Sorcier d’Empire (Ars Obscura T.1)
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Quand il n’exerce pas son activité d’illustrateur, François Baranger est aussi romancier, ayant pour particularité de varier de genre littéraire à chaque nouveau livre (et aussi, souvent, d’éditeur). Son nouvel opus, Sorcier d’empire, le premier volet d’une tétralogie, est une uchronie dans laquelle Napoléon a pris à son service, après la campagne d’Égypte, un certain Élégast, le seul véritable sorcier au monde, les autres n’étant qu’illuminés ou charlatans. Son pouvoir, aussi obscur que terrifiant, permet au Corse de dominer ses adversaires, faisant la conquête cette fois ferme de l’Espagne, de l’Angleterre et du reste de l’Europe, écrasant l’armée russe mais ne pouvant annexer le pays du fait de la venue de l’hiver. Nommé Sorcier d’Empire, comme d’autres sont promus Maréchal, le mage a l’autorisation de monter sa propre Garde Hermétique (avec un fort parfum de Waffen SS, notamment dans son caractère peu honorable et sa concurrence avec l’armée régulière). Mais… les Anglais en exil épaulés de quelques autres montent une nouvelle coalition. Mais… les Russes tentent de mettre au point leur propre technomagie à l’aide de rituels très lovecraftiens (influence logique pour qui connaît l’œuvre de Baranger). Mais… certains militaires français se défient du Sorcier et pensent qu’il a châtré Napoléon, qui lui attribue toutes ses victoires. Mais… ledit mage n’est peut-être pas le seul à être capable de manier le vrai pouvoir. Mais… Pourquoi le mage est-il si mystérieux, et pourquoi son arrivée coïncide-t-elle avec celle de ces bulles de ténèbres relâchant des monstres qui parsèment parfois la France ?
Évacuons la question de l’originalité : Napoléonien et uchronie de fantasy, c’est du déjà vu (Naomi Novik), Napoléonien et dark fantasy, idem (Django Wexler), seul l’aspect lovecraftien ajouté par-dessus peut — éventuellement – donner un vague parfum de nouveauté. Ce premier tome n’est pas désagréable, le style de l’auteur est fluide et efficace, les mystères liés au monde et à l’intrigue donnent envie d’en savoir plus, et cette entrée en matière est clairement encourageante pour la suite. Mais… pour de la dark fantasy, les personnages sont trop manichéens, le principal est très stéréotypé (avec un fort parfum de Sorceleur), cumulant en plus les tropes de l’enfant aux origines mystérieuses et de l’amnésique, les points de vue sont trop nombreux, certains dialogues, manières de réagir ou éléments d’intrigues/ worldbuilding sont naïfs ou maladroits, et l’idéologie de l’auteur transparaît parfois un peu trop dans sa prose, comme lors d’une scène hors-de-propos semblant tancer populistes et autres antivax, ou dans une présentation historiquement fausse et trop manichéenne du vilain méchant dictateur Napoléon le belliciste (on rappellera que l’essentiel des guerres napoléoniennes – à l’exception, par exemple, de la campagne d’Espagne – sont défensives). Bref, prometteur, digne de lecture, mais aussi clairement digne d’amélioration sur certains points !