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e-Bélial' Nouvelles

e-Bélial', c'est aussi de nombreuses nouvelles disponibles à la pièce et à petits prix, toujours sans DRM !

Chaque mois, Le Bélial' vous propose une nouvelle gratuite à lire sur le blog Bifrost ou à télécharger. De nombreuses nouvelles sont également disponibles gratuitement en permanence, un bon moyen de tester nos livres numériques avant d'en acheter pour de bon.

Certaines nouvelles sont extraites de recueil, vous les reconnaîtrez au symbole .

Disponible   À paraître   Bientôt épuisé   En réimpression   Épuisé

À Mélodie pour toujours

Meurtrier, son châtiment sera des plus pervers. On l’a enfermé dans une matrice virtuelle, où il revit toutes les périodes les plus noires de l’Histoire, jusqu’à atteindre Mars, où il retrouve Mélodie. Mélodie Everett-Da Silva, la belle qu’il aurait voulu oublier et qui sera sa malédiction. Un hommage à Serge Gainsbourg.

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Sous le portail de l’ange

Le jour, Lawrence Tidgat est reporter pour le quotidien Vanguardia, l’équivalent barcelonais du Daily Planet. Mais Lawrence ne porte pas de costume bleu frappé d’un grand S. La nuit, il est un exo-botaniste, mercenaire au service des Gitans, ces nouveaux explorateurs de l’espace. Formé par ces sultans des étoiles sur le Monde-Manège, il accomplit pour eux les missions les plus périlleuses aux tréfonds de l’Univers…

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Sigmaringen

Après la Guerre Crèvecœur, il a été exilé. Le voilà prisonnier sur une planète lointaine, avec pour seule compagnie un robot protéiforme, geôlier répondant au doux nom de Gardienne. Il ne rêve plus que d’une chose : revenir sur Terre. Pour y être jugé.

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Dans le ressac électromagnétique

La Galaxie se meurt de sa belle mort, ses étoiles s’éteignent les unes après les autres. À l’âge de douze ans, la jeune Kilème est choisie par les hommes pour devenir Navigatrice. À bord de son immense vaisseau, l’Argorande, chargé de semences, elle se prépare à un interminable voyage — un périple de millions d’années-lumière qui l’amènera vers des lieux plus cléments, où la vie existe peut-être encore.

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The Fullerton Incident

« Le « héros », qui n’est autre que… Michel Demuth (on le sait de par les indices  semés de page en page) revient après sa mort, à l’état de fantôme donc, hanter  son ex-femme. Il se retourne sur son passé, refait avec elle le film de son existence avant de se retirer, loin des siens, plus largement de l’humanité, et de se fondre dans une nature plus accueillante. » Richard Comballot.

The Fullerton Incident, dernier texte publié du vivant de l’auteur, est aussi son plus personnel.

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Extermination Highway

Thomas est en prison pour un crime raciste qu'il a bel et bien commis. À sa sortie, homme nouveau, il fait la connaissance d'une Amérindienne qui va lui montrer sa véritable nature. Car Thomas est aussi un loup, qui déambule dans les carcasses automobiles d'Extermination Highway. C’est là qu’il trouvera, peut-être, sa rédemption.

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Dirty Boulevard

Thomas est médecin urgentiste à Paris. Alors que la crise conjugale guette, il découvre le petit monde interlope des catacombes et de des carrières. Là, aux tréfonds de l’underground parisien, il rencontre la diabolique Maneki Neko, actrice porno et sorcière, grande spécialiste de la transgression.

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Punishment Park

Thomas est écrivain. Du moins, c'est ce que croit son entourage. En réalité, il s'agit d'un imposteur hanté par le fantôme de celle à qui il a tout volé, une certaine Eddie qui s'apprête à le guider jusqu'aux escaliers qui descendent vers l'enfer.

