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e-Bélial' Nouvelles

e-Bélial', c'est aussi de nombreuses nouvelles disponibles à la pièce et à petits prix, toujours sans DRM !

Chaque mois, Le Bélial' vous propose une nouvelle gratuite à lire sur le blog Bifrost ou à télécharger. De nombreuses nouvelles sont également disponibles gratuitement en permanence, un bon moyen de tester nos livres numériques avant d'en acheter pour de bon.

Certaines nouvelles sont extraites de recueil, vous les reconnaîtrez au symbole .

Disponible   À paraître   Bientôt épuisé   En réimpression   Épuisé

Fantômes d'univers défunts

Anouk, Selim, Rebecca, Melinda et les autres… une bande d'amis, passionnés par l'astrophysique et la mécanique quantique, qui se retrouvent régulièrement pour discuter de la validité du modèle standard et les conséquences des fluctuations du vide. Rien que des sujets très anodins. Mais la vérité est, littéralement, ailleurs, du côté de ces fantômes d'univers défunts…

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La Bête du recommencement

S’il vous était offert la possibilité de tout recommencer, d’effacer les faux-pas, de repartir à zéro, que feriez-vous ? Et par quel moyen, si ce n’est avec cette créature mythique, de drôle de symbiote qu’est la Bête du Recommencement.

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Eclats lumineux du disque d'accrétion

« Quand une étoile se contracte, son champ gravitationnel augmente. Les rayons lumineux émis par l’étoile ont de plus en plus de mal à s’échapper. Lorsque l’étoile atteint le rayon critique de Shwarzschild, la lumière reste emprisonnée dans le puits qui s’est creusé. Parvenu en dessous de son rayon critique, l’astre cesse d’être visible. L’effondrement se poursuit sans obstacle jusqu’à ce que matière, lumière et géométrie soient infiniment écrasées au centre, dans une vraie singularité. Le trou noir est né. »

Dans un futur proche, autant dire demain… La société a décidé de prendre entièrement en charge les chômeurs, tous ces gens désœuvrés, et les héberge dorénavant dans la Cité, pendant qu'à côté, les honnêtes travailleurs vaquent à leurs honnêtes occupations. Mais, tandis que gronde la révolte, le jeune Cyril s'intéresse à la physique des trous noirs.

Quand la prospective sociale rencontre l’astrophysique…

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La Dernière mort d’Alexis Wiejack

Pour des raisons psychologiques, familiales, sociales, Alexis Wiejack s’est suicidé. Une fois de plus. Même si, dorénavant, le suicide est proscrit par la loi et toute personne ayant essayé d’attenter à ses jours sera condamnée à être ramenée à la vie, impitoyablement. Alexis Wiejack devra faire preuve d’ingéniosité pour quitter cette vallée de larmes qu’est le monde…

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En sa tour, Annabelle

« La matière joue à la marelle. »

« Perspective de sable engourdi ! Les variations des nuages aplatissent les demeures indiscrètes. »

Annabelle est folle. Annabelle dit n’importe quoi sans s’en rendre compte. Annabelle est atteinte d’une affection particulière, portant le nom de jargonaphasie…

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La Fin du Big Bang

Enfant, Damien pose des questions incongrues sur des choses qui n’ont jamais eu lieu, qui n’ont jamais été. Subordonné aux caprices de l’univers, le jeune garçon se rend compte que, régulièrement, le monde autour de lui a changé. Des fluctuations qui sont peut-être les ultimes échos du Big-Bang…

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La Créode

Il rugit. C’était le dernier jeu inventé par les jeunes Ouqdar. Peu d’entre eux arrivaient à reproduire toute la gamme des sons émis par leur animal fétiche. Damballah seul en maîtrisait toutes les modulations.

Il rugit et son cri se répercuta longtemps de miroir en miroir avant de se briser sur les parois rocheuses. L’acoustique était parfaite dans le cirque désert. Damballah aimait s’y installer dès l’aube. À cette heure, il pouvait chevaucher ses rêves sans risque d’être interrompu.

