Le soixante-quatorzième numéro de Bifrost, consacré à Léo Henry, est disponible aujourd'hui, en papier et en numérique, dans toutes les bonnes librairies et sur belial.fr !
Téléchargez gratuitement l'édito, un hommage à Lucius Shepard signé Jean-Daniel Brèque, et Rien ne bouge, une nouvelle de Léo Henry disponible gratuitement jusqu'au 30 avril.
« Mais ce qui fait toute la force du Calice du dragon réside dans ses qualités d’écriture. Shepard n’oublie jamais que ce qui structure un roman c’est avant tout sa narration. La réflexion, aussi fine et intelligente soit-elle, ne prend jamais le pas sur la fluidité du récit, sur le rythme quasiment hypnotique des mots et sur la richesse du vocabulaire, admirablement retranscrit en français par la traduction de Jean-Daniel Brèque. Superbement écrit, maîtrisé de bout en bout, Le Calice du dragon apporte à l’édifice de Griaule une nouvelle pierre, dont on aurait aimé qu’elle ne soit hélas pas la dernière ; mais à moins de découvrir des manuscrits cachés de l’auteur américain, il faudra bien se faire une raison. » Blogger in Fabula
Moins de dorures, plus d'engrenages : découvrez sur le forum la nouvelle proposition de couverture pour Anti-Glace de Stephen Baxter !
Sur le forum, découvrez l'illustration de Caza pour le Bifrost 75, à paraître en juillet prochain, et consacré à Poul Anderson !
Avec cette nouvelle proposition de couverture pour Anti-Glace de Stephen Baxter, à découvrir sur le forum, le résultat final est proche !
« Les traductions révisées par Pierre-Paul Durastanti sont fort agréables à lire, le petit texte d’Edmond Hamilton sur son épouse fort intéressant et la bibliogaphie d’Alain Sprauel impeccable. Cerise sur le gâteau, outre une belle couverture d’Elian Black’Mor, le livre comporte six dessins de Caza, que demander de plus ! Amateurs de SF, ou plus simplement de belle littérature d’évasion, voici un volume incontournable à lire de suite. » Les coups de cœur de Jean-Luc Rivera
Le Bifrost 74, consacré à l'auteur français Léo Henry et à paraître le 25 avril, est désormais disponible à la précommande, en papier comme en numérique ! Découvrez le sommaire complet sur la fiche du livre.
Changement de registre pour Brandon Sanderson : lui qui était plutôt familier des univers de fantasy s’attaque avec Cœur d’acier au monde des super-héros. Avec, comme on va le voir, un assez fort potentiel d’adaptation cinématographique (les droits du livre furent d’ailleurs acquis un an avant la parution du roman !).
L’action se déroule à Chicago. Ou plutôt Newcago, puisque la ville a été défigurée à l’arrivée de Cœur d’acier, un super-vilain doté de la capacité de changer en métal tout objet ou chose inanimée… En effet, dix ans avant le début du livre, manquant d’être tué, Cœur d’acier a transformé l’intégralité de Chicago en acier. Alors âgé de huit ans, David Charleston assista à la scène : son père et lui se trouvaient sur les lieux, et c’est d’ailleurs son père qui faillit stopper Cœur d’acier avant que ce dernier ne réplique et l’abatte. David n’a depuis cessé de vouloir venger la mort de son géniteur, amassant toute la documentation possible sur les super-héros. Contrairement aux idées reçues, il sait que Cœur d’acier est vulnérable, puisqu’il l’a vu saigner… Mais il sait aussi que seul, il n’a aucune chance de l’emporter. Aussi décide-t-il de rejoindre les rangs des Redresseurs, les seuls à s’opposer aux super-vilains…
Le monde créé par Sanderson — et destiné à être exploré par d’autres romans — regorge de mutants aux super-pouvoirs. Mais il semble qu’il ne s’agisse que de super-vilains qui mettent sous coupe réglée les êtres « normaux ». De fait, le parti-pris de l’auteur d’adopter le point de vue des êtres humains coulait de source, une manière astucieuse d’aborder le « genre super-héroïque » : il reste extérieur aux mutants tout en nous montrant en permanence leur potentiel, puisque l’ensemble du décor est la conséquence des pouvoirs de l’un d’entre eux. Les super-vilains ne sont pour autant pas oubliés, ils apparaissent régulièrement, essentiellement dans des scènes de combats extrêmement visuels, et ont une vraie personnalité que Sanderson dépeint avec son professionnalisme habituel (dans l’année qui a précédé Cœur d’acier, il a publié le quatrième tome de « Fils-des-Brumes », un volume de « La Roue du Temps » repris à la mort de Robert Jordan, et le début d’une autre série !). La maîtrise narrative de Sanderson fait d’ailleurs merveille dans ce récit, mené tambour battant de la première à la dernière page, avec ce qu’il faut de rebondissements sciemment distillés et de personnages solidement campés. Bref : un roman qui se lit d’une traite, procure un plaisir largement supérieur à nombre de films de super-héros actuels, et une nouvelle réussite dans l’œuvre de Sanderson. Vivement la suite !
