Extrait Bifrost 68
Publié le
Pour patienter jusqu'au 25 octobre, téléchargez un extrait du Bifrost 68 contenant l'éditorial hommage à Roland C. Wagner signé Claude Ecken et les premières pages de la nouvelle de Ian McDonald.
Publié le
Pour patienter jusqu'au 25 octobre, téléchargez un extrait du Bifrost 68 contenant l'éditorial hommage à Roland C. Wagner signé Claude Ecken et les premières pages de la nouvelle de Ian McDonald.
Publié le
Découvrez la couverture finalisée de Cagebird, roman de Karin Lowachee à paraître le 16 novembre, avec une nouvelle illustration signée Nicolas Fructus.
Publié le
Le cahier critique du Bifrost 58 spécial Laurent Genefort est maintenant en ligne !
Publié le
Pour fêter la parution de La SF sous les feux de la science, nouveau recueil d'articles de Roland Lehoucq, retrouvez sur le blog le Scientifiction « Et si la Terre était ailleurs ? »…
Publié le
Retrouvez sur l'onglet Critiques toutes les chroniques de livres du Bifrost n° 57 et son guide de lecture spécial Robert A. Heinlein !
Publié le
Le Bifrost 68 spécial Ian MacDonald, à paraître le 25 octobre, est désormais disponible à la précommande en papier, en numérique, ou les deux ensemble !
Publié le
Passez de l'autre côté des Bouches avec « La Mère des mondes », nouvelle de Jean-Laurent Del Socorro lauréate du concours de nouvelles Points chauds !
Publié le
Sur le forum, découvrez le gagnant du concours de nouvelles Points Chauds !
Publié le
Everett Singh est un jeune Anglais presque normal. Certes, son père originaire du Pendjab est un physicien de haute volée qui l’emmène à des conférences sur la nanotechnologie ou la société post-pétrole, certes, il porte en guise de prénom le nom de l’auteur de la théorie des mondes multiples, et certes, c’est un petit génie, notamment de l’informatique, mais il joue au foot et il adore Doctor Who. Alors, quand il voit son paternel, Tejendra, se faire enlever en plein Londres par trois types en noir sortis d’une grosse voiture, il doit bien se rendre à l’évidence : puisqu’il n’a rien d’un superhéros, il ne lui reste qu’à appeler la police.
Qui se révèle de prime abord aussi sceptique qu’inefficace, voire complice : Everett la soupçonne vite d’avoir modifié les photos du rapt qu’il a prises à la va-vite sur son portable et qu’il leur a confiées, afin de le faire douter — et faire douter sa mère divorcée — de la réalité de l’événement. Comme il soupçonne Paul McCabe, le patron de son père, qui, lors d’une visite de courtoisie, le prie de lui remettre tout dossier informatique que Tejendra aurait pu lui transmettre. Justement, l’ado reçoit bientôt de son père un courrier électronique, un envoi automatique sous condition, contenant un fichier, un programme : Infundibulum. Rien de moins qu’un annuaire du multivers, une sorte de répertoire de tous les univers parallèles. Son père travaillait sur le sujet. Everett le savait, mais croyait qu’il s’occupait de théorie pure. Or, il s’avère que les univers parallèles existent bien, qu’ils ont formé une coalition dissimulée au grand public, et que tout ne va pas pour les mieux dans le(s) meilleur(s) des mondes…
Nanti de cet outil infiniment précieux, et infiniment convoité, au point de menacer toute sa famille, notre jeune Anglais va donc partir à la recherche de son père disparu, ce qui va l’entraîner de monde en monde, en un tourbillon de paysages et de rencontres. Et si on voyage en dirigeable, c’est dans un univers électropunk qui n’a jamais connu l’ère de la vapeur…
En dire davantage serait déflorer ce roman jeunesse, le plus accessible — tranche d’âge oblige ? — de notre auteur. Si Ian McDonald fait montre de sa sensibilité habituelle aux cultures dites « exotiques », s’il joue quelque peu du langage en recourant — avec une parcimonie qui rassurera ceux que Le Fleuve des dieux avait laissés pantois, et en fournissant cette fois un lexique complet — à un obscur argot londonien s’il emploie des concepts, comme la physique quantique, qu’on n’a guère l’habitude de trouver dans des œuvres destinées à ce public, il donne un livre d’aventures, inventif, jouissif, pleinement assumé, un roman d’apprentissage classique — notre héros va, bien sûr, croiser une jeune fille aussi beautiful que kick-ass — qui réussit le pari de contenter ses fans tout en s’offrant le luxe (éventuel) de lui en gagner d’autres. C’est tout le mal qu’on lui souhaite, vu la grande qualité de ce début de série dont le deuxième volume aura paru en VO quand vous lirez ces lignes.
