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Traum

Il fallait s’y attendre. La commémoration du décès de Philip K. Dick donne lieu dans nos contrées à une vaste opération commerciale. En vrac, des ouvrages para-textuels plus ou moins inspirés, des rééditions augmentées, à la traduction révisée ou pas, et les ultimes inédits de l’auteur américain. Fort heureusement, on échappe encore à la publication de sa liste de courses, sans parler de son armoire à pharmacie…

On le sait, l’œuvre de Dick a marqué l’Hexagone. Elle fascine ou agace, encourageant les ratiocinations et le bruit blanc. Elle suscite toujours les vocations et a réussi le tour de force de rassembler les publics du mainstream et des littératures de genre, guère en phase l’un avec l’autre (euphémisme).

Deuxième titre paru aux éditions du Feu sacré, toute jeune maison lyonnaise, l’essai d’Aurélien Lemant a toutes les apparences de l’ouvrage arty et intello chic. De quoi faire trépigner les vieux crabes s’agitant encore dans les casiers du fandom. Petit livre de 107 pages à peine, Traum (laissons de côté le sous-titre un tantinet fumeux) annonce d’emblée la couleur. Démontrer que l’œuvre de Philip K. Dick imprègne littéralement notre réalité. Prouver que ses thèmes, son doute existentiel, pour ne pas dire sa folie, hantent le spectacle de notre quotidien, contaminant jusqu’aux sphères musicales, cinématographiques et littéraires. Bref, la culture de masse au sens large.

A l’instar de nombreux autres écrivains, Aurélien Lemant fait de Dick un voyant déchiffrant la trame des rêves multiples qui masque notre réalité. Un voyant se souvenant d’une autre vie présente, très différente, comme il le proclame à la convention de Reims.

Pour Lemant, pas de doute : Dick était un écrivain dont les idées singulièrement vivantes infectaient/affectaient un peu trop le réel. Il a ensemencé l’imaginaire, et même la réalité, avec ses thématiques et ses obsessions intimes, entrant en résonance avec des préoccupations universelles.

Cette perspective ouvre les portes à un vertige métaphysique : « Toutes les réalités sont des réalités altérées, les unes vis-à-vis des autres. La réalité est multiplexe, non objective et question de point de vue. » Pour valider son argumentation, Lemant sélectionne quelques références cinématographiques, en particulier Inception de Christopher Nolan, musicales (Les Beatles), picturales (Salvador Dali) et textuelles (Antonin Artaud). Il jette ainsi des passerelles, tisse des parallèles, donne forme à ses intuitions et pointe les coïncidences entre ces créations artistiques. Mais, en dehors du fait que l’on a parfois du mal à le suivre, on ne peut se débarrasser du sentiment tenace qu’il enfonce des portes ouvertes.

En outre, Traum ne traite pas vraiment de l’œuvre de Philip K. Dick. Tout au plus trouve-t-on une poignée d’allusions à certains titres de l’auteur américain, notamment une interprétation assez intéressante du roman Les Clans de la lune Alphane. Le livre comporte également peu d’éléments biographiques, se cantonnant plutôt à une sorte d’exercice de style, vaguement théâtral, où le fourmillement des pistes et des idées tient lieu de fil directeur.

En conséquence, on ressort de cette lecture avec une impression mitigée. C’est bordélique, inachevé et au final assez frustrant. En somme, pas vraiment un livre indispensable, surtout pour le prix proposé (10 euros !). Pas question de se laisser tondre la laine sur le dos du mouton électrique !

La Guerre des Salamandres

Sans doute moins connu dans nos contrées, même s’il apparaît comme un acteur incontournable de la scène littéraire tchèque des années 1920-1930, Karel Capek fait figure de précurseur dans le domaine de la proto-SF européenne. Un auteur au moins aussi important que H. G. Wells, Rosny Aîné, Mau-rice Renard, Jacques Spitz ou Régis Messac, et dont la postérité a retenu surtout la paternité du terme robot, dérivé du tchèque robota (corvée), apparu pour la première fois au théâtre dans la pièce R.U.R. (Rossum’s Universal Robots, 1920).

Paru en 1936, La Guerre des salamandres suit peu ou prou un schéma proche de celui de R.U.R., tant du point de vue stylistique que thématique, les robots étant remplacés ici par l’espèce intelligente des salamandres. Karel Capek y déploie le même point de vue satirique, teinté d’humour noir, prenant pour cible les gesticulations pathétiques de ses contemporains. Son propos gagne juste en ampleur, s’étendant au monde entier pour se focaliser sur la géopolitique du milieu des années 1930.

