Critiques Bifrost 25
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Quarante numéros et dix ans avant l'actuel Bifrost, c'était le numéro 25, dont voici les chroniques de livres en ligne sur l'onglet Critiques !
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Quarante numéros et dix ans avant l'actuel Bifrost, c'était le numéro 25, dont voici les chroniques de livres en ligne sur l'onglet Critiques !
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Voici un nouveau volume des aventures de Marty Burns, acteur américain de seconde zone. Mais doué du génie de se fourrer dans des combats surnaturels qui le dépassent largement, et d'un certain talent pour s'en tirer sans égratignures. Sa carrière télévisuelle relancée par un rôle dans une série policière, Marty atterrit à Londres à fins de promotion sur la chaîne Star-TV. Il a vite maille à partir avec des skinheads dans une épicerie tenue par des Indiens, et le voici malgré lui héros antiraciste ; et surtout soldat dans la guerre occulte contre l'Ultima Thulé, des nazillons férus de magie noire.
Qu'il traîne au Savoy, dans les quartiers défavorisés de Londres, ou dans des sites sacrés comparables à Stonehenge (qui ne joue aucun rôle dans le livre, en dépit de sa présence sur la couverture...), Marty reste tel qu'il est : goujat et gouailleur, un Américain qui ironise sur tout et ne prend rien au sérieux, et surtout pas ce qui compte pour ses hôtes. Russell obtient bien des effets comiques faciles en se moquant à la fois des bizarreries britanniques, des plus populaires aux plus aristocratiques, et du total (et partiellement volontaire) manque de culture de Marty, qui n'a pour références que les films dont il se souvient vaguement, ou ceux dans lesquels il a joué (si tant est qu'il s'en souvienne : ils ne le méritent guère). La narration étant faite à la première personne, il en résulte un ton qui pourrait lasser, n'était la verve de l'auteur, qui réussit vraiment, comme Marty, à ironiser sur tout, même dans les circonstances les plus graves.
Peinture de mœurs sur un ton léger, le roman brille aussi par ses personnages, surtout les femmes que Marty rencontre sans jamais les laisser insensibles, ni réussir à les séduire (il veut, bien sûr, nous faire croire qu'il n'essaie pas). Tout d'abord June Hanover, employée de Star-TV, puis Uma Dharmamitra (Britannique d'origine indienne qui mène le combat magique contre l'Ultima Thulé) et l'inquiétante Siobhan, garde du corps d'Uma, sans doute à plus d'un titre. D'autres personnages hors du commun entrent en scène, et effectuent à l'occasion une sortie violente et tragique (si le roman s'écarte à peine d'un récit réaliste au début, bagarres et fusillades abondent sur la fin). Tous, fussent-ils surprenants et hauts en couleurs, sont dépeints avec affection. Marty (ou Russell) sait voir le ridicule à tout propos, mais jamais avec méchanceté.
En fin de compte, le fantastique à proprement parler est réduit à la portion congrue. Qu'il ne se s'immisce que peu à peu dans un monde prosaïque, c'est de bonne guerre dans le genre ; mais on s'attend à ce que le surnaturel opère des changements décisifs dans la vie des protagonistes. Ici, au contraire, il ferait presque figure de procédé d'intrigue : il fournit un vague enjeu (la préservation d'un équilibre spirituel du territoire), et de quoi relancer les combats. Quelques batailles rangées dans des souterrains, et une expérience de possession qui laisse en fin de compte Marty tout aussi rustre qu'avant. Ouf, le prochain volume est assuré. Total, un livre de pure distraction, bourré de bons sentiments antiracistes fort bien mis en scène. Très réussi dans son style.
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Voici un livre rusé. On y trouve de l'amour, et des dinosaures — ou plutôt, un seulement — mais l'essentiel de l'action ne s'y déroule pas au Crétacé ; et de toute façon, l'intrigue finit par s'effacer devant d'autres éléments du roman.
