Canisse
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Après s’être frotté aux romans historiques documentés, Olivier Bleys fait une rapide incursion en science-fiction. Et il a des idées. Pas forcément toutes neuves, ni forcément originales, mais nombreuses. Trop peut-être pour un livre de cette taille. En effet, pourquoi s’être contenté de si peu de pages pour conter une telle histoire, une histoire qui, du coup, peine à tenir dans un costume si étriqué ?
Dans un univers dont la civilisation repousse sans cesse les limites, les braconniers ont toujours une longueur d’avance. Dans cette zone de non-droit qu’est l’Outre-Monde, ils cherchent de nouvelles planètes, de nouvelles espèces, de nouvelles proies. Et le corps des garde-pêche, chargé de limiter leurs exactions, est bien impuissant devant leur détermination et leurs moyens.
Xhan est l’un de ces défenseurs de la loi. Il vient d’être mis à la retraite, sans raison valable, quelques années avant l’âge requis. Pour couronner le tout, son médecin lui apprend qu’il est atteint d’une tumeur potentiellement mortelle. A opérer d’urgence. Mais il s’en moque et préfère passer ses journées à boire. Jusqu’à une rencontre qui va changer ce qui lui reste de vie. Moox, un pilote des Grandes Lignes abordé dans un bar, lui montre un œil de poisson. Mais pas n’importe quel œil. Un œil qui mesure plusieurs mètres de diamètre… ce qui laisse imaginer la taille phénoménale de l’animal à qui il appartenait. Xhan veut alors, avant de passer l’arme à gauche, voir de ses propres yeux ce monstre impossible. C’est ainsi qu’il découvrira Canisse, la planète-océan, théâtre de l’essentiel de ce roman. Canisse et ses autochtones craintifs, Canisse et ses richesses convoitées, Canisse et ses secrets bientôt dévoilés…
Court, si court ! Olivier Bleys ne prend pas le temps d’exposer ses personnages, ne serait-ce qu’un minimum. Au point qu’ils en deviennent par trop stéréotypés, trop simplistes. On n’a pas l’occasion de les apprécier ou de les détester qu’ils disparaissent déjà. A commencer par Xhan et ses états d’âme — en dépit de son statut de héros. Un personnage principal qui s’avère transparent et sans intérêt. Les autres protagonistes sont eux aussi taillés à la serpe, tous semblables à une silhouette déjà aperçue — qui dans un roman, qui dans un film.
Canisse est pareil à ces contes où seule l’histoire est importante au détriment des personnages. Annoncé par la quatrième de couverture comme un planet opera, il lui manque le souffle, l’ampleur, l’ambition. La mise en place du récit est laborieuse, l’intrigue met du temps à démarrer jusqu’à l’arrivée sur la planète-océan, puis les événements s’enchaînent jusqu’à une fin, certes pas inintéressante, mais dont on se demande ce qu’elle vient faire là. Patchwork d’éléments disparates, ce roman fait donc davantage penser à un cahier dans lequel Olivier Bleys aurait pris des notes, esquissé quelques caractères à gros traits. Et l’ensemble de nécessairement finir par laisser un goût amer, un parfum de déception devant ce qu’aurait pu être Canisse. Reste l’espoir d’une nouvelle tentative, plus riche, plus aboutie. Mais pour l’heure on passe… dommage pour l’un des rares inédits de l’année proposés en collection de poche.