L’argument de départ a le mérite de la simplicité. Le capitaine d’un navire de commerce découvre sur une île isolée de l’archipel de la Sonde l’existence d’une espèce animale inconnue. Confinée dans une baie retirée, une bestiole grégaire prolifère dans l’indifférence générale, maudite par les autochtones et chassée par les requins. Comme cette créature semble douée de raison — elle construit des digues sous-marines, creuse le rivage pour s’y abriter et utilise les outils qu’on lui donne —, le capitaine voit rapidement le parti qu’il peut tirer d’elle, en particulier pour la collecte des perles. De fil en aiguille, sa petite entreprise devient une grosse société dont les associés monopolisent cette population amphibienne prolifique, taillable et corvéable à merci. Flairant la bonne affaire, le Salamander Syndicate s’empresse de louer les services de ses salamandres aux différentes nations, disséminant l’espèce sur toutes les côtes et provoquant un boom économique mondial. Converties en ouvriers et en soldats par des pays avides de puissance et de croissance, les salamandres s’adaptent à leurs nouvelles conditions de vie et apprennent beaucoup au contact des humains, surtout leur savoir pratique, technique et utilitaire. Et l’humanité ne pressent pas que le péril vient de la mer…

La Guerre des salamandres est un prétexte pour mettre en lumière les travers de l’Homme. Dans un registre n’étant pas sans évoquer celui du conte philosophique, Karel Capek se livre à un joyeux dynamitage de la civilisation humaine. En effet, bien peu de domaines échappent à sa plume ironique et un tantinet surannée — ce qui fait également son charme. Nationalisme mortifère des Etats, culte de la pureté et du surhomme nazi, tentation totalitaire du communisme, querelles stériles de la Science, goût pour le sensationnel de la presse, futilité de l’industrie cinématographie, opportunisme à court terme du capitalisme, dérives sectaires et artistiques, Capek brocarde tout ce petit monde avec une verve fort réjouissante.

La Guerre des salamandres appartient à la même génération que La Guerre des mouches de Jacques Spitz (réédité en 2009 dans l’omnibus Joyeuses apocalypses, chez Bragelonne) et Quinzinzinzili de Régis Messac (dernière édition chez l’Arbre vengeur, 2007). Même s’il achève son roman par une touche plus optimiste, pour ne pas dire moraliste, Karel Capek partage avec ces confrères un état d’esprit semblable, comme une douloureuse certitude : l’humanité s’achemine vers sa perte, ou du moins vers une conflagration mondiale apocalyptique. Une prémonition confirmée dans les faits par la Seconde Guerre mondiale…

Bref, on ne peut que conseiller la lecture de cet ouvrage patrimonial. Une œuvre salutaire, sincère et finalement encore très contemporaine dans son constat et les réflexions accablées qu’elle suscite.

Exodes

Les fins du monde sont rarement gaies. Avec Jean-Marc Ligny, elles s’avèrent paradoxalement belles, à l’image de l’illustration de couverture très graphique de Teraf, fait suffisamment rare chez l’Atalante pour qu’on le signale.

Le lecteur avide de questions environnementales et géopolitiques se souvient sans doute de AquaTM. Le roman anticipait les plus que probables conflits de l’eau, se contentant, comme toute bonne SF, de pousser l’extrapolation jusque dans ses ultimes retranchements. Avec Exodes, l’auteur français nous projette en Europe, quelque part entre la fin du XXIe et le début du XXIIe siècle. Une projection dont on a pu découvrir un aperçu avec la nouvelle « Le Porteur d’eau » au sommaire du n° 56 de Bifrost. A cette époque, l’emballement du réchauffement climatique a fini par faire passer les pires prévisions du GIEC pour une aimable bluette. Les mesurettes préconisées par le développement durable apparaissent désormais comme l’ultime blague d’une économie productiviste ne voulant surtout rien changer à sa manière de faire. Le dernier pied de nez d’une société de consommation ne désirant rien bouleverser dans sa façon de vivre. On suit ainsi les itinéraires de six groupes à travers une Europe en proie au chaos, au struggle for life et à la barbarie. Des trajectoires jalonnées d’épreuves, de moments de répit, parfois d’espoir, mais qui s’achèvent surtout sur une voie sans issue.

Mélanie, l’amie des animaux, cherchant à faire le bien autour d’elle pour en récolter les bienfaits. Fernando, jeune homme parti autant à l’aventure que pour fuir une mère dévote, persuadée que les anges descendront bientôt du ciel dans leurs OVNI pour sauver les élus de l’enfer terrestre où croupit l’humanité. Elle prendra la route à la suite de son fils pour répondre à des visions. Paula, prête à tout pour protéger ses deux enfants. Olaf et sa femme, couple des Lofoten à la recherche d’un refuge, loin de la folie des hommes. Pradesh Gorayan, chercheur en génétique condamné à trouver le secret de l’immortalité s’il souhaite continuer à vivre en toute quiétude dans l’enclave climatisée et surprotégée de Davos. Tous se démènent pour survivre dans un monde où dieux et maîtres imposent leur férule sur des existences précaires.

