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Martyrs

Irmine et Helbrand sont deux assassins d’élite aux tarifs en rapport avec leurs talents surhumains. Survivants pour ainsi dire uniques des Arserkers, une race de guerriers surpuissants massacrés un siècle plus tôt par le roi unificateur du pays, ils doivent à leurs ancêtres leurs capacités hors du commun, de même que leurs yeux dorés, signes distinctifs entre tous. L’unique continent du monde, unifié depuis seulement un siècle, est en proie à une profonde dissension qui éclate en guerre civile malgré les manipulations machiavéliques et particulièrement abjectes du roi, pour qui la sauvegarde de l’héritage de son grand-père justifie les actions les plus viles. C’est au milieu de ce chaos naissant, à la faveur de la politique byzantine du royaume, que les deux frères se trouvent plongés dans le vaste complot fomenté sept ans plus tôt de manière surnaturelle et quasi divine par un mystérieux Arserker borgne…

Si le monde de Martyrs s’avère ne pas manquer de consistance, une profondeur magistralement servie par les illustrations et la superbe carte fournie, il n’en dégage pas moins, comme l’intrigue elle-même, un indicible ennui qui provoque, de façon assez insidieuse, un ralentissement du rythme de lecture, voire l’abandon du livre pur et simple.

Les clichés du genre succèdent aux événements peu crédibles, voire ridicules, ce qui nuit clairement à l’immersion du lecteur dans ce qui aurait pu être une belle fresque de fantasy épique.

Martyrs est néanmoins bien meilleur que le très brouillon Druide du même auteur (et même éditeur, en poche), mais ce dernier semble ignorer que l’écriture de romans est un art à part entière, manifestement fort différent de l’écriture de scénarios de BDs ou de films. Faire de belles cartes, agrémenter son roman de superbes illustrations, avoir de bonnes idées ne suffisent pas à faire un récit intéressant, loin s’en faut. Peut-être que, à l’instar du scénariste de Walking Dead, Oliver Peru devrait-il confier la rédaction de ses romans à un écrivain plus roué, et se contenter d’apporter les idées et l’intrigue ?

I, robot : protéger

[Critique commune à I, robot : protéger et Asimov et l'acceptabilité des robots.]

Si l’on mesure la profondeur et l’importance d’une œuvre à la pérennité de son influence et à la variété des adaptations, hommages et détournements en tout genre qu’elle suscite, I, Robot, d’Isaac Asimov (1950), fait toujours figure de chef-d’œuvre emblématique de la science-fiction. Des « Trois lois de la sexualité robotique » de Roland C. Wagner (Bifrost n°7) à la danse des robots Nao, vedettes des dernière Utopiales, en passant par l’adaptation très libre d’Alex Proyas au cinéma (2004), les références n’en finissent pas de se renouveler et de susciter de nouvelles pistes de réflexion. C’est encore le cas ce trimestre avec deux publications très différentes : I, Robot. La Véritable histoire de Susan Calvin, par Mickey Zucker Reichert, et Asimov et l’acceptabilité des robots, un ouvrage semi universitaire sur l’impact des nanotechnologies et de l’intelligence artificielle.

« La Véritable histoire de Susan Calvin » se présente comme une trilogie « préquelle » dûment autorisée dont I, Robot : protéger constitue le premier tome. Le puriste en frémit déjà : même la prestigieuse collection « Ailleurs & demain » n’est pas à l’abri des suites purement commerciales (1)… Qu’il se rassure. Non seulement Mickey Zucker Reichert n’a pas sombré dans cette facilité, mais son nouveau cycle n’a en fait pas grand-chose de commun avec celui d’Asimov.

I, Robot : protéger est avant tout un thriller médical très documenté, situé dans un avenir proche (2035). Officiellement psychiatre, son héroïne, Susan Calvin, est le médecin idéal, à l’empathie et à l’intuition quasi miraculeuses, capable de résoudre dès sa première demi-journée d’internat plusieurs cas sur lesquels des collègues chevronnés s’étaient cassé les dents. Ses échecs n’en sont que plus douloureux. Mickey Zucker Reichert réussit dans ce roman à nous faire percevoir l’alliage très particulier de confiance, de résolution et de doute mortel que peut éprouver un médecin au moment de certaines décisions. L’inadéquation de la morale toute faite, aussi, tant chaque cas est singulier. Pédiatre à ses heures perdues, l’auteur n’hésite pas à choquer. Que faire, que penser, face à un dangereux psychopathe d’à peine quatre ans ? Le praticien ne peut pas se contenter de se bercer de mots…

Et les robots, dans tout ça ? Ben non, pas de robots. Enfin si : un, parfaitement humanoïde, avec lequel Susan papote de loin en loin. Mais Nate reste au mieux un personnage d’arrière-plan, simple prétexte à introduire les Trois lois de la robotique, qui par ailleurs s’appliquent aussi — on est prié de suspendre son incrédulité — à des essaims de nanomachines.

