L'Enfant des cimetières
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Tout commence comme un épisode loner d'X-Files… Une journaliste et un photographe enquêtent sur un massacre qui a eu lieu près d'un cimetière ; un père de famille, fossoyeur de métier, a flingué sa femme et ses enfants. Le lendemain, la petite amie du photographe est assassinée à l'hôpital, où elle faisait une animation. Son meurtrier n'est autre que le neveu du fossoyeur fou, un adolescent qui croyait dur comme fer que la légende urbaine de l'enfant des cimetières n'est justement pas une légende. Pour Aurore Dumas, la journaliste, et David Ormeval, le photographe, commence alors une enquête qui les mènera sur la piste de cet enfant qu'il ne faut jamais regarder dans les yeux, Nathaniel. Et sur la trace d'ombres aussi vivantes que mortelles.
Quand j'avais treize ans, et jusqu'à mes quinze ans à peu près, l'auteur dont j'attendais les parutions avec le plus d'impatience était Graham Masterton, alors publié chez Néo (corollaire : on a rarement bon goût à cet âge-là). Je me souviens avoir lu Le Djinn d'une traite, Manitou dans des conditions similaires, etc. Avec le recul, il est facile de voir ce qui me plaisait dans ces œuvres : pleines de provoc' et de déviances sexuelles, remplies jusqu'à la gueule de mutilations et autres éventrations, elles répondaient à la plupart de mes « manques » d'adolescent (au milieu des années 80, cette violence-là, cette sexualité-là n'étaient pas aussi faciles à trouver qu'aujourd'hui ; ce qui rendait Masterton irrésistible, tout comme Spectres de Dean R. Koontz ou Simetierre de Stephen King). L'Enfant des cimetières, avec ses scènes d'horreur grand-guignolesques (pour s'amuser, on pourrait compter les giclées de cervelle humaine sur les murs) et ses scènes de sexe full frontal, a interpellé l'adolescent que j'étais il y a vingt-cinq ans, et m'a procuré de ce fait un vrai plaisir de lecture, mais un plaisir au « second degré », un soupçon nostalgique.
Avec ce roman (sans doute écrit trop vite), Sire Cédric joue sur plusieurs tableaux (celui du thriller fantastique à la Dean R. Koontz/Graham Masterton, celui du conte gothique et celui du survival horror cradingue, drôle, bête et méchant). Si cette dispersion surprend agréablement dans un genre (le thriller) où les produits sont souvent très formatés (pour ne pas dire très propres), malheureusement cette même dispersion empêche L'Enfant des cimetières de convaincre totalement (une déception que renforce un style avec des hauts et des bas, qui passe volontiers du lyrique surécrit au synopsis à peine relu ; sans parler du mélange éprouvant d'analyses ADN que-moi-aussi-je-regarde-Les-Experts et de dialogues goguenards dignes de Shaun of the dead). Au final, ce roman qui ne se prend guère au sérieux fonctionne ni plus ni moins comme une de ces séries B d'épouvante que Milady réédite régulièrement.
Sans doute, sur un malentendu, attendait-on de Sire Cédric un vrai « livre fantastique », tendu, sans gras, oppressant ; mais ce n'était probablement pas ce qu'il voulait écrire, préférant creuser son propre sillon, celui de son premier roman, Angemort, livrant ainsi une nouvelle comédie romantique porno-gore (dont l'exemple le plus probant est sans doute Sailor et Lula de David Lynch, un réalisateur par ailleurs cité en ouverture et en clôture de L'Enfant des cimetières). Pour les aficionados, donc, jeunes de préférence.