Le récit de ces destins nous dévoile un vieux continent arrivé en bout de course. Squelettes urbains hantés par les Mange-morts, spectres décharnés, humains déchus retournés à l’état de bêtes dévorant les cadavres. Terres incultes polluées par les effluents toxiques et les remontées d’eau salée. Ecosystème à l’agonie, déjà colonisé par les successeurs de l’homme : fourmis, scorpions, plantes mutantes, méduses gorgées d’acide, moustiques porteurs de maladies tropicales… Routes à la chaussée tavelée par le soleil parcourues par des véhicules bricolés à la Mad Max. Villages retranchés où prévaut la loi du chacun pour soi. Et la menace constante des Boutefeux, hordes anarchiques vouées à la destruction, à l’annihilation et à l’extermination, histoire de purger la Terre de l’humanité, ce virus qui la ronge jusqu’à l’os.

Dans ce monde, seules quelques enclaves brillent encore des derniers éclats de la civilisation. Des havres de paix et de science ? Plutôt des mouroirs pour une classe de nantis, fins de race avides de découvrir le secret de l’immortalité afin de perpétuer leur pouvoir le plus longtemps possible sans se soucier du futur.

Roman noir de l’avenir, la dystopie de Jean-Marc Ligny secoue les certitudes. Si le réchauffement climatique et l’effondrement sociétal en résultant constituent l’arrière-plan d’Exodes, l’homme apparaît comme le cœur du propos de l’auteur. A la fois lyrique, sarcastique et cruel, Ligny ne ménage pas ses effets pour rendre son roman d’une lucidité douloureuse. Il se focalise sur l’humain, le dépouillant de son vernis d’être civilisé. Au rencart la compassion, la solidarité et la générosité. Que reste-t-il ? Un animal dont l’unique souci semble être d’arracher un jour de vie supplémentaire, quitte à le prendre à autrui. On reste pétrifié par ce comportement, hélas très vraisemblable.

Après AquaTM, Jean-Marc Ligny signe à nouveau un roman coup de poing. De ceux parlant autant à la tête qu’aux tripes. Une lecture plus que recommandable, pour ne pas dire indispensable !

Les étoiles s'en balancent

Littérature moraliste autant qu’exutoire aux peurs du présent, le roman post-apocalyptique (post-nuke, chez les Anglo-saxons) déroule ses paysages de désolation propices aux éternels recommencements. Qu’il soit pessimiste ou optimiste, quand il ne sert pas simplement de prétexte à un questionnement métaphysique, le genre semble un formidable générateur de récits aventureux, comme en témoigne Les Etoiles s’en balancent.

Dans un futur que l’on pressent proche, l’Hexagone n’est plus que décombres parcourus par des bandes ensauvagées : les hors-murs. Seules quelques villes-Etats ont survécu, offrant un ordre illusoire dans un monde retourné en jachère. Tom Costa n’a pas connu le monde d’avant. Il a appris à se débrouiller seul, ne comptant que sur lui-même et quelques relations. Epaulé par son mentor Armand, un néo-hippie ayant su se rendre indispensable auprès de la clique qui gouverne la cité de Pontault, il survit dans ce merdier où prévaut la loi du plus fort ou du plus malin. Entre vols en solitaire aux commandes de son ULM bricolé et troc avec les chicaneurs, as de la récup’, il est parvenu à se construire une bulle pour y filer le parfait amour avec San, sa volcanique amante. Et tant pis si le monde court sur son erre, à la dérive, entre famine et misère. Ce n’est pas son problème… Mais, conformément à l’adage : les gens heureux n’ont pas d’histoire. Cette Histoire, avec une grande hache, qui justement va le menacer de son couperet. Un danger venu du Nord, irrésistible, contraignant les villes-Etats à s’armer. En auront-elles le temps ? Le temps de mettre en pratique une de ces citations latines que semble priser Armand : « Si vis pacem, para bellum. »

S’il est un reproche que l’on ne peut pas faire à Laurent Whale, c’est celui de ne pas inspirer immédiatement la sympathie. Les Etoiles s’en balancent est un roman généreux et chaleureux, même si son contexte n’incite pas à la joie et la gaieté. Sur fond de déroute économique et sociale, Whale nous dépeint un monde n’étant pas sans rappeler celui du film d’Alfonso Cuaron Les Fils de l’homme. Aucun cataclysme nucléaire, aucune catastrophe naturelle ou autre pandémie ne vient expliquer ici le désastre total. L’homme apparaît bien comme le seul responsable d’une fin du monde en forme d’effondrement inexorable et prévisible du modèle de développement capitaliste.

