le second étant annoncé pour avril prochain. (NDRC)

Projet Vatican XVII

Dans ce roman de 1981, le Grand Master Simak (il a en effet été couronné au firmament de la profession par la Science-Fiction Writer's Association quatre ans auparavant) propose à son lecteur un mélange assez inattendu de spiritualité et de science-fiction plutôt classique.

Le docteur Jason Tennyson, contraint de fuir la planète Gutshot où sa vie est menacée, s'embarque clandestinement sur un vaisseau transportant des pèlerins extraterrestres vers la planète Seuil de Rien. Tennyson va découvrir que cette mystérieuse planète est devenue des siècles auparavant le refuge de colons robots ayant fui la Terre, sur laquelle le droit de pratiquer une religion ne leur était pas reconnu. Les habitants robots de Vatican XVII, la capitale de Seuil de Rien, ont ainsi entrepris depuis plus de mille ans, dans le plus grand secret, de construire une entité électronique infaillible qui leur tiendra lieu de pape. Pour alimenter la mémoire de leur super-pontife, les robots font appel à des télépathes humains, les Écoutants, qui sondent l'espace-temps par la pensée pour en ramener des données sur l'univers inconnu ou invisible. Or, l'une des Écoutantes prétend avoir trouvé le Paradis lors de son dernier voyage… quelles conséquences cela aura-t-il sur une théologie balbutiante et des fidèles plus que jamais prêts à sombrer dans le fanatisme ?

Ce roman laissera peut-être une impression assez mitigée au lecteur : on déplorera quelques lourdeurs de forme ; la narration, résolument linéaire, semble parfois se perdre dans des détails qui n'amènent rien au récit (l'histoire d'amour entre les deux protagonistes humains, très convenue, en est la parfaite illustration). De fait, le roman peut parfois sembler étonnamment long à démarrer. Pourtant, passée cette première impression, le lecteur se surprendra certainement à poursuivre sa lecture avec curiosité. Simak procède comme bien souvent en naturaliste pour dépeindre les mondes traversés par ses personnages, à l'exemple des univers explorés par les Écoutants, qui ne manquent sous sa plume ni d'originalité, ni de poésie. Le récit propose en outre une réflexion intéressante sur la viabilité du Projet Pape dans le contexte de Seuil de Rien : comment évolueront les desseins d'un Pape électronique à long terme ? les robots peuvent-ils faire preuve de mysticisme ? ont-ils une âme ou s'identifient-ils encore trop à leurs modèles humains ?

Si ce Projet Vatican XVII n'est assurément pas à classer parmi les chefs-d'œuvre de son auteur, il possède néanmoins une valeur certaine et surtout un charme subtil ; c'est pourquoi il est infiniment regrettable qu'il offre un premier abord aussi rebutant. De fait, on ne conseillera pas ce récit au lecteur novice dans l'œuvre de Simak : il faut assurément posséder quelques connaissances des textes de l'auteur et de ses thématiques de prédilection pour percer les lenteurs de Projet Vatican XVII et en extraire les indéniables pépites qu'il contient.

Les Visiteurs

Chronique non disponible, désolé.

La Planète aux embûches

Peu de romans démarrent, comme celui-ci, au quart de tour. Le professeur Edward Lansing est intrigué par la rédaction remarquable d'un de ses élèves plutôt cancre, et qui se révèle brillante. Grâce à l'aide d'une…machine à sous ! N'ayant rien à faire ce week-end-là, souhaitant éviter les constants bavardages de son ami Andy sur les mondes alternatifs, et, finalement assez curieux, Lansing va voir la machine. Celle-ci, à sa profonde stupéfaction, lui parle, et lui donne une adresse. Où il se rend, de plus en plus fasciné par la tournure que prennent les évènements. Et là, dans un immeuble abandonné, il obéit aux instructions et… « Puis les lumières s'éteignirent, la machine s'évanouit et la salle aussi. Lansing était dans une vallée boisée. »

