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La chimie amusante

En octobre, la collection Parallaxe s'enrichira d'un nouveau titre : Le Laboratoire de l'imaginaire, par Fabrice Chemla — un habitué de la rubrique « Scientifiction » dans Bifrost. Il s'agira d'aborder ce vaste domaine qu'est la chimie, en commençant par le commencement, les atomes et les molécules, jusqu'à aborder… tout le reste, au prisme de la science-fiction. La couverture par Cedric Bucaille se dévoile sur le forum !

Diaspora - Bifrost n°113

Diaspora est sans doute l’un des plus difficiles romans de Greg Egan disponibles en français, ce qui n’est pas peu dire. Il y mé­lange à plaisir les théories physiques, relativité générale et physique des particules. L’un des plus durs, aussi : on y assiste tout simplement à la fin de la vie biologique sur Terre, après un événement cosmique d’une rare violence.

Heureusement pour le pauvre critique, le présent dossier se focalise sur l’autre grande thématique du roman, l’intelligence artificielle, envisagée ici dans une optique résolument transhumaniste. Avant la catastrophe, la Terre abrite encore des enchairés, nos descendants biologiques, à tous les stades de l’évolution assistée par génie génétique. Ceux-ci y ont longtemps cohabité avec les gleis­ners, des robots anthropomorphes conscients qui leur ont abandonné la planète pour partir à la conquête de l’espace. Enfin, les citoyens sont des personnes logicielles désincarnées.

Diaspora explore donc la question de l’incarnation. Le refus des enchairés d’être numérisés déroute les IA, pour lesquelles « il semblait que la moitié du plaisir d’être fait de chair consistait à repousser les limites de la biologie, et le reste à minimiser tous les autres inconvénients ». Les citoyens comprennent en revanche d’autant mieux les gleisners, IA qui tiennent à rester en contact direct avec la réalité physique mais transfèrent sans états d’âme leur per­sonnalité d’un support matériel à un autre, qu’ils ont la possibilité d’investir provisoirement des corps de métal abandonnés par ces dernières.

Inversement, un avantage à de­meurer dans un environnement purement virtuel est la possibilité d’ajuster sa perception du temps, d’une pen­sée normale typiquement huit cent fois plus rapide que celle des enchairés, jusqu’à l’avance rapide, qui rend négligeable l’attente entre deux événements intéressants. Egan propose ici quelques jolis portraits d’IA investies dans la science, plutôt expérimentatrices ou exploratri­ces lorsqu’elles sont de type gleisner, plutôt mathématiciennes pour les citoyennes, avec une complémentarité assez subtile entre les deux.

Un autre enjeu majeur du roman est la phase d’apprentissage et de for­mation mi-déterministe, mi-contingente, de la personnalité propre, et unique, de chaque intelligence artificielle. Le premier chapitre glisse sans solution de continuité d’une description hard science des processus de création d’une telle IA forte, au sein de sa matrice informatique, à l’émergence de sa conscience de soi dans un cogito cartésien fondateur : « Qui se pose ces questions sur ce qu’ille pense et ce qu’ille voit ?  Qui pense ça ? Moi. » (Non, ce n’est pas parce que l’on n’est même pas encore sûr d’exister que l’on échappe aux pronoms indéfinis épicènes…)

Du pur Egan, donc, technophile et profond, et finalement optimiste (si !). À lire ou relire.