Owen Vannice est un richissime fils de famille. Mais c'est la gloire scientifique qu'il désire, et il se sert de la fortune de ses parents pour se faire inviter dans une station expérimentale paléontologique et ramener à travers le temps une jeune apatosaure, Wilma, à la capacité crânienne remarquable (elle est au moins aussi intelligente qu'un lapin). Il compte en faire le sujet d'une expérience confirmant ses théories sur le développement adolescent... mais peu importe.
Les transports de spécimens entre les époques sont-ils légaux ? Pas trop, mais quand on a de l'argent, c'est un détail. Et c'est à l'argent d'Owen que s'intéressent beaucoup deux escrocs du voyage dans le temps. Voici une proie beaucoup plus juteuse que les habituels touristes grassouillets pour Genevieve et son père August. Problème : Genevieve, chargée comme d'habitude de séduire le pigeon, se prend au jeu, à la fois repoussée et attirée par la gaucherie et la goujaterie d'Owen (bon spécimen de développement bloqué à l'adolescence).
L'intrigue de base est connue, mais autant Genevieve qu'Owen sont des personnages complexes et attachants. La première est une arnaqueuse qui balance entre un sentiment paradoxal pour Owen et les injonctions de son père, aigrefin endurci. Le deuxième clame haut et fort qu'il s'oppose à l'exploitation commerciale du passé... tout en se pardonnant son propre rapt d'apatosaure. Mais sa sincérité n'est pas en doute quand il finit par se rebeller contre ses parents, tous les deux obsédés par leur carrière commerciale, et tout aussi méprisables qu'August en fin de compte.
Le livre est avant tout captivant du fait de l'arrière-plan décrit, celui d'un passé dont des fragments divergents, les « moments-univers carbonisés », ont été colonisés par les gens du futur, dans des buts strictement commerciaux : exploitation minière, enlèvement de personnalités célèbres (Kessel avoue sa dette à la nouvelle « Mozart en verres miroirs »), et surtout tourisme. La description du Jérusalem de l'an 40, avec ses rocades pour les 4x4 d'excursion, ses hôtels à Jacuzzi et ses marchands de souvenirs, glisse vite du burlesque au cruel. On y retrouve bien l'ambiance des zones touristiques du tiers-monde d'aujourd'hui, où richesse côtoie pauvreté avec une inédite insolence.
Le livre s'arme de farce pour dévier vers l'ironie, et une dénonciation parfois très didactique de la mondialisation capitaliste. Et ça passe ! Kessel sait se couler dans le style oratoire des figures historiques qu'il met en scène (Yeshu, de Nazareth ; Abraham Lincoln) ; et surtout il sait nous attacher au destin, pathétique de prime abord, puis admirable, d'un personnage à l'image finalement moins forte, Simon le Zélote. Il n'est pas, dans le moment-univers que traversent Owen et Genevieve, devenu l'Apôtre Pierre, et c'est à mon sens la création la plus poignante du roman.
À partir d'un matériau tiré de diverses sources (au-delà de Sterling et Shiner, on pense à Sheckley, voire à Roméo et Juliette...) et de positions politiques familières (il y a trente ans en France, on aurait dit « chrétien de gauche ! »), Kessel a tissé un roman extrêmement réussi, lisible à tous les niveaux.
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Après trois romans et un quinzaine de nouvelles, Greg Egan s'est imposé comme l'auteur le plus important des années 90. Et avec des textes tels que « Cocons » (in CyberDreams 04), « Océanique » (in Bifrost 20), « Les Tapis de Wang » (Galaxies n°6) ou « Vif Argent » (Bifrost 11), son talent de nouvelliste n'est plus à prouver. En revanche, les romans sont davantage controversés. Leur sont reprochés froideur, complexité et manque de force narrative, et ce en dépit de spéculations scientifiques et éthiques de très haut vol. Leur public semble devoir rester partagé.