Après cette introduction en fanfare (28 pages), le roman débute vraiment. Où est Lansing ? Que fait-il là ? Pourquoi est-il là ? Comment est-il arrivé là ? Toutes questions qu'il se pose, ainsi que le lecteur. Et lentement s'élabore sa quête sur ce monde inconnu, la « Planète aux embûches » du titre. Accueilli comme un frère dans une auberge, il rencontre quatre ténébreux joueurs de cartes et fait la connaissance d'un groupe étrange et composite : un militaire, un prêtre, un robot, une poétesse et un ingénieur, tous amenés de même façon sur ce monde inconnu et venant manifestement d'autres Terres parallèles (leurs Histoires respectives divergent). Tous ignorent la raison de leur enlèvement. Ce petit échantillon d' humanité entame dès lors sa quête. Quête vers un destin ignoré… Un gigantesque cube bleu les arrête d'abord. Ils continuent leur route, sans avoir pu expliquer son mystère. Arrivés à une grande cité vide d'habitants, ils découvrent des traces d'autres visiteurs récents, mais aussi des machines bizarres et une grotte dont les hublots semblent des portes ouvertes sur d'autres mondes. L'une d'elles sera franchie par l'un d'entre eux. Constamment, ils ont l'impression d'être surveillés. Par un animal qui renifle, par une créature qui gémit dans la nuit… Poursuivant leur périple, ils tombent sur une grande tour, tout aussi étrange que le cube déjà rencontré, et tout aussi énigmatique. Une seconde auberge s'offre à leurs yeux, dans laquelle ils revoient les quatre joueurs de cartes. Ils se séparent. Lansing, accompagné de son ami Jurgens le robot, dont il a recueilli les confidences, affronte une terrifiante muraille de néant, le Chaos, titanesque cataracte nocturne, dans laquelle disparaît Jurgens, et dont Lansing, quant à lui, ne s'échappe qu'à l'aide d'une corde tendue par… les joueurs de cartes. Scène extraordinairement bien dépeinte par un Simak en grande forme. Après cette aventure éprouvante, le pauvre professeur Lansing, seul à présent, retourne vers cette Tour, là où Mary, son amie ingénieur, a disparu. L'errance continue, et il rencontrera d'autres rescapés d'autres groupes comme lui parachutés sur cette planète. Certains se résignent, et fondent une petite colonie agricole, refaisant le monde à leur façon, misérable. Lansing, obstiné, voudra savoir et, pour cela, retournera au Cube initial, sentant là l'origine du mystère. Et, en effet, en même temps qu'il y retrouvera Mary, il découvrira enfin la raison de tout ce qui lui est arrivé depuis sa rencontre avec une machine à sous parlante…

Il n'est évidemment pas possible ici de donner la raison de l'étonnant voyage du professeur Lansing. Car, comme dans tout bon roman de l'Âge d'Or, Simak expliquera les motifs de l'enlèvement du professeur (et des autres protagonistes de l'intrigue), motifs qui seront, comme on s'y attendait avec lui, profondément philosophiques mais aussi optimistes. Le lecteur s'en sera rendu compte, cette longue quête des « enlevés » n'est en fait qu'un test, qu'une épreuve, que seuls Lansing et Mary auront subi victorieusement. Le but de ce test ? À nouveau se retrouvent ici l'altruisme et la générosité de l'écrivain, ainsi qu'on a pu le voir tout au long du présent dossier. Lansing et Mary sont les nouveaux Adam et Ève d'un monde futur, attendu, et espéré meilleur… Ici, enfin, le lecteur comprendra le titre original anglais du roman : Special Deliverance. Il comprendra aussi les pressentiments du copain Andy, qui déclarait, tout au début du livre, affolé de l'évolution du monde actuel, qu'il faudrait « un cataclysme qui nous contraindrait à changer nos modes de pensée et à chercher une autre façon de vivre ». Ce cataclysme, Lansing l'aura vécu tout au long de l'intrigue et aura transformé l'essai. Ce roman superbe par son objectif, tout autant que passionnant par ses péripéties, tient de la quête initiatique, comme dans la fantasy, mais dépasse le simple cadre aventureux pour basculer dans une certaine exaltation philosophique qui ne peut qu'enthousiasmer le lecteur. Une fois l'explication finale dévoilée, il retournera vers les pages parcourues, et les lira avec l'œil de celui qui a compris, en un jeu rempli de connivence avec l'auteur, souriant avec lui, et confiant. Tout Simak est là.