Dans ce cadre guère réjouissant, Laurent Whale brode un récit d’aventures, servi par une galerie d’archétypes, préférant les dialogues incisifs aux descriptions et l’action à l’introspection. Le tout saupoudré d’une bonne pincée d’anarchisme. C’est vif, enlevé, et on ne s’ennuie pas un instant. Tout au plus peut-on lui reprocher d’abuser du cliffhanger dans le dernier quart du récit et de tirer un peu trop sur la corde sensible de l’amourette de Tom Costa. Toutefois, tout ceci apparaît comme des vétilles face au plaisir quasi-séminal que l’on éprouve en lisant l’histoire.

D’une certaine manière, Les Etoiles s’en balancent ressuscite le meilleur de l’état d’esprit de la défunte collection « Anticipation » du Fleuve noir. Les éditions Critic ne s’y sont d’ailleurs pas trompées en rééditant le livre dans leur nouvelle collection « Trésors de la rivière blanche ».

Au final, le roman de Laurent Whale s’avère un divertissement populaire réussi, animé par un esprit de générosité communicatif. Et quoi que l’on en pense, cela fait du bien de temps en temps.

Le Retour des morts

En mars 2010, les éditions Télémaque publiaient Laisse-moi entrer, roman de John Ajvide Lindqvist (sorti en VO en 2004), quarantenaire suédois, prestidigitateur et comédien de stand-up de son état. Si notre homme signait là une histoire vampirique qui ne révolutionna pas le genre, ce premier roman, appelé à rencontrer un succès commercial important (en Suède d’abord, mais pas que), n’en reste pas moins un excellent exemple de la capacité à se régénérer de l’un des thèmes les plus rebattus des littératures fantastiques. Un livre dur et poignant, intimiste, qui connut deux adaptations cinématographiques : l’une, remarquable, sous le tire Morse, par Tomas Alfredson (film suédois de 2008) ; l’autre, plus dispensable et inutile — sans pour autant s’avérer scandaleuse — sous le titre éponyme au roman par le réalisateur Matt Reeves (film américain de 2010). Autant dire que notre ami John Ajvide Lindqvist abandonna bien vite ses activités de bateleur pour se consacrer à l’écriture…

Ainsi, après s’être attaqué aux vampires dans son premier livre, Lindqvist signe en 2005 le présent Retour des morts, roman qui, on l’aura compris, s’intéresse cette fois aux morts vivants (les « revivants », dans le récit), et arrive traduit chez nous sept ans après sa parution suédeoise.

A l’instar de Laisse-moi entrer, Le Retour des morts n’a rien d’un livre à grand spectacle nourri d’effets pyrotechniques rythmés, et le seul rapport qu’on pourrait ici faire avec le « pan Roméro » de la production zombiesque se limite au clin d’œil du titre français. De fait, très inscrit dans le tissu social du Stockholm moderne, Le Retour des morts tient davantage de la satire socioculturelle que de Walking Dead.

Stockholm, donc, août 2002. La canicule écrase le royaume suédois. La canicule, et une migraine tenace qui broie les méninges des habitants de la capitale, migraine qui culmine bientôt en un paroxysme de douleur intenable alors que tous les appareils électriques refusent systématiquement de s’éteindre, voire même de se laisser débrancher… Puis soudain tout s’arrête, céphalées et perturbations électriques. Le calme revient. La météo annonce l’arrivée d’un front pluvieux : retour à la normale. Sauf que — bien sûr — bientôt, les morts reviennent à la vie. Pas tous. Ceux des deux derniers mois. Soit deux mille individus environ circonscrits à Stockholm — le reste du pays, comme du monde, semble épargné par le phénomène sans qu’on sache pourquoi. Pas belliqueux pour deux sous, plutôt du genre légume recuit pour l’essentiel, ces deux mille individus n’en posent pas moins un sacré problème aux autorités, sans même parler des proches des « revivants »… Ainsi suivra-t-on la gestion des événements, gestion politique mais surtout humaine et affective, à travers le point de vue alterné de divers personnages et familles directement touchées par l’événement, le tout lardé d’articles de presses, de reportages, d’extraits de conversations « secret défense » des autorités…

Avant d’être un roman de genre, et dans la droite ligne de Laisse-moi entrer, Le Retour des morts est un roman tout court, un récit où l’élément fantastique, quoique moteur, s’avère surtout prétexte à disséquer les personnages et la société dans laquelle ils évoluent, le tout sans complaisance, mais avec une sensibilité extrême et une justesse non exempte de poésie — avec un accessit spécial au personnage de Flora, adolescente punkette particulièrement bien vue… Un livre doté d’une réelle dimension politique, en somme, empreint d’une grande justesse dans la préhension des rapports humains, d’où un sentiment d’empathie avec les personnages quasi immédiat. Un livre sur l’incommunicabilité, le rapport à l’autre et à la différence (là encore, à l’instar de Laisse-moi entrer), la perte, le manque. Un livre brillant de quelques pépites poétiques, on l’a dit, et emmaillés de vrais morceaux d’horreur. Mais un livre un peu long tout de même, voire ça et là presque chiant, oui, tant l’arc narratif peine à rester tendu tout du long une fois intégré que l’enjeu fantastique n’en est pas un (ou si peu), et se cantonne définitivement au rôle de moyen plutôt que de fin. Bref, un beau livre, mais un livre un tantinet bancal, trop long, qui échoue à pleinement revisiter un genre faute de s’y colleter réellement en continu.

