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Sister-ship

Le 17 novembre 2082, lors de son discours de clôture de la 133e édition du congrès international d’astronautique qui se tient à Darwin, Australie, Lee Wang, directeur de l’Agence spatiale internationale, annonce un programme d’envergure qui verra le lancement de trois vaisseaux spatiaux à destination de Titan. Véritable arche de Noé des temps futurs, la mission aura pour but de transporter jusqu’à la surface de la lune glacée de Saturne cinquante-trois cuves refroidies à l’azote liquide et contenant le patrimoine génétique d’un million d’espèces terrestres dans l’espoir de les préserver pour… qui mettrait la main dessus à l’avenir.

Le 12 janvier 2097 s’ouvre le journal de mission des cinq astronautes partis à bord de l’un des trois vaisseaux, l’Olympic. Le Titanic, entièrement robotisée, s’est lui lancé un an plus tôt pour préparer le terrain. L’arrivée sur Titan se fera en juin de la même année, grâce aux bons soins de Milena, l’IA qui pilote l'Olympic et accompagne les astronautes dans leur mission. Du troisième, le Gigantic, nous ne saurons rien.

Les chapitres alternent les deux temporalités. D’un côté, les passages du discours de Lee Wang qui présentent l’histoire et l’ambition du programme, sous la forme d’un exposé qui sans doute cherche à rendre hommage à la grandeur d’une telle entreprise, mais se révèle pour le lecteur aussi lénifiant et pompeux qu’il est possible de l’être. De l’autre, le récit de voyage aussi vide de matière que l’espace qui les entoure, de cinq astronautes transparents, dépourvus de personnalités qui les distingueraient. Car il ne se passe rien et, à la fin, ils arrivent sur Titan.

C'est en lisant Sister-ship qu’on apprécie la distance parcourue par la science-fiction à l’égard de la littérature généraliste. Elle se mesure en parsecs. Si l’on aimerait souvent, pour des raisons de reconnaissance, accoler l’étiquette science-fiction à des romans de littérature blanche qui viennent s’encanailler sur les rives du genre, ce n’est ici pas le cas. Le roman d’Élisabeth Filhol évite soigneusement d’emprunter les voies, pourtant évidentes au lecteur féru de récit d’aventure et de science-fiction, qui s’ouvrent à lui, et reste en retrait, refusant les antagonismes, les tensions, préférant le confort de la lettre d’intention à la mise en danger et au vertige. Sister-ship n’a pas de direction et manque singulièrement d’ambition. Le propos est certes scientifiquement documenté a minima, à défaut d’être maîtrisé, mais à quel dessein ? Le voyage ne mène nulle part. Ajoutons à cela la volonté de l’autrice d’imposer un style où le « on » impersonnel remplace systématiquement le « nous », où les formes passives règnent et la répétition frise l’outrance, rendant la lecture pénible. Nous ne saurions que vivement décourager le lecteur de Bifrost de tenter l’aventure.

 

Vallée du carnage

Après les très remarqués Latium, space opera uchronique inspiré autant par Sophocle que par Leibniz et Corneille, et La Nuit du faune, conte empruntant ses motifs à La Divine comédie pour livrer une synthèse des mythes fondateurs de la SF, deux œuvres au sujet desquelles nos critiques notaient que l’auteur ne mégotait pas mais osait, Romain Lucazeau revient à la science-fiction avec Vallée du carnage et, à nouveau, il ose.

Des rives de la Méditerranée jusqu’à celles de l’Atlantique, Carthage domine l’Occident. Regroupement des peuples grecques, phéniciens, celtes… elle est la première puissance économique et technologique de monde. Derrière le mur qui les isole, les Hans occupent l’extrême Asie. Entre ces deux blocs, La Perse est tenue sous le joug du despote Odote, Roi des Rois, ennemi de toujours de Carthage. Face à l’Occident abhorré, il a élevé son empire dans un bain de sang, par la destruction méthodique des peuples qu’il a réduit en esclavage. Il s’est doté d’une puissance militaire invisible, et menace le monde du feu nucléaire depuis l’espace. Pour parfaire son œuvre, il se tourne vers la cité libre d’Ecbatane, aux portes de l’Arménie, et au-delà, vers Carthage. Odote n’a que faire que son nom soit prononcé dans mille ans avec admiration ou effroi, d’être le rassembleur ou le destructeur des mondes, les deux pour lui se valent. Il choisit donc la voix du mal. Toute ressemblance avec des faits ou des personnages existants ou ayant existé serait loin d’être fortuite.