Damballah rugit encore une fois. Pour le plaisir C’était le cri du lion blessé et le jeune Ouqdar était presque trop convaincant. Les hurlements sont des soupapes qui permettent d’exhaler bien des souffrances…

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Hétéros et Thanatos

L’haleine lourde du village s’exhalait en effluves épicés. L’air bougeait à peine. Dans les embrasures des portails, le crépuscule entassait des ombres. L’homme blanc s’arrêta devant l’entrée d’une masure. La porte s’ouvrit, avala prestement le visiteur. La nuit s’appropriait la rue.

 

 

« Assieds-toi, Sélénite. »

Acceptant l’invite de la femme, Sélèn — dit le Sélénite — s’installa dans un fauteuil aux courbes raides, adoucies par des coussins de plume. En face de lui, son hôtesse, très droite, serrait ses mains contre son ventre pour les empêcher de trembler. Sur le lit dont la présence massive mangeait le quart de la pièce, le compagnon de la femme attendait, recroquevillé. Par moments, un spasme d’inquiétude bouleversait son visage taciturne.

L’homme blanc se contraignit à ne pas sourire.

Tôt ou tard, tous, ils venaient à lui malgré leur répugnance. Il n’est pas de peur qui ne soit vaincue par le désir et la curiosité. Bien sûr, la première fois, c’était très difficile. Mais Sélèn savait attendre.

 

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Qui sème le temps récolte la tempête

« Ordalie, Ordalie », appela la mer.La mer immense et belle et douce. « Viens », dit-elle encore. » Viens noyer le feu qui te dévore au creux de mes eaux vives. Serre ton corps, tes poings, tes yeux, tes lèvres, et viens t’abîmer en moi. »

 

 

La flèche du gnomon marin étendait une ombre gigantesque et troublée vers le flotteur Ultime-du-Ponant. Le cockpit cristallin accroché au sommet de la haute tour fuselée frémissait sous l’étreinte des vents. Au centre de l’habitacle, oscillant avec lui, Ordalie contemplait la mer incandescente, irradiée par le soleil couchant. Jamais encore elle n’était venue aussi tard. La nuit tomberait vite, maintenant. Les risques allaient en être considérablement accrus. Un frisson courut le long de son échine. L’ombre de la peur ? En prendre conscience l’aiguillonna. Elle assujettit plus étroitement le symbiote derrière son crâne, riva le masque à son visage et appuya sur la commande d’ouverture du cockpit. En vain.

 

TEMPÊTE IMMINENTE – SAUT FORMELLEMENT DÉCONSEILLÉ – CASCADE INCONTRÔLABLE – JE N’ASSUME PAS LES RISQUES – TEMPETE IMMINENTE – SAUT FORMELL…

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Le Nirvâna des accalmeurs

Ses pensées s’étiraient en volutes, tournaient paresseusement dans sa tête comme un fluide un peu trouble. Léni oscillait au bord du monde qu’il lui fallait atteindre jour après jour pour gagner son pain, mais il ne réussissait pas à basculer dans son imaginaire, son esprit refusait de se convertir au vide nécessaire et Léni restait en retrait, hanté par La Voix.

Plaisir, le service télématique complexe auquel Léni se trouvait connecté, décida d’intervenir. Son baryton serein emplit les écouteurs de l’habituelle psalmodie douce :

« Calme calme calme. Relaxe. Relâche tout. Vide ta tête. Lisse ton visage. Détends tes yeux, tes mâchoires. Ton corps est chaud. Tes membres sont lourds, lourds… »

Les consignes physiologiques ne suffirent pas et Plaisir ajouta : « Fais-le pour eux. Tu dois leur délacer ton univers. Ouvre-leur la tendre poche marsupiale de tes rêves. Laisse-les se blottir en toi. Permets-leur d’oublier leur misère, d’accéder au nirvâna des accalmeurs, ce paradis sans lequel leur vie ne serait qu’un enfer… Voilà… C’est bien… Tu flottes. Ton corps anesthésié a perdu ses limites. Tu n’es plus qu’esprit, mental, images, flux d’images… »

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Le Verbiage du Verbic

« Dieu de Dieu, dit l’enfant, tu ne crois tout de même pas que je vais voter pour ces ordures ? »

C’était dit d’une voix tranquille. Très, très définitive. La question était une réponse et une réponse négative. J’admirai Axel de garder son impassibilité.