Eriphora

L’Eriophora est un vaisseau spatial conçu à partir d’un astéroïde, et qui, de chantier en chantier, construit des portails à travers la Galaxie, afin de faciliter la circulation de l’espèce humaine, et ce même si les habitants du vaisseau ne savent plus si celle-ci existe réellement car le contact avec la Terre est rompu depuis très longtemps. À la tête de l’Eriophora, il y a le Chimp, une IA qui gère la vie à bord, et lance les chantiers. Très développée, ses concepteurs l’ont néanmoins conçue bridée, car il lui faut accomplir la tâche confiée sans jamais dévier de sa mission, ce qu’une évolution non maîtrisée risquerait de mettre en  péril. Aussi est-ce une IA qui, une fois un certain stade de dé­veloppement atteint, a arrêté d’évoluer, de telle sorte que quand surviennent des difficultés dans les travaux qu’elle supervise, et que leur résolution dépend de la capacité à appréhender le problème sous un œil nouveau, cela dépasse ses capacités. Elle a alors recours aux êtres hu­mains endormis au sein de l’Eriophora, qu’elle réveille afin qu’ils amènent ce petit grain de créativité dont elle est dépourvue. Ce qui lui fait également défaut, c’est le sens moral, qui lui ferait con­sidérer les êtres humains comme précieux par-dessus tout ; pour le Chimp, en effet, ceux-ci ne sont que des auxiliaires, des aides, consommables, qu’il ne se privera pas de sacrifier pour le bien suprême de la mission si celle-ci l’exige. Toute dépourvue qu’elle soit de nombreuses caractéristiques qui façonnent habituellement la conscience d’un être, cette IA n’est pour autant pas démunie, car elle dispose toujours de l’omniscience que lui confèrent ses caméras, ses micros, bref, l’ensemble des appareils disséminés sur le vaisseau qui lui permettent de connaître tout ce qu’il s’y passe, rendant quasiment impossible le fait de lui dissimuler quoi que ce soit. C’est pourtant tout l’enjeu de la révolution qui peu à peu se répand parmi la population : si cette IA fait aussi peu de cas de la vie humaine, il con­v­ient de l’arrêter. Mais comment arrêter un être qui, quoi que vous fassiez, le sait dans la seconde qui suit ? Avec ce personnage du Chimp, central dans cette novella, selon l’auteur, ce roman, selon les décomptes officiels, qui con­vo­que également le sense of wonder, l’art de la dissimulation et de l’ellipse, Peter Watts of­fre une vision toute personnelle de l’intelligence artificielle et des enjeux la concernant.

Mon cœur est une tronçonneuse

Après les remarqués Galeux (cf. Bifrost 99) et Un bon indien est un indien mort (cf. Bifrost 109), Stephen Graham Jones revient dans nos contrées pour un roman d’horreur, au titre magnifique : Mon cœur est une tronçonneuse. Ce livre, couronné par le Bram Stoker Award, le Shirley Jackson Award et le Locus Award du meilleur roman d’horreur, est un hommage aux films d’horreurs, passion pleinement avouée de l’auteur.

Jade Daniels, adolescente en marge, « indienne » par son père, fan de slashers et aimant étaler ses connaissances cinématographiques est la pétillante et impertinente héroïne de ce récit. Du haut de ses 17 ans, elle passe tout au crible du cinéma de genre ; tout rentre toujours dans la grille de lecture qu’elle adopte pour voir le monde. Elle inventorie les éléments clés nécessaire ainsi que les rôles attendus – en premier lieu, celui de la final girl. Mais un jour, la réalité rattrape ses rêveries morbides et le sang commence à gicler dans son bled paumé de l’Idaho.

Par le biais de Jade, Stephen Graham Jones réalise en fil rouge un court magistral sur les slashers et gorge le récit d’anecdotes sur les tournages, les lieux, les personnages, les armes. Un véritable Hall of Fame du tueur en série. Pas besoin d’être fan de ce genre de films pour apprécier la lecture, mais il ne faut pas non plus y être hermétique – mais reconnaissons que le titre est assez explicite ! Au demeurant, une cinquantaine de notes de bas de page sont là pour aider à la compréhension, soit directement en lien avec des références horrifiques soit pour des histoires d’argot ou de culture spécifiquement US.

Les atermoiements de Jade ou son côté cabotin ralentissent par moments légèrement la narration, sans que cela soit rédhibitoire. Surtout qu’il s’agit là d’un effet de l’auteur pour nous laisser douter encore et encore. Le prisme de l’adolescente est-il le bon ? Ou bien se laisse-t-elle dépasser par son envie de jouer un vrai rôle dans le film de sa vie ?

Une plongée horrifique rondement menée. Stephen Graham Jones se régale et c’est agréable de l’accompagner, le livre dans une main. Et dans l’autre… l’arme de votre choix.