Dans ce roman d’une brutalité étourdissante, que le lecteur traverse en marchant dans les entrailles ouvertes des victimes de la sauvagerie, piétinant les corps démembrés, violés, mutilés, l’auteur raconte une « géopolitique des enfers, le désordre éternel du monde ». Loin des utopies solaires qui rêvent un futur improbable où l’humanité deviendrait soudain bienveillante, Romain Lucazeau use de l’uchronie pour peindre le cauchemar et rappeler la nature destructrice de la bête qui hante ce monde. Un univers futuriste enfoncé dans les mentalités d’un passé qui n’offre aucun espoir véritable de voir se lever le jour. Qu’ont à proposer les technologies les plus avancées dans l’art de la guerre, la destruction à précision chirurgicale, l’information spatiale, les sens électroniques des drones déployés en nuée sur le monde, sinon des « guerriers préhistoriques en transe recevant des instructions transmises pas des flux de micro-ondes ».

C’est un récit à charge. L’auteur s’adresse à ses protagonistes en les tutoyant. Un despote, son conseiller, un héros devenu pacifiste, un guerrier augmenté, un scientifique hésitant, un militaire en sursis, une esclave. Le narrateur assume ainsi le rôle du coryphée qui, dans le théâtre grecque, interpellait les personnages, connaissait leur passé et leur avenir, jugeait de leur acte, de l’immoralité de leurs actions. Lucide ou dément, prophétique ou apocalyptique, Romain Lucazeau ose proposer le roman que vous n’avez pas envie de lire. Nous vous le recommandons.

 

Au cœur des Méchas

« Vous êtes là pour le combat, vous aussi ? Pour voir le Mécha se battre ? On peut attendre ensemble si vous voulez. » Et pendant que nous attendons l’affrontement des deux monstres, l’un mécanique, l’autre d’origine extraterrestre, ma voisine me raconte tout. Toute sa vie. Et pas n’importe quelle vie, celle d’une mécanicienne au sein d’un Mécha. Vous savez, ces robots géants créés pour combattre les Titanides venus envahir la Terre ? On voit souvent les pilotes dans les médias, mais j’étais loin de me douter qu’il pouvait y avoir jusqu’à trente personnes à l’intérieur pour réparer, armer, assurer la maintenance en temps réel et exécuter les ordres des pilotes. Sans eux, ces derniers ne serviraient à rien. Sa vie a dû être incroyable mais… « Pourquoi ce sont des humains qui font tout ça ? C’est assez évident, non ? On coûte moins cher que des droïdes. » Et ma voisine en sait quelque chose, elle était à l’intérieur, aux premières loges, elle a vu mourir ses collègues, ses amis, et pas seulement à cause du feu ennemi… demandez-lui.

Sur le ton d’un échange informel, la narratrice se confie à son vis-à-vis, à vous, à moi, dans l’intention d’embarquer son auditoire avec elle et de créer un lien direct avec son histoire, une proximité, et cette construction narrative fonctionne plutôt bien. Les conditions ouvrières qu’elle décrit sont celles de nos mineurs et poilus d’autrefois, de la chair à canon dont le sacrifice au combat ou la dureté de la tâche compte peu aux yeux des politiques et des industriels. Un être humain est si facilement remplaçable. Des travailleurs de l’ombre, invisibles, qui représentent bien peu de choses comparés aux pilotes que les médias exposent, que le peuple adule, ces héros face l’invasion extraterrestre. Mais qui, sans leur équipage, ne seraient rien.