Si la référence asimovienne peut sembler assez indirecte, au-delà des noms de la protagoniste et d’une poignée de personnages secondaires, ce premier tome vigoureux n’en rafraîchit pas moins une problématique centrale des Robots. Plonger ainsi, via Susan Calvin, les racines de la « robot-psychologie » dans la psychiatrie humaine, renouvelle authentiquement la question de l’acceptabilité, pour l’homme réputé « normal » (le « degré zéro de la monstruosité », selon Canguilhem) d’une intelligence profondément différente de la sienne. Tout juste esquissée dans I, Robot : protéger, celle de la confluence d’intérêts privés et de la résistance collective au changement, symbolisée par une soi-disant « Société Pour l’Humanité », fournira sans doute la matière du tome deux, I, Robot : obéir.

Etait-il pour cela indispensable de s’approprier les personnages mêmes créés par Isaac Asimov ? Sans doute pas. Mais l’ambition du projet de Mickey Zucker Reichert est suffisante pour que l’emprunt ne paraisse pas usurpé. La traduction française de Patrick Dusoulier s’avère agréable (à l’exception peut-être de quelques brefs passages en « langage SMS » un brin daté). Au final, pour qui s’intéresse à la médecine, la seule vraie réserve est qu’il manque à cette édition une brillante préface de Gérard Klein…

Asimov et l’acceptabilité des robots réunit quant à lui trois essais, pour une vulgarisation efficace en autant d’approches convergentes des enjeux « E3LS » (éthiques, économiques, environnementaux, légaux & sociaux) soulevés par les fictions d’Asimov. Dans « Vivre-ensemble avec des robots », le philosophe Jean-Pierre Béland montre la variété et l’intrication des enjeux humains liés à l’acceptabilité des développements technologiques. Philosophe également, Georges A. Legault analyse ensuite, dans « La Morale des robots », les contrain-tes logiques et éthiques associées aux lois de la robotique. Pour lui, l’œuvre d’Asimov démontre encore et toujours que, même dans le cas-limite a priori limpide de robots qui y sont strictement assujettis, la morale se caractérise bien plus par une tension permanente entre des valeurs souvent inconciliables que par l’application mécanique de quelques lois. Enfin, dans « Réaliser des robots éthiques. Limites scientifiques, défis technologiques et potentiel de la robotique et de l’intelligence artificielle », deux spécialistes du génie électrique, Jacques Beauvais et Jonathan Genest, montrent que, si la conception concrète de « cerveaux positroniques » à la Asimov se heurtera encore longtemps aux limites de la théorie de l’information, voire de la physique quantique, il est d’ores et déjà possible de développer des « agents éthiques » élémentaires ouvrant la voie à des robots qui « auront la capacité de refuser d’accomplir une tâche ou pourront choisir les tâches à accomplir en se fondant sur des raisonnements éthiques complexes qui sont chers à notre société humaine ». On n’a pas fini de s’amuser !

Asimov et l'acceptabilité des robots

[Critique commune à I, robot : protéger et Asimov et l'acceptabilité des robots.]

Si l’on mesure la profondeur et l’importance d’une œuvre à la pérennité de son influence et à la variété des adaptations, hommages et détournements en tout genre qu’elle suscite, I, Robot, d’Isaac Asimov (1950), fait toujours figure de chef-d’œuvre emblématique de la science-fiction. Des « Trois lois de la sexualité robotique » de Roland C. Wagner (Bifrost n°7) à la danse des robots Nao, vedettes des dernière Utopiales, en passant par l’adaptation très libre d’Alex Proyas au cinéma (2004), les références n’en finissent pas de se renouveler et de susciter de nouvelles pistes de réflexion. C’est encore le cas ce trimestre avec deux publications très différentes : I, Robot. La Véritable histoire de Susan Calvin, par Mickey Zucker Reichert, et Asimov et l’acceptabilité des robots, un ouvrage semi universitaire sur l’impact des nanotechnologies et de l’intelligence artificielle.

« La Véritable histoire de Susan Calvin » se présente comme une trilogie « préquelle » dûment autorisée dont I, Robot : protéger constitue le premier tome. Le puriste en frémit déjà : même la prestigieuse collection « Ailleurs & demain » n’est pas à l’abri des suites purement commerciales (1)… Qu’il se rassure. Non seulement Mickey Zucker Reichert n’a pas sombré dans cette facilité, mais son nouveau cycle n’a en fait pas grand-chose de commun avec celui d’Asimov.