Neuromancien

S’il n’est qu’un seul roman de SF qui ait marqué l’histoire, ce doit être celui-ci. Il y a véritablement eu un avant et un après Neu­romancien. Aucun roman n’a été à ce point en phase avec le Zeitgeist. Neuromancien n’a pas seulement marqué la SF ni même la littérature : il a marqué son temps ! On peut dire que l’année de sa sortie aux États-Unis, 1984, fut celle de l’entrée dans le xxie siècle et dans l’ère de l’information. Voici tout juste quarante ans, le monde était prêt à changer et l’aurait de toute façon fait, mais l’aurait-il fait de cette manière-là sans le roman de William Gibson ? On peut se poser la question avec Jack Womack, dont la postface (écrite en 2000) figure en fin de volume de la présente retraduction chez nous dudit bou­quin. En 1983, la micro-informatique balbutie ; c’est l’époque des disquettes souples, des premiers Mac et des Amstrad, où l’on s’esbaudit de quelques méga-octets de ROM et où Internet n’est encore qu’un jouet entre les mains de militaires qui, pour la plupart, n’y croient pas vraiment. Une sorte de préhistoire. L’hu­manité a connu l’apparition du langage, puis s’est ouverte à l’histoire avec l’écriture ; l’imprimerie est venue à la Re­naissance, et voici désormais l’entrée dans l’ère numérique et du village global dont Mar­shall McLuhan avait prédit l’avènement dans La Galaxie Gutenberg. Le défrichage de sentiers qui allaient devenir les autoroutes de l’information. L’âge des Big Data où tout allait pouvoir être enregistré, conservé, archivé, où plus aucune donnée ne serait perdue, dans un certain idéal du moins. Gibson venait de sonner l’heure d’en­trer dans l’hyperhistoire, pour le meilleur et/ ou le pire. Si Neuromancien n’a pas changé la face du monde, il a modifié l’expression de son visage…

Au cœur du roman, il y a l’IA forte – la Conscience Artificielle –, qu’on attend tout autant qu’on la craint. L’entité artificielle qui pense « je » de manière récursive et agit en fonction, par et pour elle-même ; transgressant si nécessaire les trois fameuses Lois de la Robotique d’Isaac Asimov, et selon des intérêts pouvant aller jusqu’à un sens éthique comme dans Le Problème de Turing de Harry Harrison et Marvin Minsky, ce dernier qui fut en son temps, celui où paraissait Neuromancien, le pape de la recherche en intelligence artificielle dans son labo du MIT. Cette IA fera tout pour se défendre si besoin, comme dans Colossus de D.F. Jones (1966), illustrant la peur de l’homme pour ses propres réalisations, thème récurrent de la SF.

Dans Neuromancien, qui, par nombre d’aspects, revêt les codes du roman noir, on a Case le hacker, Molly la tueuse améliorée qui sera en charge de l’action analogique, Tracé Plat qui n’est qu’un boîtier contenant la reconstruction digitale d’un individu mort et que les autres doivent récupérer lors d’une opération test préalable, ainsi qu’Armitage qui monte toute l’opération en tant qu’ava­tar de l’IA Wintermute – un corps humain comateux où il s’héberge afin d’agir dans le monde tangible. Neuroman­cien possède cette structure que l’on retrouvera dans des films tels que Ocean’s Eleven de Steven Soderbergh (2001) : une première phase constituée par le recrutement et le test d’une équi­pe d’élite, puis la réalisation de l’opération proprement dite.

Gibson aurait pu s’arrêter là que c’eût été déjà stupéfiant, mais il est allé jusqu’au bout. En s’affranchissant des limites qui lui étaient imposées, l’IA devenue consciente s’intègre à quelque chose de plus grand – elle apporte la conscience à l’infosphère qui, dès lors, devient une entité monadique globale et consciente, transcendant la Singularité avant même que Ray Kurzweil ait nommé le concept.

Neuromancien est un livre fondamental où William Gibson mit tout, d’emblée, dès son premier roman, et jusqu’à présent, selon votre serviteur, nul n’est allé, d’un point de vue paradigmatique, plus loin.