Docteur en sociologie, Denis Colombi ne se lance pas dans de grands discours sur les méchants et les gentils d’un futur qui pourrait être le nôtre, car la proximité de la narratrice avec son lecteur suffit, et l’auteur utilise son témoignage pour seul argument. Le témoignage des conditions de travail et de vie de ces hommes et femmes devrait suffire. Ce qui est loin d’être le cas. Comme la narratrice le comprendra, son avis ne compte pas : seule la vengeance personnelle pourra faire bouger les choses. Peut-être. Ou pas. Au cœur des Méchas parle aussi de choix, que l’on fait par amour, que l’on fait pour se conformer à la mode, de manipulation du corps comme des esprits. Mais si le discours est louable, il est évident. Reste que le cadre, avec ces robots géants à la Pacific Rim, apporte le grain d’originalité à une intrigue qui peine à transformer une lecture divertissante en un moment plus marquant.

 

 

Sagas et sables d’os

Au cours d’un combat contre une bande de nécrophages, Viv est blessée à la jambe. Immobilisée, elle ne peut plus suivre ses compagnons dans leur mission : tuer la nécromancienne Varine la Pâle et son armée de squelettes. La jeune orc purge donc sa peine, du moins c’est ainsi qu’elle le voit, dans sa chambre à La Perche, une auberge de Grise, petite bourgade tranquille en bord de mer. Le gérant, Harp, est fort sympathique et sa cuisine est pour Viv le meilleur des remèdes, mais elle n’en peut plus de rester enfermée. Bravant les interdits du médecin, elle sort de son lit. Lors de ses pérégrinations, Viv passe la porte d’une librairie, La Graine de chardon : des vieux livres poussiéreux, un tapis à la forte odeur de chien mouillé, une rateline au langage fleuri derrière le comptoir et son chien-hibou nommé Saucisse. Rien de bien attrayant au premier abord, mais Salvinia la libraire va mettre entre les mains de Viv un roman qui va changer son séjour forcé à Grive. Rangement, réparation et embellissement de la librairie, lorsqu’elle ne dévore pas les livres que Salvinia lui donne : Viv lui file un coup de main pour redonner un peu d’éclat à son magasin dans l’espoir d’attirer des clients qui se font rares. Et quand elle ne trime pas, la jeune orc se rend chez Méli, la naine boulangère. Sa boulangerie, Le Chant de mer, est un véritable guet-apens de miches de pain, de brioches à la mélasse et de biscuits à la piquante mais rassurante odeur de gingembre. Une convalescence sucrée qui semble satisfaire Viv, jusqu’à ce qu’un mystérieux homme en gris fasse son apparition…

Sagas et sable d’os n’est pas la suite de Légendes et lattes, mais son préquel. Travis Baldree (qui confesse en postface que cette histoire ne devait, à l’origine, pas exister) remonte vingt ans en arrière pour nous faire découvrir une jeune Viv impétueuse, nourrie par sa soif d’aventure, de sang et de maniement de sabre. On retrouve peu ou prou les mêmes ingrédients qui ont fait chavirer nos cœurs à la lecture du premier opus : des personnages au capital sympathie si puissant qu’ils donnent immédiatement envie de les inviter à notre table ; des liens d’amitiés forts et sincères ; les débuts d’une romance délicate qui dégouline de confiture. Ajoutez à tout cela un zeste de cosy crime et vous aurez une lecture parfaitement adaptée aux soirées d’hiver, une histoire divertissante à boire avec un thé au jasmin (ou une bière option brouhaha de taverne). On se laisse en effet porter par une intrigue légère aux parfums de cannelle et de muscade, car oui, comme dans Légendes et lattes, les palais y sont durement mis à l’épreuves. Notons tout de même quelques passages un peu longs dans la première moitié du roman, mais bien vite oubliés car on ne peut que craquer pour le truculent personnage qui va sortir du sac de l’homme en gris.