« Écoute, ma choupinette, répondit-il — mais tout compte fait, son sourire était un peu crispé —, t’emballe pas et réfléchis un peu. Ces ordures, comme tu dis, c’est tout de même grâce à elles que tu te trouves au CEA, non ? Et si elles ne gagnent pas les élections, sais-tu que tu risques fort de te retrouver à la rue ?

– Parle pour toi, Axel. Tu sais très bien que dans trois mois, je suis vidée du centre. J’ai atteint la limite d’âge, pas vrai ? Stade Réinsertion Vie Sociale, alors tes marionnettes aux bouches sales et aux mots creux, tu peux te les mettre. J’en ai rien à foutre de voter.

– Mais, ma chérie…

– Ah, et puis cesse de m’appeler avec ces noms d’oiseaux ! Ma chérie par-ci, ma choupichose par-là, et puis quoi encore ? Je ne suis ni ta fille, ni ta femme, ni ta maîtresse, j’ai bientôt quatorze ans et un prénom : Myrtille. Il ne t’est pas interdit de t’en servir à l’occasion. »

 

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Il ne faut pas jouer avec les enfants

Dans la rue, les bâtisses ont des allures de concierges accroupies. Leurs faciès sont couturés de cicatrices et leurs bouches édentées exhalent des soupirs.

Tapies à croupetons dans des allures obscènes, loqueteuses, tavelées et soutenues de béquilles, elles cèlent dans une étreinte secrète un monde de cerveaux pourris à leur image.

 

 

Dans la rue, Marieke joue. L’enfance est reine et fait des plus pauvres lieux son royaume.

Dans la rue, Marieke joue.

Au-dessus de sa tête — qu’elle tient renversée en arrière, avançant en aveugle, un de ses jeux favoris —, le ciel en éruption écoule lentement sa lave.

Un bruit de pas. L’enfant redresse vivement la tête. Une grosse femme la croise en la dévisageant, l’air désapprobateur.

 

 

Marieke est jeune et belle. Treize ans. Encore enfant, déjà femme. Elle fait un pied de nez à la matrone, tire sur son pull trop court comme tout ce qu’elle possède — elle a beaucoup grandi ces derniers temps — et s’engouffre dans un nouveau jeu.

 

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Et après ?

« Omphale, ma douce femme aux cavernes profondes, comment les hommes t’ont-ils traitée pour que ton ventre demeure aussi stérile ? Pourquoi nos socs et nos semences n’arrivent-ils plus à féconder ton corps ? Qu’adviendra-t-il si se tarit le flux raréfié de tes eaux noires ?

« Omphale, femelle marâtre, tes lèvres avides nous dévorent, mais si tu cesses de remplir ton rôle de mère nourricière, la mort te prendra toi aussi, la mort blanche à l’affût sur la frontière, juste derrière la barrière d’oyats, la mort solaire, compagne du désert sans merci… »

 

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La Femme est l’avenir de l’homme

Elles ont ouvert ma boîte.

Les filles.

J’avais dit : on me réveillera le jour où la violence aura cessé de régir ce monde.

Quand je suis sortie de la phase cristalline, quand j’ai cessé de ressembler à une gourde engourdie (à mon âge, difficile de réapprendre à boire, à marcher, à pisser, à parler quasi une nouvelle langue), elles m’ont expliqué d’un air réjoui : le problème de la Terre, c’était les hommes. Nous l’avons résolu, il n’y a plus d’hommes.

Elles ont ajouté : tu es notre mère à toutes. La fondatrice de ce nouveau monde. Si tu n’avais pas trouvé les moyens de la parthénogenèse, la race humaine se serait éteinte, minuscule accident de l’évolution, arrivé au bout de son cul-de-sac.

Plus d’hommes.

