Outresable
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L’auteur de la trilogie à succès « Silo » est de retour en français avec Outresable, fixup de cinq nouvelles autopubliées entre 2013 et 2014, et réunies en 2014 sous le titre original Sand.
Hugh Howey emmène à nouveau le lecteur vers un futur indéterminé dans une dystopie monochrome et post-apocalyptique. La géographie du roman est celle du Colorado actuel, quelque part entre Denver et Colorado Springs. Les ruines de l’ancien monde sont désormais recouvertes de centaines de mètres de sable, et le nouveau est un désert de dunes dans lequel tentent de survivre quelques milliers de personnes au sein de bidonvilles éphémères. Malgré les hauts murs dressés pour retarder l’inexorable, le sable avance et engloutit. Les seules ressources sont les souvenirs du passé enseveli que des plongeurs tentent de remonter au péril de leur vie. Tout est bon à prendre : matériaux, câbles, ustensiles d’une civilisation perdue. Pour cela, ils s’équipent de combinaisons, tressées de fils électriques, qui leur permettent d’influer sur la fluidité du sable. Une paire de palmes, une bouteille d’oxygène, des lunettes et un foulard sur le nez, et hop !, on descend à des centaines de mètres sous les dunes… puis on remonte. Quoi ? Ce n’est que de la SF, on peut bien écrire n’importe quoi sous couvert de suspension de l’incrédulité, non ?
Outresable raconte le combat d’une famille. Papa s’est tiré il y a des années, maman tient le bordel du coin, les deux grands sont plongeurs et les deux petits aimeraient le devenir. On peut momentanément se laisser prendre au jeu dans la première nouvelle, qui raconte la découverte de la mythique Denvar sous quelque 500 mètres de sable. C’est Palmer, le cadet de la famille, qui l’a trouvée pour le compte de types peu recommandables. Mais rapidement le roman s’enfonce dans une mer d’improbabilités qui l’engloutit. On apprend que les méchants ne s’intéressent pas aux richesses qui se cachent sous le désert mais veulent juste en déloger sa population, sans qu’on sache vraiment bien pourquoi, que le désert ne s’étend pas partout mais seulement là, que l’origine de ce sable qu’on pensait cataclysmique, réchauffement climatique ou conflit global, est en fait bien plus ridicule que ça, qu’au-delà il existe une ville peuplée de gens qui n’en ont rien à battre du peuple du désert, voire en ignorent complètement l’existence, et que d’autre part il est justifié de tuer une bonne centaine de milliers de personnes parce que « désormais, ils ne s’en foutront plus ».
On peut lire Outresable au premier degré et on en retient un roman de SF très moyen, un univers qui aurait pu être immersif mais ne tient pas la route, des personnages peu travaillés et des aberrations trop nombreuses pour porter le récit. Ou on peut le lire comme une allégorie, mais alors la conclusion expéditive laisse un sentiment si nauséeux qu’on se dit que Hugh Howey s’est laissé prendre dans des sables mouvants.