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Le Serpent à collerette

Au pays des Forêts Secrètes se trouvait jadis, en bord de mer, une petite ville austère et gaie nommée Gurmance. Les maisons, blanchies à la chaux, avaient des colombages de couleur, des fenêtres aux carreaux minuscules, des balcons fleuris de colchiques et des toits dont les tuiles vertes luisaient au soleil. Des ruelles pavées de galets serpentaient entre le vieux port, la place des kermesses, l’hôtel du bourgmestre et la chapelle des Trépassés. Et, dans les cent boutiques qui s’y égrenaient, on vendait de la céramique, du drap, des sarcloirs, du pain bis, des ex-voto, des tranches d’espadon et des poupées de cire.

L’une de ces maisons avait été baptisée la Chaumière Bleue, car, bien qu’arborant des poutres d’un bel azur, elle était couverte non de tuiles mais de chaume. Un marin pêcheur, Renaud des Îles, y vivait avec sa famille. Ses ancêtres, venus des archipels de la mer des Glaces, s’étaient installés à Gurmance un siècle plus tôt. Avec sa barbe blonde et son teint brûlé par le soleil, c’était un homme de cœur, qui affrontait les épreuves de la vie avec un sourire inaltérable. Tout le monde, en ville, savait qu’il était bon époux, bon père, et que pour soutenir un ami en péril, il n’eût pas hésité à défier jusqu’au dragon des Sept Gouffres.

Sa femme s’appelait Annelore. Aussi brune qu’il était blond, gracieuse à ravir, elle passait, selon la loi des femmes de pêcheur, de longues journées à l’attendre, tandis qu’il traquait en mer le congre d’argent et le saumon d’or. Pendant ce temps, pour ne pas penser aux récifs ni aux tempêtes, elle laissait ses doigts courir, inlassables, sur son métier de dentellière. Et, qu’on lui commandât napperons, bonnets, mouchoirs ou tabliers, elle les ornait de motifs si admirables qu’on repartait de chez elle ébloui, en répétant à la ronde qu’elle était la plus habile brodeuse du canton.

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Mérélune

La mer est bonne sorcière. Elle perd l’homme qui la sert.

À Raïmo le pêcheur, elle donne des congres, des baudroies, des langoustes. Du fil à retordre, surtout. À longueur de journée — la nuit aussi, parfois —, il trime sur son bateau, tire sur ses filets, joue de la voile et de la rame, défie eau, sel et vent, durcit ses muscles en un corps à corps qui n’en finit pas. Elle, en échange du poisson qu’elle lui accorde, lui prend sa jeunesse, mois par mois, sans qu’il s’en aperçoive, sinon quand il rentre chez lui, le soir, dans sa maison aux pierres couvertes de lichen.

Sa jeunesse… Il va sur ses quarante ans, bientôt. Boiteux de naissance, il n’a pas trouvé les mots pour dire aux filles du pays que, faute de savoir danser, il avait le pied marin et de l’endurance pour deux. L’une après l’autre, elles en ont choisi de plus beaux. Alors, par les aubes claires de juin, il prie en secret Mérélune, la Dame du fond des eaux, de lui envoyer une femme?: une épouse qui l’aimerait, tiendrait son foyer, s’inquiéterait devant un ciel trop noir, se signerait les jours de tempête?; et, avec elle, un fils à qui il apprendrait à naviguer, à remonter les courants, à lancer un filet sur un banc de maquereaux…

Mais rien ne vient. Dans les grottes liquides des profondeurs, la Dame des légendes reste indifférente à sa supplique. Il sait bien, d’ailleurs, qu’il est dangereux de l’invoquer. Aux hommes qui lui déplaisent, ses doigts transparents lancent parfois des sorts. De ceux dont on ne parle qu’à voix basse…

Des sortilèges de verre.