Publié le
Troisième recueil de nouvelles de Ian McDonald, Cyberabad Days prend place dans l’Inde des années 2040 décrite dans Le Fleuve des dieux. Des sept nouvelles du recueil, cinq sont parues entre 2005 et 2008 au sommaire d’anthologies ou de magazines tels qu’Asimov’s. A la différence du Fleuve…, les histoires ne prennent pas exclusivement place à Vârânaci : le cadre s’élargit, et les nouvelles se déroulent avant ou après les événements narrés dans le roman. On retrouve des constantes, comme le conflit Awadh-Bhârat, les moussons irrégulières, le soap opera Town and Country, ou la signature des Lois Hamilton destinées à restreindre le niveau d’intelligence des aeais. Voyons cela de plus près.
La nouvelle qui introduit le recueil, « Sanjeev and Robotwal-lah », débute lors du conflit fratri-cide entre le Bhârat et l’Awadh. Sanjeev est un garçonnet fasciné par ces robots guerriers pilotés par un combo humain-aeai. Il se lie d’amitié avec les pilotes desdits robots, qui ne sont autres que des garçons à peine plus âgés et plus matures que lui. Mais que faire lorsque la guerre s’achève ?
Les conflits sont parfois à une échelle plus réduite, comme à celle de familles dans « The Dust Assassin ». La jeune Padmini Jodhra est une arme. C’est du moins ce que son père lui a toujours répété. A Jaïpur, les familles Jodhra et Azad co-détiennent le monopole de l’eau, et les deux sont ennemis jurés. Lorsque les Azads massacrent les Jodhras, Padmini demeure la seule survivante de sa famille. Et voilà que le dernier descendant des Azads la demande en mariage… Pad-mini refuse, son admirateur insiste.
Il est aussi question d’amour et de mariage dans « An Eligible Boy ». Dans un pays où l’on compte quatre hommes pour une femme, Jasbir veut à tout prix trouver chaussure à son pied. Pour cela, il est prêt à se faire re-faire le visage, et même à accepter un coach spécialisé — et qui est plus qualifié qu’une aeai issue d’un soap opera ?
Dans « The Djinn’s Wife », c’est par une aeai que la jeune Esha est séduite. Et pas n’importe quelle aeai : A. J. Rao, star du soap Town and Country. Mais l’amour d’Esha est exclusif, aussi comment aimer une entité capable d’être multiple ? Et que faire lorsque les Lois Hamilton, restreignant le niveau des aeais, sont sur le point d’être signées et que les flics Krishna bouillent d’impatience d’excommunier à tour de bras les intelligences artificielles illégales ?
Les autres nouvelles du recueil sont plus humaines. Dans « Kyle meets the river », un garçonnet vit dans une bulle dorée : le quartier sécurisé où il habite pour raisons de sécurité, son père étant un haut fonctionnaire affecté à la reconstruction du Bhârat. Ce qui n’est pas une mauvaise idée, car les attentats ne sont pas rares à Vârânaci. Kyle se lie cependant d’amitié avec un autre gamin, Salim, qui lui fait découvrir le monde virtuel Alterre et, plus important encore, les rues grouillantes de vie de Vârânaci.
« La Petite Déesse » est doublement la première nouvelle du recueil à avoir été publiée : en anglais dans Asimov’s et en français dans le présent numéro de Bifrost. Elle raconte l’histoire d’une enfant aux tendances schizophrènes, élevée au rang de déesse vivante au Népal. Du moins, jusqu’à sa puberté… Mais les artifices pour retarder l’horloge biologique sont repérés et l’enfant-déesse est répudiée. Elle va suivre une descente aux enfers, jusqu’à, peut-être, une forme de rédemption. L’un des meilleurs textes du recueil, avec « Vishnu at the cat circus ».
Ce dernier texte (novella qui occupe le dernier tiers de Cyberabad Days) s’intéresse à une caste tout juste évoquée dans Le Fleuve des dieux : les Brahmanes, ces humains génétiquement améliorés. Vishnu est l’un d’eux. Fleuron de sa génération, il est bientôt confronté aux perspectives d’une post-humanité.
Une thématique commune à tout le recueil est de prendre pour point de vue celui des enfants. Une démarche que poursuivra d’ailleurs Ian McDonald avec Planesrunner, destiné à un lectorat jeunesse. Ce qui ne veut pas dire que Cyberabad Days s’adresse à un tel public, bien au contraire. Plus accessible que Le Fleuve des dieux, ce recueil reste exigeant. Et de très haute tenue : le sommaire suit une progression logique, tant en termes de chronologie que de longueur et de qualité.
Livre-compagnon, Cyberabad Days peut former une excellente introduction au Fleuve des dieux à qui serait effrayé par l’épaisseur du roman, d’autant que sa lecture n’est pas forcément indispensable pour comprendre le recueil. Pour qui a lu Le Fleuve… et se sent d’attaque pour lire en VO les récits, ce recueil développe les thématiques du roman et en aborde de nouvelles, avec un accent particulier porté sur l’humain. Un ouvrage qui prouve une nouvelle fois que Ian McDonald excelle sur le format de la nouvelle et de la novella, et dont on attend avec impatience la traduction en français.