Si Lindqvist avait frappé fort avec Laisse-moi entrer, son second roman confirme un vrai talent littéraire sans tout à fait l’asseoir. Gageons que le recueil et les autres romans qu’il a depuis publiés l’ont fait sans défaut, en espérant les voir un jour traduits par chez nous, tant il ne fait aucun doute que nous voici en présence d’un auteur remarqué car remarquable.

Serenitas

Les multinationales ont pris le pouvoir. Enfin, pas de manière officielle. Pas encore totalement. Mais progressivement, leur territoire s’est étendu. Certaines villes leur appartiennent. Des villes protégées, accueillantes, avec tous les services rêvés. Bien sûr, pour y vivre, il faut montrer patte blanche et posséder un compte en banque bien approvisionné. Mais après tout, quoi de plus normal ? Et tant pis si le reste de la population voit son espérance de vie diminuer ; l’insécurité augmenter dans des proportions inquiétantes. Tant pis si les journalistes des grands quotidiens doivent faire subir quelques entorses à la vérité pour conserver leur poste et le statut qui va avec : logement sûr, hôpital de qualité, sécurité assurée…

Fjord Keeling, journaliste au National, ne l’entend pas de cette oreille. Il a déjà perdu sa femme, moins regardante que lui, plus ambitieuse. Il risque à présent de perdre son travail. Parce qu’il ne supporte pas ce monde hypocrite, parce qu’il a du mal avec l’autorité et parce qu’il se trouve impliqué dans une affaire gigantesque. Une affaire dont il va rapidement devenir le centre. Au péril de sa vie.

Voilà un thriller intelligent et efficace. Philippe Nicholson maîtrise son sujet. En quelques lignes, il plonge son lecteur dans cette France trop proche de la nôtre pour ne pas mettre mal à l’aise. A travers la chute sans élastique et sans parachute de Fjord Keeling, il le conduit d’une surprise à une autre, d’un temps fort à un moment explosif. On quitte peu Paris, dont certains travers sont juste renforcés et qui semble bien familier. Il est aisé de s’y retrouver, sur les traces de son héros agréable à suivre. Car Fjord Keeling, qu’on découvre pas à pas, nous est d’emblée sympathique : sa révolte contre une société inégalitaire et trop dure, ses problèmes familiaux (un enfant perdu entre deux parents divorcés), ses doutes devant les événements, tout cela tend à lui donner une profondeur et une densité réelles. Les autres personnages, bien qu’un peu stéréotypés pour certains (l’épouse dure et arriviste, mais encore amoureuse par exemple), jouent leurs rôles. L’intrigue tient la route et les développements s’enchaînent sans coup férir. Le rythme, haletant, laisse tout de même quelques pauses pour respirer. Serenitas est un roman qui ne se lâche pas avant la dernière page. Pas le livre du siècle, certes, mais un roman diablement malin et d’une efficacité redoutable. A dévorer sans hésitation.

Princes de la pègre

Vous aimez les histoires de cape et d’épée ? Alexandre Dumas vous manque ? Jetez-vous sur Princes de la pègre de Douglas Hulick. Certes, l’histoire ne se déroule pas dans un monde réel. Elle n’a pas pour protagoniste des rois ou des hommes d’armes ayant réellement existé. Mais le rythme, l’enchaînement, la vivacité des aventures de Drothe font penser à ces romans vivifiants qui ont bercé l’enfance, la jeunesse ou la vieillesse de beaucoup de lecteurs. Car le titre français peut s’avérer trompeur : rien à voir ici avec Chicago, ou les bas-fonds d’une grande ville américaine en pleine Prohibition. Les quelques jours racontés dans ce livre ont pour décor Ildrecca, vaste cité tentaculaire divisée en cordons. L’empereur dirige l’Etat, les parrains locaux leurs quartiers. Et les conflits se règlent à l’épée (l’auteur en connaît d’ailleurs les subtilités) plutôt qu’à la mitraillette.

Le héros de ce premier volume d’une série en cours d’écriture est un « nez ». Un fouineur, en fait, capable d’écouter toutes les rumeurs de la ville et de renifler les problèmes, les tendances. Il peut ainsi prévenir son chef, un des parrains d’Ildrecca. Drothe est bien établi. Ses affaires roulent. Il est implanté dans son cordon et a l’oreille de son chef. Evidemment, tout cela ne va pas durer. A la recherche d’un livre qu’on lui avait promis, Drothe va se retrouver au centre d’un conflit aux prolongements inattendus. Sa petite routine quotidienne va céder au chaos ambiant. Et le sommeil de-viendra une denrée rare, un luxe difficile à s’offrir, sa vie se réduisant à l’état de variable d’ajustement. Seule sa finesse d’esprit et son habileté lui permettront de déjouer les pièges et d’espérer sauver son existence. Et aussi de découvrir les rouages secrets de cette ville qu’il croyait connaître.