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La Nouvelle Alice

Un beau dimanche de juin, peu après son retour d’outre-miroir, Alice fut invitée chez son oncle Donatien-Alphonse, marquis de S., qui venait d’acquérir dans le Cheshire un manoir entouré de sulfureux ombrages. Sous les dorures de la salle à manger, entre des tapisseries figurant les ébats des satyres et des nymphes, un délicieux repas lui fut servi : une terrine de lapereau Attila, un agneau tendre comme une fossette de bébé, un apple-pie Messaline nappé d’un coulis si parfumé qu’elle en reprit trois fois. Presque aussitôt, pourtant, elle sentit que la tête lui tournait et demanda que l’on ouvrît un peu la fenêtre.

« Le déjeuner est fini, observa son oncle. Jusqu’à l’heure du thé, tu peux t’amuser à ta guise… Moi, je vais m’accorder une petite sieste. »

Là-dessus, il gravit l’escalier de marbre qui menait à sa chambre, suivi par un robuste garde-chasse et deux servantes d’une figure exquise.

« C’est singulier ! songea Alice. Pourquoi lui faut-il tant de monde pour une simple sieste ? »

À vrai dire, elle était un peu déçue de se voir ainsi abandonnée. Mais, en petite fille bien élevée, elle garda ses réflexions pour elle. Puis, ayant cherché un instant comment égayer son après-midi, elle se prit à frapper joyeusement dans ses mains.

 

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Peinture de nuit

Au-dehors, la nuit gronde. Les cieux se délitent. La pluie tombe avec une obstination mauvaise, changeant les rues en bourbiers, grêlant la surface des canaux, pénétrant fenêtres et toits. Dans les bas quartiers, de rares passants cahotent entre les flaques. Çà et là, un néon clignote, puis s’éteint. Mais personne ne lui accorde un regret : on fuit la tourmente, on se terre dans les maisons. L’ombre et l’orage pèsent depuis si longtemps qu’il semble que le soleil ne se lèvera jamais. Plus d’aurore. Plus de jour. Des ténèbres striées d’eau jusqu’à la fin des temps…

 

« Et le bleu du ciel, alors ? » s’enquiert le berger Tircis, adossé à une souche, les jambes croisées dans l’herbe fraîchement peinte. « J’aimerais bien le voir, tout de même ! Quand vas-tu t’y attaquer ? »

Ses cheveux gris en bataille, Albrecht ne répond pas. Du bout du pinceau, il achève de fignoler une pâquerette, histoire d’éclairer un peu le tableau. Puis il se recule et considère son œuvre. Ah, retrouver la grâce des pastorales d’antan… La pièce est extrêmement sombre, et les journaux qui colmatent la lucarne n’arrangent rien. D’ailleurs, quelle lumière attendre de l’extérieur ? L’averse a eu raison du réverbère du coin. Quant à la lueur des éclairs, elle détruit tout ce qu’elle touche.

Ma chandelle est morne,

Je ne vaux pas mieux.

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La Gantière et l’équarisseur

Au début des années 1900 se trouvait dans le vieux Chaumont, à quelques rues de la basilique Saint Jean-Baptiste, une boutique de frivolités, Au Fil des Jours, tenue par une certaine Mme Margaux. Celle-ci, la cinquantaine phtisique, toujours vêtue de mauve, passait pour un peu sorcière. Toutefois, entre les foulards et les gants, les guipures et les éventails, elle vendait de si belles choses que les dames de la bonne société saisissaient le moindre prétexte pour franchir le pas de sa porte.

Son unique employée était une jeune fille de vingt-deux ans, Cyprène Tilleul : aînée d’une famille de treize enfants, dont un idiot, elle avait dû travailler très tôt dans une de ces ganteries qui faisaient la renommée de la ville. Jusqu’au jour où Mme Margaux, ayant remarqué son courage, son joli minois et ses talents de cousette, lui ouvrit sa boutique où elle ne tarda point à la traiter comme sa fille.

