Journal d'un homme des bois
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Retrouvez sur le blog Bifrost la suite des aventures de notre Homme des bois, Francis Valéry, entre jardinage et préparation d'une nouvelle expo à la Maison d'Ailleurs…
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Derniers jours pour lire en ligne ou télécharger gratuitement la nouvelle numérique Columbiad de Stephen Baxter sur belial.fr ou chez votre librairie numérique préféré !
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Le Calice du dragon, nouveau roman de Lucius Shepard à paraître le 23 mai, est désormais disponible à la précommande disponible à la précommande en papier comme en numérique. Pour patienter jusque-là, téléchargez gratuitement le premier chapitre en PDF !
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Les critiques de livres et le guide de lecture rock & SF du Bifrost 69 sont maintenant en ligne !
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[Critique commune à Omegatropic, The Hunters of Pangaea et Revolutions in the Earth.]
« Pour moi, la recherche est la clef de tout, explique Stephen Baxter. En un sens, j’ai fait de ma vie tout entière une sorte d’exercice de recherche de bas niveau. Je lis voracement — beaucoup de vulgarisation scientifique, puisque science et technologie restent au centre de gravité de mon sujet — mais aussi un journal costaud, tous les jours, de la première à la dernière page. Et de l’histoire, des biographies… Toute cette information est traitée, en permanence. Je n’arrête pas de créer des fiches, de remplir nombre de carnets de tout ce qui retient mon attention ; et, le plus souvent, je les maintiens à jour. » Une bonne partie de cette documentation se retrouve, directement ou indirectement, dans ses fictions. Mais elle déborde parfois dans de courts essais, voire des ouvrages de « non fiction ».
Sans surprise, les sujets favoris de Stephen Baxter sont alors l’espace et la science-fiction — cette dernière racontée des deux côtés de la barrière, du point de vue de l’écrivain reconnu et de celui du connaisseur passionné. L’auteur a réuni une vingtaine de textes des deux sortes dans un recueil publié au profit de la British Science Fiction Association, Omegatropic (2001). Il y livre des « Journaux de collaborateur », avec Arthur C. Clarke en particulier (pour Lumière des jours enfuis), et expose ses idées sur la science ou les gadgets dans la hard SF ; on y trouve aussi de fascinantes variations sur « La Technologie de l’omniscience » (ou comment inscrire le projet de Clarke dans la continuité littéraire d’H.G. Wells et d’Isaac Asimov, pour mieux dépasser les trois…), sur la meilleure façon de « Reconstruire la machine à explorer le temps » (pour Les Vaisseaux du temps), ou encore sur la fin du monde (« All aboard for the Eschaton ! »)…
Logiquement, compte tenu de l’importance de la Lune et de Mars dans son œuvre romanesque (Poussière de Lune, Voyage, Anti-Ice), on trouve également dans Omegatropic plusieurs analyses du présent, des possibles futurs, et surtout des passés littéraires d’un Age de l’espace qui, « bien sûr, a refusé de suivre le script de Robert Heinlein ». Continuateur revendiqué des très britanniques H. G. Wells et A. C. Clarke, Stephen Baxter entretient une relation plus ambivalente avec l’Américain Robert Heinlein qui, s’il « a rendu possible pour les Américains de croire qu’ils pourraient atteindre la Lune, les persuada aussi que ce serait facile, ce qui ne fut pas le cas » et dont, « sur le long terme, l’influence prophétique a peut-être été plus un obstacle qu’une aide. » (« America’s Moon »). Paradoxal, Baxter admet dans « Le Vol des taïkonautes » (in The Hunters of Pangaea) que ceux qui, comme lui, persistent à « militer en faveur de l’exploration de Mars font peut-être fausse route » : les enjeux scientifiques de l’aventure martienne « n’ont pas encore suffisamment enflammé l’imagination du public pour desserrer les cordons de la bourse. Au final, nous devons bien admettre que nous sommes allés sur la Lune pour des raisons irrationnelles ; peut-être est-ce une semblable irrationalité qui nous mènera aussi sur Mars ».