Dès le premier chapitre, Douglas Hulick plante le décor, pose ses personnages, lance l’intrigue. On ne perd pas de temps, mais sans tomber dans le schématique ou le caricatural. Par petites touches, l’auteur peint une cité gigantesque : on respire ses odeurs, on entend ses bruits, les cris de ses habitants pleins de vie. Certains cordons nous deviennent familiers au long des pages. Mais cela ne suffit pas à un bon roman. Il faut des aventures, de quoi tenir en haleine le lecteur. Là encore, notre guide sait y faire. Richesse des rebondissements, personnages à double facette, retournements de situation. Cela n’empêche pas quelques facilités et on imagine assez aisément la fin de cette histoire. Mais pas ses tours et ses détours. Et il est bien agréable de se laisser entraîner dans les rues bouillonnantes d’Ildrecca, sur les pas de Drothe, guide involontaire et attachant. Alors ne perdez pas de temps, ceignez votre épée, prenez votre respiration et immergez-vous dans « Les Bas-fonds d’Ildrecca ».

Le Dernier des Francs

César est mort ! Assassiné ! Vous le saviez déjà ? Oui, mais ce que vous ignorez, c’est que, dans Le Dernier des Francs, il ne tombe pas, comme nous l’ont appris nos livres d’histoire, sous les coups de sénateurs effrayés de la place que prenait ce grand homme. Il ne meurt pas trahi par son fils adoptif, Brutus, en prononçant ces paroles célèbres : « Toi aussi, mon fils. » Non, César trépasse sous les coups d’un Gaulois, lors du siège d’Alésia, alors que celui qui allait devenir Vercingétorix (avec une majuscule) résistait encore. Brennus, par ce meurtre, a changé l’histoire. Notre histoire.

Et nous nous retrouvons huit siècles plus tard dans un univers bien différent de celui qu’enseignent les professeurs de latin à nos « chères têtes blondes ». L’empiré romain n’existe pas. Ou plutôt, si. Mais il est moins puissant, ayant dû partager le monde avec trois autres : les Celtes, bien sûr, les Parthes et les Huns. Un équilibre précaire est maintenu, malgré quelques escarmouches sans grande conséquence. Or, suite à des manœuvres de l’empereur de Rome, les Celtes et les Huns projettent de s’unir. C’est un mariage qui sera le garant de cette alliance. Pour les Romains, cette union ne peut avoir lieu.

C’est dans cette situation tendue qu’est plongé Lucius Antonius, un jeune Romain. Protégé par un sénateur puissant, il espère gravir les échelons du pouvoir malgré son handicap physique. Il n’est pas appelé Tubero (« le bossu ») pour rien. Et à Rome, en cette période, le physique joue un grand rôle. Aussi accepte-t-il sans hésiter longtemps la tâche qu’on lui confie : servir de couverture à une mission d’importance. Pour cela, il devra voyager jusqu’à Gergovie. Et y épouser une charmante jeune femme. Que demander de plus ? Hélas pour lui, rien ne va se dérouler comme prévu. Et ce périple de se transformer en cauchemar, aux conséquences autrement plus importantes que la simple petite vie de Lucius Antonius Tubero.

Michel Pagel est un habitué de l’histoire. Dans son cycle des « Immortels » (critique in Bifrost 46), il nous a entraîné en 3200 avant J.-C. à Sumer et en Egypte. Dans Le Roi d’août, c’est sur les pas de Philippe Auguste qu’il nous a conviés. Il n’y a donc rien d’étonnant à le voir une fois de plus nous offrir un récit aux apparences historiques. Car après la lecture du Dernier des Francs, il est difficile de ne pas croire à cette réalité, à ce monde imaginé mais aux accents si vrais. Les sociétés décrites, les personnages rencontrés et l’intrigue choisie sont frappants de réalisme. L’auteur connaît son sujet, on ne peut en douter. Et même si les aventures de Lucius manquent un peu de rebondissements, de surprises, la façon dont Michel Pagel nous les narre pallie cette légère réserve. Un roman qui mérite le détour, assurément.

Le Château d'Eymerich

[Chronique comme à Nicolas Eymerich, InquisiteurLes Chaînes d'Eymerich et Le Château d'Eymerich.

La couverture est sombre mais d’une élégante sobriété, avec sa police « Inquisition » qui dessine une croix sur le premier volume. La Volte présente l’intégrale du cycle de Nicolas Eymerich, à ce jour incomplet en France. Après la reprise des deux premiers volumes, nécessaires pour comprendre la série, paraît le septième volume du cycle, inédit, le huitième si on compte le recueil de nouvelles Métal Hurlant.