Dans ma gorge, l’angoisse et le chagrin enflaient, douloureux, impossibles à déglutir. La parthénogenèse avait été conçue pour pallier le déficit des naissances de filles. On réserverait ainsi le clonage infiniment plus aléatoire et coûteux aux naissances de garçons, en attendant d’avoir résolu le problème de l’infertilité masculine, devenu critique dès le milieu du troisième millénaire.

J’avais été si sûre de moi dans les premiers moments de ma trouvaille. Si gonflée d’orgueil. Si persuadée d’être celle qui permettrait le sauvetage de l’humanité.

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La Journée de la guerre

« Non ! Je vous en supplie, pas elle ! »

Murmure. Il n’a plus de cris. Trop de douleur. Sa voix s’est cassée. Dans sa bouche, le goût du sang, âcre, rouillé.

Le grand sans oreilles se penche sur lui. C’est le pire : il affecte d’être gentil. Il secoue toujours la tête d’un air affligé quand ses acolytes torturent.

« Pas elle ? dit sa voix douce. D’accord. Mais tu nous dois des réponses. »

Idris s’agite dans ses liens. À quoi bon répéter pour la millième fois qu’il ne sait rien, qu’il ignore jusqu’au sens de leurs questions. Il répète, pourtant. De sa voix qui s’est cassée. Son chuchotement a la force d’un cri.

Peine perdue. Ils se sont mis à trois. Devant lui, ils la violent. Sa fille, sa Leïda, son bébé, la chair de sa chair. Onze ans à peine.

Il voudrait être aveugle. Il voudrait être sourd. Il voudrait être mort. Jamais avant ce jour il n’avait imaginé la mort comme une délivrance. La fin de ce qui n’est pas supportable. Est-il lâche de souhaiter le néant ?

 

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Pur esprit

A quoi se raccrocher, dans le néant ? Lourèn Aditi n’est que pleurs, elle essaie d’imaginer la sensation des larmes sur ses joues, le nœud des sanglots qui étrangle sa gorge, mais elle n’a plus de joues ni de gorge.

Il lui semble entendre sa voix gémir : « Dieux de miséricorde, réveillez-moi de ce cauchemar. »

Sa voix, à l’intérieur d’elle-même.

Mais elle sait bien qu’il n’y a plus ni intérieur ni extérieur, qu’elle est désormais sans cris, qu’elle ne pourra pas appeler au secours, ni marteler la porte d’une prison matérielle, ni tambouriner jusqu’à l’arrivée d’un geôlier excédé.

Il m’a mise en réserve, se dit-elle, terrifiée. Il n’a tué que mon corps. Je suis sûre qu’il se sent à peine coupable. Qu’est-ce qu’un corps, sinon un amas de chairs reproductibles à l’infini ?

Peut-on survivre réduit à sa mémoire ? se demande Lourèn Aditi qui corrige aussitôt : ce n’est pas ma mémoire, non. Juste une copie. Kish Nergal, tu m’as bien assassinée, corps et âme. As-tu conscience d’être un meurtrier ?

Oui. Oh ! oui. « Ne m’oblige pas à te tuer », n’est-ce pas ce que tu disais ?

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Avatar

Je la regarde. Elle est mon temple, et ma source, et l’autel de mon sacrifice. Je la regarde et mon ventre se tord et me brûle. J’ignorais avant de la trouver que l’amour c’était aussi la douleur.

Elle dort, mais jusque dans le sommeil elle ne connaît pas le repos. Ses membres ont le mouvement lent d’un grand poisson des profondeurs dans le sombre océan de nos draps bleu de Chine.

Elle est si blanche. Je tremble à l’idée de la perdre. Je rêve souvent que son corps tombe en cendres entre mes doigts. Elle boit mon cri sur ma bouche et me berce. Je suis forte, me dit-elle. J’ai survécu. Et maintenant, tu es là : rien ne peut plus m’arriver.

Elle dit cela, et ses yeux sont froids et solides, et je détourne mon regard. Je voudrais la croire. Natassia, ma survivante. Natassia, au nom d’emprunt choisi pour les faux papiers qui ont sauvegardé sa fuite. Natassia qui assure : je n’ai plus de nom. Ma vieille identité est restée là-bas, au Kazakhstan, avec mon sang et mes larmes.