 

 

 

Pirate de lumière

Situé dans un futur très proche, Pirate de lumière raconte en parallèle la vie d’une jeune fille, Wanda, et la transformation de Rudder, la petite ville de Floride où elle habite, sous l’action des ouragans que le dérèglement climatique multiplie. La première partie décrit l’une de ces tempêtes, survenue le jour même de la naissance de Wanda. Dans la suite, on assiste aux efforts désespérés des derniers habitants pour maintenir un semblant de normalité malgré les soubresauts de la météo et la montée des eaux ; enfin, lorsque le combat semble perdu, on découvre comment les rares personnes qui n’ont pas fui s’adaptent à un environnement transformé où la nature reprend ses droits tandis que se retire la civilisation.

Ce roman paraît mal calibré pour séduire un lectorat déjà familier des genres de l’Imaginaire : le thème du dérèglement climatique a déjà été largement traité dans d’autres œuvres avec davantage de profondeur et, si le rôle important joué par une biologiste semble orienter un temps le récit vers la science-fiction, on se retrouve assez vite dans une sorte de fantastique light : aucune explication n’est apportée à l’étrange pouvoir de l’héroïne, et la fin du récit dérive vers une vision simpliste, à la limite de la pensée magique, de la théorie de l’évolution. L’intrigue elle-même est minimaliste, et les retournements de situation ne surprendront que les plus candides. Le principal intérêt de Pirate de lumière réside in fine dans l’approche assez optimiste des conséquences du dérèglement climatique. Dans un monde bouleversé où la nature se réapproprie le territoire, Lily Brooks-Dalton décrit comment une partie de l’Humanité, résignée à son sort, pourrait réussir à s’adapter au changement à venir. Malgré quelques accents survivalistes, le roman offre ainsi une variante apaisée d’un thème classique du post apocalyptique.

Hélas, la forme ne parvient pas plus à convaincre que le fond : l’autrice rabâche beaucoup, insiste lourdement sur des informations déjà données trois lignes plus haut, et son style n’est pas exempt de quelques incongruités que la traduction ne parvient pas à gommer.

Possible que Pirate de lumière trouve son public auprès d’un lectorat moins exigeant que celui de Notre Club. Toutefois, au milieu de la production actuelle de SF et de fantastique, il n’est qu’une énième variation un peu trop longue sur un thème déjà largement traité. Reste un regard un peu décalé, teinté d’optimisme et de douceur, porté sur la question du dérèglement climatique. C’est peu.

 

La Montagne dans la mer

On plonge très aisément dans ce roman de premier contact situé dans un futur dystopique et incertain au large du Vietnam, dans l’archipel privatisé de Côn Đảo. Après une courte introduction, nous y observons l’arrivée de Ha Nguyen, une biologiste spécialiste des céphalopodes, récemment recrutée par Dianima, la mégacorporation qui possède les lieux. Sur place, afin de résoudre l’énigme des habitants non-humains de ces lieux, Ha sera épaulée d’Evrim, androïde en exil, et d’une responsable de la sécurité, Altantsetseg, aussi efficace que mutique. 

Sans trop en dire, d’autres récits aux enjeux brutaux convergent vers cet écosystème protégé, scruté et envié — que ce soit pour sa réserve de ressource rare (le poisson) ou des enjeux géopolitiques (qui traversent d’ailleurs l’histoire réelle de ces lieux).

Les chapitres insulaires, maritimes et continentaux s’entrecoupent d’extraits des ouvrages des deux scientifiques du roman : les docteures Ha Nguyen et Mínervudóttir-Chan, son employeuse et créatrice d’Evrim… également à l’origine de Dianima. Ceci permet de nous transmettre habilement des informations sur leurs courants de pensée et de recherche, mais aussi les enjeux plus personnels de chacun des individus échoués dans cet archipel mis sous cloche : quelles obsessions et traumas les animent, en quoi ceux-ci sont freins ou moteurs ? Sans oublier la grande question : l’archipel abrite-t-il une espèce intelligente et douée de communication ? Et son premier corollaire : à quoi pourrait ressembler la rencontre avec une autre espèce ayant développé une culture communicante ? Le second est plus inquiétant : cette espèce souhaite-t-elle communiquer avec nous ?

