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Actualités

Enfin en librairie !

Maintes fois décalés, ils arrivent tous les trois en librairie aujourd'hui :
Les Sept Pierres de l'espace d'Edmond Hamilton (trad. Pierre-Paul Durastanti), cinquième aventure de l'incroyable Capitaine Futur ; La Survie de Molly Southbourne de Tade Thompson (trad. Jean-Daniel Brèque), la suite très attendue des Meurtres de Molly Southbourne ; Comment parle un robot ? de Frédéric Landragin, qui questionne les liens entre linguistique et science-fiction !

“Sept Redditions” dans la Yozone

« Après le très recommandable Trop semblable à l’éclair, Sept redditions conforte le lecteur dans le sentiment de tenir là un cycle de Science-Fiction qui fera date. Il est ambitieux, exigeant, troublant, surprenant tant il sort des sentiers battus, mais demande à être apprivoisé pour en embrasser toute la richesse et la beauté. » La Yozone

Bifrost 97 : l'avis de Lorhkan

« Un excellent dossier, deux superbes nouvelles sur trois, un article “Scientifiction” de très haute tenue, une magnifique couverture de Chloé Veillard (…), pas de doute, on tient là un bonne cuvée… » Lorhkan et les mauvais genres

“Le Choix” au Pays des Cave Trolls

« Le Choix de Paul J. McAuley est pour moi un des plus beaux romans de cette collection Une heure Lumière. Un texte très humaniste qui démontre qu’en peu de pages, on peut arriver à produire une science-fiction de grande qualité, avec de nombreuses thématiques, de l’émotion et de la réflexion. » Au Pays des Cave Trolls

Toxoplasma

Après le méditerranéen et contemporain Sous la Colline, Sabrina Calvo emporte avec Toxoplasma ses lecteurs et lectrices outre-Atlantique, dans un futur que l’on suppose proche. L’autrice y imagine, avec une puissante inventivité, le triomphe à Montréal d’une Commune évoquant à plus d’un titre celle qui gouverna fugitivement Paris en 1871. Émergeant comme celle-ci d’un chaos généralisé – provoqué ici par la déflagration technologique que fut l’effondrement soudain d’Internet –, le «  Printemps d’érable » a fait de Montréal le fertile terreau d’une floraison d’expériences libertaires. Certaines consistent à définir de nouvelles modalités économiques, telle celle dont participe Nikki, l’une des trois protagonistes de Toxoplasma. La jeune femme travaille dans un singulier vidéoclub ne proposant à sa clientèle que d’antiques VHS de films d’horreur des années 1980, que l’on loue avec des « vrais billets, des faux billets, des coupures de journaux, des bijoux. » Puisque désormais « tout se vaut. » D’autres, comme Kim (l’amante de Nikki) et Mei, usent de leurs talents informatiques pour étendre la révolution montréalaise à «  la Grille », l’espace numérique qui a succédé au défunt Net. Aux côtés de cette cinéphile se défiant des hiérarchies esthétiques et adepte du troc, ou de ces anarcho-hackeuses réinventant le monde virtuel, l’on retrouve encore les membres d’une communauté sylvestre aux allures matriarcales : dans celle-ci, «des hommes lavent leurs affaires dans des baquets. Des femmes transportent des poutres pour construire une cabane dans les arbres. » Les unes et les autres tracent ainsi quelques-uns des nombreux « sentiers [qui] se croisent et se perdent les uns dans les autres, dévoilant à chaque lacet un mode de vie , une fenêtre vers le futur ».

Mais, en cela semblable à la fragile Commune parisienne, l’isolat libertaire formé par Montréal vit sous la menace constante d’une nouvelle sorte de Versaillais. Passé sous la coupe du « Roy », le pouvoir fédéral canadien allié « des fascistes au pouvoir aux USA » a massé ses miliciens aux portes de la ville. Et d’ainsi s’annoncer un apocalyptique «ballet d’hommes en cuir [qui] vont tout ravager, […] ne rien laisser » de cette libre Montréal… Mais comme le clame le speaker d’une radio (vraiment) libre émettant depuis les profondeurs boisées entourant la cité révoltée : « le futur est un cauchemar mais l’avenir de l’homme est une femme ». Ou plutôt les femmes que sont Nikki, Kim et Mei. Réunies en une sororité féministe, lesbienne et cosmopolite – toutes sont originaires d’un continent différent –, cette trinité intersectionnelle accouchera du miracle à la fois mystique et technologique par lequel se clôt Toxoplasma. Chacune y jouera un rôle particulier, reflet de sa profonde singularité. Nourrie de sa passion pour le cinéma-bis, mais aussi de ses rêves visionnaires, la psychogéographe Kim débusque à travers Montréal « des signaux qui grésillent, un monde invisible qui se superpose à celui, visible, qu’elle foule ». Sorte de chamane numérique, Kim explore la Grille comme s’il s’agissait d’un au-delà 2.0, tandis que la Bad Girl Mei s’y fait tantôt voleuse, tantôt guerrière pour en percer elle aussi les mystères. Au terme de ces enquêtes – car Toxoplasma, généreux melting-pot générique, tient aussi du polar –, le trio d’héroïnes mettra à jour les fondements féminins et salvateurs d’un monde dont Montréal constitue le centre géométrique et occulte…

Pour donner non seulement à lire, mais plus encore à voir comme à ressentir le foisonnement de Toxoplasma, Sabrina Calvo use avec une puissance encore plus affirmée des « armes » stylistiques mobilisées dans Sous la Colline. Les unes empruntent au vérisme anxiogène d’une SF hardboiled et dystopique. Les autres relèvent d’une poésie incantatoire jusqu’à l’hallucination, déployant peu à peu le lumineux horizon d’une utopie en passe de devenir réalité. Pas étonnant, donc, que Toxoplasma, dont l’audace et la singularité militantes évoquent celles d’un China Miéville, ait été récompensé (entre autres distinctions) par le Grand Prix de l’Imaginaire.

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