Nicolas Eymerich est cet inquisiteur intransigeant du milieu du XIVe siècle, uniquement porté par sa foi et son devoir, en proie à des manifestations diaboliques sur lesquelles il enquête avec la maestria d’un Sherlock Holmes, éradiquant les hérésies avec une expéditive insensibilité. Mais il s’agit de science-fiction, et l’intérêt de la série réside avant tout dans la découverte du voyage dans le temps grâce à une particule plus rapide que la lumière, le psytron, qui vibre sous l’action des neurones, autrement dit de la pensée : il est vrai qu’on se transporte instantanément ailleurs par la pensée. Inspirée de la théorie des cordes, cette vibration des particules dans un espace sensible aux psytrons, nommé Psyché, débouche sur le dédoublement du penseur lors d’un voyage dans le passé. C’est ainsi que dans le futur le Malpertuis, vaisseau spatial avec à son bord un curé fanatique, tente d’aborder une planète nommée Olympe pour y récupérer des créatures mythologiques encore existantes, mais se retrouve par erreur à l’époque d’Eymerich. Les interférences sont la cause des troubles constatés à l’époque de ce dernier. Dans le premier volume, on voit Eymerich manœuvrer très habilement pour mériter son poste d’inquisiteur malgré son jeune âge. Trois époques s’interpénètrent superbement. On regrettera cependant que la traduction de Quadruppani n’ait pas été révisée pour ce qui concerne l’em-ploi de certains termes comme le flogistique pour phlogistique, ou ces curieux neutrins pour désigner les neutrinos.

C’est précisément l’interpénétration des époques qui fait l’intérêt de la série, tissant des liens qui font sens. Dans Les Chaînes d’Eymerich, le procédé se trouve consolidé : en établissant des relations entre la résurgence d’une hérésie cathare en Savoie, des expériences génétiques commencées dans l’Allemagne des années 30 et poursuivies dans la Roumanie de Ceaucescu, des trafics d’organes au Guatemala, et encore un inquiétant futur en guerre où une organisation eugéniste hitlérienne, la Rache, poursuit sa quête d’immortalité, Evangelisti montre que chaque exaction est un anneau de la même chaîne allant des sombres heures du passé aux périodes modernes encore plus terrifiantes. Nicolas Eymerich, dangereux fanatique, dépeint comme un être qui agit dans ce qu’il croit être juste, ne torturant jamais pour le plaisir, apparaît finalement plus sympathique que bien des contemporains dénués de scrupules. Il a au moins son sens de la justice, discutable et excessif, qui l’empêche de franchir certaines lignes.

C’est en partie sur cette intransigeance que repose l’intrigue du Château d’Eymerich. L’officier nazi ne dédaigne pas coucher avec les servantes juives du camp de concentration où il cherche à créer le soldat invincible ; des frères dominicains sont prêts à utiliser la magie juive, et donc à se damner, pour sauver leur Eglise ; Pierre le Cruel, assiégé dans son château, a assis son pouvoir par des compromis avec les ennemis naturels de la Chrétienté, les Sarrasins et les Juifs qui le protègent. Ces derniers ont équipé son château de dix tours et l’ont truffé de souterrains qu’il ignore ; le motif d’ensemble reproduit un dessin kabbalistique destiné à un rite à venir. Trois intrigues s’entrecroisent donc à nouveau. Eymerich appelé pour contrer des manifestations diaboliques dans la forteresse de Pierre le Cruel, déjà assiégée par son beau-frère Henri de Trastamare, en passe de lui ravir le trône de Castille, lutte contre maintes créatures fantasmagoriques, mais aussi, qui l’eût cru, contre la tentation de la chair. Le château lieu de complots, le château hanté et celui du savant fou : Evangelisti joue de tous ces motifs pour déployer les registres du fantastique dans cet épisode hautement symbolique, où la répétition même de certaines scènes ou répliques, qui pourraient passer pour des erreurs d’écriture, tisse un réseau de nature incantatoire. Eymerich, symbole de forteresse imprenable, se sent fragilisé en découvrant ses faiblesses, plus horrifié par ses sentiments que par les désirs charnels. Par ailleurs contesté dans son autorité par ses pairs, désorienté, c’est un Eymerich plus humain qui est présenté ici. Le final, paroxystique et délirant, clôt superbement cet opus où la noirceur se teinte parfois d’un humour sarcastique. Jubilatoire.

L’ensemble des reprises et inédits devrait se poursuivre jusqu’en 2014. Les dix volumes de la saga méritent bien cette belle présentation.

Les Chaînes d'Eymerich

[Chronique comme à Nicolas Eymerich, InquisiteurLes Chaînes d'Eymerich et Le Château d'Eymerich.