Visions d'antan

Voici un ouvrage assez singulier dans la bibliographie de Clifford D. Simak. Comme d'autres recueils, Visions d'antan n'a pas d'équivalent en langue anglaise et nous sommes donc, lecteurs francophones, seuls à bénéficier de la réunion sous forme d'un volume unique des quatre nouvelles ici proposées, textes qui, pour la plupart, parurent entre 1953 et 1956 (l'exception étant La Maison des pingouins, qui date de 1977 — Simak avait alors plus de 70 ans !). Autre particularité : Visions d'antan est un recueil récent — publié en juin 1997. Voilà qui prouve bien l'intérêt porté à Simak par certains grands groupes éditoriaux, ce qui n'est certes pas le cas de tous les ténors de l'Age d'or. Il est, à ce titre, le dix-huitième volume de Simak à figurer au catalogue de l'éditeur de la rue de Grenelle, catalogue qui s'impose, concernant cet auteur, comme le plus riche de l'édition française (on signalera au passage que l'entièreté ou presque de ces titres sont disponibles et régulièrement réédités, ce qui mérite d'être salué). Enfin, si ce recueil ne propose que des rééditions (une surprise, quand on connaît la qualité de certains textes encore inédits en langue française), ces dernières bénéficient néanmoins d'une nouvelle traduction bien venue — on ne se privera pas, toutefois, de souligner que l'éditeur du présent ouvrage se garde bien d'indiquer l'antériorité de publication de ces rééditions, procédé pour le moins limite, à fortiori quand l'un des textes du sommaire provient du même catalogue J'ai Lu : réédité ici sous le titre éponyme de Visions d'antan, on le retrouve dans le recueil Les Epaves de Tycho sous un autre titre, à savoir La Littérature des sphères. Bref…

Quatre textes, donc, soit quatre novellas.

Le recueil débute avec Visions d'antan (So Bright the vision), une nouvelle parue dans Fantastic universe en août 1956, intense et faste période de créativité pour Simak. Le texte part d'un postulat riche de décalages et fort séduisant : l'idée que, dans toute la Galaxie, parmi la kyrielle de peuples qu'elle abrite, les terriens sont les seuls à avoir la capacité de… mentir ! Une particularité unique qui n'a pas permis aux terriens de conquérir l'univers (hautement improbable chez Simak) ; non, rassurez-vous, la Terre est toujours une planète de seconde zone et ses habitants de minables petits magouilleurs. En revanche, cette capacité à dire n'importe quoi a conduit les terriens à se spécialiser dans la création littéraire. Ainsi, la Terre inonde-t-elle quotidiennement la Galaxie d'un nombre d'histoires considérable, manne dont dépend désormais l'économie terrienne. Notre planète n'est plus qu'une vaste usine à produire des bouquins, une activité qui touche toute la population ou presque, libraires, éditeurs, concepteurs de « narrateurs » (curieuses machines à écrire toujours plus perfectionnées), imprimeurs et, naturellement, écrivains. Visions d'antan narre les déboires de Kemp Hart, un de ces auteurs populaires du futur, pauvre gars désargenté et frustré de ne pouvoir s'offrir le « Classique », véritable merveille technologique, un « narrateur » high-tech qui lui permettrait à coup sûr de pondre best-seller sur best-seller. Jusqu'à ce qu'il fasse une étrange rencontre extraterrestre au fin fond d'une ruelle, en la personne ( ?) d'une couverture pourvue d'un semblant de visage et dotée de pouvoirs d'empathie… Texte grinçant et plein d'humour, d'une construction narrative remarquablement élaborée, Vision d'antan est une réussite incontestable.