Je regarde courir sur sa peau les serpents de nacre des cicatrices et je pleure, honteux de mon insistance, de ma volonté de tout savoir d’elle, jusqu’aux sévices passés. Je voudrais connaître l’identité de ses bourreaux, les traquer, puis les marquer un à un, comme ils ont marqué tant de petites filles, en promenant longtemps sur elles un fer rougi au feu.

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La Déesse noire et le diable blond

[Tu m’as tué.]

Les mots crépitent, s’estompent, reviennent, leitmotive obsédant.

[Tu m’as tué.]

 

Va-t’en, sale rêve ! Dégage ! Je dors ! Je dors ! Je dors ?

Ses bras, ses jambes, serrés, groupés. Position du fœtus. Autour d’elle, la douceur des draps entortillés. Tirer un pan de leur cocon jusqu’au crâne. Réfugiée. Protégée.

 

[Tu m’as tué.]

Ses mains se plaquent à ses oreilles. Impuissantes. La phrase accusatrice revient et cette fois se poursuit.

[Tu m’as tué, Andria Diou Del Logo. Sors de ce sommeil insupportable ! J’ai soif de tes sens. Je veux ta vie.]

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Hydra

Hellas touche ses yeux, incrédule, terrifié de les trouver aussi secs que le corps de Lyse. Penché sur sa femme, il la fixe de ses yeux secs jusqu’à ce qu’ils le brûlent. Il voudrait pleurer, pleurer encore, arroser de ses larmes les seins, les épaules, le visage flétris de son amour perdu, mais il demeure immobile, courbé comme une pietà de plâtre, stérile, tari.

J’ai peur.

Le goût du sang vient sur sa langue et il s’aperçoit que ses dents ont scellé ses lèvres. Il n’a plus de bouche. Il ne veut plus avoir de bouche. Il doit réfréner les cris qui montent en lui. Il les mord avant qu’ils ne sortent.

Tais-toi, tais-toi, ou tu embrasseras la révolte et l’horrible folie te prendra, comme elle a déjà pris tes amis.

Il est vain de menacer le dieu impie qui vole toute l’eau de leurs femmes.

Dieu d’eau. Qui donne la vie, la mort et la folie.

Lyse, ne me laisse pas seul sur la rive, seul devant l’Autre, tout seul à décider de vivre ou de mourir.

Il soulève le corps dont il a tant aimé la souplesse et qui n’est plus que brindilles cassantes. Les bras de Lyse se ferment sur sa taille, ses yeux engloutis le fixent, sa bouche craquelée s’ouvre et, au fond de la cavité obscure, il voit la langue de sa femme bouger tel un animal prisonnier.

Deux mots chuintent, forcés contre le palais asséché :

« Emmène-moi. »

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Cendres

Réfugiée dans ma case. Porte et volet fermés. Les ténèbres rabattues sur moi comme une chape protectrice. Je vous préviens, commandant, mon humeur est funèbre. Les hommes ! Votre rire résonne encore à mon oreille. » Vous avez peur de ces arriérées ? Elles ne s’apercevront de rien, je vous l’assure. »

Votre morgue n’a d’égale que votre infirmité à comprendre l’autre moitié de l’humanité ! Ces « arriérées » vous ont damé le pion, commandant. Il fallait réfléchir davantage à ce nom qu’elles ont donné à leur planète : « Cendres »… Vouer le passé aux flammes, ce n’est pas l’oublier.

Elles ont su tout de suite que le cristal greffé entre mes sourcils n’était pas un bijou scintillant. Vous serez sans doute déconfit d’apprendre qu’elles n’ont pas eu besoin d’exciser l’émetteur pour le neutraliser. Et guère plus heureux d’avoir trouvé ici matière à confirmer vos guerrières paroles : « Ça passe ou ça casse ! » Je vous ai détesté quand vous avez refusé de me fournir un autre système de com, mais elles l’auraient détecté : elles m’ont scanné entièrement. Elles ont extirpé l’enregistreur implanté dans mon bridge, et m’ont dit aussitôt, désinvoltes : « C’est l’affaire d’une heure, simple curiosité. Ensuite, on te le rend, puisqu’il ne permet pas d’émission à distance. » Je regrette que vous ayez manqué ce spectacle d’un ennemi à qui on a par négligence abandonné des armes et qui s’en réjouit. Je vous avais prévenu : si nous acceptons leurs consignes, pas d’infraction. Vous ne m’avez pas écoutée.

