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Inversion

Après la publication d'Un chœur d'enfants maudits de Tom Piccirilli (Folio « SF ») ; voilà une autre belle découverte à faire pour tous les amateurs de littérature fantastique moderne et exigeante : Inversion de Brian Evenson.

Rudd est un jeune lycéen solitaire qui appartient à la communauté mormone, et dont le père vient de se suicider. En fouillant dans des papiers, il découvre par hasard l'existence d'un demi-frère nommé Lael, né d'une liaison adultère qu'aurait entretenu son père avec une certaine Anne Korth. Face au mutisme de sa mère, qui refuse d'en parler, Rudd part à la rencontre de ce demi-frère inconnu. Très vite, une étonnante complicité s'instaure entre eux. Rudd commence alors à mener une double vie : d'un côté, ses rendez-vous secrets avec Lael, et de l'autre, sa vie au lycée où éducation rime avec religion. Ses rapports avec sa mère se dégradent. Et Rudd a de plus en plus de mal à accepter l'autorité de ses professeurs. C'est alors qu'il fait une seconde découverte décisive : des vieux articles de presse, où il est question d'un meurtre perpétré par Hooper Young, petit-fils de Brigham Young, l'un des fondateurs de l'église mormone. Un assassinat qui semble être lié à la doctrine de « l'expiation par le sang ». Fascinés par Hooper Young, Rudd et Lael décident d'en savoir plus sur ce meurtrier. Peu de temps après, Rudd est découvert inconscient sur les lieux d'un crime qui ressemble étrangement à celui commis par Young…

On n'en dira pas plus, car Inversion est un de ces romans qui débutent doucement, sur un rythme presque lent, pour se transformer petit à petit en un véritable cauchemar éveillé. Un vrai piège à lecteurs. Un récit labyrinthique, hallucinatoire et déviant. Une intrigue à tiroirs, magistralement agencée, un peu à la manière des meilleurs romans de Christopher Priest (La Séparation ; Le don). Brian Evenson joue ouvertement sur les sensations du lecteur, le conduit à perdre progressivement tous ses repères pour mieux l'immerger dans l'inconscient chaotique du jeune Rudd. Et de ce point de vue, la troisième partie du roman est un pur moment d'hypnose. Sur le quatrième de couverture, l'éditeur parle d'ailleurs d'un « univers proche de ceux de David Cronenberg et David Lynch ». Pas faux. Il y a bien une parenté évidente entre Inversion et Spider de Cronenberg, ou avec Lost highway et Mulholand drive de Lynch. Et même si Evenson n'atteint pas l'équivalent sur papier du trouble qu'on ressent à la vision de certains films de Lynch ou de Cronenberg, il n'en est parfois pas très éloigné. Et ça, c'est déjà énorme. D'autant plus qu'Inversion est son premier roman.

C'est avec Contagion, un recueil de nouvelles déjà publié dans la même collection, qu'on a découvert Brian Evenson en France. Des textes souvent sidérants, d'une violence extrême, teintés d'une sorte de mysticisme macabre, mais encore beaucoup trop tributaires de nombreuses influences écrasantes (Beckett, Borges, Kafka…). D'où la belle surprise à la lecture d'Inversion : Evenson a su évoluer, s'émanciper, épurer son style et donner à ses obsessions une toute autre efficacité narrative. Mais il a conservé cette écriture sèche, tranchante comme un rasoir, qui fait merveille dans la description du lent glissement mental de Rudd. Un autre élément marquant du roman, c'est le rôle prédominant de la religion. Car le fait que toute l'action se passe à l'intérieur de la communauté mormone n'a ici rien d'anecdotique. Evenson a lui-même fait partie de l'église mormone, qu'il a été contraint de quitter parce que ses écrits déplaisaient aux chefs de la communauté. Et Inversion peut aussi se lire comme une dénonciation radicale du fanatisme religieux, car les névroses de Rudd sont bien la conséquence d'un système éducatif étouffant. Mais c'est d'abord, et avant tout, l'un des plus beaux romans fantastiques qu'on ait lu depuis longtemps. Un roman terrible et envoûtant, une autopsie sur papier, une plongée en apnée dans l'horreur, la vraie. Celle qui peut naître dans un cerveau humain. Plus qu'une simple lecture, Inversion est une expérience à faire. Attention toutefois : on n'en sort pas tout à fait indemne.

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« Beaucoup moins hard science, mais davantage humain, ce roman a en outre un énorme potentiel pour faire découvrir l'auteur aux lecteurs qui auraient pu être effrayés par l'aspect trop scientifique des précédents. »

Bruno Para (nooSFere)

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