Il en va différemment de la seconde novella du recueil, Génération terminus (Target generation), initialement publiée dans Science fiction plus en août 1953 sous le titre Spacebred generations. Une histoire au thème archi-classique (il l'était déjà en 1953 !) de pionniers enfermés dans le cœur d'un vaisseau géant à la recherche d'une nouvelle Terre, un but si ancien qu'il a été oublié depuis des lustres par des colons qui ne savent plus où ils se trouvent ni pourquoi. Evidemment, les pendules ne vont pas tarder à être remises à l'heure alors que le vaisseau approche d'un nouveau système solaire : une révolution va balayer l'ordre obscurantiste et religieux régnant depuis des générations chez les descendants des premiers colons. Un texte qui n'est pas radicalement mauvais, loin s'en faut, mais qui souffre d'une narration linéaire, statique, et surtout d'une longueur excessive.

Troisième et avant-dernière novella, La Maison des pingouins est le plus récent des textes à nous être ici proposé. Il fut publié outre-Atlantique en 1977, avant de nous arriver en France en 1981 dans le recueil Des souris et des robots réuni par Patrice Duvic en « Titres SF » chez Lattès. Le plus récent des textes, peut-être, le plus simakien, le plus nostalgique, le plus passéiste aussi, et, sans doute, le plus beau. La Maison des pingouins nous raconte l'histoire de David Latimer, un artiste peintre à la recherche d'une retraite paisible afin de consacrer quelques mois à son art. Alors qu'il semble s'être égaré, il découvre une vieille et immense demeure à louer sur un front de mer désert. Après s'être procuré les clés à l'agence de location du coin, il entreprend la visite de la majestueuse villa solitaire. Il en ressort enchanté, bien décidé à louer la demeure. Comme il s'apprête à regagner sa voiture, Latimer s'aperçoit subitement que la nuit est tombée et que son véhicule a disparu. Désappointé, il regagne la maison pour constater qu'un serviteur en livré l'y attend et l'introduit bientôt dans la vaste salle à manger désormais richement meublée. Il y fait connaissance de ceux qui vont devenir les compagnons de sa captivité dorée, sept artistes, comme lui. Dans quel but ont ils été réunis, où sont ils et, surtout, quand sont-ils ? Autant de questions auxquelles Latimer devra répondre… Jouant avec bonheur sur le double registre de l'angoisse et d'un bien-être confortable, La Maison des pingouins est une merveille de précision stylistique et d'économie d'effets. À déguster comme on le fait d'une bonne bouteille, au coin du feu et en prenant son temps. Pas de doute, nous sommes ici en présence d'un petit chef-d'œuvre.

C'est à L'Immigrant qu'incombe la lourde charge de clore Visions d'antan. Publié en mars 1954 dans Astounding, voici probablement le texte le plus campbellien du recueil (de par sa foi en une humanité capable d'apprendre et s'améliorer, son éloge du travail, de la ténacité, son élitisme, etc.) et peut-être, partant, le moins simakien (on notera d'ailleurs qu'il prend pour cadre une planète étrangère, ce qui est peu courant chez notre auteur). Bishop est un génie. Et qui plus est, un génie travailleur. Grâce à ses extraordinaires capacités et un concours d'admission extrêmement sélectif, il a gagné le droit d'émigrer sur Kimon, une planète secrète et mystérieuse qui n'accepte sur son sol que les meilleurs des Terriens. Bishop sait qu'il va devenir riche et qu'il lui sera possible, depuis Kimon, de subvenir aux besoins de sa famille. Il sait aussi qu'il va accéder aux formidables connaissances des Kimoniens. Mais il lui faudra d'abord se familiariser avec l'environnement et les us et coutumes locaux, et ça, c'est une autre paire de manches… L'Immigrant est un récit typique de ce qu'il était possible de lire au milieu des années cinquante dans Astounding. Une œuvre probablement assez peu personnelle, écrite par un auteur qui avait alors cinquante ans et maîtrisait parfaitement ses capacités d'écrivain. Bref, un texte tout sauf incontournable, quoique mené en bon « faiseur », sans brio particulier mais avec efficacité.

Nous voici en fin de compte avec un recueil de niveau fort inégal. On y trouve toutefois deux très bons textes, dont La Maison des pingouins qui justifierait à lui seul l'achat du volume. Quant à l'absence d'inédit, elle est contrebalancée par deux points. D'abord, certains des textes proposés étaient inaccessibles depuis longtemps ; ensuite, cette nouvelle traduction est, répétons-le, plus qu'adéquate. À découvrir, si ce n'est déjà fait.

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