Dans le tourbillon des rues marchandes, la gantière, svelte et gracieuse, très brune, les yeux vifs, aurait facilement pu trouver un époux. Bottiers et ébénistes ne demandaient qu’à lui conter fleurette. Mais ses frères et sœurs coûtant cher à nourrir, elle songeait plus à l’ouvrage qu’à la bagatelle. Le seul qui aurait pu lui plaire, d’ailleurs, un robuste gaillard nommé Roger Brisecorps, avait une réputation redoutable : à vingt-huit ans, il écumait les bistrots avec une bande de vauriens ; on le disait mêlé à plus d’un mauvais coup ; et, lorsqu’elle le rencontrait, il avait beau lui décocher un regard bleu roi, il ne daignait pas lui adresser la parole : que la cause en fût l’arrogance ou la boisson, elle se hâtait de passer son chemin.

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Rire de verre

Mille huit cent soixante-cinq fut une de ces années bénies où, si l’on en croit les livres d’Histoire, il ne se produisit rien de notable : ni guerre, ni révolution, ni assassinat de tête couronnée, ni incendie ravageant la capitale — rien. Le Second Empire se contentait de briller de tous ses ors. Et, pour que les Parisiens se croient promis à un bonheur sans fin, l’été, lumineux, embaumait la cannelle et le mimosa.

Simon Piérac, trente ans, joli garçon, vivait dans une mansarde assez spacieuse pour qu’il s’y sentît à l’aise, et suffisamment isolée pour que nul ne s’interrogeât sur ses habitudes. Au milieu d’un mobilier sommaire, quoique de bon goût, le seul objet remarquable était une grosse malle aux bois arrondis, aux cuivres luisants, où il rangeait ses trésors avec méthode.

Acteur manqué, le physique ne compensant pas toujours l’absence de relations, il travaillait comme accessoiriste au théâtre des Privilèges sous les ordres de la redoutable Mme Olympe, costumière en chef : une matrone à la voix de stentor et à l’imposante coiffure queue-de-vache. Face à elle, il s’astreignait à se montrer efficace, docile et surtout respectueux. Ce qui n’empêchait pas l’autre de le rabrouer à tout propos. L’hiver précédent, pourtant, clouée au lit par une forte bronchite, elle dut se résoudre à lui confier sa clef de la Réserve, à la condition expresse qu’il la lui rende dès son retour. Accueillant cette marque de confiance avec l’humilité requise, il s’en montra digne en tout point. À ceci près que s’il restitua bien la clef, il prit soin d’en garder un double, fabriqué à la hâte par un serrurier complaisant.

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Peter Paon et la fée Crochette

Peter Paon et la fée Crochette sont tous deux nés d’une coquille : non point un riche coquillage entouré de tritons et de néréides comme la Vénus de Botticelli, mais plus modestement une coquille d’imprimerie qui, pour minime qu’elle fut, n’en eut pas moins des conséquences désastreuses.

On était en 1925. Un petit éditeur de Rocambourg-sur-Loir s’apprêtait à publier une traduction — officieuse — du Peter Pan de J. M. Barrie. Il en confia le manuscrit à Léon Grimaz, imprimeur de la région, qui, peu stimulé par ce texte pour enfants, chargea son apprenti d’en réaliser la typographie. Celui-ci, un frais jeune homme du nom de Nicaise Tourtelier, s’acquitta de sa tâche avec le plus grand soin. Quelques jours plus tard, rose d’émotion, il apporta à son patron le premier jeu d’épreuves.

Quand le placide Léon Grimaz les eut examinées, il entra dans une colère épouvantable.

La première erreur, déjà fâcheuse, portait sur le titre : le nom du héros était orthographié, non Peter Pan, mais Peter Paon. Quant à la deuxième, elle passait les bornes : tout au long du texte, la charmante fée Clochette se voyait affligée du pire des sobriquets.