Mais ses passions ne se limitent pas à la science et à l’espace. Il mobilise la même méthode et la même minutie lorsqu’il s’intéresse par exemple à « Une brève histoire de la mi-temps : le football dans la science-fiction » (Hunters of Pangea), dont le « Gardes-frontières » de Greg Egan (in Océanique) n’est pas l’exemple le moins exotique. Un tel exercice d’érudition amusera les vrais passionnés de foot, comme Baxter ; et permettra peut-être à l’amateur de hard SF de distinguer plus clairement ce qui agace parfois sous sa plume les contempteurs du genre… tout en mettant en évidence la qualité du travail proprement littéraire qui permet de passer de ce matériau brut, de la juxtaposition besogneuse de détails apparemment oiseux, à de petits joyaux de construction comme la nouvelle éponyme du recueil, « Les Chasseurs de la Pangée » (spin-off d’Evolution).
Stephen Baxter explore une tonalité intermédiaire dans Revolutions in the Earth, ouvrage à mi-chemin entre vulgarisation et monographie d’histoire des sciences. Il y retrace les efforts du pionner écossais de la géologie, James Hutton (1726 - 1797), qui consacra sa vie à démontrer que le temps de formation des structures observées à la surface de la Terre était bien supérieur aux quelque 6000 ans d’existence calculés par les Créationnistes. Là encore, la minutie scrupuleuse et l’intelligence de la géologie de l’auteur de Poussière de lune rendent un ouvrage à la fois foisonnant, solide, lisible — et un peu laborieux. Hard ou pas, la fiction lui va mieux !
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[Critique commune à Omegatropic, The Hunters of Pangaea et Revolutions in the Earth.]
« Pour moi, la recherche est la clef de tout, explique Stephen Baxter. En un sens, j’ai fait de ma vie tout entière une sorte d’exercice de recherche de bas niveau. Je lis voracement — beaucoup de vulgarisation scientifique, puisque science et technologie restent au centre de gravité de mon sujet — mais aussi un journal costaud, tous les jours, de la première à la dernière page. Et de l’histoire, des biographies… Toute cette information est traitée, en permanence. Je n’arrête pas de créer des fiches, de remplir nombre de carnets de tout ce qui retient mon attention ; et, le plus souvent, je les maintiens à jour. » Une bonne partie de cette documentation se retrouve, directement ou indirectement, dans ses fictions. Mais elle déborde parfois dans de courts essais, voire des ouvrages de « non fiction ».
Sans surprise, les sujets favoris de Stephen Baxter sont alors l’espace et la science-fiction — cette dernière racontée des deux côtés de la barrière, du point de vue de l’écrivain reconnu et de celui du connaisseur passionné. L’auteur a réuni une vingtaine de textes des deux sortes dans un recueil publié au profit de la British Science Fiction Association, Omegatropic (2001). Il y livre des « Journaux de collaborateur », avec Arthur C. Clarke en particulier (pour Lumière des jours enfuis), et expose ses idées sur la science ou les gadgets dans la hard SF ; on y trouve aussi de fascinantes variations sur « La Technologie de l’omniscience » (ou comment inscrire le projet de Clarke dans la continuité littéraire d’H.G. Wells et d’Isaac Asimov, pour mieux dépasser les trois…), sur la meilleure façon de « Reconstruire la machine à explorer le temps » (pour Les Vaisseaux du temps), ou encore sur la fin du monde (« All aboard for the Eschaton ! »)…
Logiquement, compte tenu de l’importance de la Lune et de Mars dans son œuvre romanesque (Poussière de Lune, Voyage, Anti-Ice), on trouve également dans Omegatropic plusieurs analyses du présent, des possibles futurs, et surtout des passés littéraires d’un Age de l’espace qui, « bien sûr, a refusé de suivre le script de Robert Heinlein ». Continuateur revendiqué des très britanniques H. G. Wells et A. C. Clarke, Stephen Baxter entretient une relation plus ambivalente avec l’Américain Robert Heinlein qui, s’il « a rendu possible pour les Américains de croire qu’ils pourraient atteindre la Lune, les persuada aussi que ce serait facile, ce qui ne fut pas le cas » et dont, « sur le long terme, l’influence prophétique a peut-être été plus un obstacle qu’une aide. » (« America’s Moon »). Paradoxal, Baxter admet dans « Le Vol des taïkonautes » (in The Hunters of Pangaea) que ceux qui, comme lui, persistent à « militer en faveur de l’exploration de Mars font peut-être fausse route » : les enjeux scientifiques de l’aventure martienne « n’ont pas encore suffisamment enflammé l’imagination du public pour desserrer les cordons de la bourse. Au final, nous devons bien admettre que nous sommes allés sur la Lune pour des raisons irrationnelles ; peut-être est-ce une semblable irrationalité qui nous mènera aussi sur Mars ».