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Arthro

Quand je me réveille, j’ai mal, et je trouve un goût de rouille à ma bouche. Je porte une main tremblante à mes lèvres, touche à la source de la douleur, la trouve chaude, poisseuse, palpitante. Je regarde mes doigts, rouges de sang. Mes oreilles résonnent. Juste avant que je sois arrachée aux bras de Niki, il y a eu ce bruit géant de papier qu’on froisse et qu’on déchire…

Nikola ?

Je me soulève sur un coude et le découvre, affalé dans un angle de la cabine. Il a les yeux ouverts. Sa tête forme un angle impossible avec son cou. Silence. Cette brutale absence de bruit est plus atroce que le son qui s’accrochait encore à mes oreilles. C’est une colle épaisse où je m’enlise. Mon cri de déni m’en délivre.

Pas Niki ! Pas lui !

Je rampe jusqu’à mon ami, tire son corps à la tiédeur trompeuse, son corps trop mou, privé de souffle, son corps déserté. Sur mes lèvres, le sel de mes larmes dilue l’âcreté de mon sang.

Hébétée, je reste de longs instants penchée sur Nikola avant d’entendre des appels inquiets, au loin, dans la coursive. La cloison m’offre un appui providentiel pour me lever. Toute entière concentrée sur la source des voix, sûre de trouver bientôt auprès d’elle un réconfort, je refuse de m’interroger sur l’inclinaison des murs. Par chance, la porte n’est pas bloquée. Je hasarde quelques pas qui chancellent, Maritza me cueille d’une main ferme.

« Zoé ! Merci mon Dieu, tu es vivante !

– Niki… Nikola… »

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Imago

Prisonnier. Comme jamais. Son esprit enfermé dans son corps, et ce corps dans le noir. Ses yeux sont-ils ouverts ? Ses tentatives pour cligner des paupières ont échoué. Il a essayé de bouger ses bras, ses jambes, s’est aperçu qu’il ne lui en venait rien de plus qu’une sensation de membres fantômes… Ont-ils osé l’amputer ? La terreur l’engloutit, brutale, aveugle. Il voudrait hurler mais sa gorge rétive n’émet que des sons étouffés, indistincts. Seul son odorat est intact, qui lui livre une odeur animale, suffocante. Son corps ? Ces relents douceâtres s’exhalent-ils réellement de sa chair ?

Bloque ta respiration. Tu es paralysé. Si tu vomis, tu vas t’étouffer.

Il ne vomit pas. Reprend son souffle. Au moins, il respire, il ne mourra pas tout de suite. Qu’ont-ils inventé pour le torturer ?

Réfléchis. Tu as toujours su ce qu’ils te préparaient. En t’évadant. Jusque dans le coma, ton esprit savait aller chercher de quoi préparer tes ripostes.

Pas d’évasion, cette fois. Pourtant son corps est en éveil. Et si déplaisantes soient-elles, des sensations en proviennent. Il s’est trompé. Il n’est pas paralysé. Sa carcasse est capable de reptation. Assez pour qu’il éprouve à nouveau l’envie de hurler. Il est enfermé dans une sorte de sarcophage. Il lui suffit de se tortiller pour en éprouver les limites. Il hoquette, la gorge sèche, sûr qu’il commence à manquer d’air.

« La peur est meurtrière, chantonne en lui la voix de Maître Tengri. La peur est meurtrière. Quelle est la réponse à la peur, Victor Itzamma ?

– Contrôle et projection.

– Ne l’oublie pas. »

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Alien bise

La planète luisait tel un saphir enchâssé dans la nuit. Massés devant le grand écran de la salle de contrôle, nous la regardions approcher.

« On dirait la petite sœur de Terra ! » s’est exclamé John Chamberlain d’une voix un peu rauque.

