S'accrocher aux étoiles
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Tout le monde connaît cette citation d’Oscar Wilde : « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec on atterrit dans les étoiles. » Précisons qu’en cas d’échec, on dérivera surtout longtemps dans l’espace interplanétaire…
Retenus l’un à l’autre par un filin, Carys et Max dérivent dans l’espace après l’explosion de leur vaisseau. Ils n’ont plus que quatre-vingt-dix minutes d’oxygène. Tandis qu’ils essaient de trouver des solutions pour survivre, ils se souviennent de leur passé. Car dans ce monde futur, les USA et le Moyen-Orient ne sont plus que des champs de ruines, et l’Union Européenne est devenue l’Europia, utopie ayant gommé tout particularisme régional et exigeant de ses citoyens qu’ils se consacrent corps et âmes à leur patrie jusqu’à l’âge de trente-cinq ans, après quoi il leur est enfin permis de s’installer en couple. Coercitif ? Pas tant qu’il y paraît. Quant à la Terre, elle est cernée depuis plusieurs dizaines d’années par une impénétrable ceinture d’astéroïdes qui entrave l’exploration spatiale. La mission de Max et Carys était d’y trouver un passage ; au vu de leur situation, cela semble compromis. À moins que ?
Autant, chez le même éditeur, Il y a un robot dans le jardin de Deborah Install parvenait à séduire, ne faisant pas mystère de la dimension métaphorique du robot du titre, autant le présent S’accrocher aux étoiles s’avère un joli petit ratage, qui souffre des mêmes défauts que Le Voyageur de James Smythe. À savoir : une histoire centrée sur ses personnages, et dont le vernis SF s’écaille dès qu’on gratte un peu. La quatrième de couverture invoque les films Gravity et Interstellar (et La La Land aussi, sauf qu’on ne chante pas dans ce roman) pour cette « fable envoûtante et unique » : certes, il ne s’agit pas ici d’un parangon de science-fiction. Situer une histoire dans l’espace, d’accord, mais un brin de plausibilité aurait été bienvenu. Max est chef-cuisinier : l’envoyer dans l’espace avec une formation minimale est une idée complètement stupide, non ? La Terre est cernée par une ceinture d’astéroïdes : à quelle distance ? Et sous quelle forme ? Sphérique (?) et assez dense pour en rendre sa traversée quasi impossible : pourquoi alors ne réduit-elle pas la lumière solaire ? Les personnages se retrouvent à un point de Lagrange, oui, mais lequel ? Il y en a cinq. Et non, rien n’est immobile dans l’espace. Face à tant d’agaçantes absurdités scientifiques, la love story finit par laisser indifférent, et on en vient à souhaiter le pire pour les deux amoureux grincheux et insatisfaits (dont on aurait apprécié que les étoiles auxquelles ils s’accrochent soient celles du drapeau européen – l’auteure étant britannique, ceci explique peut-être cela). Le lecteur acceptant d’oublier sa culture scientifique trouvera peut-être son compte dans cette romance contrariée… En ce qui nous concerne, son orbite la mène droit à la poubelle.