Mais ses passions ne se limitent pas à la science et à l’espace. Il mobilise la même méthode et la même minutie lorsqu’il s’intéresse par exemple à « Une brève histoire de la mi-temps : le football dans la science-fiction » (Hunters of Pangea), dont le « Gardes-frontières » de Greg Egan (in Océanique) n’est pas l’exemple le moins exotique. Un tel exercice d’érudition amusera les vrais passionnés de foot, comme Baxter ; et permettra peut-être à l’amateur de hard SF de distinguer plus clairement ce qui agace parfois sous sa plume les contempteurs du genre… tout en mettant en évidence la qualité du travail proprement littéraire qui permet de passer de ce matériau brut, de la juxtaposition besogneuse de détails apparemment oiseux, à de petits joyaux de construction comme la nouvelle éponyme du recueil, « Les Chasseurs de la Pangée » (spin-off d’Evolution).
Stephen Baxter explore une tonalité intermédiaire dans Revolutions in the Earth, ouvrage à mi-chemin entre vulgarisation et monographie d’histoire des sciences. Il y retrace les efforts du pionner écossais de la géologie, James Hutton (1726 - 1797), qui consacra sa vie à démontrer que le temps de formation des structures observées à la surface de la Terre était bien supérieur aux quelque 6000 ans d’existence calculés par les Créationnistes. Là encore, la minutie scrupuleuse et l’intelligence de la géologie de l’auteur de Poussière de lune rendent un ouvrage à la fois foisonnant, solide, lisible — et un peu laborieux. Hard ou pas, la fiction lui va mieux !
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[Critique commune à Omegatropic, The Hunters of Pangaea et Revolutions in the Earth.]
« Pour moi, la recherche est la clef de tout, explique Stephen Baxter. En un sens, j’ai fait de ma vie tout entière une sorte d’exercice de recherche de bas niveau. Je lis voracement — beaucoup de vulgarisation scientifique, puisque science et technologie restent au centre de gravité de mon sujet — mais aussi un journal costaud, tous les jours, de la première à la dernière page. Et de l’histoire, des biographies… Toute cette information est traitée, en permanence. Je n’arrête pas de créer des fiches, de remplir nombre de carnets de tout ce qui retient mon attention ; et, le plus souvent, je les maintiens à jour. » Une bonne partie de cette documentation se retrouve, directement ou indirectement, dans ses fictions. Mais elle déborde parfois dans de courts essais, voire des ouvrages de « non fiction ».