Alfie

Alfie est une intelligence artificielle chargée de gérer le réseau domotique de la famille Blanchot. Si le mari est enthousiaste, sa femme et ses deux enfants le sont moins. Tout comme le chat. Mais l’emploi de cette nouvelle technologie est plus ou moins devenu obligatoire si l’on veut que les assurances restent à des prix convenables. Car Alfie sur­veille tout dans la maison : aliments, heure de réveil, temps d’écran. Ses caméras et ses micros enregistrent le moindre mouvement, puis la machine analyse toutes ces données afin de mieux comprendre ces humains placés en quelque sorte sous sa responsabilité et, ainsi, mieux les aider. Au début du roman, il est une mémoire vide : il ne connaît aucun des occupants de la demeure et les découvre avec le lecteur. Sa naïveté don­ne d’ailleurs lieu à de nombreux moments amusants car, tel le Candide de Voltaire, Alfie découvre la vie avec toute l’innocence des plus jeunes. Il a de quoi être surpris par les habitudes des Blanchot. Rien d’exceptionnel, mais com­me dans toutes les familles, des comportements pas toujours rationnels, pas toujours optimi­sés selon des normes hygiénistes ou même morales.

C’est sur ce décalage que joue Christopher Bouix tout au long de ce récit construit sous forme de journal. Le journal d’une IA. Le journal d’Alfie. Celui-ci va d’étonnement en étonnement, d’interrogation en interrogation, surtout quand une liaison extra-conjugales emble se dessiner. Les mensonges s’amplifient, se multiplient. La présence de cet espion plus ou moins consenti augmente le malaise et les situations équivoques. Surtout que des soupçons de meurtre viennent en­tacher le quotidien familial. Or, pour le lecteur, le mystère se double du choix du point de vue : il est totalement tributaire de la perception subjective et biaisée d’une machine n’y connaissant pas encore grand-chose à la vie humaine. La preuve, les passages, ironiques, où l’IA cherche dans le dictionnaire en ligne la définition de certains mots, de certaines notions. Le décalage avec la réalité telle que le lecteur la perçoit est évident. Et déclencheur de sourire tout d’abord. Avant la prise de conscience de la difficulté à ap­préhender, à justifier, certains concepts, certains comportements.

Alfie est un roman intelligent par son parti pris, et astucieux par sa construction. Le fait de passer par un regard naïf, qui se croit objectif mais ne l’est absolument pas, amène une prise de distance du lecteur et déclenche aussi bien l’amusement que le malaise devant des actions violentes. Même si l’intrigue devient assez vite transparente, elle est suffisamment bien bâtie pour offrir un page turner efficace et recommandable pour un bon moment de détente intelligent.

Les machines fantômes

Et si les machines décidaient de notre avenir ? Pas seulement à travers des algorith­mes, comme nous le subissons à présent, mais en toute conscience, même s’il est étonnant d’utiliser un tel mot pour des objets. Dans l’avenir que propose ici Olivier Paquet, l’être humain a tenté de se prémunir de ce risque : il a par exemple interdit l’utilisation, qui était devenue excessive, du trading à haute fréquence. Cependant, dans l’ombre, des machines continuent à avoir une existence propre. Cachées dans le contrôle des caméras du métro, dans l’informatique de grandes sociétés, elles observent l’humanité et se demandent ce qu’il faut en faire, comment agir pour aller dans le bon sens et, déjà, se mettre d’accord sur la bonne direction à prendre. Puis sur les moyens à utiliser pour atteindre le but fixé… Pendant que les humains continuent à vivre comme si de rien n’était, avec leurs préoccupations ba­siques, vaines et pourtant es­sentielles. Or, deux hommes et une femme prennent con­science des forces qui s’affrontent derrière le voile. Le premier était trader. C’est lui qui a compris l’existence et la puissance de ces machines, lui qui les a fait connaître à l’homme qu’il ne fallait pas. Lui qui, par un péché d’orgueil regrettable, a déclenché le conflit entre deux grandes visions possibles de l’avenir de l’humanité. Il va tenter de corriger son erreur et combattre son jeune adversaire. Dans cette tâche capitale, il reçoit l’aide d’une ancienne chanteuse star, révoltée contre une société trop lisse et trop bien-pensante, et d’un tireur d’élite mis au rebut par l’État qui l’utilisait jusque-là pour ses basses besognes. À eux trois, ils incarnent l’espoir d’une société où l’humain conserve un peu de foi en son prochain, où la confiance permet d’avancer – face à la férule de machines convaincues de l’incapacité humaine à se gérer elle-même.