I, Robot : protéger est avant tout un thriller médical très documenté, situé dans un avenir proche (2035). Officiellement psychiatre, son héroïne, Susan Calvin, est le médecin idéal, à l’empathie et à l’intuition quasi miraculeuses, capable de résoudre dès sa première demi-journée d’internat plusieurs cas sur lesquels des collègues chevronnés s’étaient cassé les dents. Ses échecs n’en sont que plus douloureux. Mickey Zucker Reichert réussit dans ce roman à nous faire percevoir l’alliage très particulier de confiance, de résolution et de doute mortel que peut éprouver un médecin au moment de certaines décisions. L’inadéquation de la morale toute faite, aussi, tant chaque cas est singulier. Pédiatre à ses heures perdues, l’auteur n’hésite pas à choquer. Que faire, que penser, face à un dangereux psychopathe d’à peine quatre ans ? Le praticien ne peut pas se contenter de se bercer de mots…

Et les robots, dans tout ça ? Ben non, pas de robots. Enfin si : un, parfaitement humanoïde, avec lequel Susan papote de loin en loin. Mais Nate reste au mieux un personnage d’arrière-plan, simple prétexte à introduire les Trois lois de la robotique, qui par ailleurs s’appliquent aussi — on est prié de suspendre son incrédulité — à des essaims de nanomachines.

Si la référence asimovienne peut sembler assez indirecte, au-delà des noms de la protagoniste et d’une poignée de personnages secondaires, ce premier tome vigoureux n’en rafraîchit pas moins une problématique centrale des Robots. Plonger ainsi, via Susan Calvin, les racines de la « robot-psychologie » dans la psychiatrie humaine, renouvelle authentiquement la question de l’acceptabilité, pour l’homme réputé « normal » (le « degré zéro de la monstruosité », selon Canguilhem) d’une intelligence profondément différente de la sienne. Tout juste esquissée dans I, Robot : protéger, celle de la confluence d’intérêts privés et de la résistance collective au changement, symbolisée par une soi-disant « Société Pour l’Humanité », fournira sans doute la matière du tome deux, I, Robot : obéir.

Etait-il pour cela indispensable de s’approprier les personnages mêmes créés par Isaac Asimov ? Sans doute pas. Mais l’ambition du projet de Mickey Zucker Reichert est suffisante pour que l’emprunt ne paraisse pas usurpé. La traduction française de Patrick Dusoulier s’avère agréable (à l’exception peut-être de quelques brefs passages en « langage SMS » un brin daté). Au final, pour qui s’intéresse à la médecine, la seule vraie réserve est qu’il manque à cette édition une brillante préface de Gérard Klein…

Asimov et l’acceptabilité des robots réunit quant à lui trois essais, pour une vulgarisation efficace en autant d’approches convergentes des enjeux « E3LS » (éthiques, économiques, environnementaux, légaux & sociaux) soulevés par les fictions d’Asimov. Dans « Vivre-ensemble avec des robots », le philosophe Jean-Pierre Béland montre la variété et l’intrication des enjeux humains liés à l’acceptabilité des développements technologiques. Philosophe également, Georges A. Legault analyse ensuite, dans « La Morale des robots », les contrain-tes logiques et éthiques associées aux lois de la robotique. Pour lui, l’œuvre d’Asimov démontre encore et toujours que, même dans le cas-limite a priori limpide de robots qui y sont strictement assujettis, la morale se caractérise bien plus par une tension permanente entre des valeurs souvent inconciliables que par l’application mécanique de quelques lois. Enfin, dans « Réaliser des robots éthiques. Limites scientifiques, défis technologiques et potentiel de la robotique et de l’intelligence artificielle », deux spécialistes du génie électrique, Jacques Beauvais et Jonathan Genest, montrent que, si la conception concrète de « cerveaux positroniques » à la Asimov se heurtera encore longtemps aux limites de la théorie de l’information, voire de la physique quantique, il est d’ores et déjà possible de développer des « agents éthiques » élémentaires ouvrant la voie à des robots qui « auront la capacité de refuser d’accomplir une tâche ou pourront choisir les tâches à accomplir en se fondant sur des raisonnements éthiques complexes qui sont chers à notre société humaine ». On n’a pas fini de s’amuser !

Le Voleur quantique

C’est précédé d’une réputation flatteuse que Le Voleur quantique, premier roman d’Hannu Rajaniemi (dont on a pu lire la nouvelle « La Voix de son maître » dans la revue électronique Angle Mort n°4), est arrivé cet hiver sous nos latitudes. Le voleur du titre n’est autre qu’un avatar posthumain d’Arsène Lupin : Jean le Flambeur.

