Le Sang de la Cité
Publié le
Qui n’a pas entendu parler de « La Tour de Garde », la saga de fantasy française la plus attendue cette année ? Car si le nom de Guillaume Chamanadjian ne vous dit rien (ou pas encore), celui de sa co-auteure, Claire Duvivier, est désormais un nom sur lequel il faut compter depuis la parution remarquée de son premier roman, Un long voyage (récompensé par les prix Hors Concours, Libr’à Nous et Elbakin.net). Pourtant, l’intérêt ne réside pas seulement dans ce duo d’auteurs, mais plutôt dans la construction narrative qui naît de cette collaboration : deux trilogies, « Capitale duSud » et « Ca pitale du Nord », menées respectivement par Guillaume Chamanadjian et Claire Duvivier, qui se répondent au fur et à mesure de la progression de l’intrigue. Dans Le Sang de la Cité, le premier tome de la trilogie écrite par Guillaume Chamanadjian, nous faisons la connaissance du personnage central, Gemina. Car ne nous y trompons pas : si Nox, le jeune héros de cette aventure, réclame toute notre attention, Gemina, la Cité dans laquelle il évolue, en est bien la principale héroïne. Chaque rue génère une ribambelle de ruelles où se croisent des foules vivantes et oppressantes, où les odeurs grillées et herbacées se mélangent au gras des beignets dont les habitants se délectent et où les raisins qui murissent aux flans des collines donnent naissance à un vin qui servira de fil rouge à des intrigues secondaires. La Cité pulse au rythme de ses habitants, ceux de la maison de la Tortue, de celle des Dauphins, des Baleines, de l’Hirondelle et du Lapin, et jamais il ne sera question de poser le pied au-delà des murailles immenses qui encerclent cette ville aux accents italiens.
Nox, jeune bâtard et neveu du duc de la maison de la Caouane, dite de la Tortue, est commis d’épicier. Sa vie est bercée par les livraisons, les coups d’éclat de sa sœur, l’amour qu’il voue à la poésie et, surtout, aux parties de Tour de Garde, un jeu de plateau dans lequel deux joueurs s’affrontent pour détruire la ville de l’autre. Après une première expérience en tant qu’émissaire du duc de la Caouane, Nox se retrouve en possession d’un mystérieux livre de poésie dont l’un des poèmes, traitant du mythe fondateur de sa Cité, attire plus particulière son attention. Petit à petit, la mise en abyme s’installe, la Cité prend alors la forme d’un plateau de jeu que Nox, tel un pion, parcourt et retourne à sa guise pour disparaître dans un monde parallèle au sien et dont il apprendra à manier les codes grâce à ce fameux poème. Car c’est dans l’art, entre les lignes des légendes, dans le sang de la Cité, qu’il lui faudra aller pour trouver les réponses aux questions soulevées par ce premier opus. Le décor est planté, rassurant, le lecteur évolue en terrain familier car les références sont multiples, et on ne peut que dévorer ce récit initiatique classique mais assez original pour nous faire tourner avidement les pages. Reste à savoir si les tomes suivants sauront tenir leurs promesses et combler les attentes.