L'Enfant de poussière
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Syffe est orphelin et ne se souvient de rien avant ses huit ans. Même pas de son véritable nom, le sien étant un simple sobriquet inspiré par son teint basané et un peuple dont il serait originaire. Il vit au jour le jour avec ses compagnons, Cardou, Merle et Brindille (dont il est secrètement amoureux), entre la ferme de la veuve qui les a recueillis, et les rues de Corne-Brune, la petite cité de province isolée dans laquelle, débrouillards, ils parviennent à grappiller de petits travaux, et de quoi manger (presque) à leur faim. Et puisqu’ils ont décidé d’être heureux, ils le sont. Peu importe la mort du suzerain du Royaume-Unifié. Peu importe les rumeurs grandissantes de conflits.
Mais un jour, Syffe est pris en flagrant délit de vol à l’étalage par le première-lame Hesse, à la réputation sombre et ambiguë. En échange de sa liberté, il devient informateur, puis espion pour le garde, et découvre peu à peu la réalité rugueuse du monde des adultes, avec ce qu’il contient de trahisons, de parties d’échecs politiques, de pertes cruelles, de tragédies et de déceptions. Un monde au bord de la rupture, dans lequel le garçon va devoir apprendre à évoluer s’il veut vieillir…
Voici un récit d’apprentissage qui n’est pas sans rappeler Robin Hobb et son assassin royal, tant par le style, que par les difficultés auxquelles est confronté son narrateur, personnage principal d’une histoire commencée bien longtemps avant sa naissance et dont la pleine mesure dépasse l’entendement humain. Réunissant tous les ingrédients pour en faire un récit addictif (une origine mystérieuse dont on devine la résolution dans un prochain tome, la renaissance d’un pouvoir ancien, un ennemi bien dissimulé, et une puissance menaçante en arrière-plan…), Dewdney réussit à écrire une fresque épique prenante tout en dépeignant un héros attachant dans sa quête d’identité, qui plus est en ne délaissant pas les personnages secondaires, complexes et forts (particulièrement ceux dans lequel Syffe projette sa recherche d’un père fantasmé).
La facilité avec laquelle l’auteur semble inviter le réalisme dans un univers élaboré et cohérent est telle qu’on pourrait presque transposer le récit dans notre réalité médiévale, sans l’étrangeté d’une géographie et d’une Histoire inconnue. La magie y est à peine effleurée, et tient plus du doute fantastique entre réel et imaginaire que de la force surnaturelle traversant les autres récits de fantasy, surtout décrite par un enfant (puis un adolescent).
L’ensemble tient le lecteur en haleine presque jusqu’à la fin, le vrai bémol étant peut-être un affaiblissement scénaristique sur les derniers chapitres. Mais ce choix semble s’inscrire dans l’annonce d’un deuxième tome (pour octobre 2018) qui, on l’espère, tiendra les promesses faites dans le premier…