Nous avons tous hoché la tête. Notre pilote en second est une masse de muscles encline au romantisme ; pour une fois, son appréciation ne nous semblait en rien exagérée. La nostalgie nous serrait la gorge. Les années-lumière qui nous séparaient de notre système d’origine s’étaient abolies. Nous avions l’impression de rentrer chez nous.

Plus près, le globe azuréen s’est marqueté de bruns, de verts, de panaches immaculés. L’espace d’un instant, il a pris l’apparence d’une sphère-cocktail de Globe-trotter. À ce moment, j’aurais pu tendre la main pour le saisir et le gober.

Alors, sentir sa délicieuse explosion rafraîchir et picoter mes papilles, l’ivresse de la stimulation sensorielle s’emparer de moi, le flux et reflux des images, l’assaut des sensations surprises…

La planète a grossi dans l’écran de contrôle. Elle m’échappait. Quelque chose s’est crispé dans mon ventre comme je découvrais le dessin étranger de ses côtes.

Fermer les yeux, tenter de retenir l’image fallacieuse du monde originel. Trop tard. L’illusion s’est enfuie.

Dieynaba Diop a tourné vers nous son visage d’ébène aux traits de médaille précieuse. Pour être un as de la programmation, notre belle Africaine n’en est pas moins férue de culture antique. Elle a battu des cils avec ce naturel qui tour à tour m’agace et me ravit, puis elle a dit dans un souffle :

« Gaïa… Appelons-la Gaïa. »

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La Fiancée du roi

« Vous allez mourir, professeur Vargas. »

Voix neutre. Pas un regard au-dessus des lunettes étroites dont on disait au labo qu’elles étaient un truc pour se vieillir, pour se donner une apparence de sérieux. Rhadamante Eléazar affectait de lire les papiers sortis de son imprimante. Belle et froide « comme un rêve de pierre ». Mes collègues, qu’exaspéraient ses airs distants, la surnommaient Rad ou Nada. Moi, je jouais en secret avec la deuxième partie de son prénom impossible : trouverais-je en elle l’amante ou la mante ? Même à cet instant, Rhadamante me fascinait.

Je secouai la tête. J’allais mourir ? Elle allait me déchiqueter de ses pattes griffues ? Je plongeai dans ses yeux d’ombre. J’éprouvais une sensation de vertige. Je m’entendis répondre :

« Nous mourrons tous un jour, docteur Eléazar. Le plus tard possible. Et vous le savez bien, je suis en pleine forme. »

Je la dévisageais trop ardemment pour manquer l’éclair de compassion qui traversa ses yeux. Mon corps se glaça. Le sang battait à mes oreilles.

« Vous allez mourir, professeur Vargas. Pas dans cent ans. Dans six mois, neuf au plus. Tumeur cérébrale massive. Inopérable. C’est la cause de vos céphalées et de vos vertiges. »

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Hurlegriffe

Hurlegriffe ! Ils m’appellent Hurlegriffe ! Les hommes. Ces créatures à l’odeur blanche, au bruit blanc et dur.

Annsyphar, ma planète, ma douce, ma clémente Annsyphar, ils ont violé ton sol, profané tes fluides ; et moi, moi qui me ranimais à ta source, leur coquille de métal hurlant a failli m’écraser. Mes petits s’étaient déjà enfoncés dans la vase ; ils termineraient leur croissance à l’abri. Moi, j’étais sans défenses, sans prises sur l’espace ni le temps. Un corps dépeuplé de lui-même, dépouillé de son énergie.

Je n’étais pas inquiet. Même les Tors, nos prédateurs les plus cruels, observent une trêve au moment de notre parturition. Ils attendent un cycle. Lorsque les trois Dar-di-Ann ont fini de se pourchasser dans notre ciel de nuit et que la lueur de Syphar les éclipse, les Tors attaquent. Avant, nous sommes des proies trop faciles.

Je ne maîtrisais plus l’espace ni le temps. Je n’ai pas pu leur échapper. Des créatures aussi chétives ! Me capturer ainsi. Et pourquoi, puisqu’elles ne voulaient pas me manger ?

 

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