Avec Téranésie, on revient sur l'idée centrale de L'Échelle de Darwin de Greg Bear — paru l'été passé dans la même collection. D'étranges événements génétiques adviennent soudain, sans être ni fortuits ni aléatoires. Où Bear nous propose une modification de l'Homme, Egan met en scène des évolutions spontanées au sein de la faune de certaines îles du Sud.
La première moitié du roman n'a que peu à voir avec la S-F. La vie d'un garçon de neuf ans sur une île déserte ; la guerre ethnique en Indonésie ; la rencontre forcée du jeune garçon en question avec la cousine de sa mère, intellectuelle extrémiste new age et politiquement correcte ; quelques années plus tard, son homosexualité ; et en toile de fond la présence de sa petite sœur, Madhusree... Rien d'ardu là-dedans, ni de très passionnant. Ça se laisse plutôt bien lire, mais on en vient vite à ronger son frein. Ce n'est pas parce que le lecteur du XXIe siècle ne se satisfait plus de la S-F en fer blanc de grand papa, de ses personnages stéréotypés, qu'il faut se payer du travers inverse. La moitié du roman rien que pour camper le personnage, c'est un peu lourd, surtout qu'avec la réputation de l'auteur, on est en droit d'attendre un minimum de spéculation. On nous l'a promis, mais ça ne vient guère...
Madhusree, devenue étudiante en biologie, à la suite de ses parents, décide de retourner dans l'archipel de son enfance où les plus étranges espèces continuent d'émerger. Prabir, en parfait pot de colle, l'y suit. Ou plutôt retourne en Téranésie affronter les fantômes de son passé.
Après avoir noté l'importance prise par la biologie dans la S-F contemporaine, où s'inscrit Téranésie, il faudra admettre que ce roman n'a rien de génial. Greg Egan n'a ici ni le souffle d'un véritable romancier, ni la force dont il fait preuve en tant que nouvelliste. Si son écriture froide et distanciée est tout à fait propice à la mise en relief de problématiques socio-affectives engendrées par les progrès de la technologie, elle ne convient guère aux ambitions mainstream qui président à Téranésie. Le roman tourne autour du lien à la sœur, aux parents, à la guerre, à la culpabilité. Mais l'aspect biologique n'y relève que de l'épiphénomène.
Finissant en queue de poisson, mais plus accessible et facile à lire que l'on pouvait s'y attendre, on se demande si, finalement, on n'a pas placé la barre de nos attentes trop haut pour que Téranésie ne déçoive pas quelque peu.
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On ne change pas un cheval qui gagne. Proverbe de turfiste. Or, Ender est un cheval qui gagne. Je ne parle pas bien sûr de son éclatante victoire sur les Doryphores mais du fait qu'il a imposé O. S. Card comme un auteur de premier plan en raflant par deux fois le doublé prix Hugo et Nebula pour La Stratégie Ender et La Voix des morts. Suivirent encore Xénocide et, plus anecdotique, Les Enfants de l'esprit.
Plutôt que de pondre une suite de plus, Card a choisi la voie de l'audace en optant pour un retour à la source : à l'École de Guerre, à l'époque où la menace des Doryphores planait sur l'Humanité et où Ender y faisait ses classes.
Rappelons le contexte, pour ceux qui ignoreraient tout de la série. Par deux fois, l'Humanité a été en butte aux attaques des Doryphores et le proverbe dit jamais deux sans trois. Troisième fois qui pourrait bien être la dernière car c'est là une guerre d'extermination. Vaincre ou disparaître. Pour survivre, si possible, l'Humanité a sélectionné les plus brillants de ses enfants dans le but d'en faire les officiers de cette guerre sans pitié. Leur entraînement est implacable, destiné à faire d'eux des machines non à combattre ou à tuer, mais à vaincre. Bien qu'étant des enfants, ils sont manipulés, conditionnés, soumis à une pression maximale de la part d'instructeurs qui exacerbent l'émulation au-delà de toute limite. La fin justifie les moyens. La survie justifie tous les moyens, même inhumains. C'est ce que pensent les instructeurs de l'École de Guerre. Le lecteur pourra tout à loisir se poser la question et essayer d'y répondre.