Composé comme un puzzle à la progression narrative linéaire pour mieux nous embarquer, ce roman propose un futur proche du cyberpunk ou de la fiction climatique. C’est aussi (surtout ?) un roman de premier contact — un contact qui tarderait presque à se faire, ce qui peut se révéler frustrant au dénouement. Cependant, au-delà de la question inter-espèces, La Montagne dans la mer fait preuve d’une réflexion fine, au travers de ses personnages, de leurs échanges, de leurs obsessions, sur la communication humaine. Sur les biais qu’elle subit ou crée, ses capacités, son efficacité ou ses échecs, son entrecroisement subtil avec la psychologie des personnages. Un entretien avec l’auteur en fin d’ouvrage vient d’ailleurs éclairer cette intuition.

Un seul bémol sur la traduction par ailleurs fluide : le choix de genrer au masculin l’androïde Evrim, là où la version anglophone utilise un pronom neutre (they) et où la docteure Ha s’interroge, dès leur rencontre, sur la propre binarité de sa pensée pour cet être qui transcende par son existence les notions de genre. À mettre en regard avec le paragraphe précédent, on trouverait presque cela ironique, cette illustration des limites du langage et de nos perceptions.

Pour conclure, ce premier roman de Ray Nayler est un texte d’une grande efficacité. Un roman que l’on peut lire d’une traite avec une joie certaine, et qui suscite aussi la curiosité d’aller lire — si ce n’était pas déjà fait — Protectorats, son recueil de nouvelles paru l’an passé salué par le Grand Prix de l’Imaginaire !

 

 

Magie d'encre

Après une parution remarquée outre Atlantique en 2023, le lectorat francophone a enfin la chance de pouvoir lire la traduction du premier roman d’Emma Törzs, récit choral qui devrait ravir les amateurs de réalisme magique.

Séparée en trois trames narratives distinctes évidemment destinées à se rejoindre, l’intrigue parvient à surmonter une des difficultés majeures de ce type de récits en conservant pour son lecteur un intérêt équitablement réparti entre chacun des points de vue. On y suit Esther, Joanna et Nicholas, tous trois contraints de mener une vie qu’ils n’ont pas réellement choisie mais ayant en commun un fil rouge : la magie. Dans un monde où celle-ci se crée, se réalise et se transmet par l’intermédiaire des livres, une organisation, la Bibliothèque, s’efforce d’en monopoliser et d’en faire fructifier le pouvoir à un prix inavouable. Et c’est ce prix, précisément, qui apporte à cet élément rebattu de l’Imaginaire une fraîcheur bienvenue : un livre magique ne peut être écrit qu’avec une encre confectionnée à l’aide du sang d’un être humain, le Scribe. Ainsi, conservant à son profit les cautions classiques de l’antique, du mystère et de l’occulte aisément associées à un objet capable de traverser les siècles tel qu’un livre, Emma Törzs réussit également à ancrer les principes de cette magie dans la modernité en l’incarnant littéralement à travers ses personnages. L’autrice délivre en outre une narration soignée, prend le temps d’assembler les pièces de son puzzle, d’explorer la psyché de ses différents protagonistes et d’approfondir les relations qui se nouent entre eux ; une large variété de profils et de caractères impose ici l’écriture des personnages comme un des points forts du roman. Enfin, bien que comportant une charge dramatique assez présente, le ton ne manque pas d’un humour bien dosé grâce à ses dialogues. Tout au plus, peut-être, pourra-t-on lui reprocher un dénouement un peu longuet, garni de détails dont la chute aurait pu se passer.

Il serait difficile de ne pas voir en ce roman une véritable ode aux livres, tant l’amour, le soin et la passion qu’y consacrent les divers personnages s’y trouvent abondamment décrits. Tout lecteur passionné devrait pouvoir reconnaître la magie que nous aimons symboliquement leur attribuer : celle de nous emmener au fil des pages, de nous transformer, de nous ouvrir aux rencontres et, pourquoi pas, d’une certaine façon, d’accueillir en nous une part de ce que l’auteur y a mis de sa personne. Un livre sur la magie des livres, donc ; une promesse qui a elle seule mérite le détour.

 

 

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