Dans un futur indéterminé, forcément lointain, ce cambrioleur croupit dans la Prison du Dilemme, condamné à se battre à l’infini lors de duels basés sur la théorie des jeux, jusqu’à ce qu’on vienne l’en délivrer. Sa sauveuse est Mieli, une guerrière oortienne au service du Sobornost — le collectif régissant le Système solaire intérieur, Mars excepté. Et c’est justement vers Mars que le duo doit se rendre, afin de récupérer l’ancienne identité de Jean le Flambeur, préalable à un futur cambriolage pour le compte des employeurs de Mieli. Mars… Depuis une révo-lution survenue des siècles plus tôt, la terraformation de la planète rouge a échoué ; ses étendues désolées sont parcourues par des villes mobiles, elles-mêmes pourchassées par des hordes de machines autoréplicantes. C’est dans l’une de ces villes que se rendent Jean le Flambeur et Mieli : l’Oubliette. Isidore Beautrelet est l’un des citoyens de l’Oubliette. Etudiant en architecture, Isidore se pique également de jouer au détective. Motif pour lequel on fait appel à lui pour empêcher précisément un cambriolage… Cela n’est que le début, et l’imbroglio dans lequel Jean le Flambeur va se retrouver plongé va remettre en cause bien des choses que les citoyens de l’Oubliette tenaient pour acquises.

Sous ses atours de hard SF, Le Voleur quantique pourrait même être considéré comme un roman de fantasy. Du moins, si l’on se fie à la troisième loi de Clarke, selon laquelle toute technologie suffisamment avancée ne se distingue pas de la magie. Et le monde mis en place par Hannu Rajaniemi est magique : une ville martienne bâtie sur un ensemble de plates-formes mobiles, où la monnaie d’échange est le temps, où l’on ne meurt pas vraiment mais où l’on devient Silencieux, où l’on se drape dans une « gevulot » comme dans une métaphorique cape d’invisibilité (dans l’Oubliette, la vie privée importe), où l’on rencontre les descendants des geeks célébrant leurs origines dans d’étranges LAN parties. Sans oublier l’ingénieux concept d’exomémoire : à Oubliette, on n’apprend pas les choses, on s’en souvient. Le Voleur quantique témoigne d’une inventivité de chaque page et des plus réjouissantes.

Ce roman convoque autant la physique quantique que Maurice Leblanc (Isidore Beautrelet, tout droit issu de L’Aiguille creuse, n’est que le clin d’œil le plus évident) ou Nicolas Gogol. Pour faire simple, c’est Arsène Lupin revu et corrigé avec bonheur par Greg Egan, saupoudré d’une pincée de la Mars décrite par Ian McDonald dans Desolation Road. La lecture du Voleur quantique est cependant exigeante : les concepts y sont rarement expliqués (sinon dans le contexte), et les tenants et aboutissants ne se révèlent pas immédiatement. Hannu Rajaniemi immerge le lecteur dans un monde posthumain à la géopolitique particulière, résolument non anglo-saxonne (les termes finnois, japonais ou russes abondent), et se garde bien d’alourdir son texte de longues explications — voire d’explications tout court. Show, don’t tell. Les uns accrocheront, mais les autres risqueront de se sentir largués. Cette difficulté représente le seul défaut d’un roman par ailleurs irréprochable.

Bref, Le Voleur quantique, en plus d’être un excellent premier roman, s’avère un excellent roman tout court. L’histoire de Jean le Flambeur est prévue sur trois volumes, et si The Fractal Prince, suite du Voleur quantique, est sorti en 2012 au Royaume-Uni, le dernier tome reste encore à paraître. A supposer, ce dont on ne doute guère, que les suites en question se révèlent à la hauteur de ce premier volume, il y a fort à parier que la trilogie d’Hannu Rajaniemi prétende au statut de série SF ayant fait date. A suivre…

L'Éternel

Durant la Première Guerre mondiale, Ionas et Caïn, deux frères, dirigent une compagnie de Cosaques sur le point de déserter. Lors d’une confrontation avec l’ennemi, Ionas, amoureux de Hiéléna, une Ukrainienne d’Odessa, meurt ; Caïn réussit à s’en sortir et revient à Odessa, où il se marie avec Hiéléna. Sauf que… sauf que Ionas n’est pas mort : il se réveille un jour, devenu vampire — selon Sfar, simplement en restant au contact d’un charnier ; faisons fi de toute logique. Après quelque temps passé à tenter de se faire à sa nouvelle condition, tuant des animaux avant de comprendre que rien ne vaut le sang humain, il rentre chez lui et découvre la trahison dont il est victime de la part de son frère et de sa bien-aimée. S’ensuivront des péripéties diverses et variées, où Ionas tentera de regagner le cœur de Hiéléna tout en la défendant contre une mandragore et un autre vampire, féminin celui-là…