Card tient la gageure de revenir à l'École de Guerre à l'époque où Andrew Wiggin, dit Ender, y séjournait. Il revient donc sur les même événements mais vu, cette fois, par Bean. Si Ender était le chef, le maître de guerre, Bean sera son éminence grise.
On ne dira jamais assez combien Card est un conteur émérite, mais il est ici au mieux de sa forme. Pour copieux qu'il soit, La Stratégie de l'ombre se lit pour ainsi dire sans déglutir. Une nouvelle fois, l'auteur gagne son pari haut la main en réalisant l'alchimie d'une histoire passionnante et d'un art de la narration des plus consommés. De la bien belle facture.
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Blaine Ramsey est un prospecteur d'un type particulier : il recherche à travers le monde les images s'adressant à l'inconscient collectif pour le compte d'une agence de publicité qui a besoin de régulièrement réactiver son stock d'icônes susceptibles de toucher un large public. Mais en Palestine, il fait un cauchemar récurrent où la superbe Aïda le supplie de la sauver de ses tortionnaires.
Dans la réalité, Aïda est la star du cinéma égyptien, d'autant plus inaccessible que ses fans sont prêts à tout pour l'approcher. D'autres prospecteurs s'y sont brûlé les ailes... Malgré la désapprobation de ses employeurs, Blaine Ramsey se rend au Caire, tant pour élucider le mystère de cette image envahissante que pour déclarer sa flamme à celle qui hante ses nuits.
Quel archétype incarne Aïda ? De quelle catastrophe est-elle la prophète ? Débarquant dans une ville au bord du chaos, où les attentats succèdent aux tremblements de terre, Blaine s'engage à corps perdu dans une quête qui le mènera sur les rives de la folie.
On ne peut qu'être séduit par cette S-F orientaliste, où la technologie, loin d'être omnipotente (ni utile, quand on songe à l'usage que font les publicistes des icônes archétypales), laisse la place à une culture plus axée sur la spiritualité et où le romantisme ainsi qu'une certaine poésie ont encore droit de cité. De quoi faire paraître étriqués et conservateurs les romans de S-F traditionnelle. Il fut un temps où l'apparition de la sexualité dans la S-F la rendit moins conformiste. Des auteurs de la trempe de Jamil Nasir la rendraient enfin plus universaliste.
Voilà une première traduction d'un auteur qui devrait faire parler de lui, une découverte à ne pas rater...
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Joëlle Wintrebert aborde à nouveau les difficiles relations entre les sexes, à la recherche de l'équilibre.
Sur la planète Pollen, les femmes, dégoûtées de la violence des hommes, ont remplacé la cellule familiale par une triade composée de deux femmes et d'un homme. La violence masculine est ainsi largement tempérée par les éléments féminins. En revanche, sur le Bouclier — satellite qui assure la défense des colons débarqués sur Pollen — , les proportions hommes-femmes sont inversées et la violence, non seulement domine, mais est entretenue à des fins martiales. Pour éviter que ce noyau de barbarie ne se retourne contre ses supérieures, les guerriers peuvent, une fois l'an, au Bal du Don, enlever le quota de filles que les généticiennes de Pollen rendent à ce moment fertiles.
Sur Pollen, Sandre, pour des raisons politiques et passionnelles, se rend coupable d'un meurtre. Sa mémoire effacée, il est envoyé sur le Bouclier. Mais l'une de ses sœurs, Salem, tient tant à lui qu'elle se débrouille pour devenir l'épouse d'un guerrier et le suivre dans son exil tandis que son autre sœur, Sahrâ, âme en peine qui passe dans de nombreux bras, finit par étudier l'histoire et se lance dans la politique.