Sans surprise, les sujets favoris de Stephen Baxter sont alors l’espace et la science-fiction — cette dernière racontée des deux côtés de la barrière, du point de vue de l’écrivain reconnu et de celui du connaisseur passionné. L’auteur a réuni une vingtaine de textes des deux sortes dans un recueil publié au profit de la British Science Fiction Association, Omegatropic (2001). Il y livre des « Journaux de collaborateur », avec Arthur C. Clarke en particulier (pour Lumière des jours enfuis), et expose ses idées sur la science ou les gadgets dans la hard SF ; on y trouve aussi de fascinantes variations sur « La Technologie de l’omniscience » (ou comment inscrire le projet de Clarke dans la continuité littéraire d’H.G. Wells et d’Isaac Asimov, pour mieux dépasser les trois…), sur la meilleure façon de « Reconstruire la machine à explorer le temps » (pour Les Vaisseaux du temps), ou encore sur la fin du monde (« All aboard for the Eschaton ! »)…
Logiquement, compte tenu de l’importance de la Lune et de Mars dans son œuvre romanesque (Poussière de Lune, Voyage, Anti-Ice), on trouve également dans Omegatropic plusieurs analyses du présent, des possibles futurs, et surtout des passés littéraires d’un Age de l’espace qui, « bien sûr, a refusé de suivre le script de Robert Heinlein ». Continuateur revendiqué des très britanniques H. G. Wells et A. C. Clarke, Stephen Baxter entretient une relation plus ambivalente avec l’Américain Robert Heinlein qui, s’il « a rendu possible pour les Américains de croire qu’ils pourraient atteindre la Lune, les persuada aussi que ce serait facile, ce qui ne fut pas le cas » et dont, « sur le long terme, l’influence prophétique a peut-être été plus un obstacle qu’une aide. » (« America’s Moon »). Paradoxal, Baxter admet dans « Le Vol des taïkonautes » (in The Hunters of Pangaea) que ceux qui, comme lui, persistent à « militer en faveur de l’exploration de Mars font peut-être fausse route » : les enjeux scientifiques de l’aventure martienne « n’ont pas encore suffisamment enflammé l’imagination du public pour desserrer les cordons de la bourse. Au final, nous devons bien admettre que nous sommes allés sur la Lune pour des raisons irrationnelles ; peut-être est-ce une semblable irrationalité qui nous mènera aussi sur Mars ».
Mais ses passions ne se limitent pas à la science et à l’espace. Il mobilise la même méthode et la même minutie lorsqu’il s’intéresse par exemple à « Une brève histoire de la mi-temps : le football dans la science-fiction » (Hunters of Pangea), dont le « Gardes-frontières » de Greg Egan (in Océanique) n’est pas l’exemple le moins exotique. Un tel exercice d’érudition amusera les vrais passionnés de foot, comme Baxter ; et permettra peut-être à l’amateur de hard SF de distinguer plus clairement ce qui agace parfois sous sa plume les contempteurs du genre… tout en mettant en évidence la qualité du travail proprement littéraire qui permet de passer de ce matériau brut, de la juxtaposition besogneuse de détails apparemment oiseux, à de petits joyaux de construction comme la nouvelle éponyme du recueil, « Les Chasseurs de la Pangée » (spin-off d’Evolution).
Stephen Baxter explore une tonalité intermédiaire dans Revolutions in the Earth, ouvrage à mi-chemin entre vulgarisation et monographie d’histoire des sciences. Il y retrace les efforts du pionner écossais de la géologie, James Hutton (1726 - 1797), qui consacra sa vie à démontrer que le temps de formation des structures observées à la surface de la Terre était bien supérieur aux quelque 6000 ans d’existence calculés par les Créationnistes. Là encore, la minutie scrupuleuse et l’intelligence de la géologie de l’auteur de Poussière de lune rendent un ouvrage à la fois foisonnant, solide, lisible — et un peu laborieux. Hard ou pas, la fiction lui va mieux !
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[Critique commune à Déluge et Arche.]
Le point de départ de ce diptyque est assez original : en effet, pour nous parler de la fin de la Terre telle que nous la connaissons, Baxter commence par nous décrire un futur proche dans lequel l’Espagne s’est fragmentée sous l’effet du terrorisme, et introduit ses protagonistes sous la forme d’un groupe d’otages soudé par cinq ans de captivité. De leur libération, alors que le niveau des eaux commence à monter, jusqu’à la fin de l’histoire, ils ne cesseront de rester en contact les uns avec les autres.