Ce livre est présenté par l’éditeur comme le premier roman de Joann Sfar, ce qui n’est pas tout à fait exact, puisque Sfar avait déjà publié dans chez Denoël « Graphic » deux tomes de « L’Homme-arbre », roman illustré par Sfar lui-même, même si le dernier tiers n’est jamais paru. L’Eternel permet donc de juger Sfar sur un autre média que la bande dessinée ou le cinéma. Et force est de constater qu’il s’y révèle nettement moins à son avantage : si la volonté de l’auteur est de nous proposer un roman léger autour du mythe du vampire, cela ne justifie pas la désinvolture manifeste avec laquelle ce livre a été écrit. Certes, la transformation initiale d’Ionas en vampire, traitée par-dessus la jambe, n’augurait rien de bon. La suite est du même calibre, Sfar se contentant de dérouler le fil de son roman sans tenter de le structurer ; on a l’impression qu’il couche les idées sur le papier à mesure qu’elles lui viennent à l’esprit. Résultat : un roman foutraque, incohérent, qui réussit néanmoins à proposer quelques scènes savoureuses (entre le vampire et la psychiatre) ou réparties qui font mouche, malheureusement noyées dans une intrigue et une construction approximatives. Et la deuxième partie du roman, où Ionas part en Amérique et y rencontre une psychiatre, ne vient pas arranger les choses, tant elle part en vrille à mesure que nous croisons la route d’un loup-garou et d’un Howard Phillips Lovecraft centenaire ! N’en jetez plus ! L’Eternel aurait pu, s’il avait bénéficié d’une direction d’ouvrage ferme, proposer une entrée nettement plus convaincante que cet exercice freestyle — sur 450 pages ! — de Joann Sfar, parfois jouissif mais la plupart du temps inutile. L’Eternel ? Vite oublié.

Aux abords du fantastique

Pour leur centième livre, les éditions de l’Arbre vengeur ont décidé de donner carte blanche à Didier Barrière. Qui ça, me direz-vous ? Didier Barrière, un correcteur d’imprimerie également responsable d’une petite bibliothèque historique à Paris, une personne, surtout, dotée d’une conception très personnelle du fantastique, qu’il tente de nous faire appréhender par le biais d’une longue préface argumentée. Ce qui l’intéresse, ce n’est pas le fantastique peuplé de monstres ou de revenants, celui émanant d’événements qu’on ne pourra jamais observer. Pour lui, un fantastique efficace interagit avec la vie quotidienne ; c’est pour cela qu’il cherche, dans sa propre existence, des souvenirs qui auraient pu faire basculer sa vie dans le fantastique… Cette quête a également présidé au choix des présents textes, signés de trois auteurs inconnus aux biographies, thématiques et styles forts variés. Dans « Monsieur Meidart et les voisins du dessous », de Marcel Bertrand, le fantastique n’est pas avéré, simplement suggéré ; cette histoire d’habitant d’un immeuble qui sombre peu à peu dans la démence du fait des bruits de ses voisins se caractérise par un style très nerveux, qui élide fréquemment sujet ou verbe dans la phrase. Dans « Le Véritable passage du Nord-Ouest », d’André-Charles Naugé, un homme passionné de cartes maritimes se voit offrir l’occasion de découvrir un lieu imaginaire où tous ses rêves d’exploration deviennent réalité. Enfin, dans « La Bouche sans langue », signé Jean-François Michel, une bouche sort de son propriétaire, et se met à engloutir les passants, grandissant au fur et à mesure de ses ingestions ; un texte surréaliste marqué par un humour de tous les instants. Au final, ces trois textes réussissent à illustrer le propos de l’anthologiste : « Je ne peux me défaire, en effet, du sentiment qu’il y aurait une sorte de rédemption dans l’acte de construire, à partir du réel le plus quotidien et le plus lourd, un bon récit fantastique, où tous les ingrédients seraient bien dosés, fondus dans une progression savante, avec de multiples interruptions calculées pour soutenir l’effort du lecteur, vers une terreur sublime, ou, quelquefois peut-être, vers une joie dévastatrice, ou vers une émotion forte d’une autre nature. » Ajoutez à cela un intérêt certain pour le livre en tant qu’objet total, auto-suffisant, et vous comprendrez la conception de cette anthologie, qui propose sur sa fin des variantes aux textes recueillis ici. Et, s’il vous en fallait encore, une dernière précision : si vous êtes un tant soit peu observateur, vous aurez noté plusieurs indices. Dans la préface, le mot « éditeur » (Barrière) est indiqué entre guillemets ; la préface porte essentiellement sur des aspects autobiographiques de Didier Barrière ; les auteurs, en plus d’être inconnus, se caractérisent par des noms essentiellement composés de prénoms (Marcel, Bertrand, André-Charles, Jean-François, Michel, seul Naugé échappe à la règle). Tout cela devrait vous mettre la puce à l’oreille : et si tout cela n’était que faux-semblants, et si cette anthologie n’avait d’anthologie que le nom, les textes étant tous signés de la même plume ? La boucle serait ainsi bouclée, le livre l’objet total voulu par Barrière, et les nouvelles des développements de souvenirs réels de Didier Barrière ? Un livre assurément étonnant, très personnel, et, à ce titre, extrêmement intéressant.

Alif l'invisible

G. Willow Wilson est une journaliste et auteur de bandes dessinées, née en 1982 dans le New Jersey. Elle a vécu en Egypte, où elle s’est convertie à l’Islam et où elle a été correspondante de journaux occidentaux (elle en a tiré une autobiographie, The Butterfly Mosque). Alif l’invisible est son premier roman.