« Elle ne s’appelle pas Crochette ! hurla-t-il au pauvre Nicaise, terrifié. Mais Clochette : comme une cloche… Cloche que tu es !…

— Faites excuse… Je… Il y avait… ce capitaine Crochet… J’ai cru que…

— Imbécile ! Même pas fichu de lire un bouquin pour les gosses. Et ça veut devenir imprimeur ! Répare-moi ce gâchis d’ici demain. Sinon… la porte ! »

 

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Le Cœur à trois temps

Au pays des Forêts Secrètes se trouvait jadis, au pied des montagnes, un bourg pieux et cossu du nom de Bilgors. Les maisons, bâties en sapin, étaient laquées de blanc, avec des balcons dentelés, des volets roses, bleus, mauves et des toits d’ardoise. Un gave, où nageaient des truites à ocelles et des barbeaux-chats, l’arrosait de ses eaux sauvages.

À cette époque, la coutume voulait que l’on associât au nom de chaque enfant celui d’un oiseau, qui en devenait alors le protecteur. Un petit garçon fut ainsi baptisé Jean-Courlis, en l’honneur du courlis cendré qui visitait parfois le jardin de ses parents. À vrai dire, son père eût préféré l’appeler Jean-Courage, histoire de lui inculquer d’héroïques vertus. La tradition ne le permettant pas, il dut se contenter de cette demi-mesure. Mais il ne le pardonna ni à la mère — une jolie brune du nom de Marie-Mouette — ni à l’enfant lui-même. Lorsque, six mois plus tard, il s’amouracha d’une danseuse de corde, il déclara qu’il refusait d’élever un mioche affublé d’un nom si ridicule. Là-dessus, adieu famille : il s’envola dans les jupons de la créature et on ne le revit jamais.

Marie-Mouette, aussi adroite que gracieuse, mania le fuseau sans relâche pour donner une enfance convenable à son fils. Celui-ci l’en récompensa en étant sage à l’école, en ne tombant jamais malade et — lorsqu’elle était triste — en lui chantant de vieilles romances. Voyant qu’il avait un don pour la musique, elle lui offrit un luth le matin de ses dix ans. De cela aussi elle fut récompensée, car il apprit très vite à en jouer — et avec un talent remarquable.

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Le Propagateur

Rien ne laissait présager, dans l’après-midi finissant d’un mois de juin ensoleillé, le drame qui devait conclure l’excursion du jeune couple amoureux de la nature. Florence Sabaune et Paul Muclaye avaient pratiqué l’ascension d’une des gorges du Caroux à partir de Colombières-sur-Orb, guetté les bouquetins en arpentant le plateau jusqu’au point de vue qui déployait à leurs pieds les charmes de la vallée en contrebas, et emprunté une autre gorge entre Saint Martin et Colombières pour rejoindre leur véhicule. Ils avaient marché d’un bon pas, s’étaient reposés dans des endroits permettant de profiter du paysage et se félicitaient du beau temps qui les avait accompagnés malgré l’annonce d’une météo maussade. C’était une balade des plus ordinaire, dépourvue du moindre désagrément, à l’exception d’une bonne et saine fatigue. Peut-être même celle-ci figurait-elle parmi les menus bonheurs de la journée, comme preuve du périple accompli, endolorissant juste ce qu’il fallait les muscles des jambes et du dos.

« Y’en a encore pour longtemps ? demanda Florence Sabaune en se grattant le bras.

— Pas vraiment. Après la rivière, on longe ce champ et on rejoint le sentier qui mène à la voiture. »

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Miroirs mutilés

Et je regarde au loin et vois

Une jeune fille de 17-18 ans tenant d’une main des fleurs

Et de l’autre une baguette d’encens

 

Grand-mère Chiaki égrenait les notes d’une vieille mélopée, le regard perdu dans les nuages. La chanson appartenait au folklore de la province d’Hokkaido et parlait d’un père mort au combat, sur la tombe duquel se rendait la jeune fille. Jadis les enfants la chantaient en jouant à temari. La contemplation du ciel à travers la fenêtre ne l’empêchait pas de jeter à intervalles réguliers des regards sur l’homme qui, à la table de la cuisine, coupait des légumes en dés avec une régularité de métronome. La précision avec laquelle il débitait des rondelles d’égale épaisseur fascinait et effrayait à la fois. Devant lui, le wok était branché, prêt à envelopper la préparation de bouillants nuages. Les paupières lourdes de Chiaki couvaient aussi des orages.