La fin de la Terre ? Presque, car la montée des eaux de Stephen Baxter, ce n’est pas de la gnognotte : au lieu de nous resservir l’habituelle fonte des calottes glaciaires, qui ferait certes des dommages, mais limités, il propose une hypothèse plus osée, plus SF : l’idée que le manteau de notre planète renferme de gigantesques océans souterrains qui, à la faveur d’un mouvement tectonique, se déversent en surface. Du coup, la crue — plus que le déluge du titre — est désormais quasiment sans fin, et le niveau des eaux va monter de plusieurs kilomètres. L’environnement de la Terre opère ainsi un changement complet, et l’on imagine bien que ce postulat va permettre à Baxter de nous décrire le phénomène dans toute son ampleur et d’en analyser toutes les conséquences. Plutôt que d’adopter un mode de narration globalisant, où l’on passerait en revue les conditions climatiques changeantes sur toute la planète, il préfère garder le focus sur ses otages qui vont peu à peu prendre conscience de l’universalité du phénomène tout en essayant de sauver leurs proches ; même lors d’un cataclysme planétaire, Baxter reste ainsi au plus près de l’humain. C’est l’un des principaux intérêts de Déluge : mêler destin particulier et catastrophe écologique majeure, sans verser trop dans le mélodramatique (à ce titre, Baxter ne donne jamais de chiffres sur la portion de population ayant péri suite à la crue).
Baxter adopte une narration chronologique, où le lent défilé des dates résonne douloureusement avec l’inexorabilité de l’augmentation du niveau des eaux. Les tentatives de l’Homme pour contrer cette catastrophe, même si elles sont parfois audacieuses (le personnage de Nathan Lammockson, milliardaire égoïste mais visionnaire, est à ce titre emblématique de la théorie darwiniste selon laquelle seuls les plus forts réussiront à s’adapter), semblent irrémédiablement vouées à l’échec. Après tout, qui sommes-nous, pauvres êtres humains, face à des phénomènes qui nous dépassent ? Et ce n’est pas la dernière scène du roman, inévitable et inoubliable (des scènes comme celle-là nous rappellent pourquoi nous lisons de la SF), qui changera cette conclusion.
Dans Déluge, Lammockson et les siens construisent la Troisième Arche, gigantesque plateforme-radeau assemblée de bric et de broc qui leur permettra de continuer à exister quand les eaux recouvriront toute la planète. Mais pourquoi troisième ? Eh bien, c’est ce à quoi va répondre Arche, second volet du diptyque. Pas totalement synchrones (Arche commence alors que la crue est déjà bien entamée), les deux romans se recoupent beaucoup, et partagent même certaines scènes communes. Lorsque l’humanité se rend compte de l’inéluctabilité de l’événement auquel elle assiste impuissante, des milliardaires — parmi lesquels figure bien évidemment Lammockson — décident de construire un vaisseau spatial qui permettra à l’homme de coloniser une nouvelle planète lorsque la Terre sera devenue invivable. Même si Baxter aborde de front les questions scientifiques sur la possibilité d’un itinéraire au long cours (via une bulle de distorsion permettant un voyage en accéléré), et technologiques sur la création de ce vaisseau-arche, il ne s’y étend pas. Ce qui l’intéresse davantage, c’est encore une fois l’aspect humain. Aussi va-t-on assister à la formation du futur équipage : des jeunes femmes et hommes qui apprendront à se connaître au fil des années, tout en se perfectionnant dans différentes spécialités scientifiques. Puis arrive le moment du départ, où un grain de sable vient s’immiscer à bord du vaisseau sous la forme de « Personnes Déplacées », entendez les laissés-pour-compte qui décident de se rebeller et dont certains vont réussir à pénétrer dans l’arche. Dès lors, les tensions, que l’on avait voulu éviter par la formation groupée de tout l’équipage, vont se multiplier. Cette partie est la moins convaincante du diptyque, car Baxter abandonne toute prospective scientifique rigoureuse pour lui préférer le ressort dramatique souvent peu vraisemblable de la vie à bord de l’Arche (on imagine difficilement qu’un des protagonistes puisse devenir un dictateur, ou que l’on condamne tel autre, fautif, à une amputation de la jambe). Baxter sacrifie ici au spectaculaire de manière gratuite ; il semble que son seul but soit de préparer le schisme quasi-religieux qui va voir les habitants du vaisseau s’affronter et décider de se séparer pour choisir différents itinéraires. Même si, comme le dit l’adage, « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir », on doute fortement à la fin d’Arche que Baxter soit réellement convaincu du bien-fondé de ce dicton.