Alif vit dans un pays indéterminé du golfe Persique ; le garçon se distingue notamment par ses capacités informatiques, qui lui ont permis de devenir l’un des hackers les plus doués de son pays (Alif est son nom de hacker). Sa principale motivation consiste à s’opposer à la censure opérée par le gouvernement, et à son principal représentant, que les hackers ont surnommé la Main. Celui-ci tente de faire arrêter tous ceux qui favorisent la liberté d’expression.

Alif, issu d’un milieu modeste, est amoureux d’Intisar, née dans une famille riche. Lorsqu’il ap-prend que le père d’Intisar l’a promise à un homme du même rang social qu’elle, Alif décide de couper les ponts avec Intisar et d’empêcher son amie de pouvoir le contacter. Pour ce faire, il crée un algorithme permettant de reconnaître quelqu’un par sa façon d’utiliser un ordinateur (frappe sur le clavier, recherches effectuées sur les moteurs du web…), sans se douter que cet algorithme servira à la Main pour découvrir sa réelle identité. Les deux hommes se lancent alors dans une course-poursuite, qui va bouleverser l’ordre établi dans le pays, et sera pour Alif l’occasion de rencontrer des créatures ancestrales : les djinns.

Etonnant mélange que ce roman. Il commence comme la chronique d’une ville du Moyen-Orient sous le joug d’un gouvernement refusant la liberté d’expression, que des hackers tentent néanmoins de restaurer ; on se situe quelque part entre la première partie de Zendegi de Greg Egan, et le Little Brother de Cory Doctorow, et leur thématique de la maîtrise de l’information. Mais à cette trame viennent s’ajouter des éléments issus tout droit des Mille et une nuits, avec l’apparition des djinns, qui vivent parmi nous mais sont invisibles aux humains d’aujourd’hui ayant délaissé leurs croyances ancestrales pour des considérations bien plus matérielles ; cette opposition entre héritage magique des traditions et geek attitude va procurer de beaux échanges de points de vue entre les différents protagonistes, représentants de l’une ou l’autre de ces orientations. Enfin, le livre bifurque définitivement vers un thriller au final nerveux. Ce mélange fonctionne bien, malgré quelques passages un peu moins convaincants (les événements se déroulant les jours suivant la sortie de la prison). Pour un premier roman, la maîtrise de Wilson est déjà assez impressionnante, tant en termes de gestion de l’intrigue et de ses éléments disparates, que pour asseoir ceux-ci dans un cadre crédible. Le fait qu’elle ait vécu en Egypte lui permet sans aucun doute de dépeindre un Moyen-Orient qui sonne juste, tout comme les personnages, à commencer par Alif, dont les origines indiennes le distinguent clairement de la population locale, et font écho aux origines occidentales de Wilson quand elle vivait en Egypte ; elle apparaît bien évidemment aussi dans le personnage de l’Américaine convertie, qu’on ne nous présentera jamais que sous l’appellation « la convertie », et qui tombera enceinte du plus évident légataire des croyances de jadis. Plus globalement, ce livre se révèle l’écho d’une vraie personnalité, forte et passionnante, qui de par sa position au croisement de plusieurs cultures, a su s’en imprégner pour nous livrer un roman à la richesse évidente, globalement bien mené, qu’on dévore donc. Alif l’invisible (nominé au prix Locus dans la catégorie premier roman) marque ainsi l’entrée convaincante de G. Willow Wilson au sein des genres défendus par Bifrost.

Les Lames du cardinal

En cette année de disgrâce 1633, durant le règne de Louis XIII qui apparaît comme un monarque falot, Armand Jean du Plessis, cardinal de Richelieu, veille sur le devenir de la France. Intriguant, calculateur mais âme droite dévouée à sa nation, le cardinal mène dans l’ombre des négociations politiques avec le royaume d’Espagne. Pour ne pas mettre en péril ces délicates tractations, Richelieu accepte d’honorer une demande non officielle de l’ambassadeur castillan. Une mission des plus difficiles, qui ne pourrait être menée à bien que par Etienne La Fargue et ses Lames, organisation d’exception n’ayant de compte à rendre qu’au prélat. Las, depuis l’échec du siège de la Rochelle, devenue république protestante, les Lames ont été dispersées et chacun de ses membres voué à l’opprobre. Il y a eu un mort et un traître. Rancune, nostalgie ou raison d’Etat, les mobiles ne manqueront pourtant pas pour précipiter à nouveau La Fargue et les siens dans l’action, comme l’on plonge une rapière en plein cœur.