« Tes cheveux ne repoussent pas, Yasuro. Tu devrais couper le côté qu’il te reste. »

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L'Appel de la nébuleuse

La Nébuleuse, un ventre de soleils en gestation perdu dans l’immensité du vide.

Un vide plein, frissonnant d’énergie contenue, prête à amorcer, par une mystérieuse alchimie, les complexes processus de naissance de la matière.

Le nuage de gaz et de poussières déploie de riches promesses dans ses lentes invaginations. Le théâtre de son silencieux ballet brille de milliards d’yeux cyclopes rayonnant de fascination. Les soleils en arrière-plan éclairent la scène où la nébuleuse exécute sa danse sensuelle, projecteurs révélant sous la transparence des voiles vaporeux les formes fécondes de son si vaste corps.

Ses deux jambes longilignes, d’une longueur de trois quarts d’année-lumière, s’agitent au rythme du souffle stellaire qui émane de son centre. Son déhanchement millénaire présente à d’hypothétiques prétendants sa féminité stellaire.

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La Faim du monde

Cette nouvelle vous a été proposée gratuitement au téléchargement du 1er au 30 septembre 2010 !

 

Il fallait d’abord frapper le chien. Pour attendrir la viande ou au contraire saturer les tissus d’adrénaline, afin d’augmenter sa saveur. Sur ce point, les écoles divergeaient, mais toutes admettaient l’importance du rituel. Le premier assistant de Paul Veyne tira de sa cage l’animal à poil gris, couleur de hyène. Le meilleur choix. Contrairement à la vision simpliste des Occidentaux, n’importe quel chien ne pouvait convenir pour la préparation du Thit cho. A défaut d’un gris, on pouvait se rabattre sur un jaune tacheté de marron. Jamais un noir, réservé au traitement des maladies mentales, ce qui aujourd’hui aurait fait montre d’une impardonnable faute de goût. L’aide rôtisseur plaça le chiot sur son plan de travail et le frappa en répartissant uniformément les coups pour éviter les hématomes. La bête tenta de se dégager mais ses membres étaient entravés par un câble d’acier. Comme elle aboyait, Paul Veyne fit signe à un cuistot d’augmenter le volume de la chaîne. L’Art de la fugue interprété par Glenn Gould couvrit les hurlements. Le célèbre cuisinier Paul Veyne aimait travailler en musique.

« Diffusion dans quinze secondes. »

 

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Quirites

Le Superbe s’avachit sur son trône pendant que les licteurs, faisceaux à la ceinture et haches en main, canalisaient les entrants. Le spectacle de leur brutalité l’excitait. Il vida sa coupe avec un claquement de langue, ramena à lui les lourds pans de sa pourpre puis posa un regard sur les premiers plaignants. Deux Rom’, misérables et puants. Il grogna. Comment ces chiens osaient-ils quitter leur cloaque et venir réclamer justice ? L’Ancien les avait relégués aux tâches dépourvues de dignité. Parqués dans le Palatin, avec les déchets qu’ils étaient chargés de recycler. Tels des rats, ils y proliféraient. S’il n’avait tenu qu’à lui, ils auraient depuis longtemps fini dans le Foyer. Leur existence nuisait au lustre de la tyrannie. Mais l’Ancien lui avait appris la patience. D’ici deux ou trois générations, plus personne dans le Latium ne se souviendrait qu’ils étaient les rejetons du Premier Guide.

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Pour mon dernier anniversaire

Je me souviens de mon cinquième anniversaire, quand le monde a enfin appris ce qui était arrivé aux astronautes. Mon père n’en a pas cru un mot. Je lui ai dit qu’un jour on saurait la vérité, et qu’il pourrait la publier en pleine page. « Tu feras un excellent journaliste », s’est esclaffé Gunther Wolheim tandis que sa femme découpait le gâteau.