Saga dense (chaque roman pèses ses sept cents pages en poche) dans laquelle les motifs religieux sont transparents — le déluge, l’arche de Noé, bien évidemment, mais aussi la figure messianique revendiquée par Lammockson, ou encore le schisme à bord de l’arche —, Déluge/Arche est donc marqué par la volonté de Baxter de rester au plus près de l’humain. A ce titre, on signalera que les protagonistes principaux sont essentiellement féminins, pied de nez à la tradition plutôt virile des récits-catastrophes, courant dans lequel ce diptyque s’inscrit bien évidemment. Sans prétendre être aussi hard science que certains autres livres de l’auteur, cette série articule finalement ses deux romans autour d’une thématique centrale : celle de la transmission du savoir d’une génération à l’autre, et des difficultés qui vont avec, notamment au moment où se produit un événement planétaire qui va provoquer une rupture du monde tel que nous le connaissons.
Au final, Déluge/Arche ne se révèle sans doute pas l’œuvre la plus aboutie de Baxter (la crédibilité scientifique est parfois traitée avec légèreté, et l’évolution psychologique des colons d’Arche semble peu vraisemblable), mais reste une lecture intéressante et donc recommandée.
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[Critique commune à Déluge et Arche.]
Le point de départ de ce diptyque est assez original : en effet, pour nous parler de la fin de la Terre telle que nous la connaissons, Baxter commence par nous décrire un futur proche dans lequel l’Espagne s’est fragmentée sous l’effet du terrorisme, et introduit ses protagonistes sous la forme d’un groupe d’otages soudé par cinq ans de captivité. De leur libération, alors que le niveau des eaux commence à monter, jusqu’à la fin de l’histoire, ils ne cesseront de rester en contact les uns avec les autres.
La fin de la Terre ? Presque, car la montée des eaux de Stephen Baxter, ce n’est pas de la gnognotte : au lieu de nous resservir l’habituelle fonte des calottes glaciaires, qui ferait certes des dommages, mais limités, il propose une hypothèse plus osée, plus SF : l’idée que le manteau de notre planète renferme de gigantesques océans souterrains qui, à la faveur d’un mouvement tectonique, se déversent en surface. Du coup, la crue — plus que le déluge du titre — est désormais quasiment sans fin, et le niveau des eaux va monter de plusieurs kilomètres. L’environnement de la Terre opère ainsi un changement complet, et l’on imagine bien que ce postulat va permettre à Baxter de nous décrire le phénomène dans toute son ampleur et d’en analyser toutes les conséquences. Plutôt que d’adopter un mode de narration globalisant, où l’on passerait en revue les conditions climatiques changeantes sur toute la planète, il préfère garder le focus sur ses otages qui vont peu à peu prendre conscience de l’universalité du phénomène tout en essayant de sauver leurs proches ; même lors d’un cataclysme planétaire, Baxter reste ainsi au plus près de l’humain. C’est l’un des principaux intérêts de Déluge : mêler destin particulier et catastrophe écologique majeure, sans verser trop dans le mélodramatique (à ce titre, Baxter ne donne jamais de chiffres sur la portion de population ayant péri suite à la crue).
Baxter adopte une narration chronologique, où le lent défilé des dates résonne douloureusement avec l’inexorabilité de l’augmentation du niveau des eaux. Les tentatives de l’Homme pour contrer cette catastrophe, même si elles sont parfois audacieuses (le personnage de Nathan Lammockson, milliardaire égoïste mais visionnaire, est à ce titre emblématique de la théorie darwiniste selon laquelle seuls les plus forts réussiront à s’adapter), semblent irrémédiablement vouées à l’échec. Après tout, qui sommes-nous, pauvres êtres humains, face à des phénomènes qui nous dépassent ? Et ce n’est pas la dernière scène du roman, inévitable et inoubliable (des scènes comme celle-là nous rappellent pourquoi nous lisons de la SF), qui changera cette conclusion.