La couverture est sombre mais d’une élégante sobriété, avec sa police « Inquisition » qui dessine une croix sur le premier volume. La Volte présente l’intégrale du cycle de Nicolas Eymerich, à ce jour incomplet en France. Après la reprise des deux premiers volumes, nécessaires pour comprendre la série, paraît le septième volume du cycle, inédit, le huitième si on compte le recueil de nouvelles Métal Hurlant.

Nicolas Eymerich est cet inquisiteur intransigeant du milieu du XIVe siècle, uniquement porté par sa foi et son devoir, en proie à des manifestations diaboliques sur lesquelles il enquête avec la maestria d’un Sherlock Holmes, éradiquant les hérésies avec une expéditive insensibilité. Mais il s’agit de science-fiction, et l’intérêt de la série réside avant tout dans la découverte du voyage dans le temps grâce à une particule plus rapide que la lumière, le psytron, qui vibre sous l’action des neurones, autrement dit de la pensée : il est vrai qu’on se transporte instantanément ailleurs par la pensée. Inspirée de la théorie des cordes, cette vibration des particules dans un espace sensible aux psytrons, nommé Psyché, débouche sur le dédoublement du penseur lors d’un voyage dans le passé. C’est ainsi que dans le futur le Malpertuis, vaisseau spatial avec à son bord un curé fanatique, tente d’aborder une planète nommée Olympe pour y récupérer des créatures mythologiques encore existantes, mais se retrouve par erreur à l’époque d’Eymerich. Les interférences sont la cause des troubles constatés à l’époque de ce dernier. Dans le premier volume, on voit Eymerich manœuvrer très habilement pour mériter son poste d’inquisiteur malgré son jeune âge. Trois époques s’interpénètrent superbement. On regrettera cependant que la traduction de Quadruppani n’ait pas été révisée pour ce qui concerne l’em-ploi de certains termes comme le flogistique pour phlogistique, ou ces curieux neutrins pour désigner les neutrinos.

C’est précisément l’interpénétration des époques qui fait l’intérêt de la série, tissant des liens qui font sens. Dans Les Chaînes d’Eymerich, le procédé se trouve consolidé : en établissant des relations entre la résurgence d’une hérésie cathare en Savoie, des expériences génétiques commencées dans l’Allemagne des années 30 et poursuivies dans la Roumanie de Ceaucescu, des trafics d’organes au Guatemala, et encore un inquiétant futur en guerre où une organisation eugéniste hitlérienne, la Rache, poursuit sa quête d’immortalité, Evangelisti montre que chaque exaction est un anneau de la même chaîne allant des sombres heures du passé aux périodes modernes encore plus terrifiantes. Nicolas Eymerich, dangereux fanatique, dépeint comme un être qui agit dans ce qu’il croit être juste, ne torturant jamais pour le plaisir, apparaît finalement plus sympathique que bien des contemporains dénués de scrupules. Il a au moins son sens de la justice, discutable et excessif, qui l’empêche de franchir certaines lignes.

C’est en partie sur cette intransigeance que repose l’intrigue du Château d’Eymerich. L’officier nazi ne dédaigne pas coucher avec les servantes juives du camp de concentration où il cherche à créer le soldat invincible ; des frères dominicains sont prêts à utiliser la magie juive, et donc à se damner, pour sauver leur Eglise ; Pierre le Cruel, assiégé dans son château, a assis son pouvoir par des compromis avec les ennemis naturels de la Chrétienté, les Sarrasins et les Juifs qui le protègent. Ces derniers ont équipé son château de dix tours et l’ont truffé de souterrains qu’il ignore ; le motif d’ensemble reproduit un dessin kabbalistique destiné à un rite à venir. Trois intrigues s’entrecroisent donc à nouveau. Eymerich appelé pour contrer des manifestations diaboliques dans la forteresse de Pierre le Cruel, déjà assiégée par son beau-frère Henri de Trastamare, en passe de lui ravir le trône de Castille, lutte contre maintes créatures fantasmagoriques, mais aussi, qui l’eût cru, contre la tentation de la chair. Le château lieu de complots, le château hanté et celui du savant fou : Evangelisti joue de tous ces motifs pour déployer les registres du fantastique dans cet épisode hautement symbolique, où la répétition même de certaines scènes ou répliques, qui pourraient passer pour des erreurs d’écriture, tisse un réseau de nature incantatoire. Eymerich, symbole de forteresse imprenable, se sent fragilisé en découvrant ses faiblesses, plus horrifié par ses sentiments que par les désirs charnels. Par ailleurs contesté dans son autorité par ses pairs, désorienté, c’est un Eymerich plus humain qui est présenté ici. Le final, paroxystique et délirant, clôt superbement cet opus où la noirceur se teinte parfois d’un humour sarcastique. Jubilatoire.

L’ensemble des reprises et inédits devrait se poursuivre jusqu’en 2014. Les dix volumes de la saga méritent bien cette belle présentation.

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