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Chimères

HD 82943c alias Artémis : une nouvelle colonie pour les humains à seulement 27 parsecs de la Terre. Un véritable éden, n’eût été une population autochtone de créatures féroces… Pour s’imposer, les humains ont créé les métas, des animaux issus de l’ingénierie génétique, chargés de les défendre contre cette faune hostile. Mais viendra le jour où les métas ne seront plus nécessaires…

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Cinépanorama

Matricule R1230 R53. Tu embarques à Toulon, direction l’Indochine. Un nouveau déplacement, simplement plus loin. Tu les accumules depuis la séparation d’Edith et Fabien, quand tu avais quatre ans. Famille d’accueil, à Fresnes près de la prison où Laval attend d’être exécuté, cela ne s’invente pas. Ils te reçoivent à la table du déjeuner. Tu trouves ta place tout au bout, loin de leur affection. Tu ne souhaites pas la partager. Viré de l’école, souvent, parce que tu as le coup de poing facile. Institut catholique pour t’enseigner la discipline. Tu ne l’acceptes pas puisqu’elle est hypocrite, rance comme la foi des dortoirs. Une faute et c’est le carton vert. Billet de consigne, privé de sortie. Buté comme une souche, tu en accumules un plein carnet, sans en avoir quelque chose à foutre puisque personne ne t’attend dehors. Dieu te trouve ou tu l’appelles, vous vous accommoderez de cet arrangement. Une affaire d’hommes. Bon en Maths, ce qui s’accorde avec ton amour de la précision. Médiocre en Histoire, tu attends d’écrire la tienne. Et tu chantes, dans la chorale. Voix d’ange, sans parler de ta bobine.

Une vraie gueule de cinéma.

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Le Monde, tous droits réservés

« Après avoir asservi la nature, nous avons modelé le réel. Nous en avons fait un spectacle. Cette fois, nous dominons toute la création puisque, qu'il soit provoqué ou non, nous avons le contrôle de l'évènement. »

Dans un futur proche, autant dire demain, où tout s’achète, où tout se vend, rien d’anormal à ce que l’information passe désormais sous copyright. Pour s’assurer l’exclusivité d’une information, le journaliste doit porter la main au portefeuille.

À l’heure du conflit entre l’open source et les tenants du copyright, un texte d’une rare pertinence…

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Membres à part entière

Quand le handicap devient la norme… Des suites d’une épidémie d’origine bactériologique provoquant des dégâts neurologiques, l’écrasante majorité de la population est clouée dans des fauteuils roulants, et honnis soient ceux qui se tiennent encore debout sur leurs deux jambes.

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Edgar Lomb, une rétrospective

Edgar Lomb a voyagé plus loin qu’aucun humain avant lui. Sans jamais quitter le siège capitonné au cœur d’un laboratoire, il a effectué les expéditions interstellaires les plus audacieuses, a rencontré la vie partout là où elle se trouvait. Jusqu’à rencontrer les Fanelles…

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L'Unique

Dans un futur proche, autant dire demain, le génie génétique a permis d'améliorer l'être humain. Votre ADN, parmi les mille disponibles, déterminera votre vie, votre métier, votre avenir. Quelle belle société : plus de chômage, ni de maladie ni de criminalité. Le seul crime désormais possible, c'est lorsque vos deux parents ont décidé, de la manière la plus naturelle qui soit, de vous donner la vie… à vous, un être unique.

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Les Déracinés

Humains auparavant, ils sont maintenant les dendroïdes, des créatures d’un genre tout particulier, quelque part entre le règne animal et le règne végétal, issues d’expériences conduites dans le secret des laboratoires. Désormais interdits de séjour sur la planète, les voilà retranchés dans un bunker assiégé par l’armée…

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Esprit d'équipe

Posséder une armée de clones pour se charger des besognes dont vous ne voulez pas vous acquitter, voilà qui est bien pratique. Mais nettement plus ennuyeux si vos clones décident de se rebeller. Mais tout d’abord, êtes-vous bien sûr et certain d'être le véritable original ?

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