Dans Déluge, Lammockson et les siens construisent la Troisième Arche, gigantesque plateforme-radeau assemblée de bric et de broc qui leur permettra de continuer à exister quand les eaux recouvriront toute la planète. Mais pourquoi troisième ? Eh bien, c’est ce à quoi va répondre Arche, second volet du diptyque. Pas totalement synchrones (Arche commence alors que la crue est déjà bien entamée), les deux romans se recoupent beaucoup, et partagent même certaines scènes communes. Lorsque l’humanité se rend compte de l’inéluctabilité de l’événement auquel elle assiste impuissante, des milliardaires — parmi lesquels figure bien évidemment Lammockson — décident de construire un vaisseau spatial qui permettra à l’homme de coloniser une nouvelle planète lorsque la Terre sera devenue invivable. Même si Baxter aborde de front les questions scientifiques sur la possibilité d’un itinéraire au long cours (via une bulle de distorsion permettant un voyage en accéléré), et technologiques sur la création de ce vaisseau-arche, il ne s’y étend pas. Ce qui l’intéresse davantage, c’est encore une fois l’aspect humain. Aussi va-t-on assister à la formation du futur équipage : des jeunes femmes et hommes qui apprendront à se connaître au fil des années, tout en se perfectionnant dans différentes spécialités scientifiques. Puis arrive le moment du départ, où un grain de sable vient s’immiscer à bord du vaisseau sous la forme de « Personnes Déplacées », entendez les laissés-pour-compte qui décident de se rebeller et dont certains vont réussir à pénétrer dans l’arche. Dès lors, les tensions, que l’on avait voulu éviter par la formation groupée de tout l’équipage, vont se multiplier. Cette partie est la moins convaincante du diptyque, car Baxter abandonne toute prospective scientifique rigoureuse pour lui préférer le ressort dramatique souvent peu vraisemblable de la vie à bord de l’Arche (on imagine difficilement qu’un des protagonistes puisse devenir un dictateur, ou que l’on condamne tel autre, fautif, à une amputation de la jambe). Baxter sacrifie ici au spectaculaire de manière gratuite ; il semble que son seul but soit de préparer le schisme quasi-religieux qui va voir les habitants du vaisseau s’affronter et décider de se séparer pour choisir différents itinéraires. Même si, comme le dit l’adage, « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir », on doute fortement à la fin d’Arche que Baxter soit réellement convaincu du bien-fondé de ce dicton.
Saga dense (chaque roman pèses ses sept cents pages en poche) dans laquelle les motifs religieux sont transparents — le déluge, l’arche de Noé, bien évidemment, mais aussi la figure messianique revendiquée par Lammockson, ou encore le schisme à bord de l’arche —, Déluge/Arche est donc marqué par la volonté de Baxter de rester au plus près de l’humain. A ce titre, on signalera que les protagonistes principaux sont essentiellement féminins, pied de nez à la tradition plutôt virile des récits-catastrophes, courant dans lequel ce diptyque s’inscrit bien évidemment. Sans prétendre être aussi hard science que certains autres livres de l’auteur, cette série articule finalement ses deux romans autour d’une thématique centrale : celle de la transmission du savoir d’une génération à l’autre, et des difficultés qui vont avec, notamment au moment où se produit un événement planétaire qui va provoquer une rupture du monde tel que nous le connaissons.
Au final, Déluge/Arche ne se révèle sans doute pas l’œuvre la plus aboutie de Baxter (la crédibilité scientifique est parfois traitée avec légèreté, et l’évolution psychologique des colons d’Arche semble peu vraisemblable), mais reste une lecture intéressante et donc recommandée.