S’il est en France une tradition du récit d’aventures, c’est bien celle du roman de cape et d’épée. Celle des Alexandre Dumas, Théophile Gauthier ou Michel Zévaco. Pierre Pevel s’inscrit dans la continuité directe de ses illustres prédécesseurs avec un bonheur complet. Car tout y est ! Félons, complots forcément « ourdis », reîtres, fille de salle au corsage à large encolure, l’auteur a le talent de nous restituer les images obligées qui ont fait la fortune du genre, en ayant l’intelligence de ne pas tomber dans le cynisme postmoderniste.

Pevel éprouve un respect qui n’a rien de servile pour ce genre, l’aime et parvient à réveiller chez le lecteur cette affection. On goûte les moments d’anthologie — le combat de Leprat dans l’auberge (p. 100 sq) ; l’attaque de Saint-Lucq contre les corbins (p. 171 sq). On se réjouit des apparitions d’Athos ou de Rochefort, meilleurs ennemis unis pour la bonne cause. Tout cela a la fraîcheur et la spontanéité des romans feuilletons ou des films avec Jean Marais. La vicomtesse de Malicorne finit peu ou prou comme Milady la marquise de Merteuil, Almadès le bretteur andalou porte beau, Ballardieu le colosse et Marciac le Gascon évoquent d’immortels mousquetaires…

Le tout s’appuie sur une documentation sans faille et un apport de merveilleux, pour l’essentiel l’existence de dragons déclinés en trois variétés. Dont un petit spécimen qui ici prend la place du chat dans l’affection de Richelieu. Sans compter la ranse, terrible maladie qui frappe les humains trop longtemps exposés au contact des reptiles. Le tout soigneusement rangé comme corps de mousquetaires à la parade, sous une magnifique (double) couverture d’Hervé Leblan.

Pevel joue sans faute sa partition, reprend à son compte une part attendue du livret : « Aubergiste ! Du vin pour le chevalier et moi. Et du meilleur ! » La pièce est à ce point bonne que l’on en redemande. Fort heureusement, il ne s’agit que du premier des trois actes. Les Lames du Cardinal est ce qui s’est écrit de mieux en récit de cape et d’épée français ces dix dernières années. Mordious !

Françatome

Années 80. Alors qu’il s’est exilé en Amérique et souffre d’un désordre mental, Vincent Clain reçoit un appel de sa sœur Alice. Celle-ci le conjure de venir aux funérailles de leur père, le célèbre professeur Clain, sommité scientifique et bras droit de Magnus Maximillian, qui n’est autre que Von Braun. Car dans cette réalité la France l’a récupéré, ce qui a permis à notre nation d’être à la pointe du programme spatial. Las, la Roue de l’Espace, formidable station mise au point sous le mandat du général de Gaulle, menace à tout instant de retomber sur Terre, provoquant une apocalypse radioactive. C’est dans ce contexte que Vincent revient, pour comprendre aussitôt que sa militaire de sœur lui a menti. Leur père est bien vivant et demande à le voir, là-haut, dans l’Orbe.

Avec Françatome, nous retrouvons Johan Heliot, chez Mnémos, et dans un genre qu’il affectionne, l’aimable satire du passé. Le récit est servi par une écriture volontairement désuète. Ainsi, parmi de nombreux exemples (p. 174) : « Les guerriers du Vieux Renard leur infligèrent de sévères corrections au grand dam de l’état-major, ridiculisé. » L’auteur s’avère à nouveau excellent pasticheur, et l’on goûte cette science-fiction « à la papa » comme on le ferait d’une bonne daube recuite au fil du temps, d’un style enrichi par l’expérience.

On remarquera toutefois certaines invraisemblances. Von Braun cache son identité sous un pseudonyme composé de… ses prénoms Magnus et Maximillian. D’autre part, pourquoi les nations ne pulvérisent-elles pas l’Orbe même si cette dernière dispose d’un arsenal défensif ? Ce serait un risque moindre que le désastre mondial annoncé. Enfin, pourquoi, alors que Boissier et Vincent sont en passe de prendre le dessus, l’intervention de ce dernier fait que son ami finit menotté, uniquement pour l’effet dramatique ?

De même pourra-t-on regretter certains longs tunnels narratifs (ainsi, pp. 159 à 162) et un final foutraque avec réalité parallèle, voyage dans le temps, résolution de la menace, le tout en trois pages. Mais le plaisir de lecture est là et certains personnages, comme le colonel Boissier, sont de véritables réussites.

Plus ennuyeuses sont les invraisemblances historiques, que ne justifie aucune divergence. Dans la mesure où la continuité politique est sensiblement la même que dans notre réalité (1945, 1958, 1962 demeurent ainsi des dates phares), la présence de Von Braun en France ne suffit pas à expliquer que le pays déploie un programme spatial de pointe, surtout dans l’état économique et social où il se trouve. Et de toute façon, aucune nation ne disposait des savoirs scientifiques et techniques pour mettre au point la Roue de l’Espace. De même, on n’imagine simplement pas de Gaulle se laisser influencer par le quarteron de généraux qui, dans notre réalité, entreront en dissidence. Son arrogance proverbiale, sa certitude psychorigide ne l’auraient pas permis, et ne l’ont d’ailleurs pas fait. Enfin, on peut s’interroger sur l’opportunité d’une uchronie gaulliste et algérienne après le récent Rêves de gloire de Roland C. Wagner (l’Atalante).