Dès le départ, Joëlle Wintrebert met donc à mal cette utopie en y décrivant un meurtre. Le procès et les événements qui en découlent sont l'occasion de découvrir les rouages de cette société qui, sous couvert de paix et d'harmonie, dissimule une violence doublée d'un profond cynisme. La matriarchie de Pollen pratique une discrimination sexuelle encore plus révoltante dans la mesure où elle est fondée sur une énorme duperie.
L'écriture ciselée de l'auteur sert à merveille le propos, en féminisant les pluriels incluant les genres masculins et féminins ; comme pour mieux dénoncer l'insidieuse stigmatisation des sexes dans des rôles, fonctions et schémas préétablis, le vocabulaire subit parfois de subtiles variations de genre secouant les habitudes du lecteur. L'histoire se déroule avec fluidité, dévoilant méthodiquement les facettes de cet univers sexiste. Joëlle Wintrebert en a volontairement gommé les aspects technologiques, ce qui lui donne une apparence bucolique des plus trompeuses. Le contexte sociologique et politique est en revanche décrit avec minutie, à travers les pérégrinations de personnages décidément très attachants ou fort bien campés. Bien que psychologiquement différents, Salem, Sandre et Sahrâ manifestent des qualités humaines démontrant à elles seules l'inanité d'une thèse sexiste de la violence. Au total, Joëlle Wintrebert signe son retour sur les devants de la scène éditoriale avec un livre intelligent joliment troussé. Voilà qui n'a rien d'une surprise, mais c'est toujours un grand plaisir.
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Parmi les nombreux épisodes qui précèdent la guerre de Sécession figure l'épopée de John Brown, abolitionniste convaincu et radical, qui tenta de susciter une révolte des Noirs contre les esclavagistes. Dans cette uchronie, il réussit son pari, ce qui permet la création d'un État noir, Nova Africa, et l'évolution accélérée du pays vers les États-Unis socialistes. En 1959, alors que l'homme se prépare à poser le pied sur Mars, on s'apprête en même temps à fêter le centenaire du raid vainqueur de John Brown...
Yasmin Odinga est intéressée à ces deux événements : son mari, astronaute, est mort au cours de la mission ; son grand-père a bien connu John Brown et elle ramène ses lettres destinées à être lues à Harper's Ferry (Virginie), au cours de la cérémonie. Lettres qui, avec d'autres transmises par les héritiers de quelques protagonistes de l'époque, retracent les événements ayant abouti à cette uchronie. Mais le voyage éclair de Yasmin à Harper's Ferry est contrarié par des relations tendues avec sa fille et des ennuis mécaniques qui l'empêchent d'être de retour à temps chez sa belle-mère pour qu'elle ne soit pas seule à assister à l'atterrissage sur Mars. Happée par un passé encore prégnant, hésitante sur ses choix à venir, elle effectue, le temps de ce court séjour à Nova Africa, son itinéraire personnel qui la délivrera des chaînes qui la rendent esclave du passé.
Terry Bisson, auteur éclectique bien connu des lecteurs des éditions du Bélial' (deux romans parus à ce jour, Voyage vers la planète rouge et Homme qui parle, sans parler d'un troisième à venir), aussi à l'aise dans le space opera que la S-F sociologique, signe ici un récit tout en finesse et demi-teinte, qui marie une langue riche et complexe à une intrigue intelligente. Sa vision d'un univers socialiste débarrassé de la haine et du racisme, écologiquement responsable, vaut le détour.
Comme Orson Scott Card l'avait expliqué au festival Utopia en 1999 (cf. Galaxies n°20) : la difficulté de raconter une uchronie réside dans la nécessité pour le lecteur de connaître l'épisode historique pris comme point de divergence. Aussi, malgré le pessimisme de Card quant à l'inculture de ses concitoyens, on peut cependant estimer que le raid de John Brown est plus connu outre-Atlantique qu'en France... De fait, on conseillera une documentation un peu plus ample que la page de présentation en début de volume sur la véritable histoire de John Brown ; l'intelligence du récit de Bisson n'en paraîtra que plus évidente.