Avec Les Machines fantômes, Olivier Paquet pense la relation forcément intriquée entre être humain et machine. Dorénavant, l’un ne pourra exister sans l’autre et il est bon de réfléchir à leurs liens, leurs places respectives. Car les fantômes qui hantent le décor de nos vies sont bien présents et acteurs, qu’on le veuille ou non. Ce roman pose sans cesse la question de la liberté, des choix possibles ou non. Des choix qui  engagentla société, notre existence. Comment intégrer les machines dans ces processus, en faire des aides plutôt que des contraintes ? Olivier Paquet livre ici ses clefs au cours d’un récit prenant et sans temps mort, peuplé de personnages forts. L’auteur a prolongé ses réflexions dans son dernier roman, Compo­site (cf. Bifrost n°108), le combat entre les machines fantômes ayant disparu : un camp a gagné. Sera-ce plus favorable à l’humanité ?

 

La Justice de l’Ancillaire

Quelque part dans l’Univers, en un temps futur, s’étend un empire interstellaire — le Radch –, sous l’autorité absolue d’Anaander Mianaaï. L’autocrate parvient à commander aux milliers de mondes du Radch grâce à deux puissants outils de pou­voir.

Le premier prend la forme des Radchaaïs. C’est-à-dire l’aristocratie de l’empire réu­nissant les femmes et hommes considérés comme ses citoyen­nes à part entière… car dans le Radch, la norme sociale ignore l’identité sexuée et l’on y use grammaticalement du féminin générique. À la fois soldates et fonctionnaires, les Radchaaïs garantissent la domination de leur Seigneure par une obéissance inconditionnelle.

Cette stricte sujétion ne diffère pas de celle dont font preuve les IA, second instrument au service de l’empereur. Celle-ci dispose en effet d’intelligences artificielles aux capacités réflexives analogues à celle de l’huma­nité. Ces IA possèdent encore la capacité de se démultiplier, et ainsi peuvent-elles aussi bien prendre la forme mécanique d’une nef spatiale que celle biologique des « ancillai­res ». C’est-à-dire les dépouilles des victimes des conquêtes du Radch artificiellement ra­menées à la vie après qu’une IA en a pris le contrôle. Concomitamment présentes dans les circuits imprimés d’un vaisseau intersidéral et dans les corps de ce que l’on appelle encore des soldats-cadavres, les IA s’imposent comme l’arme absolue d’Anaander Mia­naaï. Et sans doute est-ce là que La Justice de l’Ancillaire s’avère le plus réussi. En épousant au plus près le(s) point(s) de vue ubiquitaire(s) de l’IA dont il fait sa narratrice, le roman met en une belle forme littéraire une très stimulante spéculation phénoménologique.

Il s’avère en revanche bien moins singulier en retraçant la métamorphose de sa syn­thétique et polymorphe protagoniste en un être unique, doué de libre-arbitre. À la suite d’événements dont l’IA ne possède à l’orée du roman que d’imparfaits souvenirs, ne de­meure de ses avatars (un vaisseau nommé Justice de Toren et sa troupe de soldats-cadavres) qu’une ancillaire nommée Breq. C’est sous ses traits que l’IA s’engage dans une aventure à la fois politico-policière et existentielle. Enquêtant sur les causes de l’annihilation de l’essentiel de ses incarnations, Breq découvre un complot di­rigé contre l’Empereur. D’une confuse complication, la ca­bale ne passionne pas plus que l’évocation fort convenue de l’accession de Breq à une forme d’humanité. Et c’est donc une variation partiellement probante sur le motif de l’Intelligence Artificielle qu’offre in fine cette Justice de l’Ancillaire

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