Mais finalement, l’intérêt n’est pas là. Johan Heliot ne se pose pas en donneur de leçon, n’assène aucun message politique. D’ailleurs, l’essentiel de ses critiques sociales portent invariablement sur un passé révolu, désamorcé. Tout au plus, avec humour, revendique-t-il le rôle aimable du chansonnier. Le romancier s’improvise avec bonheur boulevardier. Le héros n’est pas le fils de son père, découvre qu’il n’est pas non plus celui de l’amant de sa mère, et qu’il vient d’un autre monde sans savoir trop de qui il est fils de… On est dans du Feydeau et le passage est savoureux.

Au final, on appréciera le roman comme on regarde une vieille production de l’ORTF, période Buttes-Chaumont. Johan demeure le roi de la farce historique. Souhaitons que, assis sur son trône, il continue de torcher des romans plaisants avec régularité.

La Carte du temps

Andrew Harrington est un jeune homme bien de son temps. Pur produit de la haute société victorienne, il en méprise les codes mais finance son libertinage grâce à la rente que lui verse son père détesté. Il ne serait qu’un rouage défectueux, momentanément décadent, une pièce mécanique attendant d’être huilée pour s’emboîter dans la machine sociale, s’il ne tombait amoureux de Marie, prostituée jeune et jolie, ce qui n’est pas banal dans l’East End. S’en suivent de beaux tableaux sous la plume de Palma, qui connaît son affaire. Las, Marie est assassinée chez elle par Jack l’Eventreur. Andrew verse dans une profonde dépression, d’un romantisme morbide dans la manière de l’époque, jusqu’à ce que son cousin Charles, anciennement compagnon de débauche, mais depuis rangé des fiacres, ne porte à sa connaissance la raison sociale de l’agence Murray : rien moins que voyager dans le temps. Andrew comprend aussitôt le bénéfice qu’il pourrait tirer de pareille découverte, et va dès lors s’employer à sauver Marie du scalpel de l’Eventreur.

La lecture du roman donne lieu à un avis mitigé, selon qu’on s’en remet à la forme ou au fond. Sur le fond, l’auteur propose une belle construction, où réel et faux-semblant s’imbriquent, au point qu’à certains indices (notamment le devenir de Jack l’Eventreur), on se prend à douter que le continuum décrit soit notre référent. Vrai et faux s’harmonisent, aussi bien dans l’élaboration du récit que dans la fiction proprement dite. En ce sens, La Carte du temps a l’insigne mérite d’écarter l’argument uchronique pour en revenir à un récit de voyage dans le temps (et encore, ce n’est pas si sûr). Le fond est donc bon, et Palma aurait pu y bâtir des fondations saines donnant lieu à un chef-d’œuvre.

Seulement il y a la forme, qui fait du roman non pas un chef-d’œuvre, ni même une œuvre, mais un simple ouvrage. Autrement dit, une élaboration propre à l’auteur, satisfaisante dans son domaine privé, mais qui peine à convaincre dès lors qu’elle s’adresse au public. Pour le dire plus simplement (et c’est un tour de force, car le livre n’est pas simple), l’auteur s’est fait plaisir, croule sous la matière à exploiter, ne parvient pas à faire le tri dans ses notes et références. Se refusant de choisir, et donc de renoncer à telle ou telle donnée, Palma s’ensevelit sous un excès formaliste, un surcroît de matière historique et littéraire. Les chapitres 7 et 8 sont à ce titre exemplaires. Le premier décrit, sans souffrir la moindre coupe, l’existence d’H. G. Wells jusqu’à l’écriture de La Machine à explorer le temps. Le suivant embraye directement sur un copieux résumé dudit roman, ce qui, pour le lecteur averti des faits biobibliographiques, constitue un véritable tunnel d’ennui. Tout au plus s’amusera-t-il à relever les subtiles altérations, volontaires, n’en doutons pas, car une fois de plus Palma est à son aise. Trop, probablement, au point de penser qu’un exercice privé, de l’ordre de la rédaction intime motivée par le plaisir érudit, puisse satisfaire le public à coup sûr.

Or le livre plaît. Tant mieux, bien que l’on aurait pu souhaiter un supplément d’âme, moins de complexité savante et plus de spontanéité créatrice. D’autant que l’on devine cette connivence possible dans les interventions du romancier et ses adresses directes au lecteur, qui sont toujours réussies.

On préférera, sur un thème somme toute voisin, la ligne narrative simple du C’était demain de Karl Alexander.

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