Vincent, ingénieur de haut niveau au creux de la vague et en proie à des déboires affectifs, vient tenter sa chance au Brésil, chez Globo, nouveau leader sur le réseau mondial. Il escompte se rapprocher de son ex, Chloé, ingénieur de pointe également, mais chez Foréa, entreprise qui veut débusquer de gigantesque réserves de gaz dans le manteau terrestre pour faire face à l’épuisement des ressources en hydrocarbure. Ce qui le rapprocherait aussi de leur fille, Angie. Il est accueilli à Sao Paulo par Sebastian Terra-Pereira, le « jeune milliardaire sympathique ». (C’est un concept !) Si les affaires de M. Terra-Pereira sont florissantes, ce monde-là ne tourne cependant plus très rond : il y a l’AMAS — Anomalie Magnétique de l’Atlantique Sud — qui s’intensifie et est à l’origine de pas mal de désastres, dont la chute des drones de surveillance qui maintenaient bon an mal an les cohortes de pauvres dans leurs favelas. L’émeute ne tarde guère…
Involution commence par suivre trois lignes narratives qui se rejoignent finalement assez vite car le roman est court. Outre Vincent et Chloé, on suit César/Exu, un crackolero régnant sur Crackolandia et initié à la quimbanda, une magie noire qui est au vaudou (ou à la santeria) ce que la samba est à la salsa. On passe plus de la moitié du roman sur un faux rythme tout en se demandant où Héliot veut nous emmener, percevant toutefois les prémisses d’une catastrophe… Tout s’emballe lorsque Chloé tente de franchir la discontinuité de Mohorovicic (le Moho) avec une foreuse sonique — les allusions à Stephen Baxter en quatrième de couv’ trouvent là leur crédit ; on pensera aux « Xeelees », ou aux « Inhibiteurs » d’Alastair Reynolds. Le forage libère ? déclenche ? un processus ? une entité ? qui interrompt les mouvements des masses de fer liquide dans le noyau terrestre à l’origine du champ magnétique protégeant le vivant des flux de particules à haute énergie et de radiations dures ; c’est le point final à l’aventure humaine, qui entre dès lors dans l’ère de l’involution…
Reste qu’on ne peut évacuer un défaut dans la structure de l’intrigue : l’AMAS, qui occupe le devant de la scène au début du roman, finit par passer en pertes et profits. Le forage de Chloé n’était pas lié aux recherches sur l’AMAS, qui mettaient en lumière le risque d’une disparition du champ magnétique. L’entité intraterrestre aurait décidé d’éradiquer l’humanité avant le forage, à moins que ce ne soit celui-ci qui lui en révèle l’existence, qu’elle interprète comme un facteur de risque. Il semble que l’entité veuille utiliser les restes de l’humanité involuée pour préparer la venue des Initiateurs (ceux qui ont créé l’entité), alors même que l’humanité apparaît comme un impromptu. L’enchaînement des causes et effets n’est pas clair, mais il faut prendre un certain recul pour saisir ce défaut de cohérence interne qui n’a cependant rien de rédhibitoire. Il suffit de se laisser porter par le flot du texte pour y prendre plaisir, d’autant qu’il n’est pas si fréquent qu’un auteur hexagonal nous offre une telle vision universelle pour une fin du monde douce-amère.