Tout sauf un homme
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Co-écrit avec Isaac Asimov, Tout sauf un homme n'est certainement pas le chef-d'œuvre qu'on aurait pu légitimement espérer des deux maîtres. Reste que le roman traite d'une idée désormais classique en S-F, la conscience du robot, et qu'il sort tout droit de la tête de son inventeur. Tirée de la célèbre nouvelle d'Asimov « L'Homme bicentenaire », cette collaboration n'en est pas vraiment une, Silverberg ayant accepté de développer l'idée pour en faire un roman à part entière. Une habitude parfois fâcheuse qui conduit à des livres souvent poussifs et ennuyeux, là où la rapidité de la nouvelle faisait mouche. Mais si Tout sauf un homme est avant tout un Silverberg mineur, voire alimentaire, il n'en reste pas moins intéressant à plus d'un titre : thème classique de la S-F (voire cliché) et rencontre de deux mondes, celui d'un âge d'or finissant incarné par un Asimov vieux et malade à l'époque du livre, et celui d'une modernité largement émancipée qui prend quand même un certain plaisir à regarder derrière elle. Côté scénario, rien de bien surprenant, mais de l'efficace. NDR-113 est un robot serviteur comme il en existe tant dans cette société futuriste qui a remplacé la chair prolétaire par l'acier plus malléable. Sauf que ce robot fait de la sculpture et que ses dons sont extraordinaires. Sauf que ce robot est immédiatement baptisé Andrew par la petite fille du couple auquel il appartient. Sauf que ce robot est finalement plus humain que les humains, mais qu'il n'a pas d'existence propre selon la loi. On le voit, tous les ingrédients sont réunis pour traiter plusieurs questions fondamentales d'un seul coup. La différence, l'exclusion, le racisme, la bêtise, et… l'humanité. Histoire touchante, donc, simple et certes un peu lénifiante, mais plus profonde qu'il n'y paraît au premier abord. Car la petite fille grandit et voudrait qu'Andrew obtienne les mêmes droits que les êtres humains. Ce qui arrive forcément. Mais malgré toutes ces avancées sociologiques, Andrew reste fondamentalement un robot, un immortel et… tout sauf un homme. Evidemment classique dans sa forme comme dans son fond, Tout sauf un homme se révèle au final nettement plus triste que ne l'avaient sans doute prévu ses auteurs. On y assiste à l'agonie d'un monde finissant. Humanité, âge d'or, deux « histoires » parallèles réunies dans ce qui ressemble fort à un testament. Douce nostalgie, amertume et regrets, autant de sensations qui hantent le récit et approfondissent parfois ce qui aurait pu n'être qu'une innocente bluette, mais qui s'avère beaucoup plus intelligent qu'une simple « commande » rédigée par un grand professionnel de l'écriture.